Remplacer une porte de distribution est un cas récurrent lorsqu’on aborde une rénovation, y compris et surtout en après sinistre où c’est une nécessité quotidienne.
Je vous donne ici les clés pour une intervention réussie sans capotage, en vous aiguillant sur les bons reflexes à observer.
Avant propos
Avant de développer ce dossier, il est important de maîtriser la terminologie qui fait tant défaut à beaucoup de confrères du secteur, notamment dans la désignation des actes.
Lorsqu’il s’agit de remplacement de portes, il faut préciser la destination de ces dernières pour éviter les erreurs de compréhension.
Les portes de distribution concernent les cloisons séparatrices intérieures. Autrement dit, lorsqu’on évoque une porte de distribution, on comprend immédiatement qu’il ne s’agit pas d’une porte d’entrée, ni d’une porte de service, ni d’une porte palière.
Porte de distribution = Porte intérieure.
Bien faire cette distinction permet de résumer plusieurs points en un unique mot. Le simple fait d’évoquer « distribution » signifie :
- Pas de seuil (les portes de distribution n’ont jamais de seuil).
- Pas de barillet avec serrure (ce sont généralement de simples empênages) : Serrures à larder + gâche de dormant.
- La porte dispose probablement d’une serrure à condamnation (porte de wc par exemple).
- Poignée double : Sauf pour les « Cagibis » éventuellement.
- Pas d’oculus (« œil de bœuf » ou « Judas »).
Dans quels cas faut-il remplacer les portes de distribution ?
En après sinistre, le cas se rencontre presque quotidiennement. Il est souvent nécessaire de devoir remplacer une porte de distribution suite à un dégât des eaux, un incendie, ou une dégradation locative.
Dans la rénovation, le cas peut naturellement se présenter lors d’une grande vétusté des portes de distributions, ou simplement d’une volonté de changement de style. Pour certains cas, il peut s’agir d’une volonté d’améliorer le phonique.
Dans presque tous les cas (la grande majorité), le « bâti » peut être conservé, et c’est un point majeur qui peut très largement influer sur le coût du remplacement.
Autrement dit, il est très rare de devoir remplacer le « Bloc-porte » intégralement, mais simplement l’ouvrant.
- Bâti : Bâti ou dormant, désigne les montants qui sont fixés au cloisonnement.
- Ouvrant : La porte au sens strict, partie mobile d’un bloc porte.
- Bloc porte : Désigne l’ensemble « Bâti et ouvrant ». Souvent abrégé « BP » suivi du sens d’ouverture.
Quels types de portes de distribution ?
- Les portes alvéolaires : Les plus courantes.
- Les portes massives : Dans le bâti ancien, les portes intérieures étaient souvent réalisées en bois massif, même de faible épaisseur.
- Les portes fin de chantier : Solution idéal pour les rénovations lourdes et les cloisons atypiques.
- Les portes intérieures vitrées : Vous devrez passer par un menuisier.
En rénovation ou en après sinistre, les cas les plus courants concernent les portes alvéolaires. Ces dernières sont légères, faciles à transporter et sont « ferrables » en quelques jours dans un atelier professionnel.
Vérifiez tout de même le « style » de l’ouvrant. Certains modèles historiques sont de moins en moins disponibles, et plus particulièrement les portes de type « chapeau de gendarme ».
Quel risque ?
Le risque (au sens léger du terme) concerne la nécessité d’harmonisation, surtout en après sinistre. En effet, si vous devez remplacer une porte de distribution, il y a 99% de chances qu’elle ne soit pas la seule porte de la maison ou du logement.
Il faut donc bien appréhender la notion d’harmonisation en matière de rénovation : Vous ne pouvez pas avoir une porte « ISO » plane, à côté d’une porte moulurée par exemple.
C’est un des cas typiques qui peut nécessiter un rappel au règlement en matière de remise à l’identique.
En théorie, soit vous faites réaliser une porte moulurée sur mesure par un homme de l’art, soit vous demandez l’harmonisation de l’ensemble à votre assureur. C’est le principe même de la notion de « reconstruction à l’identique » en matière de sinistre.
Ci-dessus : Les anciennes poignées de portes sont très difficiles à trouver chez les fournisseurs. Il ne faut JAMAIS jeter les poignées lors d’un sinistre, même en cas de remplacement de la porte. Crédit photo : S.USTUN.
Par conséquent, c’est également valable pour les pognées de portes, dont certaines n’existent tout bonnement plus. Je n’ai de cesse d’expliquer aux équipes de décontamination (lors de mes conférences) qui œuvrent en première ligne, de ne jamais jeter les poignées.
Si une seule poignée manque, il faudra harmoniser toutes les autres : Ce n’est pas une démarche responsable.
Lire mon article sur la reconstruction à l’identique après sinistre.
Précautions d’usage & anticipation des désordres
Ci-dessus : Notez le joint d’étanchéité à l’air présent sur le dormant. Il faut vérifier tous ces détails lorsque vous devez remplacer une porte de distribution. Certains de ces détails sont souvent oubliés et peuvent porter à réclamation. Crédit photo : S.USTUN.
- Notez le sens d’ouverture : En terme de porte de distribution, on parle de « poussant ». Poussant Gauche ou Poussant Droit.
- Mesurez l’épaisseur de la feuillure : Les anciennes feuillures peuvent parfois interdire les ouvrants de 40, attention.
- Ne pas oublier les serrures à condamnation : Ce sont les serrures avec bouton, pour les WC par exemple.
- Notez l’épaisseur du dormant : Pour les cloisons en brique par exemple ou certaines cloisons techniques.
- Gardez les poignées !
- Vérifiez la présence d’un joint d’étanchéité à l’air sur le dormant (voir ma photo ci-dessus).
En termes de « bons » reflexes, notez bien les points suivants :
- Blocs portes en acier : Souvent utilisés dans les maisons des années 70/80, les blocs portes avec bâti en acier ne sont pas rares. Attention, ce sont de véritables problèmes en matière de remplacement. Prenez toutes vos précautions et si possible, ne touchez pas au dormant, sous peine de lourds travaux de reprises.
- Vérifiez la nécessité du coupe-feu : Même si ce sont des portes de distribution, vous devez vérifier s’il n’est pas question d’une coupe-feu. Ce cas peut se produire dans les locaux accessibles au public, sans nécessairement être des ERP (salle d’attente du médecin par exemple).
- Acoustique et phonique : Pour revenir sur mon exemple d’une salle d’attente chez le médecin, préconisez une porte massive acoustique. C’est un devoir de conseil que votre client appréciera.
- Epaisseur du dormant : DANS TOUS LES CAS, vous devez vérifier l’épaisseur du dormant, pour valider que ce dernier soit compatible avec l’épaisseur de la cloison.
Lapeyre ou Dispano : Deux perles pour un chantier réussi
Les deux « mines d’or » en matière de remplacement des portes de distribution !
Deux acteurs principaux proposent un service réellement pertinent dans ce domaine. Ce sont deux véritables mines d’or pour gagner du temps et remplacer les ouvrants de distribution en quelques jours seulement. Les tarifs sont sans appel, c’est véritablement la solution la plus avantageuse.
- Services Lapeyre : Service véritablement excellent pour remplacer une porte de distribution ou simplement réaliser le ferrage.
- Services Dispano : Comme pour Lapeyre, le service est excellent mais s’adresse plutôt aux professionnels qu’aux particuliers.
Principal avantage : Aucune prise de cotes n’est nécessaire.
En effet, dans ce cas précis, vous n’avez pas besoin de réaliser une prise de cote, souvent complexe pour les non initiés. Il vous suffit de déposer l’ouvrant, le mettre dans votre véhicule, et le porter chez Dispano ou Lapeyre.
Ces derniers vont reproduire très exactement le modèle de porte ! C’est du « sans soucis », et c’est mon conseil de pro.
A quel prix ?
Remplacer un bloc porte complet (dormant et ouvrant) peut s’avérer assez coûteux selon le type de pose. En revanche, s’il s’agit du remplacement seul de l’ouvrant, le prix devient vraiment intéressant. C’est notamment le cas pour de l’alvéolaire « ISO », sans moulures.
- Remplacement d’une porte de distribution « ouvrant seul » : 150 euros TTC (coût facturé par Lapeyre pour exemple).
- Pose : Cela dépend du chantier.
- Remplacement d’un bloc porte complet : De 500 à 750 euros (fourniture et pose pour un modèle standard alvéolaire).
C’est donc sans appel. Le faible coût d’une porte ferrée par Lapeyre ou Dispano n’appelle aucune polémique ! Cela dénote aussi de l’intérêt de ne remplacer que l’ouvrant, et de laisser le dormant en place.
Ces prix sont « hors vitrages » et « hors poignées ».
Ferrer une porte sur place : Oui mais…
Vous pouvez effectuer le ferrage d’une porte de distribution sur place, ou en atelier. Attention, c’est une opération qui reste complexe et que seuls les menuisiers savent effectuer correctement.
Si vous avez du temps, vous pouvez toujours vous amuser avec un jeu de bons ciseaux à bois mais soyons honnêtes, c’est un non sens. Si l’opération se présente régulièrement, alors seulement dans ce cas, il devient intéressant de s’équiper avec une bonne défonceuse et une paumelleuse.
Dans tous les cas, le temps passé ne sera pas cohérent avec votre prix de vente et de pose.
En conséquence, je vous conseille de faire ferrer vos portes chez Lapeyre ou Dispano.
- Paumelleuse : Un modèle de paumelleuse universelle (800 euros HT ! )
- Défonceuse : Pour réaliser l’empochement des serrures à larder.
Les portes fin de chantier : Une bonne alternative
Une alternative cohérente demeure la mise en œuvre des portes « fin de chantier » qui permettent d’habiller le dormant en cas de rénovation. Evidemment, ces dernières sont autrement plus coûteuses que des blocs portes alvéolaires standards.
En revanche, le fait de poser une porte fin de chantier n’est pas dépourvu de bon sens. Les chambranles et contre chambranles permettent d’habiller les écoinçons, et ainsi d’éviter la reprise complète des murs en embellissements.
Autrement dit : Vous ne serez pas obligé de repeindre les murs.
Les cas sont plus rares, mais ils peuvent se présenter. Dans ce cas, ayez le réflexe de préconiser ce type de porte. Je vous parle en tant qu’expert dans le domaine, et notamment afin de vous protéger du « sur accident ».
En effet, si vous intervenez en dépose totale sur une cloison en STUCCO, je vous laisser imaginer le coût important que vous devrez engager pour reprendre le STUCCO en cas de dégradation de ce dernier lors de la dépose.
C’est également le cas si le mur est paré en faïence, le risque de casse est trop important.
En d’autres termes, si vous ne pouvez pas faire fabriquer l’ouvrant seul, optez pour une porte fin de chantier et cisaillez avec précaution le bâti existant.
C’est sans appel ! Soyez très vigilants !
Conclusion
Remplacer une porte de distribution n’est pas une chose compliquée, mais demeure une chose complexe (nuance). Il faut faire preuve de bon sens, de choix, et de soin. Le sujet est trop peu évoqué en dehors de quelques spécialistes, je tenais donc à en faire un article dédié car c’est un sujet que nous rencontrons quotidiennement.
J’invite les métreurs et les chargés d’affaires à bien lire et relire cet article, afin d’éviter les « bourdes » récurrentes, notamment en terme de rédaction des devis.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.