L’ouverture à l’anglaise est une véritable singularité qui concerne les menuiseries extérieures en France.
Définition :
L’ouverture à l’anglaise concerne les menuiseries dites « à frappe ». Le sens d’ouverture se fait de l’intérieur, vers l’extérieur du bâtiment. La fonction principale d’une ouverture à l’anglaise est d’assurer une meilleure compression, déterminante pour se protéger du vent. C’est pour cette raison technique que l’ouverture à l’anglaise est essentiellement répandue dans les pays du nord de l’Europe et notamment en Angleterre, d’où elle tire son nom.
Quelles sont les règles en matière d’ouverture ? Pourquoi privilégier une ouverture à l’anglaise plutôt qu’une ouverture à la française ? Faisons le point ensemble.
A quoi sert une ouverture à l’anglaise ?
Comme je l’ai évoqué plus haut, une ouverture à l’anglaise n’a absolument rien à voir avec un quelconque gain de place. Ces arguments qu’on retrouve très couramment sur les sites internet ne sont qu’un conséquence de l’ouverture à l’anglaise. Le gain de place n’est en aucun cas la cause de choix de fabrication.
Pour comprendre la pertinence d’une ouverture à l’anglaise (vers l’extérieur), il est nécessaire de comprendre la notion de compression. Cela permettra également de comprendre la différence entre une ouverture à la française et son homologue britannique.
- Ouverture à la française : Les « ouvrants », que sont les parties mobiles d’une menuiserie dite « à frappe », s’ouvrent vers l’intérieur. La compression entre les ouvrants et les dormants n’est assurée que par le verrouillage des ouvrants (quand on ferme la fenêtre ou la porte fenêtre). Si le vent exerce une force elle sera nécessairement de l’extérieur, vers l’intérieur. La compression est donc mise à mal par l’action du vent.
- Ouverture à l’anglaise : Dans ce cas de figure, les « ouvrants » s’actionnent de l’intérieur, vers l’extérieur. La compression est également assurée quand on referme la fenêtre ou la porte fenêtre. Cependant, en cas de vent, ce dernier va venir augmenter la compression en effectuant une poussée sur la menuiserie.
En clair : C’est plus efficace.
En d’autres termes, plus le vent est fort, plus la fenêtre (ou la porte fenêtre) est étanche à l’air. Cette notion d’étanchéité intervient dans les principales caractéristiques de qualité d’une menuiserie en France. Ce sont les normes A.E.V (dans ce cas, le « A » pour « Air » et le « V » pour « Vent »).
Quand conseiller une ouverture à l’anglaise ?
Ce n’est donc pas dans un souci de confort, ou de libération d’espace intérieur, que sont utilisées les menuiseries à l’anglaise. Cependant, à l’usage, cet avantage a été mis en avant comme un argument, ce qui est parfaitement légitime.
Si vous êtes métreur ou chargé d’affaire, vous pouvez prescrire une ouverture à l’anglaise quand les autres options ne peuvent pas répondre à la demande. En ce qui concerne une porte fenêtre par exemple, le cas le plus courant, s’il est impossible de proposer un galandage.
Dans tous les cas de figure où l’ouverture dispose d’un refoulement conséquent. Par exemple sous un patio ou une alcôve. Cela permet une ouverture vers l’extérieur sans risque d’accident ou de gêne.
En France, la règle (que plus personne ne connait) est simple : L’homme de l’art doit toujours protéger l’ouvrage.
Une menuiserie qui ouvre vers l’extérieur n’est pas protégée. Elle peut devenir accidentogène.
Enfin, un cas très concret qui permet de choisir l’ouverture à l’anglaise : La rénovation des sols.
Dans ce cas précis, vous pouvez rénover les sols quelle que soit l’épaisseur du revêtement. L’ouvrant étant actionné vers l’extérieur, la hauteur des sols intérieurs n’est plus un critère. Cela n’a cependant pas grand sens, car il suffit de commander une menuiserie adaptée aux nouveaux revêtements.
Dans quels cas de figure l’ouverture à l’anglaise est obligatoire ?
Seuls les ERP (établissement recevant du public) nécessitent la pose d’ouvrants à l’anglaise, dans le cadre d’une capacité d’accueil de plus de 50 personnes. Certains bâtiments peuvent obtenir une dérogation dans le cas où ce n’est pas réalisable. Cependant il existe « presque » toujours des solutions à explorer, comme les galandages ou les coulissants.
Un « petit » salon de coiffure ne nécessite donc pas une entrée à l’anglaise. Pour une salle des fêtes en revanche (cf photo de couverture), c’est obligatoire.
Quelles sont les menuiseries les mieux adaptées pour ce type d’ouverture ?
Ce type d’ouvrant à l’anglaise vise en premier lieu les portes d’entrées et les portes de service. En second lieu viennent les portes fenêtres et enfin, les fenêtres.
