Il existe de nombreuses lucarnes de toiture différentes qui se distinguent essentiellement par leur forme. Il ne faut pas confondre une lucarne Jacobine avec une fenêtre de toit ou un chien assis. Ces dernières ont toutes un typologie différente qu’il convient de définir. La lucarne Jacobine dans le détail, je vous livre mon guide technique ici:
Définition de la lucarne Jacobine en toiture:
La lucarne Jacobine est un pignon d’ossature ou maçonné qui entre en pénétration d’un pan de toiture. Elle est par nature du « bâti » et non une menuiserie même si elle accueille généralement une fenêtre. La Jacobine est singulière des autres lucarnes de toiture dans sa forme. Elle est composée d’une toiture deux pans raccordée à la toiture principale par une pénétration en NOULET. Les deux pans d’une Jacobine sont perpendiculaires à la toiture qu’elle pénètre à l’aplomb. Ces élévations sont également à l’aplomb.
Une Jacobine n’est pas un « chien assis »
Une lucarne Jacobine n’est absolument pas un « chien assis ». Il n’est pas rare de voir ou de faire l’amalgame. Comme je l’ai évoqué plus haut une Jacobine est constituée d’un toit deux pans. Le chien assis n’est constitué que d’un pan unique. La pente de ce pan de toiture unique est strictement opposée à la pente de la toiture qu’elle pénètre.
En coupe, les deux toitures forment donc un « V ». La manière simple de se souvenir du « chien assis » est justement de s’imaginer en coupe la forme d’un chien assis. La forme de l’animal forme très exactement la forme de la lucarne du même nom.
Une Jacobine n’est pas un chien assis !
Sur la photo ci-dessous que j’ai prise lors d’une visite chantier vous pouvez clairement distinguer un « chien assis ». En l’occurrence en ossature bois.
Pour les puristes il faudrait que le chien assis soit intégralement partie prenante à la toiture or dans cet exemple il reprend les élévations périphériques.
J’ai tracé deux lignes rouges qui permettent d’identifier la pente du chien assis qui vient en opposition à la pente de la toiture principale.
Ci-dessus une projection Archicad pour vous permettre de mieux appréhender la différence entre une Jacobine et un chien assis.
Lucarne Jacobine en toiture: Les particularités
Une lucarne Jacobine est donc assez facilement identifiable sur une toiture. Pour la définir techniquement, reprenons rapidement quels sont les particularités et les éléments constitutifs de cette singulière lucarne de toit:
- Toiture 2 pans perpendiculaire au toit principal
- La Jacobine dispose d’une Faitière et de deux rives
- Le faitage d’une jacobine est perpendiculaire au faitage principal de la construction (ce n’est pas une croupe)
- Murs en élévations formant un NOULET (ossature ou maçonnerie)
- Intègre généralement une fenêtre ou un châssis fixe
- Nécessite la réalisation de couloirs de zinguerie adaptés
Une lucarne Jacobine est un élément en élévation et non une menuiserie.
C’est du bâti. Elle trouve son intérêt lorsqu’il faut aménager des combles.
Fonction d’une Jacobine en toiture: L’aménagement des combles
Une lucarne n’a aucun sens sur un comble perdu. Elle n’a aucun sens sur un comble non aménagé. Ces singularités de charpente se destinent à une seule et unique fonction: Permettre un aménagement des combles.
Les Français qui vivent dans les régions au dessus de Lyon sont coutumiers des lucarnes de toit et il y a une raison simple.
Pour qu’une Jacobine remplisse sa fonction il faut:
- Un toit pentu (dès 38% de pente et au delà)
- Une nécessité de rendre les combles aménageables
En effet, la Jacobine est partie intégrale de la toiture, ou du grenier pour faire plus simple.
Dans les régions du Sud de la France avec des toits à faible pente cela n’à aucun intérêt tant sur le plan architectural que d’usage. Si la pente n’est pas considérable l’aménagement des combles n’est pas pertinent. Par conséquent vous ne verrez que très peu de Jacobines ou de lucarnes de toit dans le Sud. Les régions les plus propices naissent à Lyon et filent vers le Nord.
