Que ce soit pour un métrage en neuf ou en rénovation, il est indispensable de maîtriser les métrés placo (plaques de plâtre).
Je vais vous guider pas à pas pour que vous soyez à même de réaliser un bon métrage après la lecture de cet article.
Avant propos
J’ai écrit de nombreux articles dédiés sur les différents types de plaques de plâtre. Je vous invite donc à vous référer aux articles respectifs sur les singularités de chaque plaque pour vos futurs métrages.
J’épinglerai les liens vers ces différents articles dans les paragraphes correspondants pour vous faciliter la lecture.
Je détaille notamment la plupart des modèles de plaques dans ce dossier :
Les différents types de plaques de plâtre.
Métrés placo : Connaître les types de pose
Avant toute chose, pour réaliser un bon métrage du lot « placo », il faut connaître et maîtriser les différentes techniques de pose. Il en existe plusieurs, et chacune a ses particularités propres.
- Le BA13 collé, avec isolation polystyrène (murs froids).
- Le placostyl avec montants et rails.
- La pose de placo sur fourrures avec appuis.
- L’habillage collé sans isolation.
Chaque méthode nécessite ses propres accessoires de pose, et cela va influer directement sur le métrage et évidemment, sur les coûts.
Certaines méthodes sont préférables à d’autres, mais le sujet de cet article n’est pas de définir quelles sont les meilleures. Il est uniquement question de technique de métrage dans cet article.
- Impératif pour les métreurs et les élèves en formation métreur.
- Rappel pour les artisans qui souhaitent peaufiner ou accélérer la rédaction de leurs devis.
- Très utile pour les autoconstructeurs qui souhaitent établir un budget « travaux ».
RATIOS : Il faut savoir qu’une maison de 90 mètres carrés nécessite environ 350 m2 de placo. Cela comprend les doublages, les cloisons, et les plafonds.
Le placostyl : la méthode la plus courante
La méthode dite du « placostyl » nous vient de l’industriel Placo. Ce fut une véritable révolution en son temps. Cette méthode est sans aucun doute la plus polyvalente et la plus utilisée par les plaquistes.
Ci-dessus : Figure n° 1 / Le Placostil en rails et montants dos à dos. Infographie : S.USTUN
Les métrés placo sont très simple à maîtriser quand on connaît les éléments qui rentrent dans la composition du Placostyl :
- Montants : Les ossatures de type « montant » sont adossées et vissées entre elles par des vis inox auto perforantes.
- Rails : Les rails se positionnent en périphérie, de toutes parts, et reçoivent les montants.
- BA13 : La fameuse plaque de plâtre qui viendra en parement, 1 face pour les doublages, deux faces pour les cloisons.
Une fois ces éléments bien intégrés, ainsi que la manière de les mettre en œuvre, le métré devient un jeu d’enfant.
Technique de métrés placo / méthode des rails et montants dos à dos :
- Les rails (R45, R70, R90 etc.) se posent en pied de mur et en haut de mur. Ce sont des guides, et des fonds de clouages.
- Les montants dos à dos (M45, M70, M90 etc.) viennent s’insérer dans les rails, avec un entraxe de 60 centimètres.
- Le départ de mur, ainsi que la fin du même mur doivent être « arrêtés » par un montant OU un rail.
- L’isolant s’insère entre les montants, il doit avoir la même épaisseur que ces derniers.
Exemple : Mur de 4 mètres de long et 2.50 mètres de hauteur.
- 1 rail horizontal bas + 1 rail horizontal haut = 8 mètres linéaires de rails. Les rails font 3 mètres linéaires, ils se coupent et se connectent (aucune perte).
- 1 rail vertical de départ de mur + 1 rail vertical de fin de mur = 5 mètres linéaires de rails.
- 14 montants dos à dos ( 4 mètres divisés par l’entraxe de 0,60 x 2) de 2.50 mètres (aucune perte).
- Chevilles à frapper et vis INOX pour les montant dos à dos.
- + 2 montants en fond de clouage / 1 paroi sur 2 (voir mon Nota).
