Oui, vous ne rêvez pas. Le musicien, compositeur et interprète Vianney a décidé de construire sa cabane, tous seul ! Si cela prête à sourire, le geste demeure louable.
Quel meilleur ambassadeur que Vianney pour mettre en avant le monde de l’autoconstruction ?
Mais attention, si l’élan est intéressant, le risque de vulgarisation biaisée est fort. Il ne faudrait donc pas que ce « buzz » desserve la cause des autoconstructeurs en offrant au public une vision tronquée de l’autoconstruction.
On veille, on décrypte, et on analyse cette actualité pour le moins inattendue dans le domaine du bâtiment. D’ailleurs, Vianney et son improbable projet ouvrent une nouvelle rubrique du magazine : Insolite.
Acte 1 – Cet article sera mis à jour à chaque nouvelle parution d’un épisode de : Vianney construit sa cabane.
Vianney construit sa cabane dans les bois : What else ?
Mais quelle mouche vient de piquer le chanteur ?
Pourquoi donc fuir le luxe et le confort des studios et des plateaux TV pour courir les champs à rouler de la bétonnière ? La réponse avancée par le musicien et les médias : Un besoin de se retrouver et de bâtir de ses propres mains. Certes, c’est louable !
Cependant, il ne vous aura pas échappé qu’au sein de la rédaction, l’autoconstruction nous tient à coeur et il paraît évident que nous allons décortiquer cette « aventure » dans les moindres détails. Non pas pour chasser la critique, mais pour veiller à une juste vulgarisation de nos métiers qui ne dérive pas en show dans l’unique but de faire le buzz. Le sujet étant trop sérieux.
Si Vianney decide de construire sa cabane, alors qu’il nous offre du bon contenu, fidèle aux difficultés que rencontrent les autoconstructeurs. Rappelons qu’il l’affirme à plusieurs reprises : Il construit sa cabane tout seul.
Dont acte.
Lire l’article du Matin sur la retraite de Vianney dans les bois.
Une cabane en bois, dans les bois ! Vianney en autoconstructeur
Oui, le bois est évidemment le choix favoris de tous les amoureux de l’autoconstruction qui sont en recherche de sens. En revanche, la mise en scène est « pauvre ». Vianney, dans le premier épisode de sa série, fait mine de « juger » l’implantation de sa cabane au « doigt mouillé ». Or, nous le savons, même pour une cabane, il faut une implantation précise, validée par la commune, avec un report au cadastre. La scène est dès lors peu réaliste.
Première impression sur le premier épisode : Ça sent le préfabriqué.
Au delà de ça, nos lecteurs nous alertent sur l’empilement des grumes et oui, nous sommes formels : Difficile d’empiler les grumes pour un homme seul, même du boulot (l’essence de bois), et la mise en scène est grossière.
Enfin, si le choix du bois pour « construire » sa cabane est un choix louable, Vianney semble ne connaître aucune notion de débit, d’essence, de sécurité, et surtout : Des pilotis béton en guise de fondations. Si nous apprécions le choix des pilotis, pourquoi donc insister sur ce sujet ?
Nous reviendrons plus tard sur ce point, car c’est un sujet des plus amusants en ce qui concerne cette « série ».
Buzz, fake ou réel ? Vianney est-il honnête avec son public ?
Pour la rédaction, il s’agit avant tout d’un doux buzz qui ne vise visiblement pas à faire progresser le corpus de connaissances en matière de construction. Les premières vidéos (au nombre de deux au moment où nous écrivons ces lignes) sont « amusantes », mais en rien réalistes. Le musicien qui descend une bétonnière de 160 kg seul, c’était le détail de trop.
D’autres détails frappent, tous très « grossiers » pour un homme ou une femme de l’art, mais nous préservons cela pour plus tard. Plusieurs séries de vidéos pour Vianney, il y aura donc plusieurs articles pour Monbatiment, et n’y voyez là aucune malice.
Le premier ressenti de toute la rédaction, est évidemment une belle mise en scène, très ludique mais faussement agencée, et nous regrettons ce manque d’honnêteté de l’artiste. Il peut nous contacter comme conseillers techniques s’il le souhaite, afin de donner une image réelle et fidèle de la réalité de l’autoconstruction. Dans notre cas, Vianney fait du « show », ni plus ni moins, et nous doutons fort qu’il réalise cette construction « seul », comme il l’affirme à plusieurs reprises. C’est dommage pour le lecteur final.
Sécurité, réglementation, exemple
Vianney ne connait pas les règles de sécurité dans le bâtiment. Certes, ce n’est pas comme si nos métiers étaient les premiers vecteurs d’accidents du travail en France. C’est d’autant plus étonnant que notre directeur de la rédaction, Serge USTUN, également musicien, nous confie souvent que quelques jours avant un concert, il veille à ne pas utiliser d’outils à risque pour ses doigts ou ses articulations. Autrement dit, un musicien professionnel (dont c’est le revenu principal) ne prendrait JAMAIS le risque de travailler dans le bâtiment. L’accidentologie est réelle, factuelle, et les accidents ne font pas de cadeaux !
Vianney prend un risque important en ayant à sa ceinture un couteau. Aucun homme de l’art ne prendrait ce risque, car il est ici question d’accident grave en cas de chute. Ce simple détail choque les professionnels du bâtiment et ne devrait pas être posé en exemple.
Passons la scène du débroussaillage avec un short court, nul besoin d’expliquer que personne (au monde) ne fait ça.
Pilotis béton, un choix pour le moins étrange !
Le choix des fondations de la future « cabane » est dévoilé dans la première vidéo de Vianney : Des pilotis béton. Si le procédé est parfaitement viable, là encore les détails sont troublants. En effet, même un maçon aguerri n’est pas en capacité d’obtenir un niveau fini parfait sans réaliser une arase sur des pilotis. La fondation n’étant elle-même jamais parfaitement de niveau, ce dernier s’obtient uniquement après coulage, par un ajustement précis et non « du premier coup » à l’aide de simples boisseaux de piliers.
Cette étape est « rigolote » car chaque expert et chaque maçon de métier comprend immédiatement le « fake » qui se dissimule sous cette mise en scène qui demeure très intéressante. Soyons clair : On ne fait pas un nivelage précis en fondation, mais on arase les plots de niveau (ou pilotis) à postériori.
Pour ajouter au ridicule de la scène, Vianney vient « peindre » les boisseaux de piliers au rouleau avec un primaire Dulux. C’est affligeant, mais amusant.
Conclusion, ce passage est évidemment tout sauf réaliste et Vianney n’a probablement pas coulé les pilotis définitifs « tout seul », comme il le prétend. Le lecteur sera juge !
En conclusion provisoire…
Nous attendons les prochaines vidéos avec un regard bienveillant, mais critique. Nous espérons que Vianney ne va pas pervertir le sens profond de l’autoconstruction et manquer d’honnêteté vis à vis des lecteurs. À chaque nouvelle vidéo, le présent article sera mis à jour, avec une supervision au prisme de l’oeil des experts.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
L’ensemble de la rédaction.