Il est important de comprendre la différence entre monophasé et triphasé. A la fois pour un projet de rénovation ou de construction, mais également en après sinistre pour réaliser les métrés.
Avant tout, il s’agit de bien maîtriser les points essentiels des bases de l’électricité, mais rassurez vous, c’est totalement indolore.
Différence entre monophasé et triphasé
Crédit photo : S.USTUN / Exemple d’un compteur monophasé ci dessus. Vous noterez la présence de la tension « 230 volts ». C’est du monophasé.
Avant toute chose, comprendre la différence entre monophasé et triphasé n’est pas une chose bien complexe, nous allons y aller pas à pas.
Vous êtes certainement bien assis chez vous, en train de lire cet article sur votre ordinateur. Ce dernier est très certainement branché sur une prise de courant, elle même reliée au tableau électrique de votre logement.
Pour alimenter votre ordinateur, le courant nécessaire est de 230 volts. Ce voltage est apporté par un fil que l’on nomme « phase ».
Une installation monophasée est donc entièrement véhiculée par 1 phase, complétée par un fil de neutre et une terre. Le terme « monophasé » reprend donc sans aucune ambiguïté la notion de « mono », soit « une phase ». De la même manière, et vous l’aurez compris, le terme de « triphasé » signifie quant à lui la présence de « trois » phases.
- Monophasé = 1 phase = 1 fil (rouge généralement).
- Triphasé = 3 phases = 3 fils (marron, noir et gris généralement).
En d’autres termes, le triphasé permet de fournir plus de puissance sur une même ligne, en divisant la fourniture uniformément sur 3 phases au lieu d’une. C’est son unique intérêt.
Autrement dit, si vous n’avez pas besoin d’une puissance trop importante, le monophasé conviendra parfaitement.
D’un point de vue technique, je peux simplifier le concept :
Dans une installation monophasée, EDF vous amène 1 fil (phase), et le neutre. Dans le cas d’une installation triphasée, EDF vous amène 3 fils. C’est plus simple à comprendre ainsi.
En monophasé, la tension entre la phase et le neutre est de 230 volts. En triphasé, la tension entre chaque phase correspond à 400 volts et 230 volts entre une unique phase et le neutre.
A SAVOIR : Le triphasé nécessite un équilibrage des phases.
Différence des tableaux électriques : Monophasé et triphasé
Ci-dessus : Tableau électrique monophasé standard AEG / Visite de chantier / Crédit photo : S.USTUN.
Le triphasé nécessitant 3 fils pour alimenter un tableau, ce même tableau ne sera donc pas identique au monophasé. Comprendre cette différence est important pour la suite, en terme de puissance, d’encombrement, mais également de budget.
A retenir : A partir de 18 kVa, il est nécessaire de passer sur une installation en triphasé.
Puissance : Le triphasé plus « costaud » que le monophasé
Les installations en triphasé sont généralement dévolues aux bâtiments industriels, commerces, ateliers ou exploitations agricoles. Ce sont des bâtiment dont les besoins énergétiques sont importants :
- Systèmes de ventilations, climatisations lourdes.
- Beaucoup d’éclairages.
- Machines outils nécessitant un fort voltage.
- etc.
Une maison individuelle nécessite rarement plus de 12 kVa de puissance électrique. Pour un atelier, une usine, ou une grande surface cette puissance est trop faible. Il faudra alors entre 18 et 36 kVa pour tout alimenter selon les besoins.
Dès que la puissance demandée est supérieure à 18 kVa, l’installation en triphasé devient obligatoire. C’est un raccordement plus ambitieux.
En outre, et si l’on met de côté la notion de puissance en terme d’alimentation, il est également nécessaire de passer sur du triphasé quand le tableau se situe à plus de 100 mètres du point de livraison EDF.
Encombrement : Le monophasé en version bodybuildée
En terme d’encombrement, un tableau électrique principal en triphasé est beaucoup plus volumineux qu’un tableau monophasé. La présence de 3 phases nécessite la place suffisante pour recevoir les modules associés. 3 phases = 3 modules, au lieu d’un unique module pour du monophasé.
Budget : Le monophasé plus abordable que le triphasé
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un tableau triphasé sera nécessairement plus coûteux qu’un tableau monophasé. Je vous rassure, cela ne concerne que le tableau, les appareillages étant quant à eux identiques dans les deux cas.
Le triphasé nécessitant 3 modules par ligne, le coût se reporte naturellement sur le prix global du tableau une fois ce dernier équipé.
Lire mon article sur le tableau électrique principal.
Différence de prix entre une installation monophasée et triphasée
Le prix du tableau, le prix des modules (en terme de quantité), et le prix de l’installation et de l’équilibrage sont « de facto » plus importants sur une installation en triphasé que sur un tableau monophasé.
Par ailleurs, le monophasé ne nécessite aucun équilibrage et ce poste à lui seul représente un coût considérable.
- Tableau principal en moyenne 30 % plus cher en triphasé qu’en monophasé.
