Une bonne ventilation de toiture est un élément de maintenance passive de la charpente. Correctement aérer sa toiture est primordial pour garantir la longévité des bois de charpente, et par conséquent, éviter une trop forte humidification du bois.
Rassurez vous, dans la plupart des cas, la ventilation d’une toiture se fait naturellement. Je vous explique, dans cet article, toutes les subtilités d’une bonne aération de votre toit.
La nécessité d’une bonne ventilation de toiture
La charpente, habituellement en bois, nécessite d’être correctement ventilée, ce n’est pas un secret.
Que ce soit une charpente traditionnelle (pannes et chevrons) ou des fermettes, les bois de charpentes (souvent en sapin) doivent garder un taux d’humidité compris entre 13 et 18 % selon les DTU 31.1 et 31.2.
Les bois de charpentes ne doivent être ni trop secs, ni trop humides.
Ce sujet est toujours au cœur de l’actualité, il s’agit de bien séparer les informations, certaines étant parfois peu pertinentes et d’autres au contraire, primordiales.
Avant toute chose, sachez que si votre toiture est recouverte de tuiles à moyen ou grand galbe (globalement toute la moitié sud de la France), la ventilation de toiture est naturellement assurée par la forme de la tuile.
Ci-dessus : Sur un de mes chantiers, les pannes étaient enclavées par un isolant vissé sans circulation d’air. Une voie d’eau régulière est venue définitivement dégrader la panne. Crédit vidéo : S.USTUN
Les taux d’humidité du bois de charpente
= 30% Bois vert (impropre à un usage constructif)
< 30% Bois en phase de séchage (impropre à un usage constructif)
< 20% Bois en limite pour les agressions fongiques
< 18% Bois sec : Bon pour la réalisation d’une charpente.
Après la pose de la charpente, le bois sèchera naturellement et gardera un taux d’humidité compris entre 15 et 18%.
La ventilation de la toiture permet de garder cette tranche d’humidité, toujours variable, car le bois est un matériau hygroscopique. Ce dernier, par nature, absorbe et régule l’humidité contenue dans l’air. (Voir la définition sur Wikipédia)
Le duo ventilation et isolation de toiture
L’isolation d’une toiture est sans aucun doute le moyen le plus efficace d’isoler sa maison.
Cependant, le duo ventilation et isolation est bien souvent fratricide. L’isolation, voulue comme la plus hermétique possible, est par nature l’ennemie « numéro 1 » d’une bonne ventilation de votre toiture.
Il s’agit par conséquent de réaliser une mise en œuvre qui soit à la fois isolante, et respirante.
Les mauvaises pratiques :
- Isolation en rampant sans lame d’air
- Couvertures totalement hermétiques (inconvénient majeur du Sarking)
- Maçonnage des rives, faîtières et bas de pentes (à proscrire)
- Sarking sans lame d’air (BA 13 flanqué en sous face)
Lire mon article sur l’isolation des toitures par l’extérieur / Sarking
Une ventilation de toiture naturelle
Ouvertures en pignons : Les évents & les occuli
Historiquement, les charpentes étaient ventilées naturellement pas des ouvertures sur les pignons des bâtiments. Là où les oiseaux nichent en toute tranquillité. Ces évents assuraient un rôle de ventilation des pièces de charpente. Parfois appelés « occuli », il sont soit ronds soit triangulaires.
Aujourd’hui, les pignons sont fermés, il n’est donc plus possible de créer une ventilation naturelle par ce biais.
Heureusement, il existe tout un éventail d’entrées d’air insoupçonnées qui permettent de garantir l’aération de la toiture. La première étant la plus insoupçonnée de toutes : La tuile elle-même !
NOTA : Les tuiles à moyen ou fort galbe assurent naturellement la ventilation d’une toiture de part leur forme.
Ventilation naturelle par la tuile
Comme je l’évoquai plus haut, dans le premier paragraphe, la tuile terre cuite, à moyen ou grand galbe, assure une ventilation naturelle de la toiture. Sa forme lui confère un effet « passoire ».
Les modèles de tuiles qui assurent une ventilation naturelle sont :
- Galéane
- Romane
- Tuile canal (traditionnelle ou à emboitement)
- Aquitaine
- Méridionale
- Omega, Sainte Foy
- Plein SUD
- Médiane
A retenir :
- Plus une tuile est galbée, plus elle ventile naturellement la charpente
- Les tuiles dont le pureau n’est pas réglable sont peu propices à une bonne ventilation (emboitement mécanique figé)
- Les tuiles plates sont les moins pertinentes pour une aération de toiture efficace
Le closoir de faitage
Le closoir, notamment les closoirs ventilés, sont primordiaux pour assurer la ventilation haute de la charpente.
Ces types de closoirs permettent, non seulement de ventiler la panne faîtière, mais également d’assurer la « circulation » de l’air sur l’ensemble du (ou des) pan(s) de toiture.
Dans les régions du Sud, où le faîtage est souvent maçonné, la ventilation est mal assurée et provoque fréquemment le pourrissement prématuré des bois de charpente. Fort heureusement, ce sont également les régions où les tuiles sont le plus fortement galbées, donc naturellement peu étanches à l’air.
