L’étanchéité des murs enterrés est une problématique récurrente en construction, que ce soit pour les caves, les sous-sols ou les parkings souterrains.
Une mauvaise gestion de l’humidité peut engendrer des pathologies graves comme les infiltrations, les remontées capillaires, la formation de moisissures ou encore la dégradation structurelle du bâtiment. Cet article explore en détail les techniques, matériaux et bonnes pratiques pour assurer l’étanchéité des murs enterrés.
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L’étanchéité des murs enterrés
Techniques et matériaux, règlementation et usage.
Avant de choisir une solution d’étanchéité, il est essentiel d’identifier les sources d’humidité auxquelles un mur enterré s’expose : Comprendre les causes et les conséquences d’une infiltration.
Ci-dessus : Exemple de pose d’un système de protection sur étanchéité de type DELTA MS. Crédit photo : Serge USTUN.
Pour ce faire, il existe une nomenclature qui divise en 3 catégories la typologies des murs enterrés :
- Les murs peuvent être en contact avec l’eau, cela ne génère aucun désordre car leur seule fonction est mécanique.
- Les murs peuvent éventuellement supporter un contact avec l’eau sans que les conséquences ne soient lourdes (soubassement techniques, local techniques, etc.)
- Les murs interdisent tout infiltration d’eau : Locaux habités, locaux aménagés, etc.
Selon le type et la fonction de ces murs périphériques en contact direct avec les sols, le choix de l’étanchéité et son efficacité sera donc différent.
En outre, la nature des sols va également jouer un rôle important dans l’analyse des situations.
La pression hydrostatique
Lorsqu’un mur est en contact avec un sol gorgé d’eau (nappe phréatique, ruissellement), l’eau exerce une pression sur la paroi, ce qui favorise son infiltration à travers les microfissures ou les joints mal réalisés.
Les remontées capillaires
L’humidité du sol peut remonter dans la maçonnerie par capillarité si aucune barrière étanche n’est mise en place. Cela entraîne des dégradations comme le salpêtre et des efflorescences.
Lorsque que la construction se fonde sur un simple soubassement en parpaing ou béton, sur une dalle de type radier par exemple, il est tout de même nécessaire de réaliser une étanchéité du soubassement. de manière sommaire (enduit, coulis, etc.).
Cela évite que l’humidité pénètre au droit de la dalle et c’est d’autant plus important que les « agglos » sont creux et perméables. Evidemment, il n’est pas ici question de « murs enterrés » au sens stricte, mais la protection demeure nécessaire.
La question est plus pertinente lorsqu’il s’agit d’un sous-sol, aménagé ou non, et plus encore lorsqu’il s’agit de locaux pour lesquels l’étanchéité est obligatoire. Nous verrons cela dans les catégories de murs enterrés qui sont au nombre de 3.
La condensation interne
Dans certains cas, l’humidité intérieure peut provoquer de la condensation sur les parois froides des murs enterrés, aggravant les problèmes d’humidité.
Techniques d’étanchéité des murs enterrés
L’étanchéité d’un mur enterré repose sur plusieurs méthodes complémentaires visant à empêcher l’eau d’y pénétrer.
L’étanchéité par enduits et revêtements :
Ci-dessus : Exemple de pose d’un coulis d’étanchéité avant pose d’un isolant extérieur en PU. La membrane d’étanchéité viendra par dessus l’isolant. Crédit photo : S.USTUN.
Enduits bitumineux :
Ce sont des produits liquides qu’on applique sur la surface extérieure du mur qui, en séchant, forment une membrane imperméable. Exemples :
- Émulsions bitumineuses : application en plusieurs couches avec armature éventuelle.
- Enduits bitumineux à base de solvant : plus résistants à l’eau et aux agressions chimiques.
Membranes d’étanchéité :
Ces membranes synthétiques ou bitumineuses (ex. : membranes EPDM, PVC, SBS) sont collées ou soudées sur la paroi du mur. Elles offrent une protection efficace contre les infiltrations et s’utilisent en complément d’un drainage.
Enduits hydrofuges :
Les enduits spécifiques à base de ciment et d’adjuvants hydrofuges améliorent l’imperméabilité des murs. Ils s’appliquent généralement en plusieurs couches et s’associent à un système de drainage.
Les types de murs enterrés
Il existe 3 catégories de murs dits « enterrés ».
Catégorie | Type de mur | Exemple | Risque |
---|---|---|---|
CATEGORIE 1 | Bordant des locaux aménagés | Sous-sol aménagé, demi niveau, etc. | FORT |
CATEGORIE 2 | Bordant des locaux annexes | Cave, sous-sol non aménagé, local technique | Modéré |
CATEGORIE 3 | Murs de soubassements | Soubassement de radier, vide sanitaire, vide technique | Faible |
Selon les cas, la nécessité d’étancher les murs enterrés est directement liée à la typologie des murs en question. Pour un cave, ou sous sol technique non aménagé, le risque est existant mais n’engendrera pas de forts désordres. Il sera donc admissible de définir une étanchéité à l’enduit ou au coulis bitumineux.
En revanche, lorsqu’il s’agit d’un appartement situé en demi niveau avec un terrain carrossable à la pente (voir la dernière photo de cet article), aucun infiltration ne sera acceptable.
Le drainage périphérique
Ci-dessus : Une étanchéité de soubassement très largement maltraitée par les manipulations sur le chantier. Fort heureusement ce n’est qu’un soubassement en béton banché sans vide technique. Crédit photo : S.USTUN.
Un bon drainage est indispensable pour éviter l’accumulation d’eau autour des murs enterrés.
- Drainage par tuyaux perforés : Des drains en PVC ou en béton perforé s’installent à la base des fondations, entourés de graviers et protégés par un géotextile pour éviter l’encrassement.
- Géomembranes et nappes drainantes : Des nappes à excroissances en polyéthylène haute densité (ex. : Delta MS) sont fixées contre le mur pour créer une lame d’air et canaliser l’eau vers le système de drainage.
- Puits d’infiltration et évacuation : Dans certains cas, l’eau collectée doit être évacuée vers un puits d’infiltration ou une pompe de relevage si le terrain ne permet pas un écoulement naturel.
Pour mieux comprendre la notion et les techniques de drainage, je vous invite à consulter cette page explicative sur le site WEBER.
Le traitement des points sensibles
Certains points spécifiques du mur enterré nécessitent une attention particulière pour garantir l’étanchéité globale.
Traitement des joints et fissures :
- Application de mastics hydrofuges (ex. : polyuréthane, bitume modifié).
- Injection de résines hydrophobes dans les fissures pour bloquer les infiltrations.
Étanchéité des liaisons mur-dalle :
La jonction entre le mur enterré et la dalle est un point critique. On utilise des bandes d’étanchéité, des relevés de membrane et des mortiers spécifiques pour assurer une continuité parfaite. Ce sujet est « tendu » car il est bien souvent la cause des infiltrations capillaires et peux générer des dommages dans le logement (ou le bâtiment). C’est notamment le cas d’apparition de moisissure sur les murs, notamment au droit des plinthes pour une maison de plain pied.
Cas d’école : J’ai rencontré ce phénomène sur une maison dans le Var, dont le sol intérieur était revêtu d’un parquet massif de type « mosaïque » (batônnets). De manière éparse, le parquet rendait de l’humidité allant jusqu’au décollement parfois. Dans ce cas, c’était clairement un défaut d’étanchéité du mur de soubassement qui laissait pénétrer les eaux résiduelles.
Protection des murs contre les agressions mécaniques :
Une fois l’étanchéité réalisée, il est recommandé de protéger les murs avec des panneaux rigides (polystyrène extrudé, plaques de protection) avant le remblaiement. La plupart des professionnels évoquent le Delta MS car ce fut pendant longtemps le produit phare des maçons. Or c’est simplement la dénomination d’un produit, il en existe évidemment de nombreux modèles, dans de nombreuses marques.
Etanchéité des murs enterrés : Le cas d’un vide sanitaire
Le vide sanitaire lorsqu’il est un simple vide technique ne nécessite qu’un coulis d’étanchéité simple ou un enduisage spécifique. Cela ne concerne généralement que les 3 ou 4 rangs de parpaings qui fondent le soubassement avant la réception de la dalle.
Nous sommes dans la catégorie 3 du classement.
Le vide technique ou le vide sanitaire n’ayant d’autre rôle qu’un rôle structurel de soubassement d’un logement, il est tout à fait acceptable que l’étanchéité des soubassement soit sommaire. D’ailleurs, par nature et par définition, les vides sanitaires sont justement tenus d’être inondables et vidangeables.
Lire mon article sur la construction de maison sur vide sanitaire.
Choisir le bon système d’étanchéité selon le contexte
Ci-dessus : Détail de pose d’un DELTA MS avec une équerre de finition vissée dans le mur. Crédit photo : S.USTUN.
Selon le type de sol :
- Sol très perméable (sable, gravier) : drainage indispensable pour évacuer l’eau rapidement.
- Sol argileux ou imperméable : risque de pression hydrostatique élevé, nécessitant une membrane étanche performante.
En fonction de la profondeur du mur enterré :
- Profondeur < 1,50 m : un enduit bitumineux et un simple drainage peuvent suffire.
- Profondeur > 1,50 m : nécessité d’une membrane étanche renforcée et d’un drainage efficace.
En rapport avec le niveau de la nappe phréatique :
Si le mur est en permanence en contact avec une nappe phréatique, une étanchéité de type « cuvelage » peut être nécessaire (application de mortiers d’étanchéité à l’intérieur du bâtiment en complément de l’extérieur). Ces cas de figure sont rares mais peuvent tout de même se présenter. Dans ce cas singulier il sera préférable de consulter un bureau d’étude géotechnique pour choisir la solution la plus sûre et pérenne.
Erreurs courantes et bonnes pratiques
Ci-dessus : Lors d’une de mes visites de chantier on constate les « strates » nécessaires soit : 1. coulis / 2. Bardeau bitumé soudé / 3. Natte d’étanchéité / 4. Protection type Delta. Crédit photo : S.USTUN.
Erreurs à éviter :
- Négliger le drainage : une étanchéité parfaite ne suffit pas si l’eau stagne contre le mur.
- Mauvaise application des produits : épaisseur insuffisante, application sur support mal préparé.
- Oublier la protection des revêtements : les membranes et enduits doivent supporter le remblaiement et les chocs.
Bonnes pratiques :
Préparer soigneusement le support : murs propres, secs et sans fissures avant application des produits. Assurer une continuité parfaite de l’étanchéité :
- Pas d’interruption entre les différents éléments (mur, dalle, relevés).
- Vérifier la perméabilité du sol avant d’opter pour une solution : un test de perméabilité peut être utile avant la mise en œuvre.
Dans tous les cas, dès lors qu’il y a pose d’une membrane, vous devez faire appel à un professionnel assuré en décennale étanchéité. Cela peut également être votre cas si vous êtes artisan. Les désordres qu’impliquent les malfaçons en matière de soubassement peuvent être lourds de conséquences alors ne prenons aucun risque.
J’ai rédigé un article complet sur cette garantie que je vous invite à consulter :
Lire mon article : La décennale étanchéité.
Liens utiles
- Page explicative sur le site de la maison étanche / Site Arcane.
- Solutions et produits sur le site de la SOPREMA.
- Etanchéité des murs enterrés avant remblaiement / Site Weber.
- Imperméabilisation des soubassements / Site Sika.
Conclusion
L’étanchéité des murs enterrés est une opération délicate mais nécessaire pour préserver la durabilité et le confort au sein d’un bâtiment. Selon la nature du sol, la profondeur du mur et l’exposition à l’eau, différentes solutions existent.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.