Qu’est ce qu’un lambrequin ? Définition et usages

Qu’est ce qu’un lambrequin ? Cette frise au dessus des fenêtres, des portes d’entrées et sur nos toitures que même les métreurs sont incapables de nommer ? Et bien il est temps de se familiariser avec le terme, d’en connaître la définition et les usages.

Lambrequin : Définition, usages et histoire d’un élément architectural très singulier.

 

 

Qu’est-ce qu’un lambrequin ?

Le lambrequin est un élément décoratif et fonctionnel, souvent en bois ou en métal, utilisé principalement en habillage (des retombées de linteaux) de fenêtre, ainsi qu’en frise de bandeaux de rives. En décoration intérieure, il se place en haut d’une fenêtre ou d’un rideau pour dissimuler la tringle, adoucir la transition entre mur et rideaux, et ajouter une touche esthétique à l’ensemble.

• Façades : au droit des toitures et sur les tableaux de menuiseries extérieures.
• Aménagements : Sur les stores bannes et sur les appentis, patios, tonnelles, etc.
• Intérieur : au droit des tableaux de menuiseries, en retombée de linteau.

 

En architecture, son rôle est esthétique. Il souligne des gestes de styles régionaux, affirme parfois le côté « pittoresque » de certaines constructions, et habille élégamment des tableaux de menuiseries souvent très hauts, y compris les pleins cintres et les arcs surbaissés.

Sur les toitures, les lambrequins sont situés aux droits des pignons ou des sablières (autrement dit au rampant et à l’égout).

 

Ci-dessus : Exemple de lambrequins en retombée de linteau sur des fenêtres de bâtiments anciens. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.

 

Régions concernées

Cet ornement architectural est plutôt très répandu, essentiellement sur les bâtisses traditionnelles et historiques. On retrouve une assez grande documentation historique près du bassin d’Arcachon, à Lyon, en Isère et dans les deux Savoies, mais également à la Réunion.

Si vous êtes curieux et que vous cherchez bien, vous trouverez ce type d’habillage à peu près partout, tant dans les centres urbains anciens que dans les campagnes. Le style s’est très largement répandu depuis le 19 ème siècle.

En dehors de la France, le lambrequin n’est pas moins présent. De la Hollande, par l’Allemagne et jusqu’en Louisianne, seuls les motifs et les profilés changent.

 

Erreur de définition et d’usage : Correction importante

Sur le site collaboratif Wikipédia (lien en bas de page), la fonction rapportée du lambrequin de toiture est erronée. Le site annonce que « Outre leur rôle décoratif, ils servent à dissimuler les gouttières, les chéneaux…« .

 

Ci-dessus : Photo que j’ai prise en Allemagne, sur laquelle on notera qu’il n’y a pas de frise, mais des lambrequins éparses, au droit de chaque chevrons. Crédit photo : S.USTUN.

Cette affirmation est évidemment fausse, car par nature, le lambrequin est un bandeau de rive (rampant ou sablière) et ne peut donc nullement remplir cette fonction. Les gouttières demeurent visibles y compris lorsque les passes de toits disposent de lambrequins (voir ma photo ci-dessus). Ces derniers se positionnent sous la ligne d’égout, donc sous ou derrière les chéneaux.

 

NdlR : « Son véritable rôle est strictement identique à celui d’un bandeau de rive, ce qu’il est « par nature ». En outre, certains écrits anciens notent la fonction de dissimulation du « créneau » (forme dessinée par le chevron enclavé dans ses encluseaux), ce qui renforce la notion d’habillage des dépassées de toits en sous face. » Serge USTUN.

 

Origines historiques du lambrequin

Au Moyen Âge, il désignait les ornements de tissus suspendus aux casques des chevaliers pour les protéger du soleil et les distinguer lors des tournois. Ce tissus habillait également les tentes, ce qui explique sa variante moderne sur les stores bannes.

Avec le temps, le lambrequin s’est démocratisé dans les intérieurs bourgeois puis modernes, devenant un élément de décoration à part entière.

La définition étymologique proposée par Wiktionnaire est très juste, et plutôt proche de la réalité. Cf lien en bas de page.

C’est la modernisation des outils de sciage et de débit du bois qui marquent l’avènement du Lambrequin en France, au 19 ème siècle. Les outils de découpe automatique permettent alors de proposer des véritables frises ouvragées, de façon industrielle. Cette « dentelle » de bois trouve alors tout son attrait ornemental et explique sans doute ce nom qui lui est dorénavant accolé.