- Les équipements en 4 pôles (triphasé) sont généralement plus chers que les équipement en mono.
- Disjoncteurs triphasés plus chers que les disjoncteur monophasés.
- Parafoudres plus chers également.
- Câblage nécessaire plus important, notamment pour les 6 et 10 ².
- Nécessité d’un transformateur.
- Nécessité de réaliser l’équilibrage des phases en triphasé alors que le monophasé évite cette opération.
Lire mon article sur le tableau électrique 2 rangées Schneider.
Après sinistre : Reconnaître une installation en triphasé
Ci-dessus : Exemple de tableau triphasé sur une de mes reconnaissances de chantier. Notez la présence des phases (Marron, Noir, Gris) : C’est un triphasé. Crédit photo : S.USTUN.
Reconnaitre le type d’une installation devrait être un reflexe en après sinistre. Les chargés d’affaires et les métreurs doivent maîtriser ce « lot » aussi technique soit-il. Les raisons sont multiples, le risque en cas de méconnaissance est grand :
- Erreur de chiffrage : Le surcoût en matière d’installation pour un triphasé sera difficilement rattrapable après indemnisation.
- Méconnaissance des besoins : Ne pas reconnaitre un tableau triphasé pourrait avoir un impact sur le reste du métrage / devis.
- Mécontentement de l’assuré : L’assuré ne sait peut être pas lui même qu’il est en triphasé, mieux vaux le détecter avant.
- Refus de raccordement définitif : Imaginez le mécontentement de l’assuré si EDF venait à refuser le raccordement.
- Mécontentement de l’expert : L’expert prendra très mal une mauvaise estimation du coût de la rénovation.
Ce n’est certes pas « évident », et je vous parle en parfaite connaissance de cause au vu de mon expérience. Identifier une installation en triphasé doit être votre premier réflexe après un gros sinistre (incendie par exemple). Cherchez les indices les plus évidents :
- Magasin, restaurant, hangar, atelier, etc. = Un sérieux indice, à n’en point douter !
- Type d’équipements = Machines outils, tours, fours, appareils industriels, etc.
- Type de disjoncteur d’abonné = Souvent à l’extérieur des locaux, dans une logette, il doit être lisible même après le sinistre.
- Présence de disjoncteurs 3 pôles = Ces derniers sont facilement reconnaissables dans le tableau (voir ma photo).
- Présence de nombreux câbles rouges de fortes épaisseurs = Indice factuel sur un raccordement en triphasé.
Dans le doute, demandez à l’assuré et s’il ne sait pas, demandez lui une facture : Le type de fourniture est nécessairement inscrit dessus.
Pourquoi opter pour du triphasé ?
La réponse à cette question est simple : On opte pour du triphasé quand l’installation nécessite plus de 12 kVa de puissance. Autrement dit, si vous êtes un particulier, cela vous concerne si votre maison est réellement très grande, et que vos équipement sont très énergivores.
- Maison de plus de 120 m2 avec de lourds équipements.
- Piscine chauffée.
- Dépendances, locations saisonnières.
- Etc.
Généralement, le triphasé se destine plutôt aux professionnels.
Le deuxième cas de figure pouvant nécessiter du triphasé est l’éloignement du tableau. Si ce dernier est à plus de 100 mètres du point de livraison EDF, vous ne pouvez pas passer en monophasé.
- Puissances en monophasé : 3 kVa, 6 kVa, 9 kVa / 12 kVa à 18 kVa.
- Puissance en triphasé : 15 , 18, 24, 30 et 36 kVa.
Ce sont systématiquement des multiples de 3. Cela permet de diviser les phases lorsque la fourniture est en triphasé. Ainsi, pour un abonnement de 18 kVa en triphasé, cela permet de délester la puissance totale en 6 kVa par phase (3 x 6=18).
A retenir :
- Installation nécessitant une puissance supérieure à 18 kVa.
- Tableau électrique principal à plus de 100 mètres du point de livraison EDF.
Abonnement auprès du fournisseur
Ci-dessus : Exemple d’un relevé ENEDIS sur lequel vous pouvez retrouver la puissance livrée en bas de page. Crédit photo : S.USTUN.
L’abonnement auprès du fournisseur ne change pas radicalement la donne. C’est la puissance livrée qui compte dans le calcul du tarif. Automatiquement, la puissance pour une installation en triphasé étant plus importante, l’abonnement l’est également.
En proportion, l’abonnement au triphasé est donc censé être équivalent au mono.
Le « PDL » (point de livraison) est le point qu’il faudra retenir pour calculer la distance jusqu’au tableau principal, permettant de définir si le triphasé s’impose (100 mètres).
En revanche, pour les professionnels, un abonnement triphasé permet de bénéficier de contrats spécifiques permettant de réaliser certaines économies. Si vous êtes un professionnel, le mieux est encore de vous rapprocher d’un conseiller ENGIE.