NOTA : Prévoyez 2 montants pour réaliser les fonds de clouage en alternance 1 paroi sur 2. Cela permet de solidariser les contre cloisons qui sont à l’équerre.
Les rajouts et les fonds de clouages
Il est essentiel de savoir métrer soi-même car les calculateurs en ligne ne sont pas suffisamment précis. Je vous donne un exemple simple : Une ouverture de porte.
Ci-dessus : Figure n° 2 / Des montants doivent être présents de part et d’autre de du bâti de porte, ainsi qu’au centre de la retombée de linteau et au droit des raidisseurs. Infographie : S.USTUN.
Lorsqu’il y a une porte (dans une cloison par exemple, ce qui semble logique) cette dernière doit être posée avec un montant raidisseur de part et d’autre de l’huisserie. Il est également nécessaire d’ajouter un « bout » de rail sur le linteau, ainsi que 2 montants dos à dos en retombée et 2 au droit de l’huisserie.
Dans l’idéal, on débute la pose du placo à l’axe de la porte, pour éviter les fissurations au droit des linteaux (pathologie récurrente dans les maisons).
Cette méthode est également valable pour les linteaux et les allèges des fenêtres.
Les doublages placo avec appuis et fourrures : Le système OPTIMA
Le doublage placo sur fourrures et appuis (Optima ou autre) est un procédé extrêmement courant, notamment dans la construction neuve. Cette méthode utilise trois éléments distincts :
- Les fourrures (de type F…) strictement identiques aux fourrures utilisées en plafond.
- Les appuis (de type Optima ou autre) qui permettent de rigidifier les fourrures en plusieurs points.
- Les lisses : Basses et hautes, elles permettent de prendre en « clipse » les fourrures en pied de mur et haut de mur.
Consulter la fiche technique des appuis OPTIMA sur le site ISOVER.
Technique de métré :
A la manière des rails, que nous avons vu plus haut, les lisses (basses et hautes) courent sur toute la périphérie. Autrement dit, si votre mur fait 4 mètres de long, il vous faut 8 mètres linéaires de lisses.
Les fourrures verticales sont à 60 centimètres d’entraxe, comme pour les plafonds. Elles prennent appui sur les lisses, et les « appuis » de type Optima.
IMPORTANT : Les appuis « OPTIMA » ne se fixent pas directement au mur (parpaing ou brique). Il faut préalablement poser une fourrure HORIZONTALE à même le mur, pointée ou vissée fermement et parfaitement de niveau. C’est sur cette dernière que vont se « clipser » les appuis.
En d’autres termes, cette fourrure « intermédiaire » doit filer sur toutes les périphéries. Elle doit être calculée pour réussir un métré placo précis.
NOTA : Ceci est personnel, et n’engage que moi. Les textes nous demandent un unique point d’appui sous 2.50 mètres, j’en place personnellement 2 sur une même travée verticale.
- 1 au niveau des allèges sur toutes les périphéries (correspond peu ou proue au niveau du bassin d’un être humain).
- 1 au niveau de l’épaule, à 1.60 mètres environ.
Ce sont les deux principaux points d’appuis qui reçoivent les « coups » lorsqu’on vit dans une maison. Je les rend plus solides grâce à mes deux points d’appuis au lieu d’un. Je ferme la parenthèse.
Exemple :
Même exemple que pour notre mur en placostyl, les entraxes sont parfaitement identiques. En revanche, les fourrures étant vendues en 3 mètres ou 5.30 mètres, vous devez métrer sur la base des F530, de sortes que vous n’ayez que 30 centimètres de chutes sous 2 travées.
Avec la présence d’un ravoirage (dans le neuf), vous n’aurez que 10 centimètres de chutes car le « NET » réel sera de 2.60 sous chaque travée verticale.
- 1 lisse basse + 1 lisse haute = 8 mètres linéaires de lisses.
- 1 fourrure verticale de départ de mur + 1 fourrure verticale de fin de mur = 5 mètres linéaires de fourrures.
