EPDM ou bitume pour vos travaux de mise hors d’eau ?
Que vous soyez professionnels ou particuliers, la question du choix de l’étanchéité de toiture est importante.
Habituellement utilisés pour l’étanchéité des toitures terrasses, souvent assimilés aux toits béton, les rouleaux de bitume ou l’EPDM se développent dorénavant sur les constructions modulaires.
Ossature bois, studio de jardin ou Tiny House, maison container, ces deux produits d’étanchéité ne sont plus seulement réservés aux immeubles.
EPDM ou Bitume ? Les différences entre les deux procédés
Bardeau bitumé en bande :
Habituellement noire, la bande bitumineuse existe également en couleur verte, parfois imposée par les PLU. Dans le cas d’une pose traditionnelle, le bardeau bitumé est censé être protégé par un radier de gros gravier.
Dans le cas d’une végétalisation de toiture, il est impératif de sélectionner une bande bitumineuse spécifiquement adaptée.
Crédit photo : Serge USTUN
A lire également : L’étanchéité de toiture terrasse.
Ce type d’élastomère à base d’asphalte doit être encollé par soudage à chaud, en plein et sur les recouvrements. Elle se coupe simplement au cutter (gros cutter professionnel).
Les procédés d’étanchéité en bardeau bitumé en bande existent en monocouche ou multicouche. C’est le procédé les plus courant pour les toitures terrasses avec une dalle béton.
A l’inverse de l’EPDM, il est particulièrement adapté aux grandes surfaces, notamment pour une maison individuelle.
Crédit photo : SOPREMA / Bande bitumineuse en lé à souder à chaud
La solution de type bande bitumineuse à souder est actuellement la seule solution de mise en œuvre validée pour les systèmes Efigreen. Cette méthode d’isolation en panneau de polyuréthane sur dalle béton nécessite une étanchéité soudée.
Le soudage sur des panneaux OSB est permis (autoconstruction, maison bois, etc.).
Avantages de la bande bitumineuse en lé à souder :
- Extrêmement solide
- Revêtement sur des supports peu homogènes possible
- Plus simple à mettre en œuvre sur les grandes surfaces avec de nombreuses saillies (sorties de toit, skydomes, etc.)
Inconvénients :
- Soudage à chaud parfois risqué (départ de feu) quand il n’est pas maîtrisé
- Elasticité inférieure à l’EPDM
- Très sensible aux UV et à l’ozone
- Prix global plus élevé que l’EDPM
L’EPDM : Bâche EPDM pour toiture
Entre guillemets, l’EPDM se destine plutôt aux petites et moyennes surfaces (en m2). Pour le moment, ce procédé n’est pas pertinent dans le cadre d’étanchéités dont la surface dépasse les 50 mètres carrés.
La notion de « bâche EPDM » reste bien présente dans les esprits (aujourd’hui de manière quelque peu péjorative).
Il se colle à froid, généralement avec de la colle NEOPREN. Contrairement à une étanchéité soudée, un EPDM peut parfaitement être mis en œuvre par un débutant ou un non professionnel.
Initialement, les EPDM servaient presque essentiellement à réaliser l’étanchéité des bassins, pour les aménagements extérieurs. Il est le proche cousin des « liners » de piscines.
Contrairement au bardeau bitume en bande, un EPDM peut être fabriqué en usine, avec les dimensions précise de la surface à étancher. Il est donc possible de réaliser du « sur mesure », notamment pour les petites surfaces de 10 à 30 mètres carrés. Parfait pour les extensions de maison, les studio de jardins ou les maisons container.
Comme pour le bardeau à souder, Il est parfaitement possible de coller une membrane EPDM sur des panneaux OSB (autoconstruction, maison bois, etc.).
Avantages d’une membrane EPDM toiture :
- Aucun soudage pour les petites surfaces (possibilité de réalisation sur mesure)
- Collage de l’EPDM directement sur le support (après primaire)
- Insensible aux UV et à l’Ozone, contrairement au bardeau bitumé
- Très grande élasticité (permet la déformation du support)*
- Prix
Inconvénients d’une membrane EPDM toiture:
- Le support doit être parfaitement plane, exempt de tout défaut et bien préparé
- Plus efficace que le bardeau bitumé seulement sur les surfaces planes et sans saillies (skydome, sortie de toit etc.)
Le soudage ou le collage ?
Un soudage à chaud pour le bardeau bitumé, et un collage à froid pour une membrane EPDM.
Principale différence entre les deux procédés d’étanchéité, la pose est radicalement différente entre l’EPDM et le bitume.
