Les lucarnes de toit

Lucarnes de toit : Focus sur la terminologie et les formes de chaque type de lucarne courante en France.

Les lucarnes de toiture sont des éléments architecturaux singuliers qui permettent l’aménagement des combles. Elles offrent de la luminosité (Lucarne = Lucerna = Lumière) lorsqu’il s’agit de libérer du volume sous toiture et ainsi d’offrir un espace de vie supplémentaire en aménageant la surface sous toiture.

C’est leur principale fonction.

Découvrons dans ce dossier les différents types de lucarnes, leurs avantages et comment les différencier correctement.

 

 

Le présent dossier est ouvert à l’apport de connaissances notamment sur les particularités régionales. Je vous invite à apporter vos éléments de réflexion pour enrichir la thématique et partager notre base de données architecturale aux autres lecteurs et lectrices.

 

Avant propos

Étymologiquement, « lucarne » vient du latin lucerna, qui signifie « lampe » ou « lumière », ce qui fait écho à son rôle de source de lumière en architecture. Car c’est bien là son rôle premier dans le bâtiment : Apporter de la lumière.

Les lucarnes de toit sont une particularité architecturale précise en fonction du lieu : Généralement les centres villes.

La nécessité d’aménager les combles, d’optimiser l’espace, éventuellement de « loger » des individus rend cet ouvrage peu présent en dehors des grands centres urbains si ce n’est pour des raisons purement « agricoles » d’entreposage. C’était notamment le cas pour les lucarnes dites « meunières ».

 

Ci-dessus : Lucarnes de toit entièrement maçonnées avec une variation de style, passant du cintre au deux pans. Crest (26). Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.

En résumé, c’est la nécessité d’aménagement des combles qui est à l’origine de ce « geste » architectural. Autrement dit, c’est l’architecture et l’ouvrage qui se sont adaptés aux espaces restreints et vous trouverez rarement cette typologie hors des centres villes de nos jours.

 

Qu’est-ce qu’une lucarne de toit ?

Une lucarne de toit est une structure qui fait saillie dans la toiture et qui intègre généralement une fenêtre à son aplomb. Elle est adaptée, par nature, aux charpentes traditionnelles.

Par conséquent, les charpentes industrielles (fermettes) ne peuvent en aucun cas recevoir une lucarne.

 

 

L’installation d’une lucarne nécessite des travaux de charpente d’un très haut niveau de qualification. C’est un ouvrage complexe. En outre les lots zinguerie et couvertures seront à surveiller de près pour éviter toute malfaçon ou désordre.

 

Les différents types de lucarnes de toiture

De la même manière qu’il existe différents types de toitures, il existe « de facto » différents types de lucarnes. Il serait d’ailleurs tout à fait approprié d’affirmer qu’une lucarne est en soi, un « petit » toit à part entière, qui vient en pénétration de la toiture principale.

Les amalgames sont nombreux et la terminologie n’est pas toujours respectée, tâchons donc de faire le tri :

 

Lucarne rampante

La lucarne rampante est discrète et s’intègre bien aux constructions traditionnelles car elle ne « contrarie » pas la lecture architecturale. Comme son nom l’indique, la lucarne rampe dans le sens du versant et préserve généralement l’angle de pente. Le terme de rampant, associé au qualificatif de « rampante » pour cette lucarne, évoque la notion de suivi de la pente, comme le rampanage par exemple qui consiste à garnir les rives d’une maçonnerie en attente de la couverture.

La lucarne rampante est souvent associée à tort au chien-assis, qui est très justement son opposé.

 

Lucarne pendante

La lucarne pendante est une variante de toute lucarne dont l’allège prend appui au dessous de la ligne d’égout. Pour exemple, une lucarne Jacobine prend sa base au droit de la ligne de chevron (chevron d’emprunt pour les puristes), alors que la pendante prend sa base au dessous de la ligne de chevron.

Autrement dit, la pendante « pénètre » la toiture alors que cette dernière continue sa course. La jacobine quant à elle est « arasante ».

Une lucarne  « pendante » qu’elle que soit sa forme au faitage, prend naissance sous la ligne d’égout.

 

Lucarne à croupe

Elle dispose d’un toit en trois pans, ce qui lui confère une esthétique élégante et harmonieuse. Elle est souvent utilisée dans les maisons anciennes ou de style classique. La croupe d’une lucarne est « stricto sensu » l’équivalent d’une traditionnelle croupe de toit.

Le terme est parfaitement justifié et ne suggère aucune ambiguïté.

 

Lucarne jacobine

C’est la plus répandue. Elle se compose d’un toit à deux versants et d’une fenêtre centrale. Elle apporte un bon éclairage et un style intemporel à la toiture. Il n’est pas rare que la confusion soit faite entre un chien assis et une lucarne Jacobine, ce qui est évidemment faux.

J’ai développé ce thème dans un dossier que je vous invite à lire :

 

Lire mon article sur la lucarne Jacobine.

