Rénovation, métrage après sinistre ou autoconstruction, savoir dimensionner le tableau électrique principal est indispensable. Il faut également comprendre son fonctionnement.
Je vous propose ce dossier dédié sur la base d’un tableau standard d’une maison : Le tertiaire ou l’industriel étant totalement différents du résidentiel et nécessitant des compétences particulières.
Nous allons analyser ensemble la constitution d’un tableau électrique standard pour une maison individuelle au regard de la Norme NF C15-100.
Avant propos
Le tableau électrique principal est le cœur de l’installation électrique d’une maison. Ce n’est pas un gadget, vous devez comprendre sa fonction, et son fonctionnement
Il assure la distribution de l’électricité et la protection des circuits et des personnes.
En France, les installations électriques sont soumise à une règlementation claire : La norme C15100.
Pour une maison traditionnelle, voici comment constituer un tableau électrique conforme à la norme NF C15-100. J’ai pris cet exemple pour son caractère « commun » à de nombreux logements.
Notez également que cet exemple repose sur une installation en monophasé. J’aurai l’occasion d’évoquer le triphasé ultérieurement.
Vous devez savoir lire un tableau et le dimensionner correctement que ce soit pour vos devis, mais également en cas d’autoconstruction.
Cela vous permettra d’établir sereinement votre budget.
Dans le cadre d’un raccordement provisoire en phase chantier, je vous renvoie à mon article sur le sujet :
Raccordement d’un coffret de chantier provisoire & prix.
Cet article (en lien ci-dessus) vous sera d’une grande aide en cas d’absence de raccordement définitif.
Composants du tableau électrique principal
Dans la plupart des cas, vous serez face à un tableau électrique, unique. Dans certains cas, il est possible que le logement dispose d’un tableau secondaire. A vous de vérifier cela.
Immédiatement à ce stade, et dans le cadre d’une rénovation ou d’une intervention en après sinistre, vous devez identifier si le tableau est alimenté en:
- Monophasé ?
- Triphasé ?
Une fois ceci déterminé, vous pouvez passer au sondage visuel. Face au tableau vous devez identifier les appareillages en présence.
Disjoncteur de branchement :
Il protège l’ensemble de l’installation et doit être dimensionné selon la puissance souscrite (généralement 30/60A pour un tarif bleu). Ce disjoncteur est particulièrement singulier, vous ne pouvez pas le rater.
En revanche, rien n’assure qu’il soit proche du tableau électrique. Le disjoncteur principal peut se trouver dans la logette, non loin du Linky. Il est également appelé : Disjoncteur d’abonné.
Consulter la page d’explication sur le site LEGRAND.
Interrupteur différentiel général :
D’une sensibilité de 500 mA, il protège contre les défauts d’isolement majeurs. C’est l’appareil général de coupure que nous avons évoqué plus haut. Ce dernier a pour rôle de couper totalement l’installation du réseau EDF.
Il arrive qu’une installation dispose de 2 différentiels généraux. Lorsque le principal est posé dans la logette (en limite de propriété), certains électriciens rajoutent un différentiel général à proximité du tableau électrique principal.
Interrupteurs différentiels 30 mA :
Au moins deux sont nécessaires, l’un pour les circuits « humides » (cuisine, salle de bain) et l’autre pour le reste de la maison. En général, ils sont en première position à gauche de chaque rangée sur le tableau.
Ils ont également une forme particulière, vous ne pouvez pas les confondre avec le reste des appareillages.
Les interrupteurs différentiels ont pour rôle de protéger les individus (choc électrique). Il ne sont pas fait pour protéger les équipements contre les surtensions à la manière des « disjoncteurs ».
Rappel :
- Protection les individus et non les appareils électriques.
- Plus volumineux que les disjoncteurs (pour les reconnaître plus facilement).
- Généralement placé en « tête » de rangée à gauche de cette dernière.
Mini disjoncteurs :
Ce sont les disjoncteurs individuels qui sont rangés en ligne et sur lesquels vous retrouvez les mentions 10, 16, 20 ou 32 A. En général, on indique au crayon ou par des étiquettes, le circuit qu’ils protègent.
Les disjoncteurs ou mini disjoncteurs sont différents des interrupteurs différentiels car ils protègent également les équipements électriques des surtensions.
Contacteur chauffe eau :
Dans un tableau électrique principal, il n’est pas rare de croiser un équipement particulier, avec sa petite languette et les mentions inscrites « OFF » / « Auto » / Marche forcée.
Ne cherchez pas, vous êtes face au contacteur pou chauffe eau. Ce dernier vous permet de réaliser des économie d’énergie lorsque vous avez un abonnement heures creuses.
Délesteur :
Plus rare, généralement posé en fin de tableau, le délesteur n’est pas une obligation selon la norme C15100 donc j’en reparlerai le moment venu.
Combien de prises de courant ?
J’attendais cette question les amis.
Le nombre de prise de courant est déterminé par la norme NF C15100. Il existe un calcul de surface qui permet de déterminer ce nombre de prises. Il y a évidemment un minimum mais pas de maximum, sauf si vous souhaitez saturer votre tableau électrique.
Par exemple :
Une chambre doit disposer de « minimum » 3 prises de courant. Dans le salon en revanche, ce sera un calcul selon la surface pour déterminer le nombre de prises avec un minium de 5 :
- 1 prise par tranche de 4 m2.
- 6 prises minimum jusqu’à 28 m2.
- 7 prises au dessus de 28 m2.
Il faut également un minimum de prises au dessus d’un plan de travail par exemple, pour l’aménagement d’une cuisine.
Il est donc question ici de répartition et de nombre. Mais rien ne vous interdit de faire preuve de bon sens, et d’ajouter des prises là où vous le jugez nécessaire.
Je rédigerai un article spécial uniquement sur la C15100 et notamment sur la répartition des prises.
Prises de communication et PTT
Toute installation électrique doit disposer de prises de communication. Le tableau électrique principal doit disposer d’une prise DTI, à l’intérieur ou à l’extérieur de ce dernier.
Les tableaux emportent dorénavant des « mini » hubs 4 ports de type RJ45. Cela permet de brancher une box et de diffuser sur les prises RJ45 qui sont distribuées dans le logement.
Chaque chambre doit disposer d’une prise de communication. Il est également bon d’en avoir une dans l’entrée, hall ou pas. Enfin, et cela reste du bon sens, le « coin télé » devra également disposer d’une RJ45.
Nombre de prises de communication RJ45 :
- 2 pour un T1 / 3 pour un T2 / 4 pour un T3 ou plus (type de logement).
- Les emplacements sont également réglementés.
Goulotte GTL
Dans de nombreux cas, il est nécessaire de prévoir une goulotte GTL pour coffrer les arrivées et départs d’alimentations électriques. Ces goulottes sont également normalisées.
Vous devez les prendre en considération dans votre chiffrage, car elles ne sont pas gratuites.
INFO :
En théorie, les goulottes GTL devaient courir sur toute la hauteur de l’installation.
C’est toujours le cas si vous avez des départs et arrivées provenant d’en bas et partant vers le plénum. En revanche, si tous les flux sont dirigés au même endroit, la GTL n’est plus obligatoire de part et d’autre du coffret.
Circuits spécialisés
Ci-dessus : Exemple de répartition des différents circuits. Les disjoncteurs ne sont pas adaptés à la règlementation C15100. Crédit photo : S.USTUN
Selon la norme NF C15-100, plusieurs circuits spécialisés sont obligatoires :
- Four électrique : 20A
- Plaques de cuisson : 32A
- Lave-linge : 20A
- Lave-vaisselle : 20A
- Prises de courant cuisine : 16A
- Congélateur : 20A
- Radiateurs électriques : 20A
- Chauffe-eau : 20 A
Si la maison est chauffée par des radiateurs électriques, ces derniers doivent être raccordés individuellement en 20A.
Astuce : En général, tout ce qui « tire » beaucoup d’énergie et/ou qui est un élément singulier d’une installation mérite son propre disjoncteur.
Circuits d’éclairage et prises de courant
Éclairage :
Globalement, il est ici question de « bon sens ». Une pièce nécessite forcément un éclairage, donc un : Point lumineux (PL). C’est également le cas pour un cagibi !
Qui dit éclairage dit interrupteur ou « bouton » :
- Simple allumage (lorsqu’on dispose d’un interrupteur unique pour l’éclairage).
- Va-et-vient (lorsque ce même éclairage est commandé par deux interrupteurs différents).
- Télérupteur : Lorsqu’on dispose de plus de 2 boutons sur un même allumage.
