Cela ne vous aura pas échappé, en copropriété ou en collectif, on ne fait pas ce qu’on veut en matière d’occultation. C’est évidemment le cas lorsqu’il s’agit des volets roulants, au même titre que la couleur des façades ou du matériau utilisé pour les menuiseries. C’est un véritable dilemme.
Le « VR » (volet roulant) fait parfois office de refus catégorique. C’est évidement illégitime, et cela est valable de Marseille à Paris. La persienne le vise du regard, l’urbanisme s’en mêle, et les difficultés techniques de pose ajoutent à la confusion. C’est un vrai sujet, et vous êtes très certainement concerné si vous lisez cet article.
Les volets roulants dans l’habitat collectif et les copropriétés
Ci-dessus : Un refus de pose de volet roulant sur cet immeuble en collectif lorsque j’étais métreur. Cas réel, in situ, auquel de nombreux propriétaires sont assujettis. La question est posée. Depuis deux à trois ans, le paradigme semble évoluer et la pose de VR est dorénavant « tolérée ».
Persiennes, souvent en acier, rouillées, peintes en vert ou en couleur « havane », volets à projections, tous ces produits sont d’un autre temps. Alors pourquoi donc s’échiner à vouloir les remplacer par les mêmes produits désuets ? La réponse est simple : L’enracinement dans un urbanisme rigide. Est-ce louable ? Évidemment que non. La société moderne dans laquelle nous vivons doit intégrer dans son raisonnement un élément aujourd’hui incontournable : La responsabilité écologique et environnementale.
Ce sujet, nous le connaissons tous, que ce soit en rénovation pure, ou en après sinistre. Comment ne pas devenir fou, quand on se doit de remplacer « à l’identique » une persienne d’un autre âge, ou des volets à projection qui sont une hérésie architecturale.
Seuls les volets roulants sont éligibles à une amélioration de l’efficacité énergétique d’un bâtiment. Les persiennes, les volets persiennés, et les occupations à projection sont une hérésie dans ce domaine : C’est un fait.
Le respect de l’harmonie de la façade : Un sujet factuel
Sachant que toutes ces solutions d’occultations historiques sont défaillantes en termes de bilan énergétique, pourquoi donc s’obliger à choisir ce type de volets ?
Réponse : L’harmonie.
Certes. C’est effectivement un critère. Cependant, et nous le savons, la responsabilité en termes d’économie durable nous dit très exactement l’inverse. Un VR (volet roulant) c’est pas beau, mais ça isole ! Et d’ailleurs, ça isole plutôt même bien ! La venue du solaire (cellules photovoltaïques) pour faire fonctionner les volets est encore plus pertinente ! J’ai déjà longuement écris sur le sujet.
La question se pose rarement en logement individuel, plus flexible en dehors des zones soumises aux bâtiments de France. En collectif, le sujet devient sérieux. Sans l’aval de la copropriété, ou de la régie (professionnelle ou publique), vous pourrez vous battre bec et ongle, si les volets roulants sont proscrits, il faudra vous contenter de fermetures désuètes, d’un autre temps, et particulièrement énergivores.
L’harmonie prime donc sur le confort, et sur la responsabilité sociétale des entreprises. Au grand dam des politiques RSE qu’on nous assène chaque jour en réunion et autres dircoms. Je vous vois rire, lecteur, car vous avez très certainement vous aussi été confronté à ce paradoxe.
ça grince dans les réunions ! Du collectif à la copropriété, le sujet est : Economique.
Tapée de persiennes, tableaux, ITE (Isolation Thermique Extérieure), rien n’est simple lorsqu’il s’agit d’occultation dans le collectif. Étrangement, et contre toute forme de bon sens, la solution « Persiennes » est résolument plus coûteuse que la solution « volet roulant« . En cause, les tapées de persiennes. C’est complexe, ça coûte cher, et la solution des volets roulants résout tous ces problèmes, d’un coup d’un seul ! Plus problématique encore, lorsque le logement est une véritable passoire énergétique, reconnue, et que de bonne foi le résident souhaite renforcer son isolation thermique.
Un remplacement devient dès lors un réel geste en faveur de l’écologie.
Lire mon article sur le remplacement des volets roulants.
Il s’agit donc souvent d’une question dite « économique », non pas au sens strict, car un volet roulant est bel et bien moins onéreux qu’une persienne, mais au sens de l’harmonisation de l’ensemble des logements. Si un propriétaire change, tous doivent changer. Et parfois, le budget n’est pas au rendez vous. Fort heureusement, de plus en plus de copropriétés ou de syndic acceptent une mixité dans les occultations. Je vous renvoie simplement à ma photo de couverture, immeuble sur lequel les volets roulants étaient encore interdits il y a 8 ans.
L’avis des industriels sur le volet roulant en collectif
Pour réponse ferme à toutes ces questions, j’ai eu la chance de retrouver un collaborateur historique.
On ne les présente plus, Maine Fermetures est un industriel renommé qui œuvre en fermeture du bâtiment de longue date. J’ai eu le plaisir de travailler avec la marque durant plusieurs années lorsque j’étais métreur. Aujourd’hui je peux saluer leur expertise dans le domaine, avec le prisme de mon statut d’expert. Bref, je les connais, et l’entreprise est évidemment concernée par ce sujet.
Leur avis est singulier, formel, et légitime.
L’accent est mis sur plusieurs points, l’industriel va bien au delà de mon raisonnement principal :
- Isolation thermique
- Sécurité
- Durabilité
L’article est très intéressant, et je vous invite à le consulter car ce dernier va littéralement au delà de mes constats. Comme je l’évoquais plus haut, le sujet du volet roulant dans le collectif est un vrai sujet. Nous aurons certainement l’occasion de développer ce thème avec le concours de Maine Fermetures sur un format Podcast ou Vidéo.
Lire l’excellent article de Maine Fermetures, fabricant de volet roulant, sur ce sujet.
Conclusion
La question des occultations, c’est le terme académique pour désigner un volet, est absente (ou presque) dans l’individuel (les « PLUs » sont de plus en plus souples). En revanche, pour le collectif et les copropriétés, ce n’est pas seulement un sujet, mais c’est un réel clivage dont le fondement est nul. Nos sociétés modernes ne peuvent plus privilégier une « harmonie » de façade, alors que nous peinons à chauffer nos logements.
C’est une affaire à suivre.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.