 

Lucarne œil-de-bœuf

Cette lucarne de petite taille se distingue par sa forme le plus souvent ronde ou parfois ovale. Elle est surtout installée pour des raisons esthétiques et apporte une touche d’originalité aux façades. Cette dernière est généralement bien plus discrète et ses dimensions inférieures à tout autre type de lucarne.

La rive principale est (généralement) cintrée.

 

Lucarne retroussée

Le chien-assis, ou lucarne retroussée est souvent (malheureusement) amalgamée avec son homologue la lucarne rampante. Elle présente un toit incliné vers le faitage et non vers la sablière. La position ainsi dessinée de profil fait évidemment penser à la posture d’un chien assis, dos au faitage principal de la toiture. La pente est donc opposée au versant du toit principal.

Il est regrettable de voir qu’aujourd’hui encore les deux types de lucarnes se confondent dans les termes.

 

Lucarne en chapeau de gendarme

Reconnaissable à sa forme galbée avec un retour plat, elle offre un aspect élégant et traditionnel. Elle est souvent visible sur les bâtisses anciennes et les maisons de caractère.

 

Ci-dessus : Un exemple de lucarne de toit en chapeau de gendarme que lors d’une de mes visites à Charleville Mézière. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 Pro.

Dans une version plus moderne, il est possible de commander une lucarne en chapeau de gendarme préfabriquée. De nombreux fabricants proposent ces « modules » prêts à poser. A titre d’exemple chez Weser. (Spécialiste des appuis de fenêtres).

Ce type de lucarne est généralement maçonné.

 

La guitarde

Certainement la plus énigmatique mais aussi la plus singulière et difficile à réaliser, la « guitarde » est une lucarne atypique. Elle ondule, elle galbe et elle ouvre un œil sur l’extérieur tel un promontoire qui vient en encorbellement au dessus du châssis vitré. Tel un « caisson » de guitare, sans doute est-ce là l’origine de sa dénomination. Ce type de lucarne est un ouvrage d’art généralement complexe.

 

 

Dans de très rares cas, la « guitarde » peut être doublée, avec deux encorbellements distincts mais un faitage unique. Je remercie le travail exceptionnel de Largeot et Coltin. Crédit photo : Largeot et Coltin.

 

Lucarne meunière

Elle se compose d’un toit à une ou deux pentes avec une façade verticale. Elle est souvent de type pendante dans le sens ou cette dernière prend appui sur la façade et laisse courir les pans de toiture sous sa ligne d’allège. C’est un ouvrage qui permettait d’entreposer du grain dans les combles, il s’agissait donc d’aménager l’accès au plus simple et pragmatique.

Cette dernière est généralement très haute, et de forme rectangulaire.

Rappel : Une lucarne pendante ou meunière prend donc naissance sous la ligne d’égout.

 

Lucarne à fronton

La lucarne à fronton est un geste architectural stylisé. Cette dernière rappelle généralement la forme triangulaire d’une toiture sur son pignon. C’est un rappel esthétique uniquement mais qui peut effectivement marquer la lecture architecturale d’un bâtiment.

Les lucarnes à fronton sont généralement maçonnées.

 

Les avantages des lucarnes de toiture

En opposition avec les fenêtres de toits, plus connues sous le nom de « Velux », la lucarne permet de bénéficier d’un véritable ouvrant à frappe. Autrement dit, une véritable fenêtre simple ou double ouvrant à la française, ce que ne permet pas un Velux. En outre, et contrairement aux fenêtres de toits, une lucarne permet de couvrir l’ouvrage par temps de pluie, là où un velux devra impérativement demeurer fermé.

• Plus de lumière naturelle : elles permettent un meilleur éclairage des combles par rapport aux fenêtres de toit classiques.
• Un gain d’espace : elles augmentent la surface habitable en hauteur sous plafond.
• Une valorisation esthétique : elles ajoutent du cachet et un style architectural à votre maison.
• Une meilleure ventilation : elles favorisent l’aération des combles et réduisent les risques d’humidité.

 

Qu’implique la lucarne de toit sur le plan technique ?

D’un point de vue technique, il faut intégrer le fait qu’une lucarne de toit est avant toute chose une « pénétration » de toiture.

De fait, cela va induire plusieurs éléments techniques indissociables (et indispensables) à la réalisation de la lucarne.

• Noues ou noulets qui devront être zingués.
• Relevés d’étanchéité de type solins ou larmiers.
• Reprise des efforts au droit du faîtage pour un 2 pans de type jacobine.

 

Ce n’est donc pas anodin, et il est convenable de consulter préalablement un homme de l’art sur ces trois postes distincts :

• Charpente (ou maçonnerie pour les lucarnes maçonnées).
• Couverture.
• Zinguerie.

 

Lucarne de toit et architecture moderne

Vous l’aurez compris, les lucarnes de toit sont particulièrement présentes sur les architectures anciennes, et notamment localisées sur les centres villes.

Lorsqu’il s’agit d’architecture moderne, il peut paraître de prime abord une certaine dissonance avec le principe constructif. Or il n’en est rien.

Les architectes ont su adapter la lucarne à des constructions résolument modernes et contemporaines. Avec l’aide de bardages aciers et de précadres structurels adaptés, il est aujourd’hui possible de découvrir des exemples bluffant de modernisme.

Très prisé dans les pays scandinaves, ces méthodes arrivent peu à peu en France et la maîtrise des ouvrages bois vient consolider cette démarche.

 

Autres acceptations et élargissement de la terminologie

Il faut noter que le terme est quelque peu dévoyé. Certains intègrent les fenêtres de toit (de type Velux) dans la même catégorie que les lucarnes. C’est évidemment une variante non significative car le velux ne « crée » pas de pénétration ni de noue. Techniquement, un Velux ne peut donc pas être assimilé à une lucarne de toit.

Il en va évidemment de même pour les puits de lumières (même si cette solution est particulièrement attractive).

 

Plan de lucarne de toit

Côté plans, il est très difficile de trouver ou de réaliser un relevé réel et précis d’une lucarne. Même si Archicad ou Revit intègrent des « objets » de type lucarne dans leurs bibliothèques, ces dernières sont généralement figées et peu modifiables.

Seul un véritable charpentier est en mesure de rédiger un plan de lucarne précis, à la pente, correctement dimensionné et viable.

N’oubliez pas que la lucarne dépend très précisément du toit sur lequel elle sera édifiée. Par conséquent, à chaque toiture sa lucarne.

 

Comment bien choisir sa lucarne de toiture ?

De prime abord, si vous devez faire un choix c’est que ce dernier, bien souvent, vous sera imposé par l’urbanisme. Rares sont celles et ceux qui optent pour une lucarne de toit lorsqu’il s’agit de construction neuve. En outre, il se peut que cette décision soit motivée lors de la réalisation d’une surélévation ou d’aménagement de combles.

Dans tous ces cas de figure, vous devez avant tout vous référer aux services locaux d’urbanisme car cette typologie de saillie en toiture n’est pas nécessairement autorisée partout en France.

 

Prendre en compte l’architecture de la maison

Le choix de la lucarne doit être en harmonie avec le style de votre habitation. Une maison contemporaine préférera des formes simples et épurées, tandis qu’une maison ancienne pourra accueillir des lucarnes plus travaillées. Comme je l’évoquais plus haut, si le style de la maison est résolument moderne, alors le choix se portera sur des formes rectangulaires avec des habillages de type bac acier.

 

Respecter la réglementation

L’installation d’une lucarne nécessite généralement une déclaration préalable de travaux ou un permis de construire. Il est essentiel de se renseigner auprès de la mairie pour respecter les règles d’urbanisme.

 

Opter pour une bonne isolation

Principal point faible des lucarnes de toit.

Une lucarne bien isolée contribue au confort thermique de la maison. Il est recommandé d’installer un double vitrage et d’utiliser des matériaux isolants adaptés. C’est généralement un « point faible » de ce type d’architecture. Rappelons nous que nous sommes à mi chemin entre toiture et murs extérieurs. Bien souvent, la « latitude » de mise en œuvre demeure très serrée et il est facile de couper au plus court en minimisant l’isolation.

 

Faire appel à un professionnel

La pose d’une lucarne est une opération complexe qui touche à la structure de la charpente. Il est conseillé de confier ces travaux à un artisan couvreur qualifié. Du fait de la complexité d’adaptation ou de réalisation de ce type d’ouvrage, on ne pourra pas parler de « prix » de façon rationnelle.

Une lucarne peut coûter 2000 euros TTC (sans menuiserie) comme 7000 euros TTC selon les cas et même plus encore.

C’est un ouvrage sur mesure qui doit revenir entre les mains de véritables professionnels. Si vous souhaitez établir un prix, consultez précisément des acteurs locaux, car chaque région dispose de ses propres singularités en matière de toiture.

En termes de rénovation par exemple, beaucoup de menuisiers refusent (malheureusement) d’intervenir sur le remplacement de châssis lorsqu’il s’agit d’une lucarne. Soyez donc prudent, surtout pour définir votre budget.

 

Et pour le fun…

Enfin, et pour donner une note de fun à ce dossier, la lucarne est étrangement singée dans de nombreuses oeuvres cinématographiques. L’une d’entre elles, très connue (c’est peu dire), reprend la forme des lucarnes pour restituer un style architectural très particulier mais qui plaît énormément : Le seigneur des anneaux de Tolkien.

 

Dans le film qui retrace les aventure des Hobbits dans la quête de l’anneau, les maisons dont l’entrée semble se fondre avec la colline sont typiquement emprunte de la ligne architecturale de certaines lucarnes. Sur la photo ci-dessus, un exemple réellement parlant du décor de « Hobbitbourg » du film de Peter Jackson.

Source et crédits Wikipédia :  La comté.

 

Conclusion

Les lucarnes de toit sont une solution idéale pour apporter de la luminosité à un bâtiment dont l’espace est aménagé sous les combles. En revanche, les lucarnes sont des ouvrages complexe et leur mise en œuvre doit être approchée par de véritables professionnels.

 

Merci pour vos lectures et bon chantier.

Serge USTUN.