Il est tout à fait « légitime » de comparer le lambrequin de toiture à de la génoise, même si ce sont là deux styles évidemment très différents.

 

Les lambrequins de menuiseries extérieures

Pour l’usage des lambrequins en menuiseries extérieures, ces derniers ont également un rôle esthétique et fonctionnel : Cacher les stores ou les jalousies dont le mécanisme d’enroulement était au droit supérieur des tableaux. Autrement dit, la mécanique se situait sous le linteau, et le lambrequin jouait alors un rôle de « joue » extérieure. Aujourd’hui, se rôle est uniquement symbolique, et par ailleurs, l’avènement des volets roulants (manuels ou électriques) a rendu ce dernier obsolète.

En revanche, et ceci est toujours d’actualité, le lambrequin peut être d’une grande utilité pour habiller un plein cintre ou un arc surbaissé lorsque ces derniers sont flanqués d’une menuiserie sans cintre. Dans ce cas, ce subterfuge visuel est parfaitement justifié et c’est même très élégant. Cela permet de corriger le manque d’harmonie qui règne entre le tableau et la dite menuiserie.

Photo ci-dessus : Exemple d’habillage des tableaux de menuiserie sur la place Bellecour à Lyon.

 

Les différents types de lambrequins

Lambrequin en tissu ou en toile

C’est la version la plus répandue dans les intérieurs classiques. Il s’agit d’un panneau de tissu rigide ou souple, fixé au mur ou à une structure, souvent assorti aux rideaux. On peut l’agrémenter de franges, de passementerie ou de motifs brodés pour un effet plus sophistiqué. Il n’est pas rare de les distinguer, encore aujourd’hui, au travers des ouvertures de certaines demeures anciennes.

 

Lambrequin en bois, CP marine, ou MDF

Le lambrequin en bois est un élément rigide, souvent découpé avec des formes décoratives (volutes, arabesques, pointes). On le retrouve sur les architectures de style ancien ou chalet. Il est courant sur les rives de toitures, rampantes ou sablières mais également sur les jacobines.

 

Ci-dessus : Exemple de frise rampante et sablière en bois. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO / Zoom x5.

L’ouvrage concerne :

• Les pignons (rampants).
• Les sablières.
• Les lucarnes de toits.

 

Lambrequin métallique

Le métal est souvent privilégié pour les habillages de retombées de linteaux des portes et des fenêtres. Il est généralement finement ouvragé et peut combler les pleins cintres ou les arcs surbaissés. Dans ce cas, il joue un rôle de « grille de défense » car il vient habiller des surfaces vitrées.

 

Lambrequin numérique (imprimé) / Signalétique

Utilisé principalement dans les commerces ou sur des enseignes, il peut comporter le logo d’une entreprise, un message ou une publicité. On le trouve sur les stores, marquises ou auvents.

 

Lambrequin de toiture en PVC

Le PVC est de plus en plus utilisé pour les finitions en couverture, et plus particulièrement pour les sous passes de toits. Il est donc naturellement adapté pour réaliser les bandeaux de lambrequins en dépassée de toit. Son principal avantage : Il ne nécessite aucun entretien (contrairement au bois).

 

Voir un exemple de lambrequin PVC sur le site Nicoll.

 

Lambrequin en zinc

Évidemment, qui dit passe de toit dit zinc. Il paraît donc évident que l’ouvrage existe également dans ce matériau dont on sait qu’il est au coeur des finitions en charpente et couverture. Peu souvent évoqué, les lambrequins en zinc existent, et sont même disponibles chez de nombreux fournisseurs, à l’instar du PVC.

Voir un exemple sur le site Ornabat. Crédit screenshot : Ornabat.

 

Cas très singulier sur les bâtiments et édifices religieux anciens

Certains édifices, et plus particulièrement les édifices religieux anciens, peuvent disposer de lambrequins maçonnés. Un véritable ouvrage d’art réalisé par les tailleurs de pierre. Pour exemple, je vous propose cette magnifique réalisation sur un bâtiment séculier lors de mon voyage en Allemagne. Il s’agit de l’hôtel de ville historique de Ravenburg.

 

Crédit photo : S.USTUN / Panasonic GX880.

 

 

Avantages du lambrequin

• Esthétique : il apporte une finition élégante à une fenêtre ou une façade.
• Masquage : il dissimule la tringle, les mécanismes de rideaux ou les fixations disgracieuses.
• Personnalisable : formes, matériaux, couleurs, il peut s’adapter à tous les styles (classique, moderne, rustique).
• Isolation : dans certains cas, un lambrequin épais peut contribuer à une meilleure isolation thermique et phonique.

 

Sur un store banne

Sur un store banne, le lambrequin est la partie de tissu tombante qui vient à l’aplomb de la structure. Cette dernière peut être remplacée en cas de nécessité, sans remplacer l’ensemble de la toile du store. Il existe de nombreux fabricants qui en proposent la fabrication et la vente.

 

Résumé et notions sommaires sur le lambrequin

Avant tout, et particulièrement pour les éléments extérieurs, il convient de connaitre l’usage auprès de l’urbanisme local. Je le rappelle, ce style est très singulier et ne permet pas une mise en œuvre simplement parce que vous en avez envie. Le PLU (Plan Local d’Urbanisme) doit donner son accord.

Sur les façades ou en extérieur :

• Auvent de magasin : souvent personnalisé avec un logo ou nom commercial.
• Maison traditionnelle : pour ajouter du charme à une véranda ou une terrasse.

 

Pour la décoration intérieure :

• Salon : pour créer une ambiance chaleureuse et habillée.
• Chambre : pour renforcer l’aspect cocooning ou romantique.
• Hôtel ou gîte : très utilisé pour donner un cachet « haut de gamme ».

Choisissez le bon matériau

• Bois, PVC, ou MDF : pour un effet structuré, plus rigide.
• Métal : plutôt pour les menuiseries, très résistant, peut faire office de grille de défense.

 

Harmonisez les couleurs et motifs

• Accordez-le aux rideaux, murs ou mobilier.
• Les couleurs neutres s’adaptent à tous les styles, tandis que les tons vifs ou les motifs affirmés apportent du caractère.

 

Consultez les urbanistes et plus particulièrement les ABF (Architectes des Bâtiments de France) pour éviter toute erreur de réalisation. Les lambrequins sont des éléments architecturaux très singuliers, qui sont visés par les ABF. Il existe une nomenclature précise qui en définit les modèles, les formes, et les matériaux autorisés.

 

Installation d’un lambrequin : Faites appel à un artisan !

C’est le couvreur ou le zingueur qui réaliser traditionnellement la pose des lambrequins pour les toitures. Ce sera plus généralement un ferronnier qui réalisera la fabrication et la pose pour les menuiseries si ces derniers sont en métal.

Lambrequin extérieur :

• Nécessite souvent une structure métallique ou en bois.
• Doit résister aux intempéries : privilégier des matériaux adaptés (aluminium, PVC, bois traité).
• Une fixation murale solide est indispensable.

 

 

Tendances déco 2025 : le retour du lambrequin ?

Depuis quelques années, le lambrequin revient en force dans les tendances déco, notamment dans les ambiances vintage, cottagecore ou classiques revisitées. On le redécouvre dans des matières modernes comme le feutre ou le lin lavé, et dans des formes plus épurées, souvent géométriques.

Les designers l’utilisent pour structurer visuellement une pièce, donner du cachet à une baie vitrée ou simplement créer une atmosphère raffinée.

En extérieur, ce n’est pas du tout la même tendance. L’aspect très pittoresque de la lecture architecturale des lambrequins ne tend pas à un retour du procédé. Pour rappel, les volets roulants électriques effacent peu à peu ces derniers au droit des tableaux de menuiseries, et la tendance n’est plus là pour les toitures.

 

Liens divers

• Article sur Wikipédia (attention à l’erreur de définition).
• Étymologie du mot « lambrequin » sur Wiktionnaire.
• Source très intéressante : Le guichet du savoir.

 

Conclusion

Le lambrequin est bien plus qu’un simple élément décoratif. Il combine esthétique, fonctionnalité et personnalisation, s’adaptant à de nombreux styles architecturaux et décoratifs. Que vous souhaitiez embellir un intérieur classique, moderniser une façade ou ajouter une touche élégante à une pièce, le lambrequin offre une solution élégante et accessible.

Avant de faire votre choix, pensez à définir l’usage, le style et les matériaux qui conviendront le mieux à votre projet. Un lambrequin bien choisi peut transformer une pièce ordinaire en un espace chaleureux et harmonieux.

 

Merci pour vos lectures et bon chantier.

Serge USTUN.