Les seules exceptions à la règle étant les vieux immeubles de rue notamment les bâtiments très anciens qui jonchent les grandes avenues comme à Valence, Marseille ou Toulon.
Dans ce cas la Jacobine permet d’exploiter la surface disponible sous toiture notamment pour les dites « chambres de bonnes ».
Conception d’une lucarne jacobine à la construction
Le plus simple est évidement de concevoir une Jacobine à la construction, en même temps que se construit la toiture. Une Jacobine est un élément de charpente à part entière. C’est littéralement une toiture propre qui dispose de son propre faitage, de ses rives et de deux noues.
Le plus simple est donc de concevoir la Jacobine dès la réalisation du plan de toiture.
Même s’ils sont peu visibles, la Jacobine selon sa hauteur, est composée de murs en élévation. Dans beaucoup de cas ils sont en ossature bois ou simplement en bois de charpente débité à façon. Dans tous les cas la Jacobine dispose au moins d’un élément considéré comme un mur: Le pignon, ou « faux pignon ».
Toute pénétration de toiture engendre des plus values importantes sur le montant des travaux
Création d’une lucarne Jacobine en rénovation
Vous pouvez tout à fait créer une jacobine en rénovation. Si vous aménagez vos combles c’est idéal. Dans ce cas, faites appel à un véritable charpentier qui va projeter un plan et calculer les sections de bois nécessaires. Le charpentier va également vérifier les conditions de reprise de charges (pour les noues) si vous êtes en condition de haute montagne ou simplement de neige abondante.
Deux impératifs pour créer une jacobine en rénovation:
- Faire un plan de coupe et de façade pour faire une demande de travaux préalable (obligatoire dans ce cas)
- Faire appel à deux professionnels du bâtiment que sont le charpentier/couvreur, et le zingueur.
Dans le cadre de la création d’une Jacobine de toute pièce en rénovation il faut veiller au coup de tête et aux ouverture de menuiseries le cas échéant.
Nota: Attention à l’allège de menuiserie qui peut représenter un problème de sécurité si elle est trop basse
Nécessité de faire appel à un zingueur
Une lucarne Jacobine est une pénétration de toiture. En terme de charpente cela signifie qu’elle va créer des retenues d’eau. Il faudra réaliser des relevés d’étanchéité en zinc et surtout pas en bardeau bitumé. Les relevés doivent être parfaitement dimensionnés et positionnés. Un couloir de zinc sera presque systématiquement nécessaire.
Seul un zingueur confirmé peut réaliser les relevés, noues, et couloir nécessaires à la bonne étanchéité d’un lucarne Jacobine en toiture.
Exemple ci-dessus à la naissance du faitage d’une noue zinguée à la pente pour départ de Jacobine en toiture.
Eléments constitutifs d’une lucarne Jacobine en toiture
Pour « être » une Jacobine la lucarne doit posséder:
- Un faitage perpendiculaire au faitage principal
- Deux rives uniques avec ou sans débord
- Un pénétration en noue ou noulet
- Un fronton
- Les éléments de zinguerie en relevés et en couloir de noue
- Une fenêtre ou un châssis fixe
La Jacobine se distingue d’un « chien assis ». Elle est également différente de:
- Lucarne de toiture en croupe (3 pans) voir aussi Lucarne Normande
- Lucarne de toiture au rampant (diamétralement opposée au chien assis)
- Lucarne de toiture pendante (qui reprend un pignon maçonné)
- Lucarne de toiture cintrée (la maison des hobbits)
Pour informations et astuces complémentaires:
Sur ARCHICAD: Vous pouvez intégrer une Jacobine à un pan de toiture quelconque. Dans le menu OUTIL: Ouverture de toit / Dans la palette « Dessin ». L’objet est cependant assez peu modifiable.
La notion de « NOULET » est une notion de charpente. On retrouve peu d’information sur ce terme en dehors des traités de charpente. Les charpentiers connaissent bien le terme donc ne prenez pas ce « mot » pour une erreur de terminologie.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN