Vous ne rêvez pas, et Monbatiment.fr ne s’est pas transformé en magazine parodique pendant le week-end. Oui, il est aujourd’hui possible de se servir dans un distributeur automatique de béton !
C’est une réalité, même si cela peut prêter à sourire.
Qui eût crut qu’on puisse un jour commander son béton par le biais d’une application puis venir simplement se servir au drive ?
C’est chose faite, et cela peut potentiellement intéresser beaucoup de monde dans le petit univers des artisans du bâtiment.
Distributeur automatique de béton : Comment ça marche ?
Comment fonctionne un distributeur automatique de béton ?
Et bien la réponse est simple, comme n’importe quel automate ou drive digne de ce nom. Vous cliquez sur le type de béton que vous désirez, vous entrez la quantité, et vous payez !
Dit comme cela, le procédé semble très attractif et d’une grande simplicité. Et c’est vrai !
Les automates de distribution de béton sont prêts à envoyer ! Mais le béton n’est pas le seul produit disponible sur ces « mini centrales » car il est tout à fait possible de se servir en sable, en mortier et en agrégats.
Une fois votre commande validée et payée, le béton est fabriqué en quelques minutes, à la dose choisie, et vous est livré par un tapis.
Cela implique évidemment d’être équipé d’une benne, plateau ou simplement d’une petite remorque.
La cible est claire : Les petites quantités ! Le principe est remarquable.
Mais attention, une grande simplicité ne signifie pas nécessairement le succès du concept. Il y a encore un peu de chemin à faire, notamment en terme de « clients finaux » (ce que nous verrons plus bas).
En résumé, c’est un véritable « drive » pour béton, mortier, et agrégats.
A NOTER : Ces « mini » centrales à béton disposent d’automates qui permettent le paiement par badge, avec facture différée. De cette façon, vos collaborateurs peuvent se servir sans faire d’avance de fonds.
Qu’en est-il du dosage du béton ?
Un avantage que j’ai trouvé remarquable sur ce concept n’est pas le concept en lui même, paradoxalement.
En effet, je peine encore à trouver un intérêt à ce principe, du moins pour les professionnels. En revanche pour les particuliers, un avantage non négligeable est celui du dosage du béton.
Je ne cesse d’écrire sur ce sujet, car le dosage du béton est une science, dont l’importance en terme structurel est lourd de responsabilité. Un béton mal dosé est un béton inutile. Cependant, nous savons tous que chaque maçon a son propre gabarit de dosage, souvent au doigt mouillé.
Avec l’utilisation d’un distributeur automatique de béton la question ne se pose plus. Le béton arrive parfaitement dosé, avec la bonne granulométrie et le bon taux d’amalgame de ciment. Par conséquent, il est calibré au même titre qu’un béton livré en toupie par la centrale.
Sur ce point, le concept est extrêmement pertinent.
Le béton doit avoir une certaine élasticité, un certain dosage en eau et en ciment, et doit correspondre à des normes de calibration précises. Ceci permet de s’assurer que l’ouvrage sera solide. Ce sont ces fameux « C25/30 » que vous pourrez lire sur l’automate de distribution.
S’il est question de dosage à 350 kilos (par exemple pour une dalle), le distributeur se charge de réaliser le bon mélange.
Dans ce cas, vous n’avez pas à vous torturer l’esprit mais juste à choisir le type de béton, l’automate s’occupera du reste. Un sacré gain en terme de fiabilité et plus besoin de faire des calculs.
Je vous renvoie à mon article sur le sujet :
Lire mon article sur le dosage du béton.
Quels sont les atouts d’un distributeur de béton automatique ?
Evidemment, les développeurs du concept vont mettre en avant les atouts de la distribution de béton automatique mais quels sont ils réellement ?
Ci-dessus : Capture des avantages mis en avant par le site Selfbeton.fr
- Service de béton frais : Oui, je valide clairement cet atout mis en avant.
- Une production moins polluante qu’une bétonnière : Je me permets d’émettre quelques doutes sur ce point.
- Un dosage précis du béton : Oui, encore un véritable avantage du process.
- Disponibilité du service : Cela peut arranger certains utilisateurs, notamment sur les plages horaires.
Soit. Il y a à l’évidence des avantages au procédé mais cela reste très anecdotique pour le moment. La plupart des artisans ont des camions fermés, et ne disposent pas de remorques. C’est donc un match perdant dans ce cas.
Les artisans qui ont des bennes ou des plateaux ont généralement une bétonnière, car ils peuvent transporter le sable et les gravats. C’est encore un match perdant pour le procédé.
Ce sont ces petits détails qui me font penser que le concept n’est pas aujourd’hui un atout pour les professionnels, mais plutôt pour les particuliers qui vont couler une petite « dallette » de 3 m2 et qui ne souhaitent pas doser leur béton eux-mêmes.
Enfin, et pour résumer en terme de « points singuliers » que je soulève ici, il est nécessaire que vous calculiez très exactement ce dont vous avez besoin en terme de quantité.
Dans le cas contraire, le principe est sans intérêt, surtout s’il vous manque 20 litres et que cela implique de revenir.
Quelle est la cible des distributeurs automatiques de béton ?
A vrai dire, aujourd’hui la cible est surtout celle de la recherche de franchisés, plutôt que la recherche de clients finaux. Le service existe certes, mais il n’est pas exploité de façon pertinente en France.
Le concept est intéressant, mais marginal.
Les centrales à béton historiques sont nombreuses et le maillage est très étoffé, quelle que soit la région. Ce concept va t’il faire doublon ou sera t’il réellement pertinent ?
Au delà de ce constat, revenons sur ma principale question : Quelle est la cible des distributeurs automatiques de béton ?
A l’évidence, il ne s’agit pas des entreprises de maçonnerie car ces dernières commandent directement en centrale pour les gros volumes, et produisent leur propre béton pour les petits volumes : Une bétonnière et de l’huile de coude suffisent.
Il faut donc cherche la cible ailleurs, notamment auprès des métiers qui nécessitent « parfois » un coulage ponctuel de béton.
- Paysagistes.
- Entreprises multi-services.
- Dépanneurs ponctuels.
Qui d’autre ? Et bien le particulier avant tout.
Bref, en réalité la cible est plutôt celle des particuliers. Il n’y a rien de mal à cela, bien au contraire.
Car en réalité, les artisans ne seront pas les principaux intéressés du procédé, sauf peut être quelques métiers très distincts qui ne sont pas à l’aise avec les matériaux dits « humides ».
Il faudra également « mettre sur la balance » le coût d’un béton livré par le distributeur automatique, car le prix est sans aucun doute ce qui va motiver ou freiner le développement de ce concept.
Où trouver un distributeur automatique de béton ?
Le maillage ne semble pas pertinent au moment où j’écris ces lignes. Cela va très certainement se développer dans les prochaines années. Les distributeurs automatiques de béton restent donc pour le moment, au stade du concept.
Ci-dessus : Le site internet Chronobeton.fr propose une recherche par code postal, très pratique.
Cependant, il existe déjà quelques points de ventes et vous pourrez les trouver via les sites des fabricants :
En Rhône Alpes par exemple, le maillage est assez « distant ». Quelques points de vente sont disponibles :
- Drôme (26) : Montélimar mais rien sur Valence.
- Rhône : Brindas / Saint Romain de Popey / Saint Just Malmont.
- Isère : Néant, du moins proche de Grenoble.
- Savoie et Haute Savoie : Néant pour le moment.
- Gard : Nîmes et Cavaillon.
Ce sont quelques exemples, je vous invite à effectuer une recherche sur le site en lien ci-dessus. Le seul constat qu’il est possible de faire à ce jour demeure le manque évident de distributeurs.
Gageons que cela va se développer via les potentiels franchisés à venir.
Conclusion
L’idée est géniale mais va t’elle s’épanouir et se concrétiser dans les faits ? Le distributeur automatique de béton est un concept novateur pour nous, en France.
J’imagine aisément que cela doit faire l’unanimité aux USA mais ici, on reste tout de même très attaché à la bonne vieille bétonnière.
Au risque de me répéter, j’imagine assez mal les professionnels s’emparer de ce nouveau procédé alors que je conçois parfaitement que cela plaise aux particuliers. Il est donc question de définir très exactement la cible recherchée par le concept.
Le temps fera très certainement le reste, au même titre que les « drives » en matériaux ont littéralement explosés ces dernières années.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.