Dans ce cas, l’aération est tout de même assurée, mais la circulation de l’air de l’est pas : Cela présente un risque de dégradation des bois enclavés (panne faîtière par exemple).
A retenir :
- Le closoir doit être ventilé si possible, et posé sur un tasseau de réhausse
- Mieux vaut ne pas maçonner les faîtières
La ventilation mécanique
Il ne faut pas amalgamer la ventilation d’une toiture, avec la ventilation d’une maison. La ventilation mécanique, souvent contrôlée (VMC) d’une maison permet simplement d’extraire l’air de renouvellement au sein du foyer.
La charpente nécessite également une ventilation, cependant celle-ci doit être réalisée de manière naturelle comme nous l’avons évoqué plus haut.
Les accessoires de ventilation de toiture
Il existe un certain nombre d’accessoires permettant de correctement renouveler l’air d’une toiture. Parfois, notamment dans le cadre d’un sarking, il faut également veiller à ne pas « enclaver » les éléments de charpente.
Exemple :
L’OSB (ou le CTBH) qui est posé sur les chevrons, lors du platelage, ne doit pas venir jusqu’au faîtage. Il est nécessaire dans ce cas de laisser courir une lame d’air de 3 à 4 centimètres de part et d’autre de la faîtière. Cette dernière sera étanchée par le closoir.
Les tuiles chatières : Ventilation par circulation d’air
Les chatières sont un bon élément de ventilation de toiture, d’ailleurs leur nombre et leur emplacement est parfaitement réglementé par les DTU.
De façon très empirique, 4 chatières par pan de toit sont une bonne mesure. Deux en partie basse, deux en partie haute de chaque pan de toiture. Leur coût peut parfois rebuter mais il ne faut pas être avare sur ce type d’ouvrage.
- Environ 40 euros pièce pour une tuile chatière
Sur une toiture à tuile plate (ou sur de la PST), la tuile chatière est IMPERATIVE !
Il est impératif de poser des chatières sur les couvertures de type :
- Tuile plate
- Tavaillon
- Plaque support de tuile (PST)
- Bac acier dans le cas d’une isolation en sous face (ou dans le cas du Sarking)
Le closoir ventilé : Une pièce maitresse de la circulation d’air
Le closoir ventilé permet d’aérer la panne faîtière, et de créer une légère ventilation haute en plus de gérer l’étanchéité à l’eau. Dans les régions où les tuiles faîtières sont hourdies au mortier (scellées), le tasseau de réhausse et la panne faîtière sont souvent impactés.
Un closoir ventilé représente une excellente solution, partielle, pour générer une circulation d’air. Il sert surtout à ne pas enclaver la faîtière et lui permettre de respirer.
Voir un modèle de closoir ventilé sur le site Chausson / Entre 25 et 28 euros le mètre linéaire
Les sorties de toit
Il existe de nombreux modèles de sorties de toit, bien que ce ne soit pas leur principal rôle. Les chatières servent à ventiler la toiture, les sorties de toit de type « tuile à douille » permettent d’extraire l’air que tire la VMC par exemple.
Ces tuiles atypiques, mais nécessaires, ne sont pas concrètement la solution technique à déployer.
Je l’évoque ici car vous serez certainement redirigés vers ce type de tuiles si vous faites une recherche avec les mots ventilation et tuile.
En revanche, si vous disposez d’une VMC ou d’une hotte de cuisine, et que votre toiture ne dispose pas de tuile à douille, les règles de l’art ne sont pas observées.
Faites intervenir un couvreur, car vous allez considérablement aggraver un éventuel problème d’humidité en combles.
Voir les modèles de sorties de toit sur le site internet Nicoll
NOTA : Vous ne devez pas extraire l’air de la VMC dans les combles, c’est un facteur aggravant de détérioration du bois.
Comment contrôler l’humidité (et l’état) des bois de charpente ?
La première méthode de contrôle reste le sondage visuel.
Bien souvent, un seul coup d’œil sur les bois de charpente permet d’en contrôler l’état. Un bois humide et gorgé d’eau se voit, il est sombre, grisâtre, ou noirci.
Vous pouvez également vous munir d’un TH mètre (humidimètre). C’est un petit appareil qui permet de contrôler l’humidité d’un support. Il est régulièrement employé pour le contrôle des supports lors d’un dégât des eaux.
Tous les peintres en bâtiment disposent généralement d’un humidimètre, demandez leur de vous en prêter un pour réaliser un premier test.
Si vous ne connaissez aucun artisan équipé de cet instrument de contrôle, il existe des TH mètres (humidimètres) peu coûteux (pas nécessairement très fiables), dont le prix varie autour d’une dizaine d’euros (TROTEC).
Aller sur la fiche produit des humidimètres TROTEC
Après la prise de mesure, si le TH mètre (humidimètre) indique des bois de charpente supérieurs à 30%, il faut impérativement vous alarmer. Dès que le taux est supérieur à 20%, le bois peut être sujet à la prolifération fongique.
Les risques d’une humidité trop importante :
- Mouvements de gonflements et rétraction des bois de charpente
- Risque de désolidariser les scellements de pannes
- Déformation de la charpente
- Fissuration prématurée des bois, flèche etc.
Les sinistres dus à une mauvaise ventilation
Hormis dans de rares cas, lorsque les toitures sont véritablement vétustes et laissent s’écouler l’eau en permanence, les sinistres dus à un manque de ventilation sont assez peu fréquents.
Dans ce cas, se sont les voies d’eaux qui sont à l’origine du sinistre, et non le manque de ventilation de la toiture.
Cependant, le bois étant naturellement apte à réguler son hygrométrie, une bonne ventilation peut limiter les conséquences d’un dégât des eaux, même non réparé.
Le bois sera « résilient », sous condition qu’il soit correctement aéré. Dans le cas contraire, je vous invite à visionner ma vidéo courte (plus haut dans l’article) et constater le triste résultat sur une panne massive.
Les isolants minces
L’utilisation des isolants minces peut engendrer une élévation significative de l’humidité des bois de charpente. Ces isolants sont à proscrire, ils font barrière à la ventilation (aération) naturelle de la charpente.
Non respirants et très hermétiques, il est d’usage d’agrafer les isolants minces à même les pièces de charpente. C’est le pire cas de figure pour une charpente.
Lire mon article sur les isolants minces
La pose d’un pare pluie en rénovation
Lors d’une rénovation, l’ajout d’un pare pluie (par ailleurs bénéfique) sur l’ensemble de la toiture peut engendrer une élévation de l’humidité des bois. Les pare-pluie de qualité sont théoriquement « respirants ».
C’est généralement le cas lorsque les entrées d’air basses (au droit de la sablière) sont maçonnées. La circulation d’air en rampant ne se fait plus correctement, ce qui engendre une mauvaise ventilation impactant la charpente à terme.
Solutions :
- Utiliser un pare pluie « respirant »
- Pose de chatières en bas et en haut de rampant
- Laisser la libre circulation de l’air en bas de pente et au faîtage
- Casser les mortiers et poser des encluseaux filtrants
L’isolation par insufflation en rénovation
Comme pour l’exemple du paragraphe précédent, dans certains cas de rénovations, lors de l’utilisation d’une isolation insufflée, l’absence d’entrée d’air en bas de pente est préjudiciable. En revanche cela reste singulier et cela ne concerne que le bâti très ancien.
Si l’insufflation, très épaisse, obstrue les entrées d’air, la pose de tuiles chatières résous définitivement le problème en assurant une bonne ventilation.
Solutions identiques :
- Pose de chatières en bas et en haut de rampant
- Laisser la libre circulation de l’air en bas de pente et au faîtage (bien que cela engendre l’éparpillement de l’isolant)
Le risque d’un manque de ventilation à terme
Je prends volontairement l’exemple concret d’un de mes chantiers (dans le Var), sur lequel le bois est dans un état de « pourrissement ». Le pourrissement implique un trop fort taux d’humidité, sur du long terme.
Cela n’intervient pas en quelques jours, nous parlons ici de plusieurs mois. En l’occurrence, sur cet exemple, le sinistre est dû à une voie d’eau.
Si la toiture était correctement ventilée, la panne aurait supporté l’humidité en la régulant à l’aide d’une bonne aération. Dans ce cas, un épais isolant était collé à flanc de la panne, interdisant une bonne ventilation.
Sur ce chantier, toutes les mauvaises pratiques sont en présence :
- Pas d’entrée d’air en bas de pente (génoise maçonnée et comblée au mortier)
- Plaque sous tuile (PST) non respirante naturellement (très hermétique en comparaison d’une tuile)
- Enclavement des bois par un isolant flanqué sans lame d’air
Je vous laisse juger de l’état de poutraison, non récupérable en l’état. J’ai été contraint de la stabiliser avant un éventuel remplacement.
Ci-dessus : Panne impactée par un dégât des eaux, combiné à une absence de ventilation de la toiture. Crédits photos : S.USTUN
A terme, une mauvaise ventilation va donc accélérer les pathologies liées au bois de construction :
- Apparition de champignons
- Pourrissement
- Effritement
- Cisaillement (le bois sera impropre à supporter une charge, ou son propre poids)
Conclusion
La ventilation de toiture demeure une mesure simple à mettre en œuvre, car la plus tard du temps, nous le faisons sans le savoir. Quand nous respectons les règles de l’art en matière de couverture, la ventilation s’opère d’elle même.
Le risque vient lorsque vous réalisez une « cage » totalement hermétique de votre toiture, en voulant « bien faire ». Une toiture doit respirer pour durer dans le temps, et ne pas se déformer.
Le sarking, méthode que j’affectionne particulièrement, est un sujet à observer en matière de gestion de la ventilation. L’isolation par insufflation est également un élément singulier à surveiller, les « entraits » étant dans ce cas, totalement enclavés par l’isolant.
Laissez entrer l’air en bas de pente, en vous assurant qu’il sorte en haut de pente : Votre toiture sera parfaitement aérée !
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN / Infographie : S.USTUN