
Serge USTUN
Ce ne sont pas moins de 3 nouveaux « chantiers école » que nous allons prendre à bras le corps au sein de Normale BAT. Cette saison est donc riche en propositions et de fait, nous n’intervenons que sur des cas extrêmement particuliers et qui ne font pas concurrence aux artisans du secteur.
En l’occurrence, ces 3 cas sont d’une grande singularité et nous allons les exposer ici dans le détail.
Chaque chantier fera l’objet d’un dossier complet que vous pourrez consulter librement sur le magazine. Notes de calculs, plans, budget, coûts des matériaux, etc. Ces éléments seront disponibles en fin de chantier dans des articles dédiés.
Une dalle en semi porte-à-faux : Un sacré challenge !
Premier chantier de la série pour l’école Normale BAT : La construction d’un ouvrage extérieur de loisir en béton, parpaings et chose singulière : Une dalle en porte-à-faux pour office de toiture plate.
Le chantier présente de nombreux défis, tous plus difficiles à relever :
- Aucune accessibilité pour les engins, ce qui écarte l’utilisation de toupies pour couler le béton.
- Un voile de contreventement très difficile à mettre en œuvre car la structure sera soumise aux poussées du vent et il n’y a presque aucun moyen de contreventer.
- Une étude de ferraillage pour l’armature du béton qui doit viser une dalle béton en porte-à-faux, avec toutes les contraintes que cela suppose.
Comme tous les chantiers école de Normale BAT, il n’y a pas d’enjeu financier car l’école ne tire aucun bénéfice de ces actions. En outre, après 3 refus d’artisans locaux il n’y a donc aucune concurrence sur le secteur : C’est un maître mot.
Le chantier va se dérouler en plusieurs phases :
- Réception et analyse de l’étude structure : Cela permettra de dimensionner et préparer les armatures pour le béton.
- Implantation de la structure : L’objectif est ici d’expliquer « pas à pas » l’implantation en utilisant des cordeaux, et en se référant au mode de calcul des diagonales. Nous ferons un aparté sur la fameuse méthode 3 4 5 que je préfère survoler, et nous nous concentrerons sur le calcul des hypoténuses (les diagonales) pour vérifier les équerrages.
- Réflexion sur la pertinence des matériaux : Aucun accès, impossibilité de faire venir les toupies, nécessité de bénéficier d’un dosage béton précis.
- Analyse de la semelle de fondation et du dosage béton.
- Réflexion sur la possibilité de créer un ouvrage en mix de matériaux : Béton pour les fondations et structure acier pour le platelage bois en plancher et la dalle haute en porte-à-faux.
- Démarrage de chantier.
Budget global : Environ 15 000 euros, hors finitions, sans revêtements, sans enduits, sans appareillages.
Cela permettra de réaliser une analyse coût / pertinence des choix de mise en œuvre et analyse d’un devis pour ce type d’ouvrage.
Aparté : Pour ce type d’ouvrage, j’aurais en théorie privilégié l’usage des pieux vissés qui cochaient presque toutes les cases : Chantier sec, facile et rapide à mettre en œuvre, pas de matériaux à stocker et à ravitailler : Bref, le top.
Cependant, et pour ce même problème de résistance aux vents, de poussés axiales, et de contreventement global, je n’ai pas retenu cette solution sur laquelle je reviendrai par ailleurs. La solution de semelles de fondations filantes pour les parois ainsi que la solution de pieux béton pour le platelage du plancher sont, dans ce cas, préférables.
- Etude structure : OUI.
- Plans, projection et modélisation : Cabinet d’architecte.
- Client : Particulier.
- Mise en œuvre et réalisation : Normale BAT.
- Durée des travaux : 2 mois.
Le prototypage et la mise en œuvre d’étriers pour les maisons containers
Après avoir consulté les entreprises pour le chantier que nous suivons actuellement, au demeurant atypique, il s’avère qu’aucune entreprise n’est en mesure d’apporter une solution sérieuse aux singularités de l’isolation d’une maison container et de la réalisation de son bardage.
L’école Normale BAT est donc chargée de réaliser un prototype d’étriers adaptés d’une part, et de projeter une procédure de mise en œuvre du complexe « isolant/bardage » d’autre part. C’est un véritable challenge.
L’objectif :
L’objectif de ce chantier est simple : Mettre à disposition des artisans et des autoconstructeurs un modèle fiable et pérenne du procédé. Ce dernier doit être reproductible et purgé de tout défaut. Le projet s’accompagnera d’une veille technique et d’un retour d’expérience. Les plans seront en « open source ».
Par ailleurs, j’utiliserai ce cas de figure pour abonder dans le sens de l’élargissement d’un corpus de connaissances sur ce thème, aujourd’hui totalement faussé par le contenu existant. L’idée est donc simple : Faire bénéficier les passionnés du concept d’un véritable schéma, plan de pose, et plans de réalisation des étriers recevant les lambourdes de bardage.
Nota : l’isolant sera un mix de PU et de laine de roche avec un bardage Red Cedar.
Le challenge étant d’éviter de nombreux désordres et malfaçons pour toutes celles et ceux qui malheureusement ont suivi les tutoriels disponibles en ligne, dont la majorité sont des aberrations techniques.
Les plans, les coupes, les détails d’exécution et les notes de calculs seront disponibles dans le dossier : Construire une maison container. Ces derniers seront gratuits et « open source » pour tous les lecteurs.
Un beau challenge !
Une construction en « portique » sur poteaux-poutres
Le troisième et dernier chantier école confié à Normale BAT est plus prosaïque : La construction poteau-poutre !
Ça va, on maîtrise le sujet !
Encore une fois, aucune entreprise n’est parvenue à endosser la responsabilité de la réalisation pour ce chantier dont la structure et l’architecture sont définitivement atypiques.
Pour ce dossier précis, nous avons opté pour la technique du portique. En charpente bois comme en charpente métallique, ce procédé demeure le plus efficace.
Dans notre cas nous utiliserons le bois et plus particulièrement le lamellé collé.
Les sujets seront donc nombreux :
- Dépôt d’une demande de travaux avec plans.
- Calcul des efforts et des moments de force (flexion et cisaillement.
- Calcul des contreventements.
- Mise en œuvre des isolants avec nécessité ou non d’utilisation de pare-vapeur.
- Bardages bois extérieurs : technique de pose.
- Choix des matériaux avec éléments intégralement chiffrés.
Pour résumer
3 nouveaux chantiers école et non des moindres. Ce sera l’occasion de revenir « in situ » sur un grand nombre d’articles que j’ai rédigé sur le magazine.
Objectif : Mettre dans le réel et démontrer par l’exemple les différents sujets que nous évoquons régulièrement dans ces lignes, partager les connaissances, et pourquoi pas : Vous donner l’impulsion pour vos projets personnels.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN en tant que président de l’école.