Discret, peu évoqué par ailleurs, très largement sous côté, le Purenit est un matériau résolument atypique mais qui nous donne un sacré coup de main, sur de nombreux postes dans le bâtiment.
Purenit : le matériau (vraiment) polyvalent pour le bâtiment ? C’est notre dossier du jour.
Qu’est-ce que le Purenit ?
Le purenit est un matériau issu de la compression de mousse rigide de polyuréthane (PU) recyclée. Contrairement aux bois et dérivés, il combine résistance mécanique élevée, stabilité dimensionnelle, insensibilité à l’humidité, et pouvoir isolant. Il s’emploie en panneaux ou en pièces usinées pour réaliser des éléments de construction et des détails de raccord sans pont thermique (seuils, précadres, appuis, rupteurs, etc.). Source : puren.com
Comment est fabriqué le Purenit ?
Le procédé valorise les sous-produits de l’industrie des mousses rigides PU : plutôt que d’éliminer ces chutes, elles sont traitées et pressées pour former des panneaux homogènes, à cellules ouvertes, pouvant ensuite être recoupés, fraisés, collés ou contre-collés. Cette logique d’économie circulaire est formalisée par le programme « NEXT STEP PU » de puren GmbH. J’ai déjà évoqué ce sujet précédemment, et je trouve le concept vertueux.
Usinage, fixation, collage du Purenit
Un « composite » qui se travaille comme le bois… en mieux.
Le purenit se scie, se fraise et se perce avec les outils classiques de menuiserie (carbure recommandé pour la longévité). Il accepte la majorité des systèmes de collage (PU 1K/2K, hot-melt, à l’eau, voire minéraux), ainsi que les revêtements (HPL, stratifiés, peintures — y compris à solvants avec essais préalables). Points d’attention :
- Pré-perçage conseillé pour les vissages ;
- Distances aux rives : viser 7 à 10 × diamètre de la vis ;
- Privilégier les têtes cylindriques (les têtes fraisées peuvent fragiliser les chants minces) ;
- Poudre/émail à chaud déconseillés (températures de cuisson trop élevées).
Bon à savoir : contrairement à d’autres isolants, le purenit tient la vis correctement quand on visse perpendiculairement au plan de la plaque (arrachement nettement meilleur qu’en about). Cela reste un matériau non structurel : on évite de l’assujettir à des calculs statiques primaires.
Propriétés techniques du Purenit (valeurs de référence)
- Densité volumique : ~550 kg/m³ (EN 1602).
- Conductivité thermique λD : 0,083 à 0,088 W/(m·K) (ETA-18/0604, DIN 4108-4).
- Contrainte en compression (10 % de déformation) : ≥ 7,1 MPa (EN 826).
- Plage de température d’emploi : −50 °C à +100 °C, jusqu’à +250 °C en court terme.
- Réaction au feu : classe E (EN 13501-1) — purenit C est une version retardatrice de flamme disponible sur demande (brevet US 10844189).
- Comportement hygrométrique : imputrescible, résistant à l’eau et à de nombreux solvants/acides/bases courants du bâtiment.
- Aucune émission selon AgBB (qualité de l’air intérieur).
Ces chiffres expliquent pourquoi le purenit peut remplacer avantageusement le bois dans des zones sollicitées par l’humidité, la compression locale, ou des cycles thermiques marqués (bases de menuiseries, seuils, rupteurs, zones de douche, locaux techniques, etc.).
En ligne de mire : Les lisses basses et les précadres. En l’état actuel des choses, ces deux points me semblent à explorer sérieusement par les maîtres d’oeuvre.
Domaines d’application dans le bâtiment
Menuiseries extérieures : précadres, dormants rapportés, calages
- Précadres Purenit (neuf & rénovation) : liaison menuiserie/gros œuvre sans pont thermique, intégration possible de volets, BSO, coffres, etc.
- Blocs de calage & appuis de traverse : résistance à la compression et stabilité dimensionnelle dans le temps, y compris en zones humides. Source : Arktic
Seuils de portes et portes-fenêtres
Les seuils Purenit remplacent avantageusement un rejingot béton : meilleure rupture thermique, pose facilitée, matériau imputrescible qui ne craint ni éclaboussures ni condensats. Variantes monobloc purenit ou hybrides (âme PUR).
Lisses basses en ossature bois
En construction ossature bois (COB) la lisse basse est un élément structurel de la plus grande importance. J’ai déjà rédigé un article complet sur le sujet, tant cette pièce de construction est un enjeu de pérennité pour le bâti.
La purenit se propose de remplacer la lisse basse traditionnelle en classe 4 (bois) en se positionnant sur ses qualités intrinsèques : Imputrescible, résistante au feu, excellent rupteur thermique ! Sa résistance à la compression vient boucler la boucle.
Lire mon article sur la lisse basse.
Façades et enveloppe
Le matériau se prête à la réalisation de profils/moulures, plinthes techniques, cadres de réservation, supports de bardage ou éléments d’ETICS (détails de raccords réduisant les ponts thermiques). Sa version purenit C (retardateur de flamme) élargit encore le champ d’application en façade.