Prévoir au moins 2 circuits de 16A, avec un maximum de 8 points d’éclairage par circuit. Vous devez impérativement penser aux va-et-vient et aux télérupteurs si nécessaire.
Les éclairages ne sont pas des éléments qui apportent à de grandes polémiques mais il est question de confort. Pensez bien à tout. Il n’est pas rare d’oublier les points lumineux extérieurs au droit des portes d’entrées par exemple, ou du garage.
Prises de courant :
- Circuit 16A pour 5 prises maximum.
- Circuit 20A pour 8 prises maximum.
- Prévoir au moins 3 circuits de prises pour une maison de 100 m2.
- Prévoir des PLEXO extérieurs étanches.
Attention : Nouvelles limitation par circuit et par section de câble :
- Pour du 1.5 mm² (cuivre) : jusqu’à 8 unités de raccordement.
- Pour du 2.5 mm² (cuivre) : jusqu’à 12 unités de raccordement.
Protection contre les surtensions
Un parafoudre est recommandé pour protéger l’installation contre les surtensions d’origine atmosphérique.
Tableau récapitulatif des circuits :
- Disjoncteur de branchement | 30/60A | 1 |
- Interrupteur différentiel général 500 mA | 63A | 1 |
- Interrupteurs différentiels 30 mA | 40A | 2 |
Répartition du tableau
Type de circuit | Nombre de circuits | Disjoncteur (A) | Différentiel (Type/Intensité) | Section du câble (mm²) |
---|---|---|---|---|
Prises de courant (général) | 3 circuits | 16A | AC / 30mA | 2,5 mm² |
Eclairage | 2 circuits | 10A | AC / 30mA | 1,5 mm² |
Cuisine – Prises spécialisées | 1 circuit pour électroménager (lave-linge) | 20A | AC / 30mA | 2,5 mm² |
Four ou plaque de cuisson | 1 circuit | 32A | AC / 30mA | 6 mm² |
Chauffe-eau | 1 circuit | 20A | A / 30mA | 2,5 mm² |
Chauffage électrique (3 chambres + salon) | 4 circuits | 20A | A / 30mA | 2,5 mm² |
VMC | 1 circuit | 2A | AC / 30mA | 1,5 mm² |
Salle de bain – Prises et éclairage | 1 circuit prises + éclairage | 16A | AC / 30mA | 2,5 mm² (prises) / 1,5 mm² (éclairage) |
Prises extérieures | 1 circuit | 20A | AC / 30mA | 2,5 mm² |
Appareillage divers (sonnette, portail) | 1 circuit | 10A | AC / 30mA | 1,5 mm² |
Points singuliers en rénovation ou après sinistre
Les liaisons équipotentielles :
La liaison équipotentielle est un dispositif de sécurité électrique essentiel dans une maison individuelle. Son but est de protéger les occupants contre les risques d’électrocution en cas de fuite de courant.
Relier les masses :
Toutes les masses métalliques présentes dans une pièce d’eau (canalisations, structures métalliques, etc.) sont reliées entre elles et à la terre.
Égaliser le potentiel:
En cas de fuite de courant, toutes ces masses se retrouvent au même potentiel électrique, évitant ainsi les différences de potentiel dangereuses qui pourraient provoquer un choc électrique.
Pourquoi c’est important ?
Sécurité: C’est une mesure de sécurité obligatoire dans les pièces d’eau.
Protection: Elle protège contre les chocs électriques, même si un appareil est défectueux.
Normes: Son installation est réglementée par des normes pour garantir la sécurité.
Technique:
Matériaux: On utilise des conducteurs électriques spécifiques (généralement de couleur verte et jaune) et des bornes de connexion.
Installation: L’installation doit être réalisée par un professionnel qualifié pour garantir sa conformité.
Vérification: Il est important de faire vérifier régulièrement l’installation pour s’assurer de son bon fonctionnement.
En résumé:
La liaison équipotentielle est un système qui met toutes les masses métalliques d’une pièce d’eau au même potentiel électrique, réduisant ainsi considérablement les risques d’électrocution. C’est un élément indispensable pour la sécurité électrique d’une habitation.
Emplacement du tableau électrique principal
En neuf, la question est tranchée. Le tableau électrique principal se pose sur un mur « froid », au plus proche du fourreau d’alimentation. C’est le constructeur qui gère sont positionnement.
