En construction, et plus particulièrement en ossature bois ou en charpente, vous entendrez parler de traitement bois autoclave. Il s’agit d’en connaître le procédé et de bien cerner les atouts de ce traitement du bois afin de le rendre pérenne dans des conditions particulières :
- Contact avec le sol.
- Barrière fongique.
- Grande longévité du bois.
Je vous donne des exemples concrets dans ce dossier, avec des bois que j’ai sélectionné en classe 4, sur un chantier réel. Nous en profiterons pour analyser dans le détail tous les éléments singuliers qui confèrent au traitement de classe 4 sa durabilité légendaire.
Qu’est‑ce que l’autoclave ?
Tout le monde connaît (plus ou moins) ces bois de couleurs verte qu’on utilise généralement pour nos extérieurs, entre poteaux ou dalles à poser, et autres lames de terrasses. C’est ni plus ni moins que du bois autoclavé, généralement du pin. Mais qu’est ce qu’un autoclave ? Comment ça marche exactement ?
Crédit photo : Scierie GUEDON.
Un autoclave est un appareil fermé et étanche, capable de soumettre un volume à une pression et température élevées, bien supérieures aux conditions atmosphériques.
Utilisé initialement pour stériliser des instruments médicaux, on l’emploie aussi dans l’industrie — notamment pour le traitement du bois.
Lire l’article (très détaillé) concernant l’autoclave sur le site wikipédia.
Le procédé général : autoclave en 5 étapes
- Chargement : les pièces (bois, matériel, etc.) sont placées dans la cuve hermétique.
- Vide initial : extraction de l’air et de l’humidité, pour faciliter la pénétration des produits de traitement.
- Injection sous pression : introduction du produit conservateur (sels, fongicides, insecticides, ou vapeur) à haute pression pour imprégner la structure.
- Vide final : aspiration de l’excès pour limiter le ruissellement, récupération du produit non absorbé.
- Retour à la pression atmosphérique : fin du cycle, suivi parfois d’un séchage.
Ce cycle assure une imprégnation jusqu’au cœur du matériau, en l’occurrence le bois, bien plus efficace que les traitements superficiels (trempage, pulvérisation).
On reconnaît généralement un bois traité autoclave à sa couleur verdâtre ou marron. Sur le colis (ou la commande) les mentions ACL 4 peuvent apparaître, ce que signifie que le bois est traité.
En coupe, lorsqu’on vient de scier un bois, on distingue parfaitement le niveau de pénétration du traitement. Plus il va à cœur, mieux c’est. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on privilégie le pin, et non l’épicéa ou toute autre essence. Le pin autorise une plus grande imprégnation.
En construction, nous devons optimiser nos coupes et nos sur-longueurs. Dès lors, je vous laisse imaginer la dimensions des étuves. Pour information, les bois de structures atteignent généralement 12 mètres en France (longueur d’une semi remorque), ce qui implique de posséder des autoclaves d’au moins 13 mètres linéaires.
Pourquoi demander un traitement bois autoclave ?
Dans un précédent article, j’évoquais l’importance du traitement classe 3 ou 4 pour les lisses basses. Ces dernières étant bien souvent au contact de la maçonnerie et très proches de la garde à l’eau
Ci-dessus : Exemple d’un solivage bois réalisé en pin traité autoclave classe 4. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Et bien dans ces cas de figures, il est obligatoire d’avoir un bois de classe 3 ou 4. L’autoclave permet d’atteindre cette classe même si le bois ne l’est pas par nature (comme le Douglas) par exemple.
Si vous l’avez remarqué, la lisse que je prends en exemple sur une des photos à une légère teinte verdâtre : Elle est traitée autoclave. L’autre exemple étant du Douglas, ce dernier est naturellement protège.
Lire mon article sur la lisse basse de classe 3 ou 4.
- Protection durable : élimine ou réduit l’humidité, empêche champignons, moisissures et insectes xylophages.
- Classes d’usage élevées : permet d’atteindre les classes 3 (exposition extérieure, hors sol) et 4 (contacts permanents avec le sol), indispensables pour lambourdes, bardages, terrasses, poteaux.