- 7 fourrures ( 4 mètres divisés par l’entraxe de 0,60) de 2.50 mètres.
- 9 appuis OPTIMA (7 + le départ et l’arrivée).
- Chevilles à frapper et vis INOX pour les montant dos à dos.
- + 1 fourrure horizontale sur toute la périphérie (ou deux si vous êtes exigeants comme moi).
La particularité des plafonds
Les plafonds sont également des parements en BA13, il ne faut pas l’oublier, et surtout savoir les métrer. Comme pour les parements de murs en doublage ou les cloisons, les plafonds ont également leurs particularité de poses.
Ci-dessus : Figure n° 3 / Les suspentes et fourrures nécessaires pour la réalisation d’un faux plafond en BA13. Infographie : S.USTUN.
Plafonds suspentes et fourrures
Comme pour le procédé Placostyl, les plafonds sur fourrures et suspente nécessitent leurs propres accessoires :
- Les fourrures (plusieurs longueurs disponibles).
- Les suspentes (existent également en plusieurs dimensions).
- Les éclisses (pour raccorder les fourrures entre elles et éviter la perte).
- Les « cornières » de type CR32 (par exemple) qui sont l’équivalent des lisses.
La disposition des fourrures (le sens de pose) est imposé par les fermettes (ou les supports quels qu’ils soient). Par conséquent, les fourrures seront TOUJOURS perpendiculaires aux ancrages (entraits des fermes ou poutrelles des planchers techniques).
Technique de métré :
Les plafonds se mètrent « à plat » lorsque ce sont des faux plafonds pour combles perdus. L’entraxe des fourrures est relativement simple à calculer, sachant qu’une fourrure principale de départ sera abondée par une fourrure supplémentaire pour le faux entraxe à l’arrivée.
Les fourrures de type « F » existent en plusieurs longueurs, et elles sont « raccordables » par des connecteurs. Il n’y a que très rarement de perte sur ces produits. Par conséquent, cela n’appelle aucune considération particulière, si ce n’est dans le cas d’une trémie ou d’un ouvrage particulier (comme un coffre par exemple).
Exemple : Plafond de 8 mètres par 5 mètres
La fermette est généralement dans la grande longueur (8 mètres), les fourrures seront donc dans le sens de la largeur.
- 5 mètres à entraxe 0.60 soit : 9 fourrures de 5 mètres (tant pis pour les chutes de 30 centimètres).
- 7 suspentes par fermette : + 1 pour le faux entraxe = Maximum 1.20 mètres d’espacement des suspentes sur une même ferme.
- 26 mètres linéaires de cornières de type « CR ».
Les ratios :
- Suspentes : 1.8 au m2 selon Placo France
- Suspentes sous poutrelles : 1.5 au m2 selon KP1
Plafonds sur piton de rénovation et fourrures
Comme pour les suspentes, les pitons de rénovation vont vous permettre de maintenir les fourrures en place, à l’aide de cavaliers spécifiques et de tiges filetées. Plus difficile à mettre en œuvre que les suspentes, les pitons sont cependant nécessaires dans certains cas :
- En cas de rénovation.
- Dans le neuf, si la fermette est en croupe (3 pans, 4 pans etc.) et ne permet pas de positionner les suspentes.
- Sous un plancher haut de type poutrelles hourdis.
Lire mon article sur les pitons de rénovation.
Technique de métré :
Les pitons de rénovation se calculent très exactement comme les suspentes. Là où il devrait y avoir une suspente, il faut un piton de rénovation. En d’autres termes, reportez vous au calcul de métré des suspentes.
Plafonds autoportants avec montants dos à dos
Pour réaliser les métrés placo d’un faux plafond autoportant avec montant dos à dos, c’est extrêmement simple. En effet, il s’agit très exactement de la même méthode que pour les doublage de mur placostyl.
NOTA : Gardez à l’esprit qu’il faut impérativement prévoir des plaques de plâtre « coupe-feu » au droit d’une cheminée ou d’un poêle à bois.
Je vous renvoie à mon dossier spécialement dédié à ce sujet, vous y trouverez toutes les infos utiles :
Lire mon article sur la méthode du faux plafond autoportant en placo.
Le BA13 collé avec isolant
Le BA13 collé est sans aucun doute le parement le plus simple à métrer. En effet, dans ce cas, aucun accessoire n’est nécessaire hormis le « MAP », le fameux mortier colle pour plaque de plâtre.
NOTA : Calculez TOUJOURS en vide pour plein.
Dans ce cadre, il vous suffit de calculer vos métrés en vide pour plein, et commander le strict nécessaire auprès du négoce. Soyez simplement vigilants sur les hauteurs disponibles. Calculez bien vos hauteurs « hors tout » dans les pièces que vous métrez (n’oubliez pas le ravoirage par exemple, qui peut atteindre 7 ou 8 centimètres).
Il vaux mieux « débiter » une plaque, que faire un « rajout », c’est une règle UNIVERSELLE !
Technique de métré :
Rien de particulier à noter. Faites le calcul en vide pour plein avec les bonnes hauteurs de plaques. Pensez aux pièces d’eau, avec des parement « verts » hydrofuges et des parement « roses » coupe-feu pour les fonds de cheminées.
Métré placo : Automatiser le process
Si vous êtes régulièrement amenés à réaliser les métrés placo, je vous conseille très fortement de construire un fichier EXCEL ou SHEET (tableur) pour automatiser le process.
Avec quelques petites astuces, vous pourrez rapidement créer un classeur adapté qui vous fera gagner un temps considérable dans vos métrages.
Organisez des cellules « types » modifiables et créez vos macros :
- Hauteur sous plafond : Cellule modifiable.
- Doublages : Longueur 1, largeur 1, etc. (pièce par pièce, ne métrez pas une surface « globale »).
- Cloisons : Longueur 1, largeur 1, etc.
- Présence d’une poêle à bois ou d’une cheminée : Garde fou pour penser au BA13 coupe feu.
- Salles d’eaux : Pense bête pour ne pas oublier le placo hydrofuge.
- Type de plafond : Pour le choix des suspentes.
- Etc.
Le reste n’est qu’une affaire de calcul, et les machines le font bien mieux que nous !
Les erreurs sur les métrés placo
Evidemment, il y a toujours des erreurs sur les métrés placo. Aucun métreur ne peut être précis au millimètre carré. En revanche, et je vous demande de bien vérifier vos calculs, les « vraies » erreurs ne dépendant pas forcément du métreur.
Les plaquistes ont tous leurs habitudes, certains sont soignés et réfléchis, d’autres non. Il suffit pour cela de se rendre sur un chantier et de « checker » les pertes. Un bon plaquiste sait comment démarrer et optimiser sa pose, et il fait de bonnes coupes.
Un mauvais plaquiste s’y reprend à plusieurs fois, fait des erreurs de coupes, et agglomère les rebus et les pertes.
En d’autres termes, avant de vous faire rabrouer sur les métrés, vérifiez que le plaquiste connait son métier, et soyez sur de vous. Ceci dit, cela sous entend que vous ayez correctement fait votre travail de métrage au préalable.
Un calculateur en ligne pour les métrés placo
Sur le site de Placo France, vous trouverez un calculateur simplifié. Ce dernier permet de calculer les quantitatifs nécessaires de consommables Placo en entrant simplement la surface en m2. Très pratique mais je le répète, relativement peu précis.
Cela reste une base pour évoluer dans le métrage.
- Chez Placo France : Exemple de quantitatifs pour les cloisons.
- Chez Siniat : PRO Calcul
Conclusion
La technique de métré pour le placo nécessite de connaître les types de poses, et les produits concernés. Ensuite, il s’agit de bien évaluer les besoins sur le chantier, même en phase de devis.
Cette étape ne doit pas être négligée par l’élève, car au vu de l’augmentation des coûts des matériaux, la note finale peut être totalement différente du prévisionnel.
A vos exercices, c’est maintenant à vous de jouer.
Merci pour vos lectures et bon métrage !
Serge USTUN.