En rénovation ou en après sinistre, il peut y avoir un sujet à discussion, soyez prudents. Vérifiez la position du tableau selon la norme pour éviter un refus d’attestation « Consuel ».
- Mur qui réceptionne le tableau électrique.
- Hauteur de ce dernier (il existe une hauteur minimale et maximale à respecter).
- Nature du support : Double plaque de BA13 par exemple.
- Proximité d’éléments à risque.
- Etc.
Exemple de tableau électrique prééquipé
Les industriels ont depuis longtemps compris qu’il fallait simplifier les installations. Aujourd’hui il est possible de trouver des tableau pré-montés (ou prééquipés).
C’est une excellente solution pour les autoconstructeurs.
Schneider, Legrand ou Haïer, tous proposent des solutions complètes « type » en kit. En introduction je vous ai présenté le modèle Schneider RESI 9.
Ces solutions sont simples mais elles présentent également l’avantage de la sécurité. Je vous le conseille.
Exemple de prix d’un tableau principal prééquipé chez Leroy Merlin.
Points de contrôles importants
- Résistance de la terre (Ce n’est pas parce que le bornier de terre est présent qu’il est fonctionnel).
- Points lumineux extérieurs (1 par porte d’accès).
- Carillon d’entrée (souvent oublié).
- Prises Telecom (PTT).
- Liaisons équipotentielles.
- Emplacement du tableau.
Comment chiffrer les appareillages et le tableau ?
Savoir métrer un tableau électrique type est déjà un gros atout. Savoir le chiffrer, ainsi que les tirages de lignes et les appareillages, vous fera passer au niveau de bon métreur.
En rénovation, en neuf ou en après sinistre les chiffrages seront évidemment différents.
Le type de cloisons et de plénums vont également jouer un rôle dans le chiffrage. Passage facile ou au contraire, nécessité de réaliser des saignées, le prix ne sera pas le même.
En après sinistre, vous devez vous conformer aux BPU (Bordereaux de Prix Unitaires) quand ils existent. Dans le cas contraire, vous devez rester dans des tranches de prix convenables.
Même si vous êtes en accord avec l’expert, l’assureur peut désigner un bureau d’étude « économie du bâtiment ». Ce dernier ne manquera pas de vous retoquer.
Consulter mon dossier sur les BPU.
Oublis récurrents lors d’un métrage expert
- Présence et intégrité du mat d’antenne. Ce dernier est souvent peu visible.
- Présence d’un carillon (sonnette).
- Vérification des liaisons équipotentielles (vu plus haut) : Vous devez les mentionner et les valoriser.
- Présence d’un connecteur Fibre ou ADSL.
- Prise DTI.
- Alimentation des volets roulants électriques.
Métrage automatique d’un tableau électrique standard
Pour celles et ceux qui sont inscrits à ma formation métreur en bâtiment, je vous livre le fichier de métrage « automatique » d’un tableau électrique à la norme C15100.
Ce dernier vous permet de ventiler très distinctement tous les appareillages selon les surfaces des pièces.
C’est un outil parfait, qui va vous faire gagner un temps formidable pour la rédaction de vos devis. Vous pourrez faire évoluer le fichier en y appliquant vos propres tarifs d’interventions.
Astuce pour les va-et-vient
Les va-et-vient sont toujours un sujet que ce soit en rénovation ou en après sinistre. Il n’est pas rare de les oublier ou de les confondre, avec un télérupteur par exemple. Généralement, on s’en rend compte en fin de chantier.
Pas de panique.
Si, comme dans la plupart des cas, vous oubliez de tirer ou de deviser les va-et-vient, il existe une solution de repli :
Les kits va-et-vient sans fil.
Cette solution pourra vous tirer de l’embarras, c’est du vécu.
Lire mon article sur les kits va-et-vient sans fil.
Conclusion
La constitution d’un tableau électrique principal pour un logement nécessite une réflexion particulière pour respecter la norme NF C15-100.
Il est important de prévoir suffisamment de circuits pour répondre aux besoins actuels et futurs, tout en assurant la sécurité des occupants.
Je vous recommande fortement de faire appel à un électricien qualifié pour l’installation et la certification du tableau électrique. Ce dernier sera plus enclin à vous conseiller correctement et vous ne risquez pas de vous voir refuser le consuel.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.