- Préservation de l’esthétique : l’imprégnation profonde n’altère pas la structure du bois, préservant son aspect naturel.
- Respect des normes : conforme aux règlements européens BPR, CTB‑B+ et aux normes métiers.
Il est possible d’obtenir des bois traités dont le niveau d’humidité peut être régulé :
- 12 à 13 %
- 17 à 18 %
- 23 à 25 %
Matériaux, produits et autoclaves
Types de bois
Principalement des résineux (pin, sapin, épicéa) qui, sans traitement, sont peu durables en extérieur. L’autoclave leur confère une durabilité équivalente à des bois naturellement résistants. S’il est fortement recommandé d’utiliser du pin, certains industriels proposent cependant des épicéas autoclavés. Pour les raisons que j’évoquais plus haut, je ne recommande pas cette pratique, du moins pour les bois « stratégiques ».
Ci-dessus : Vous noterez la mention « PIN » sur l’étiquette du colis, nous sommes donc face à un bois traité avec la bonne utilisation d’essence. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Il est évidemment question de maîtriser les coûts et en cela, je peux comprendre la démarche. Gardez simplement à l’esprit qu’il vaut mieux un « pin » qu’un « épicéa ». Ce dernier accepte mieux le traitement.
Produits utilisés
- Sels cuivrés solubles (ex. Tanalith, Wolmanit CX ‑ 8) souvent sans chrome ni arsenic / utilisés pour la classe 4 en contact avec le sol.
- Traitements organiques pour la classe 3 (exposition sans contact sol).
- Parfois traitements par vapeur pure ou gaz, pour propriétés anti-fongiques et déshydratantes, sans produits chimiques classiques.
- Acide borique.
- Hydroxyde de carbone.
Ci-dessus : Lambourdes (pour réaliser un platelage bois) en traitement de classe 4. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Ici, dans mon exemple, vous pouvez distinguer le produit utilisé : De l’oxyde de cuivre basique. Je vous laisse découvrir la composition chimique de ce biocide sur le site de neochimie.com.
Structures industrielles
Les autoclaves bois varient en taille, pression (jusqu’à 14 bar) et automatisation. Ils disposent de programmes spécifiques (pré‑vide, pression, post‑vide) gérant temps, pression, température. En ce qui nous concerne, c’est surtout la longueur des tubes qui importe. Les longueurs de lames de bois sont souvent conditionnées en 12 mètres !
Applications concrètes
- Construction extérieure : pergolas, terrasses, barrières, bardages, abris de jardin – exposés aux intempéries et aux insectes.
- Lambourdes.
- Lames de terrasses.
- Caillebotis en bois à poser.
- Délimitation des bordures, etc.
- Usage structurel : poteaux, poutres, ossatures en contact direct avec le sol (classe 4).
- Bois manufacturés : panneaux, lambris, bardages
- Mobilier extérieur : bancs, chaises, éléments décoratifs.
Les avantages d’un traitement bois autoclave
- Durabilité exceptionnelle : 20+ ans en extérieur.
- Résistance aux agressions biologiques : fongicides/insecticides en profondeur.
- Adapté aux milieux humides : terrasses, constructions au sol.
- Conforme à des normes rigoureuses : écologiques et de préservation.
- Esthétique : polycoloration possible, avec teintes vertes, marron ou incolores.
De plus en plus de bardages autoclavés
Longtemps décrié pour son rendu esthétique, il faut avouer que le procédé autoclave n’a jamais réellement attiré les foules en matière de bardages. Mais aujourd’hui la donne semble peu à peu changer. Je le vois, chaque jour lors de mes visites de chantier, les bardages autoclavés se multiplient sur les façades, et notamment dans les zones artisanales ou industrielles.
Lire mon article sur les bardages bois extérieurs.
Entretien du bois autoclavé
Même si le bois est protégé en profondeur, l’apparence (notamment le grisaillement dû aux UV) demande un entretien, même si nous savons que ce n’est qu’une question esthétique : Un bois autoclavé est par essence imputrescible.