Toitures plates et détails sensibles
Le purenit accepte les charges ponctuelles, l’humidité et des températures variables : il s’emploie pour des rehausses, encadrements ou raccords en toiture plate, en complément des isolants principaux.
Locaux humides & pièces d’eau
Grâce à son imputrescibilité et sa résistance chimique, il convient aux zones de douche, spas, locaux agricoles ou techniques où l’on exige un support durable et stable.
Cas concrets (France)
- Précadre Purenit (ARKTIC) : élément de liaison isolant, versions pour neuf et rénovation sous ITE, compatible volets/BSO, pensé pour une pose sans pont thermique et un positionnement libre de la menuiserie dans l’épaisseur du mur.
- Seuils et appuis Purenit : appuis isolants pour fenêtres et seuils de portes/baies ; pose rapide, rupteur thermique efficace, formats sur mesure.
Performances et bénéfices sur chantier
- Coupe des ponts thermiques
Avec un λD ≈ 0,083–0,088 W/(m·K), le purenit limite les pertes linéiques aux liaisons délicates (dormants, seuils, retours d’isolation). Le gain est double : moins de déperditions, risque de condensation réduit. - Durabilité & humidité
Imputrescible, résistant aux moisissures et aux solvants/acides dilués, le matériau tient là où les bois et agglomérés souffrent (eau bouillante, projections, atmosphères agressives). - Portance locale
Une contrainte en compression ≥ 7,1 MPa permet d’absorber les charges ponctuelles (appuis de menuiseries lourdes, seuils de passage) sans fluage notable, tout en conservant un bon niveau d’isolation. - Qualité de l’air intérieur
Le purenit ne présente pas d’émissions mesurables selon AgBB, un atout dans les bâtiments performants et les chantiers soumis aux labels.
Bonnes pratiques de conception & mise en œuvre
- Anticiper les finitions : le purenit est à cellules ouvertes ; prévoir un apprêt/bouche-pores pour les finitions exigeantes (laques brillantes, finitions « meuble »). En extérieur, préférer des teintes claires ou un revêtement rapporté (HPL, PVC, tôle) pour limiter les échauffements solaires.
- Vissage : pré-percer, garder des retraits de rives 7–10ר, privilégier le vissage perpendiculaire au plan. Éviter les têtes fraisées près des bords et sur petites épaisseurs.
- Collage : PU 1K/2K à privilégier ; hot-melt possible (le matériau tolère des pointes jusqu’à +250 °C à court terme). Pour colles à l’eau, tenir compte de l’absorption (temps d’ouverture). Toujours tester le système choisi.
- Rôle structurel : ne pas utiliser le purenit pour des éléments porteurs principaux ; l’employer comme support, âme de sandwich, rupteur, précadre.
Formats, variantes et disponibilité
Les plaques standard existent en 1220 × 2440 mm et jusqu’à 3600 mm de long selon l’épaisseur (10 à 80 mm). Le fabricant propose aussi des découpes et précoupes pour pièces sur mesure (seuils, mousses d’âme, précadres). La variante purenit C (retardateur de flamme) étend les usages où une meilleure réaction au feu est requise.
Environnement : un cycle vertueux
En recyclant des sous-produits PU et en réduisant les flux d’élimination/transport, le purenit améliore l’écobilan des chantiers qui l’emploient. Couplé à une étanchéité à l’air soignée, il contribue à des enveloppes sobres en énergie grâce à la réduction des ponts thermiques.
Exemples d’applications typiques (idées de détails)
- Seuil sous porte d’entrée : remplacer un rejingot béton par un seuil Purenit (monobloc ou hybride) ; continuité de l’ITE, suppression du pont thermique au droit de la dalle.
- Précadre en rénovation ITE : poser un précadre Purenit trilatéral, calfeutrer, puis fixer la menuiserie dans la position optimale (au nu isolant). Gain thermique et standardisation de la pose.
- Façade ventilée : inserts/entretoises Purenit pour limiter les ponts dans les fixations secondaires, avec parement HPL ou métal. (Se référer aux prescriptions feu et aux avis techniques système.).
- Toiture plate : rehausse d’acrotère, cadre de lanterneau, ou pièce d’appui pour pénétrations techniques, lorsque stabilité, résistances chimiques et compatibilité membrane sont recherchées.
Limites & précautions d’emploi
- Rayonnement UV/intempéries : le purenit est destiné aux zones protégées ; en exposition directe, prévoir un revêtement (HPL, PVC, métal) ou une peinture adaptée (test préalable).
- Feu : en ERP/IGH ou zones à exigences feu renforcées, vérifier la classement de réaction au feu et envisager purenit C.
- Fixations : multiplier les points d’ancrage, bien répartir les efforts, et associer collage + vissage pour les éléments sollicités.
Conclusion
Par sa densité, sa résistance et sa durabilité, le purenit bouscule les habitudes : c’est un support isolant capable d’absorber des efforts locaux tout en coupant les ponts thermiques là où les bois et minéraux montrent leurs limites (eau, cycles thermiques, condensation). Ajoutez à cela une fabrication circulaire à partir de PU recyclé et une mise en œuvre familière aux menuisiers, et vous obtenez un « diamant du bâtiment » pour précadres, seuils, façades et détails de toitures, du neuf à la rénovation performante.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.