En menuiserie (comme en maçonnerie) un arc surbaissé est un ouvrage complexe, et forcément coûteux ! Lorsqu’il s’agit de remplacer une menuiserie cintrée, le prix de cette dernière peut littéralement exploser. Au point parfois, de devoir tricher avec le style architectural.
L’arc surbaissé fait partie de ces menuiseries atypiques et singulières, que nous allons évoquer ici, dans cet article.
Arc surbaissé: Définition
L’arc surbaissé est principalement évoqué pour définir la forme d’un linteau en maçonnerie, ou la forme cintrée de la partie supérieure d’un châssis de menuiserie (dormants et ouvrants).
Ce qui définit principalement un arc surbaissé (en menuiserie, comme en maçonnerie) est qu’il est d’un segment inférieur à un demi cercle et que son rayon de courbure définit sa hauteur comme inférieure à la moitié de la largeur.
La courbure d’un Arc surbaissé est moins prononcée que celle d’un plein ceintre.
L’arc surbaissé est réalisé en projection d’un seul cercle dont le centre est « baissé » au dessous de sa naissance.
Parfois appelé (à tort) « Anse de panier », bien que ce ne soit pas un strict synonyme, sa construction géométrique peut tirer naissance de plusieurs cercles (3 généralement).
Cette forme d’arc est plus plate que ronde (voir l’infographie ci-dessus), étendant sa portée tout en réduisant sa hauteur. Des conditions souvent dictées par les contraintes d’efforts (dévoiement des descentes de charges), dans le bâti ancien.
En maçonnerie, l’arc surbaissé est souvent employé pour les ouvertures dans les murs, comme les portes ou les fenêtres, dans le but de supporter le poids du mur au-dessus de l’ouverture.
Voir ma photo de couverture dont l’arc surbaissé est clairement de très faible rayon, flanqué d’une clé.
En d’autres termes, un arc surbaissé est un linteau ou dormant menuisé dont la partie supérieure forme un arc de cercle de très faible rayon de courbure.
Lire également la très bonne définition du terme sur Wikipédia
Différence entre arc surbaissé et plein cintre:
Comme nous l’avons évoqué plus haut, un arc surbaissé se distingue d’un plein cintre par sa forme caractéristique très « aplatie ». Un plein ceintre ne se confond pas, tant l’arc de cercle est prononcé.
D’ailleurs la prise de côte d’une menuiserie en plein cintre est d’une grande simplicité alors qu’elle est beaucoup plus complexe pour un arc surbaissé.
Le plein cintre est également généralement beaucoup plus « haut » qu’un arc surbaissé pour la même largeur de franchissement. Les pleins cintres demandent donc plus de hauteur au dessus de la retombée de linteau ou sous plafond. Là où l’arc surbaissé quant à lui est plus économe. Cette ligne virtuelle d’où démarre le cintre se nomme la « naissance ».
Autre différence et non des moindres: En menuiserie, un arc surbaissé coûte bien plus cher qu’un plein cintre.
Dans l’exemple ci-dessus, sur un de mes chantiers (remplacement du châssis en PVC), on distingue très clairement la différence entre plein cintre (la porte d’entrée) et arc surbaissé (la porte fenêtre en PVC).
Matériaux utilisés pour un arc surbaissé:
En menuiserie (je n’évoque pas la maçonnerie ici), les matériaux utilisés pour la réalisation d’un châssis en arc surbaissé sont strictement les mêmes que pour des menuiseries standard.
- Bois
- Aluminium
- PVC
- Acier (vieilles portes d’ateliers par exemple)
Les matériaux de fabrication ne sont par conséquent pas un critère, le cintrage est toujours singulier à réaliser.
Méthode de fabrication:
Une fois la prise de côte correctement effectuée, l’arc sera cintré en usine. Selon les matériaux (bois, PVC, aluminium ou acier) les méthodes de cintrages sont différentes. Les ateliers disposent en général de cintreuses adaptées.
Dans la plupart des cas (sauf pour le bois) les cintres sont réalisés avec la chauffe du matériau, puis la mise en contrainte et le renfort après durcissement et refroidissement. Pour l’acier et l’aluminium certains utilisent du sable pour gorger les profilés creux avant cintrage.
Pour le PVC, il suffira de le faire baigner dans un bain chaud puis lui « donner la forme » avant de le figer par refroidissement.
Le travail du bois, quant à lui, dernier bastion des métiers de la menuiserie traditionnelle, sera bien plus long et complexe que pour les précédents matériaux. Un cintre en bois nécessite une maîtrise parfaite de l’art.
Je vous mets en lien une vidéo très intéressante sur le procédé de fabrication:
Voir cette vidéo YouTube sur le cintrage d’une menuiserie en PVC
Or, les châssis ne sont pas les seuls concernés. Il faut adapter le vitrage, la tringlerie, les couvres joints éventuellement, et potentiellement les renforts en acier. Et enfin, cela concernera évidement les volets.
Prise de côte d’un arc surbaissé:
Pour la prise de côte d’un cintre, la méthode reste assez simple car vous avez (en théorie) le modèle sous les yeux. Il s’agit donc de métrer très précisément la largeur qui sépare les deux naissances de l’arc, puis la hauteur (montée) à l’axe. Sur la photo ci-dessus ce sont les deux jonctions entre le cercle et les deux segments en triangle bleu. La mesure est représentée en rouge: Base et « montée ».
Reportez ces prises de mesures sur un plan ou sur un logiciel adapté et le tour est joué. Cependant je vous conseille de prendre la mesure à deux reprises pour ne pas risquer une erreur et en dernier lieu, de réaliser un gabarit avec du carton ou du contre plaqué.
Compte tenu du coût d’une menuiserie en cintre, mieux vaut vous prémunir d’une potentielle erreur.
Lire mon article sur la prise de côte en menuiserie
Arc ou plein cintre: Le problème du coût !
Le coût est toujours plus important pour ce type de menuiseries que pour des menuiseries rectangulaires, triangulaires (trapèze de véranda par exemple) ou en plein cintre. Et pas seulement la menuiserie elle-même mais tout le reste également !
- Les volets devront être réalisés avec le cintre approprié
- Le vitrage devra être cintré
- Difficulté d’adapter un volet roulant en cas de rénovation (hors connotation architecturale)
- Prise de côte nécessitant un métreur très qualifié
- Véritable casse tête pour les portes de garage !
Par conséquent, il n’est pas rare de tricher. Et pour cela rien de plus simple ! Soit vous faites fabriquer une menuiserie plus haute que la naissance du cintre soit plus basse et vous comblez avec un panneau de styrodur la partie en cintre. C’est très courant je vous rassure et parfois cela ne se voit même pas (ou très peu).
Sur l’exemple ci-dessus (agrandissez la photo en cliquant dessus) j’ai placé deux flèches. La porte fenêtre du bas est rectangulaire (on distingue le cintre laissé vide) alors que celle plus haut est réalisée en arc surbaissé. Cela se remarque à peine, voir pas du tout pour un œil non averti.
Tricher sur un arc surbaissé et donc bien plus simple et harmonieux que sur un plein cintre.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN