En construction, ou en autoconstruction, vous devez maîtriser la notion de « puits perdu » afin de rediriger les eaux pluviales (EP) selon la réglementation. En effet, le rôle principal de ce dernier est avant tout de renvoyer les eaux de pluies vers les nappes phréatiques, en permettant une infiltration gravitaire de l’eau à travers le terrain.
Attention aux informations erronées, il ne sera pas possible de renvoyer les eaux usées (EU) même après traitement, vers un puisard. C’est formel.
Le puits perdu en construction : tout ce qu’il faut savoir et notre dossier technique dédié.
Qu’est-ce qu’un puits perdu ?
Un puits perdu, également appelé puits puisard ou fosse perdue, est un dispositif destiné à évacuer les eaux pluviales dans le sol (terrain naturel). Attention, ce dernier n’est en aucun cas à destination des eaux usées traitées ou non traitées !
C’est la surface de toiture (toiture en pente ou toit terrasse) qui définit la notion (et le dimensionnement) des récupérations et du drainage des eaux pluviales.
« Ce dernier peut éventuellement recevoir les eaux usées traitées en fin de cycle, autrement dit APRES le processus de filtration par la fosse septique. Les schémas et les procédures sont très réglementées.. » C’est FAUX.
Le cadre légal général (code civil, article 681) est assez clair, et simple : Tout propriétaire doit rediriger ses eaux pluviales sur son propre terrain. C’est une obligation.
C’est ici qu’interviennent les puisards, dont le rôle est très exactement de rediriger les eaux de pluie en les rendant à la nappe sous terraine.
- La réalisation des puits fait partie du gros œuvre.
- Le raccordement aux puits fait partie des VRD.
Schéma de récupération des eaux traitées dans un puits perdu invalidé par le SPANC.
À quoi sert un puits perdu en construction ?
Dans le cadre d’un projet de construction, notamment dans les zones rurales ou périurbaines, le puits perdu est une solution de redirection des eaux pluviales. Il peut remplir deux fonctions principales :
Ce dernier doit être indiqué clairement sur le plan de masse de votre demande de permis de construire sous l’acronyme « EP ».
- Evacuation des eaux pluviales : recueille l’eau de pluie des toitures ou des sols imperméables.
- Éviter un effet de stagnation des eaux sur un terrain dont l’infiltration naturelle est trop lente.
Ce dernier doit être indiqué clairement sur le plan de masse de votre demande de permis de construire sous l’acronyme « EP » ou « PP ».
⚠️ Important : Depuis la réglementation sur l’ANC, les puits perdus ne peuvent plus recevoir les eaux usées brutes. Ils ne peuvent recevoir que des eaux traitées après plusieurs études et un avis du SPANC, selon le type de terrain.
Les avis positifs sont extrêmement rares, et concernent des constructions dont tous les autres moyens de drainage ont été écartés pour raisons techniques.
Consulter la page Wikipédia sur le puits perdu.
NOTA : Dans le cadre d’une construction sous contrat « CCMI » clé en main, comprenant les VRD, le constructeur doit prévoir la réalisation des puits perdus et les porter visuellement sur le plan de masse AVANT le dépôt de permis de construire.
Comment fonctionne un puits perdu ?
Le puits perdu est une excavation (souvent cylindrique), creusée dans le sol, remplie de graviers, de pierres ou de matériaux poreux, et parfois munie d’un revêtement en béton perforé. Il fonctionne par infiltration gravitaire : l’eau s’y accumule, puis s’infiltre lentement dans les couches de sol environnantes.
Vous reconnaîtrez facilement les « buses » béton de 1 mètre de diamètre qui viennent se superposer lors des VRD avant enfouissement dans le sol.
Le récupération des eaux pluviales se fait, quant à elle, via vos descentes d’eaux pluviales qui sont ensuite reliées au puisard. Ce sont ces fameux tampons (ou regards), qui permettent de relier les différentes descentes puis de les rediriger vers le puits.
Les caractéristiques techniques typiques
- Profondeur : de 1,5 m à 3 m
- Diamètre : de 0,8 m à 2 m
- Matériaux : buses en béton, géotextile, gravier lavé, sable
- Accessibilité : prévoir un tampon d’accès pour l’entretien
C’est évidemment la surface de toit qui va permettre de dimensionner le ou les puits perdus nécessaires. A la fois leur nombre, mais également leurs diamètres et leur profondeur. Bien souvent, la première buse est pleine, et les suivantes sont perforées. Ci dessus, en photo, un exemple de buse perforée disponible en différents diamètres. Coût d’une unité, environ 150 euros TTC.
Normes et législation en vigueur
La mise en œuvre d’un puits perdu se soumet à des règles précises, notamment en France, encadrées par le Code de la santé publique et le SPANC (Service Public d’Assainissement Non Collectif). Voici les principales obligations :
Interdictions :
- Il est interdit* de rejeter des eaux usées traitées, ou non traitées (eaux noires, eaux grises) dans un puits perdu. *Sauf cas particuliers.
- Le puits ne doit pas être situé à moins de 35 m d’un captage d’eau potable.
Obligations :
- Une étude de sol préalable est obligatoire pour évaluer la perméabilité.
- Le puits doit respecter une distance minimale de 4 à 5 m des bâtiments, 3 m des limites de propriété.
NOTA : S’il est interdit de réaliser un puits perdus trop proche des bâtiments c’est pour une raison simple de stabilité des sols porteurs. L’infiltration d’eau pouvant générer une différence de portance, il est logique que les puits soient à bonne distance des fondations des bâtiments, comme des murs de clôtures.
Étapes de construction d’un puits perdu
Construire un puits perdu demande de la rigueur, du matériel, et le respect des bonnes pratiques. Voici les étapes principales courantes.
Étude de sol :
Elle permet d’évaluer la capacité d’infiltration du sol. Un sol argileux, peu perméable, est inadapté. L’étude détermine aussi la profondeur idéale du puits.
Choix de l’emplacement. :
- En contrebas des zones habitées.
- Éloigné des zones de captage, des arbres, des fondations (y compris des murs de clôtures).
Creusement :
On creuse un trou (au godet) à la profondeur déterminée par l’étude de sol. Utilisation d’une pelle mécanique vivement recommandée car le travail demeure très physique et selon la nature du sol c’est proprement inenvisageable à la main. Si vous positionnez des buses, il est inutile d’essayer de creuser un « cylindre », cela ne sert à rien car c’est la buse qui va donner à l’ouvrage sa forme de « puits ».
Mise en place des buses et du lit filtrant :
Les parois sont tapissées :
- Soit avec des buses béton perforées.
- Soit un géo-drain ou un lit de gravier, avec géotextile anti-colmatage.
Le fond est garni de pierres et graviers lavés pour favoriser la diffusion dans le sol.
Raccordement et finition :
On raccorde les descentes d’eaux pluviales à des PVC qui seront enfouis. Ces derniers respecteront une pente (généralement 1%) pour relier le ou les puits.
On pose un tampon d’accès étanche en surface pour l’entretien. Généralement, on utilise le même diamètre de tubes PVC que ceux utilisés pour les descentes d’eaux pluviales de vos gouttières.
Pour l’enfouissement, il vaut mieux utiliser du CR8 que du CR4 pour des raisons de résistance du PVC sauf si ce dernier longe la périphérie du bâtiment (donc sans risque de casse).
Vous pouvez sans aucun problème relier deux descentes d’EP dans un tampon collecteur.
Avantages du puits perdu
- Économique : moins coûteux qu’un raccordement au réseau collectif
- Autonome : idéal pour les maisons isolées
- Facile à entretenir : nettoyage périodique du fond et des matériaux filtrants
- Écologique : favorise la recharge naturelle des nappes phréatiques
Inconvénients et limites
- Inadapté en sol argileux ou imperméable
- Colmatage possible avec le temps (nécessite un entretien)
- Risque de pollution si mal conçu (proximité captage, mauvaise filtration)
- Règlementation stricte à respecter, sous peine de sanctions
Entretien d’un puits perdu
Un bon entretien prolonge la durée de vie du puits perdu :
- Inspection visuelle annuelle (personne ne le fait jamais).
- Vidange et nettoyage du gravier tous les 3 à 5 ans (personne ne le fait jamais).
- Vérification de l’absence de stagnation ou de débordement : Vous vous en rendrez compte rapidement.
- Éviter l’introduction de matières solides ou polluantes.
Alternatives au puits perdu
En fonction du type de sol et des contraintes locales, d’autres dispositifs peuvent être envisagés :
- Tranchées d’infiltrations.
- Filtre à sable, drainage vertical.
- Bassin de rétention pour eaux pluviales (noue paysagère).
Chaque solution a ses propres critères techniques et coûts. Je vous conseille vivement de consulter un bureau d’études ou un professionnel agréé.
Coût d’un puits perdu
Le prix d’un puits perdu varie selon les dimensions, le type de sol, les matériaux utilisés et la main-d’œuvre :
Éléments | Prix estimé |
---|---|
Étude de sol | 300 à 600 € |
Travaux de terrassement | 500 à 1500 € |
Fourniture et pose des buses | 300 à 800 € |
Matériaux filtrants (gravier…) | 100 à 300 € |
Total moyen | 1200 à 3000 € |
Liens divers
- Interdiction de rejet des eaux usées vers un puits perdu. Site gouvernemental.
Conclusion
Le puits perdu en construction (ou autoconstruction) est une solution efficace pour l’évacuation des eaux pluviales sur son propre terrain (comme le veut la loi). Bien que simple en apparence, sa réalisation exige le respect de normes strictes pour garantir sa fiabilité, son efficacité et sa conformité. Entre étude de sol, choix du bon emplacement, et entretien régulier, ce dispositif reste une option judicieuse si bien conçu.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.