Les mouvements de fondations, entraînant dégâts et fissures, ne sont pas nécessairement dus à la sécheresse.
Parfois, des causes insoupçonnées viennent contrarier le jugement de l’expert.
Ce cas de figure, très actuel (le chantier est en cours), nous offre une lecture différente des sinistres en fondations.
La sécheresse régulièrement en cause
Lorsqu’on évoque les fondations, la dalle ou les soubassements, la sécheresse est souvent la première incriminée.
Dans ce cas d’école, la fissuration présente sur la maison est assez peu caractéristique d’un sinistre dû au retrait et gonflement des argiles (RGA).
Cette dernière longe la dalle dans son horizontalité, puis courre en élévation sur quelques centimètres seulement. Ce qui est assez peu alarmant.
Immédiatement, je songe à un mouvement différentiel, cependant fort improbable sur une maison de plain pied. La descente de charge étant uniforme en tout point des élévations.
C’est en réalisant ma prospection autour de la maison, que j’identifie un potentiel premier coupable :
Deux noisetiers !
Ces derniers, trop proches de la dalle, questionnent. Ils ont sans aucun doute joué un rôle dans la fissuration.
La maison a été construite en 2000, il n’est donc plus question de garantie décennale.
Doutes fondés mais mauvaise réflexion :
Deux voisins sont récemment passé en CAT NAT, ce qui conforte la question de la sécheresse. La maison située au Sud du logement a fait l’objet d’un agrafage. Il paraît donc assez logique que les maisons voisines soient également concernées par un RGA. Cette affirmation se tient, cependant elle n’est pas totalement juste.
Le faisceau d’éléments en faveur du retrait gonflement des argiles semble fondé, mais les désordres ne correspondent pas. Une RGA va créer (généralement) des fissurations sur les élévations, ce n’est pas ici le cas.
Il est (habituellement) assez aisé de déterminer les causes d’un mouvement de fondations au regard des symptômes visibles : Les fissures.
Dans ce cas, rien ne concorde, les fissurations sont plutôt de l’ordre du désaffleurement.
Les désordres courants sur les fondations d’une maison
Les désordres sur les fondations d’un bâtiment sont « relativement » simples à identifier :
- Mauvais dimensionnement des fondations (hauteur & largeur), en d’autre terme la dimension de la fouille
- Manque de ferraillage, ou mauvais dosage du béton (plus rare)
- Séisme
- Sécheresse
- Cause externe
Un mauvais dimensionnement des semelles de fondation ou du soubassement est très souvent en cause. Notamment lorsqu’il s’agit d’une extension.
L’absence de ferraillage (ou son mauvais diamètre) ainsi que la qualité du dosage béton sont également des vecteurs de sinistres.
Ces éléments sont assez simples à déterminer. Le calcul de structure pour le premier, et le sondage au scléromètre pour la qualité du béton dans le second cas. Ce sont deux cas de figures parfaitement tangibles et mesurables.
Lire également mes deux articles sur le diamètre des fers à béton et sur la nécessité d’un bon dosage béton
Si nous excluons ces cas de figure, seuls les séismes et la sécheresse peuvent impacter une fondation.
Or, il existe un coupable potentiel, dont les indices de culpabilité sont très proches d’un RGA (retrait gonflement des argiles).
Un problème causé par la croissance des racines d’arbre.
Les arbres, dont je promeut régulièrement l’intérêt en terme de « coupe vent », et leurs nombreux avantages écologiques, peuvent parfois devenir des ennemis redoutables des structures maçonnées.
Ci-dessus: 2 souches de noisetiers, dont je pense qu’ils sont potentiellement à l’origine du désordre.
L’un des problèmes les plus insidieux auxquels les propriétaires de maisons peuvent être confrontés est le désordre des fondations causé par la croissance des racines d’arbres.
Dans notre cas, je suppose très clairement que les deux souches « peuvent » être en cause.
Les dégâts constatés
Le sinistre repose sur l’apparition constatée de plusieurs zones présentant des désordres. La dalle se désolidarise des revêtements muraux, ce qui est assez courant lorsqu’on bâti sur « radier ».
Ce phénomène est très courant lorsqu’il s’agit d’une dalle coulée en plein, et presque inexistant lorsqu’il s’agit d’une construction sur vide sanitaire.
- Désaffleurement de la coursive piétonne en périphérie de la maison
- Fissuration sur les revêtements muraux (BA13 collé) légère et peu alarmante
- Très légère fissuration sur le carrelage (à peine visible) dans la cuisine
- Large décollement du parement extérieur au sol, absence totale de fissuration sur les élévations (agglos creux)
Comment les racines d’arbres affectent-elles les fondations ?
Les racines d’arbres cherchent naturellement l’eau et les nutriments dans le sol.
Lorsqu’un arbre est planté à proximité d’une maison, ses racines peuvent s’étendre sous la fondation à la recherche de ces précieuses ressources.
Voici quelques façons dont les racines peuvent causer des dommages :
1. Expansion et contraction du sol sous le radier
Les racines absorbent l’eau du sol, ce qui peut entraîner une contraction de celui-ci.
Dans des sols argileux, ce phénomène est particulièrement prononcé, car l’argile se rétracte lorsqu’elle perd de l’eau.
Inversement, lorsque les racines ne sont plus actives ou que l’arbre est abattu, le sol peut se réhydrater et se dilater, créant des mouvements dans la fondation.
2. Pression mécanique :
À mesure que les racines grossissent, elles exercent une pression sur les fondations et les structures souterraines.
Cette pression peut provoquer des fissures et des déplacements de la structure. Le phénomène peut, par ailleurs, être similaire à l’effet de pression hydrostatique qu’on peut rencontrer dans les cas de fortes inondations.
Dans ce cas, il est question d’un soulèvement de l’ouvrage en un certains nombre de zones très singulières, formant un cône.
3. Entrée d’eau :
Les racines peuvent endommager les canalisations et les systèmes de drainage autour de la maison, causant des fuites d’eau qui érodent le sol sous les fondations et compromettent leur stabilité.
Dans notre exemple, il n’apparait aucun désordre de ce type.
Signes de dommages aux fondations
Les dommages causés par les racines d’arbres aux fondations d’une maison peuvent se manifester de plusieurs façons :
- Fissures dans les murs, les sols ou les plafonds.
- Portes et fenêtres qui ne ferment plus correctement.
- Affaissement de certaines parties de la maison.
- Apparition de fissures dans la fondation elle-même.
Prévention et solutions
Ce cas de figure reste assez sommaire, cependant il appelle au questionnement. Une analyse approfondie des causes du sinistre nécessite d’éclaircir les conséquences de la végétation.
1. Distance de plantation :
Pour éviter les problèmes, il est prudent de planter les arbres à une distance appropriée de la maison. Cette distance dépend de l’espèce de l’arbre et de la taille de son système racinaire.
Le noisetier n’est pas gourmand : 2 mètres suffisent.
2. Barrières maçonnées anti-racines :
Installer des barrières physiques entre les arbres et les fondations peut empêcher les racines de s’étendre sous la maison. C’est assez peu pertinent selon le type de végétation en présence.
Défaut : Cela n’empêchera pas l’assèchement des sols.
3. Surveillance et entretien :
Surveiller régulièrement la croissance des arbres et l’état des fondations permet de détecter les problèmes avant qu’ils ne deviennent graves.
4. Consultation de professionnels :
En cas de doute, faire appel à un paysagiste ou un ingénieur en structure peut fournir des solutions adaptées à chaque situation spécifique.
Ces experts peuvent recommander l’élagage des racines ou, dans certains cas extrêmes, l’abattage de l’arbre.
Dans notre exemple, je désouche les deux noisetiers pour éliminer toute cause possible du sinistre. Si possible, avant une éventuelle aggravation.
5. Réparation des Fondations :
Si des dommages ont déjà été causés, des professionnels peuvent effectuer des travaux de stabilisation et de réparation des fondations pour prévenir de futurs problèmes.
Conclusion
Les arbres ajoutent clairement une valeur à nos bâtisses, mais leur croissance peut parfois interférer avec les structures maçonnées.
En prenant des mesures préventives et en étant vigilant, les propriétaires de maisons peuvent profiter des avantages des arbres tout en minimisant les risques pour leurs fondations.
Une gestion proactive et informée est la clé pour maintenir l’harmonie entre la nature et les constructions humaines.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.