L’étanchéité monocouche ou multicouche en bardeau bitumé (en lé) n’est pas ce qu’on peut considérer comme étant le plus simple et le plus écologique.
Crédit photo : SOPREMA
Les rouleaux de bardeaux sont extrêmement lourds et mal adaptés à la manutention. Le coulis à chaud est une horreur à appliquer et la phase de soudage nécessite une véritable expérience.
- Sens de pose (à ne pas inverser : c’est une erreur courante en après sinistre)
- Qualité des raccords
- Qualité des soudures
- Soin apportés aux relevés, surverses, abergements et autres points singuliers.
C’est un travail que seul un professionnel aguerri doit effectuer. Les étancheurs sont connus pour être parmi les métiers les plus pénibles et délétères.
NOTA : Il est particulièrement difficile de s’assurer en décennale étanchéité
Le collage de l’EPDM est plus pragmatique, et plus simple à mettre en œuvre pour un non initié.
Avantage à l’EPDM : Pas de recouvrement faisant les vagues à chaque lé.
Les points forts et les points faibles
Ça saute au yeux ! Mais soyons plus subtils.
- L’EPDM est insensible aux UV. C’est un gros point fort. Imbattable.
- L’EPDM n’est pas nocif. L’eau qui circule à son contact n’est pas polluée !
- Ce dernier peut s’étirer (contraintes de mouvement dimensionnel des matériaux).
A ces trois critères, il est déjà difficile d’opposer un quelconque bémol. L’EPDM a tout pour plaire. Et c’est une réalité.
Crédit photo : EDPM Distribution / Notez la planéité du support avant collage / Pas de saillies de type « sortie de toit ».
Pour les surface planes et homogènes, je dis clairement OUI à la membrane EPDM.
Le bardeau bitumé, ou bande bitumineuse, est plutôt le « tout terrain » de l’étanchéité. Quand le support n’est pas totalement exempt de défaut, l’EPDM se comporte globalement moins bien que le bitume.
Dans les cas extrêmes, sur des supports vraiment peu appropriés, la bardeau reste fidèle à lui même, fiable et efficace.
En résumé :
Le choix est grandement défini par le support lui-même, en terme de planéité et d’homogénéité.
Cas de figure idéal
Exemple concret pour étayer mon article :
J’ai décidé de construire une petite structure modulaire, qui fait partie d’un dossier école : L’autoconstruction d’un studio de jardin.
Dans ce cas précis, j’ai opté pour la mise en œuvre d’un EPDM de 18 M2.
Cependant:
L’EPDM se positionne comme le meilleur choix pour ce projet précis. Or, certains éléments structurels me « dirigeraient » potentiellement sur un choix différent.
Dépassées de toiture sans acrotères :
En effet, si ma structure se destine à une dépassée de toit sans acrotères, elle se prête naturellement à l’EPDM.
Dans le cas d’acrotères, je pense que je me serai dirigé vers du bardeau bitumé. Je suis plus à l’aise avec la soudure des relevés sur du bardeau.
Pas de chéneaux encaissés :
Encore une fois, n’ayant pour ma structure aucun chéneau, et notamment de chéneau encaissé, l’EPDM est le procédé le plus approprié.
Dans le cas inverse, la réalisation du couloir de récupération, des relevés, et la pose de surverses m’auraient conditionné à la mise en œuvre d’un multicouche en bande bitumineuse.
Pas de sorties de toits :
Ici aussi, les sorties de toits sont des éléments singuliers faisant souvent des retenues d’eau, et qui sont à la source de potentiels désordres. Le bardeau bitumé est plus efficace pour réaliser les abergements. Plus sécuritaire, selon moi.
La garantie de pose
Que ce soit EPDM ou bitume, ces deux mises en œuvre sont soumises à la garantie décennale. Par conséquent, vous devez impérativement vous assurer en décennale (sur ce type d’ouvrage). En complément de votre décennale courante.
Nota : Comme pour la décennale pisciniste, les garanties pour les étancheur sont extrêmement difficiles à obtenir.
Bitume ou EPDM : Une question de durabilité
Selon toutes les sources et les retours d’expériences de mes collaborateurs, l’EPDM fait l’unanimité.
Attention : Les toitures tertiaires et d’immeubles collectifs sont toujours réalisés avec des lé de bardeau bitumineux à souder. Les membranes EPDM sont rarement le choix des artisans (et des donneurs d’ordres) pour ces types de toitures.
L’EDPM semble garantir une durée de vie proche de 40 ans. Inutile d’aller chercher plus loin, aucun revêtement, y compris le bitume, ne peut rivaliser.
Différence de coût entre membrane EPDM et bitume
Achat au M2: Fourniture uniquement
L’EPDM se situe actuellement aux alentours de 15 euros du M2 (dans des dimensions plus ou moins standard)
En réalisation sur mesure, le soudage se fait en usine, le prix de l’EPDM grimpe à 25 ou 30 euros le M2.
Le bardeau bitumé en mono couche, le prix au M2 est supérieur que l’EPDM.
- Bardeau bitume en lé de 1 mètre, fourniture uniquement : 28 à 30 euros TTC le mètre carré
- Relevé réalisables avec le même bardeau
- L’étanchéité bitumineuse à souder à chaud nécessite une très grande maîtrise mais également du matériel (lampe à gaz, chalumeau, engin de levage etc.)
Les membranes EDPM pour toiture sont également disponibles en KIT. Ce qui n’est évidemment pas possible pour le bitume à souder.
Le primaire d’accrochage
Pour l’EPDM le support doit être parfaitement sain. Il faut rouler un primaire d’accrochage (au rouleau), avant l’encollage. Les outils sont courants et ne nécessitent pas de grande dépense.
Pour le bitume, il est nécessaire de créer un coulis d’asphalte liquide sur lequel on va venir chauffer et coller le bardeau bitumineux.
Le primaire ne représente pas un budget important dans la mise en œuvre d’un encollage de membrane EDPM. Ne tentez pas d’économiser ce poste, il est crucial pour la tenue de l’EPDM dans le temps.
La colle pour l’EPDM et le coulis pour le bitume
Pour l’EPDM, la colle est généralement de la colle contact de type NEOPREN. C’est un produit très courant, qui existe depuis toujours. Par conséquent, on connait parfaitement bien ce type d’encollage sur tous supports, aucun mesure hasardeuse.
Une simple recherche sur Google et vous trouverez votre bonheur. Evitez les marques un peu trop « exotiques » et restez sur des gammes éprouvées telles que SOUDAL, ou SOPREMA qui sont véritablement spécialisés dans le segment.
Membrane MAMOUTH (la plus courante) en rouleau de 1X8 mètres : 28,90 euros TTC le M2
Elastocol 770 en 5L : Pour le collage à froid des membranes bitumes (SOPREMA) / 90 euros TTC
Membrane soudable (pour les relevés) en rouleau de 1X8 mètres : 138 euros TTC
Maintenance de l’étanchéité
La maintenance d’une étanchéité n’est pas à prendre à la légère. Le risque étant évident : Le dégât des eaux.
La plupart des bardeaux bitumés soudés sont, en théorie, recouvert de gravier. Cela les protège des UV, qui sont le pire ennemi d’une étanchéité mono ou multicouches.
Le lit de gravier permet également de protéger le hors d’eau contre une déchaînement plus rare de la nature : la grêle !
Il est donc nécessaire, et je vous y encourage, de réaliser épisodiquement un sondage visuel de l’état de votre étanchéité de toiture.
L’aspect visuel des membranes suffit à savoir si elles assument toujours leur rôle.
Réparation de l’EPDM et du bitume : le match
Pour le bardeau bitumé, les réparations sont très simples. Il suffit de venir appliquer une nouvelle couche de bitume, partiellement, au droit des éléments impactés.
Pour l’EPDM, il est tout a fait possible de créer une rustine. Dans ce cas, il s’agit de coller une nouvelle membrane en « pansement » à l’aide d’une colle qui créer l’adhérence par le procédé de « vulcanisation ». Ne surtout pas utiliser la colle contact dans ce cas.
L’avenir de l’EPDM : Effet albedo et régulation thermique
L’effet albedo est un élément environnemental au cœur des discussions et des futurs enjeux, au sein des industriels du bâtiment.
Il y a fort à parier que les membranes d’étanchéité devront s’adapter à cette singularité thermique.
Lorsque le soleil brille sur les toitures, les plus sombres d’entre elles emmagasinent énormément de chaleur. Cependant, que ce soit le bitume ou l’EPDM, ces derniers sont de couleur noire.
Les rendre plus « blanches » est factuellement un moyen de gagner en équilibre thermique dans les bâtiments (essentiellement en été) donc de baisser la climatisation.
Pour le bardeau bitumé s’est peine perdu, de par sa conception et sa nature. En revanche, pour l’EPDM, il est peut être temps de sortir des membranes aux teintes très pâles. Ce serait un atout commercial, mais surtout écologique.
Lire mon article sur l’effet albedo
Liens utiles : Soprema (leader de l’étanchéité en bardeau)
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.