Ci-dessus : Détails des tarifs officiels ENGIE pour l’année 2024. Notez que le tarif est équivalent en mono ou en triphasé.
Sur le tableau récapitulatif ci-dessus, vous pouvez constater que l’abonnement ne dépend pas du nombre de phases, mais bel et bien de la puissance fournie. (Source ENGIE).
- Tarif d’abonnement mensuel en monophasé 12 kVA : 19,04 euros TTC.
- Tarif d’abonnement mensuel en triphasé : 19,04 euros TTC.
Consulter la page de renseignement « abonnements » d’ENGIE.
Quid du raccordement de chantier provisoire ?
Ci-dessus : Différence de prix entre un coffret de chantier monophasé et triphasé. Près de deux fois plus cher pour un tri. Crédit photo : S.USTUN.
Comme pour le tableau principal définitif, un raccordement provisoire (en phase de travaux) nécessite un coffret de chantier « triphasé ». Ce dernier est donc adapté à recevoir les 3 phases.
Attention, un coffret de chantier en triphasé est considérablement plus cher qu’un modèle monophasé. C’est presque du simple au double.
En règle général, quand vous faîtes la demande de raccordement provisoire, le conseiller ENEDIS vous demande si vous souhaitez du mono ou du tri. C’est A CE STADE qu’il vous faut faire un choix définitif.
- Prix d’un coffret de chantier en monophasé : 339 euros HT soit 406 euros TTC.
- Prix d’un coffret de chantier en triphasé (même marque, même gamme) : 629 euros HT soit 755 euros TTC.
J’ai rédigé un article sur ce sujet que je vous invite à lire :
- Lire mon article sur les coffrets de raccordement de chantier provisoires.
- Consulter la page « FAQ » de Enedis sur ce sujet.
A SAVOIR : Vous ne pourrez pas demander de raccordement provisoire en cas de puissance supérieure à 36 kVa.
Tri ou monophasé : Quelle installation pour une autoconstruction ?
Vous le savez dorénavant, j’intègre la dimension « autoconstruction » dans beaucoup de mes articles. Là aussi, il est nécessaire de différencier monophasé et triphasé.
Si vous avez un projet d’autoconstruction vous allez tôt ou tard être confrontés au problème, et au choix. Dans ce cas, il vous faut tenir le même raisonnement que j’évoque dans le présent article :
- Nécessité de puissance.
- Distance de raccordement au réseau EDF.
Si votre projet de construction est celui d’une maison individuelle « standard » ou simplement d’un studio de jardin, et que vous êtes à moins de 100 mètres du point de raccordement : Le monophasé suffit amplement.
En autoconstruction il est souvent question de coût global, opter pour une installation en monophasé va drastiquement baisser le prix de votre projet. Ce qui est valable sur le plan budgétaire, est également valable sur le plan de la faisabilité.
En effet, raccorder un tableau électrique monophasé est potentiellement à la portée des plus bricoleurs d’entre vous. En revanche, équilibrer les phases d’un tableau triphasé est véritablement technique. C’est prendre un risque que de s’engager sur ce choix.
Mon conseil : Restez sur du monophasé.
Questions fréquentes / FAQ
- Q: Les prises sont-elles différentes entre monophasé et triphasé ?
- R: Non. Les prises sont très exactement les mêmes. Si vous voyez une « grosse » prise derrière un plan de travail par exemple, elle n’est pas nécessairement une prise 380 V. Vous devez vérifiez qu’il y ait 2 « trous », si c’est le cas, c’est du monophasé.
- Q: Faut-il du triphasé pour installer une climatisation ?
- R: Non. Les PAC (Pompes à chaleur) et climatisation « individuelles » ne nécessitent pas de faire installer le triphasé. En revanche, certains systèmes de chauffage pour les piscines sont tellement « gourmands » qu’ils peuvent obliger à passer en tri.
- Q: Peut-on modifier une installation triphasé en monophasé ?
- R: Oui. Rien n’interdit de réaliser la transformation hormis le coût de l’opération (fourniture et main d’œuvre). Il faudra également demander une modification de l’abonnement ENGIE. Attention, vous devrez convoquer un nouveau consuel. ENGIE facture 175 euros environ la modification de l’installation.
- Q: Faut-il un compteur spécial pour le triphasé ?
- R: On confond souvent disjoncteur et compteur. Donc oui, il faut un compteur spécial pour le triphasé, mais de toute façon cela reste la propriété d’ENEDIS. En revanche, il faut un disjoncteur d’abonné spécifique en triphasé qui lui est à votre charge.
Liens utiles et autres articles sur le sujet
- Différence entre monophasé et triphasé selon Total Energies.
Conclusion
Pour conclure cet article j’ajouterai qu’il ne faut pas « trop » entrer dans le détail du comportement des phases électriques. C’est un vrai métier, et les électriciens sont des gens consciencieux et expérimentés. Autrement dit, en cas de doute, le plus simple est de contacter un professionnel proche de chez vous.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.