Recommandations :
- Délai post-traitement : attendre environ 6 mois pour que le bois s’assèche avant application de saturateur.
- Traitement saturateur : appliquer deux couches tous les 1 à 5 ans selon usage (terrasse et bardage) .
- Nettoyant : dégraisseur + savon noir ou solution douce recommandés avant saturation.
- Aspect gris : utiliser saturateur teinté gris ou débuter un ponçage/lessivage.
Exemple de cas courants d’utilisation de bois de classe 4
Le traitement bois autoclave convient plus particulièrement à certains types d’ouvrages :
- Abri de jardin en pin autoclavé : durabilité ~20 ans, moindre entretien après traitement initial.
- Terrasses classe 4 : usage intensif en extérieur, nécessitant une parfaite étanchéité superficielle via saturateur.
- Bardages à haute responsabilité esthétique : la saturation teintée protège et valorise le bois.
Mon cas d’école : pourquoi j’ai opté pour du bois autoclavé ?
Voir mes photos plus haut dans cet article.
Sur mon chantier école de maison container, j’ai opté pour un solivage et une ossature intermédiaire avec traitement autoclave. Beaucoup se diront que j’ai perdu la tête, mais il y a une raison sérieuse à cela : Le point de rosée !
J’en ai suffisamment parlé lors de mes nombreux articles, un container ça condense, et ça génère de l’eau. Pour cette raison, et pour me préserver de toute potentielle malfaçon, j’ai demandé à Chausson un bois de classe 4 en autoclavé. Seule garantie pour moi de poser des bois de structures qui seront pérennes dans le temps, quelles que soient les conditions. Dans ce cas, je cherche la protection contre le contact prolongé avec le ruissellement des parois métalliques et surtout en pied d’ossature.
- Solivage pin 220.45 classe 4 « vert ».
- Ossature intermédiaire (pour bardage) pin 95.45 « marron ».
- Certificat de traitement (à conserver, c’est très important).
Je développerai plus amplement ce sujet dans un article dédié sur le bardage d’une maison container. Dans l’attente, je vous invite à consulter mon dossier sur la construction de maison container car j’ajouterai ces éléments au dossier « tronc commun », dont ce dossier est à la racine. De nombreux désordres vont apparaître dans les années à venir, car les autoconstructeurs n’ont pas conscience de la gravité d’utiliser un bois non traité autoclave sur une maison de ce type.
Le bon de traitement pour un bon traitement !
Vous recevez votre livraison, ayez le bon reflexe. Normalement, sur vos colis, il doit y avoir le certificat (ou justificatif) du traitement autoclave en classe 4. Le format change, mais les mentions sont les mêmes chez tous les fournisseurs.
Ci-dessus : Certificat de traitement des bois par procédé d’autoclave en classe 4. Crédit photo : Serge USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Dégrafez ce bon, et consignez le dans votre dossier sur le dit chantier, afin de pouvoir justifier que vos bois sont correctement traités. Ne soyez pas laxistes, c’est un sujet très important notamment s’il devait y avoir une expertise en cas de DO.
Conservez le précieusement, vous devrez le consigner dans le Dossier des Ouvrages Exécutés (DOE).
- Numéro de lot.
- Essence du bois.
- Norme NF 50-105-3 avec certification du CTBB+
- Date.
Conclusion
Le traitement bois autoclave est aujourd’hui la référence pour protéger les bois peu durables (comme les résineux) dans des usages extérieurs exigeants. Ce procédé permet :
- Une imprégnation en profondeur.
- Une protection contre les champignons, insectes et humidité.
- La satisfaction des normes de classes d’usage 3 et 4.
- Une base solide à l’esthétique, préservée avec une saturation superficielle.
Pour optimiser la durabilité, il est important d’y associer une aération passive (comme les lames d’air) avec que les bois, même s’ils sont traités, puissent ventiler. L’autoclave garantit un bois structurel durable et ce, pendant des décennies.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.