- Les portes de service se destinent particulièrement à une ouverture vers l’extérieur. Dans ce cas précis, la notion de libération de l’espace est parfaitement pertinente.
- Les portes fenêtres dans le cas très particulier d’une cuisine par exemple, dont la porte tape sur le mobilier et « grignote » trop l’espace
- Les portes d’entrées pour les magasins ou ERP (établissement recevant du public) même si ce n’est pas obligatoire (moins de 50 personnes en capacité d’accueil)
- Les entrées couvertes par un auvent ou un patio
Dans tous les cas de figure, en France, je déconseille d’utiliser des ouvrants à frappe à l’anglaise sur les fenêtres. Même si, nous l’avons vu, ces dernières sont plus efficaces. En effet les « mœurs » françaises sont différentes de nos voisins britanniques. Sur une fenêtre à l’anglaise, impossible de positionner un volet roulant. En cas de rénovation vous serez rapidement dans l’impasse.
Un coût plus élevé qu’une ouverture à la française
L’ouverture à la française étant la norme dans notre pays, tous les fabricants basent leurs menuiseries sur ce modèle. Il est donc évident que remplacer le sens d’ouverture revient plus cher à l’achat de la menuiserie. En moyenne, c’est 30 % de plus value sur le montant initial.
Une raison qui explique ce surcoût : Il faut inverser le sens de pose des vitrages.
En effet, une ouverture à l’anglaise n’est pas seulement le fait de « tourner » la menuiserie. Ce serait tout à fait possible en définitive, si on oublie le sens d’ouverture. Mais les menuiseries, fenêtres ou portes fenêtres disposent de parcloses pour maintenir le vitrage après son insertion.
Pour une fenêtre évidement ça n’a aucun sens, votre poignée sera à l’extérieur ! C’est une hérésie. Mais pour une porte fenêtre qui dispose d’une « double béquille » (poignée), pourquoi pas ! Les métreurs peu aguerris qui se trompent sur leur métrage vont systématiquement proposer cette solution.
Dans ce cas les parcloses seront à l’extérieur du bâtiment. Un joli cadeau pour les cambrioleurs.
Les erreurs de métrage d’un ouvrant à l’anglaise
Les métreurs étant généralement peu confrontés aux ouvrants à l’anglaise il n’est pas rare qu’ils commettent des erreurs de métrage. La principale erreur étant évidemment le sens d’ouverture. Lorsqu’il est question d’ouvrant à frappe en France, on parle de « tirant » ou « poussant ». Pour une ouverture à la française, on utilise généralement le terme « poussant ». Cependant, pour un ouvrant à l’anglaise il faut s’exprimer en terme de « tirant ».
Une autre erreur, tout aussi grave en matière de métrage, est de ne pas considérer les dos de dormants. Encore une fois, en France l’emplacement des paumelles importe peu car l’ouverture se faisant vers l’intérieur, ces dernières sont généralement libres de tout mouvement. La menuiserie posée en tapée vient au nu des parements.
Un ouvrant à l’anglaise doit être dimensionné par un métreur confirmé
Dans le cadre d’une ouverture à l’anglaise, si le métreur néglige la dimension en dos de dormant, les paumelles se retrouvent alors à fleur des embrasures :
- Risque d’impossibilité d’ouvrir à un angle de 90 °
- Conflits avec le parement, bardage ou l’enduit
Je vous laisse apprécier la « bourde » ci-dessous. Si il s’agissait d’une ouvrant à la française, il n’y aurait aucun problème.
Dans l’exemple ci-dessus, il sera littéralement impossible de réaliser le bardage, ni même l’enduit visiblement. Vous devez faire appel à un métreur en menuiseries confirmé pour métrer ce type d’ouvrants.
Enfin, une dernière erreur de métrage plus subtile concerne les fenêtres. Dans le cadre d’un métrage sur une fenêtre à l’anglaise, le métreur devra impérativement consigner la hauteur de l’allège. Si cette dernière est trop basse, elle implique l’obligation de poser un garde corps. Cependant, un garde corps est strictement incompatible avec un ouvrant à l’anglaise : La fenêtre ne pourra plus s’ouvrir.
En conclusion
En conclusion l’ouverture à l’anglaise reste toujours un véritable sujet. Entre « on dit que » et réalités de la technique, c’est avant tout un modèle de fabrication qui protégeait du vent en assurant une meilleure compression. Le bâti en France ne permet pas une parfaite adaptation des châssis à l’anglaise. Faibles embrasures, volets roulants, et coûts de fabrication font des ouvertures à l’anglaise des exceptions.
Ces types d’ouverture sont légitimes et pratiques pour les ERP, ainsi que pour les bâtiments avec des « communs » comme les grands immeubles d’habitation.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN