Dans le cadre des erreurs courantes de débutants en métrage, il en est un certain nombre qui sont presque systématiques. Elles peuvent être « contenues » ou « grave ». Les connaître afin de les éviter peut vous éviter bien des déboires !
Voyons cela ensemble.
Avant propos
Le métrage est un métier. Qu’il soit sur plan, sur le terrain, dans le neuf ou dans la rénovation, certaines erreurs reviennent systématiquement à la lecture des devis et des quantitatifs estimatifs (DQE). Le but n’est pas de faire une liste exhaustive de ces erreurs dans le présent article, mais plutôt d’organiser votre réflexion en fonction des bases que pose ce dossier. Car une fois la méthodologie comprise, elle s’applique à l’ensemble de vos métrés par la suite, quel que soit votre corps d’état.
Suivez ce mini cours attentivement car à la clé, ce sont des milliers d’euros de coût qui peuvent impacter vos devis. Un bon métreur retiendra donc l’essentiel, autrement dit la méthode.
Cet article vient en complément des dossiers sur le métrage. Je vous invite à booker un cours selon vos besoins.
Je reprends ce sujet de manière plus exhaustive dans mes formations de métreur en bâtiment.
Les erreurs courantes en métrage
La plupart des erreurs de métrage (au sens du métré, pas au sens relationnel) sont récurrentes et similaires :
- Ne pas tenir compte des chutes de coupes et du conditionnement.
- Oublier les accessoires à la pose.
- Ne pas observer les classements de matériaux.
- Se baser sur des prix erronés.
- Mauvais dimensionnement des ouvrages.
Vous êtes (en devenir) des professionnels et par conséquent vous ne pouvez pas ignorez ces sujets. En tant que métreur vous êtes en responsabilité et ce qui vous est demandé est rationnel : Soyez factuel, précis, et ne vous trompez pas !
Si vous aiguisez vos connaissances et votre maîtrise du métrage vous serrez une perle rare que les entreprises s’arracheront. Si vous travaillez pour vous, en tant qu’entrepreneur, alors c’est votre portefeuille et vos aller-retour chantiers/fournisseurs qui seront épargnés.
Par conséquent, ne négligez pas ce sujet car il est décisif dans vos actions quotidiennes. Analysons les principales erreurs les plus communes.
Catégories de matériaux : L’erreur courante de métrage
Une des erreurs de métrage les plus courantes est la méconnaissance des catégories de matériaux. Parmi ces dernières, je peux citer les classes d’emplois, comme le classement UPEC par exemple, ou bien encore la résistance au feu (parements, portes, etc.).
- Classement d’usage pour les revêtements de sols (UPEC).
- Classement de résistance au feu.
- Imperméabilité des isolants (hydrophobe).
- Classe de nature et de résistance des bois.
- Non prise en compte des zones sismique (fers à béton, etc.)
Dès que vous êtes dans un ERP (établissement recevant du public) ou assimilé (Airbnb, locatif, etc.) vous devez vous poser la question de la résistance des matériaux. Il en est de même pour le classement au feu.
Le classement UPEC arrive, est de loin, en premier dans les mauvaises appréciations d’un métrage. Sur une salle de réception de 600 M2, je vous laisse imaginer les conséquences d’une telle erreur. Cela peut vous coûter votre place, si vous êtes salarié, ou bien une lourde négociation pour rattraper la bévue si vous êtes à votre compte.
Cette méconnaissance peut être relevée pour une éventuelle exclusion de garantie décennale. Soyez donc vigilants.
Sous estimer l’acheminement des matériaux
Si vous devez chiffrer un chantier de pose de sols vinyles en « lé » au 5ème étage d’un immeuble dont les escaliers ne permettent pas d’acheminer les rouleaux c’est ballot !
Et bien cela arrive plus souvent qu’on le croit.
Mais ce n’est pas seulement le cas pour les revêtements, c’est également un véritable problème pour les châssis menuisés par exemple.
Cette difficulté est justifiable, vous pouvez la deviser. Certains BPU (Bordereau de Prix Unitaire) l’intègrent d’autres non. Ne vous désarmez pas et intégrez à vos devis cette singularité « humaine » qui est de facto inhérente à tout chantier.
En cas de difficulté d’acheminement ou d’accès, créez une ligne spécifique sur vos devis. Je vous renvoie à mon article qui traite de ce sujet.
BPU : Doit-on valoriser les accès difficiles ?
Ne pas faire signer la fiche de choix
Autre erreur récurrente, la fiche de choix vide ou non signée par le client. Cette erreur est à classer dans les « impardonnables ». Lorsque vous êtes sur une teinte de peinture, un choix de parquet, un choix de carrelage ou tout autre produit non fongible, ne pas faire signer la fiche de choix est un manque de professionnalisme qui peut coûter cher.
Sur ce point, je ne vous laisse aucun prétexte acceptable. C’est une erreur grave, voire une faute professionnelle. Vous devez faire signer une fiche de choix.
Un métreur qui oublie de faire signer la fiche de choix (modèle, teinte, aspect, etc.) commet une faute professionnelle. Imaginez que vos équipes ont posé 100 M2 de parquet, et que le client découvrant son chantier vous dise : Mais j’avais choisi un aspect Merbeau, et là c’est un aspect Chêne !
Allez prouver que c’est le cas ! Bonne chance à vous.
Ce défaut de professionnalisme est irresponsable et impardonnable. Cela sous entend que vous n’écoutez pas votre client et que vous négligez vos collaborateurs qui devront ramer pour négocier avec le client final.
En outre, c’est également valable pour les teintes, et même pour les peintures de façades. Dans ce cas, vous devrez faire face à la double problématique du choix toléré par le PLU et de la volonté du client. Un conducteur de travaux qui néglige ces deux éléments : 1. Choix de la teinte / 2. Vérification de l’accord de la commune sur la teinte, commet une faute professionnelle et peut légitimement être sanctionné.
C’est du bon sens.
Ne pas tenir compte du colisage
Le métrage est une chose, le colisage en est une autre. Vous ne pouvez pas réduire vos métres carrés réels à une commande de matériaux identique à la surface. Ça vous le savez. Les chutes de coupes vous obligent à commander en plus grande quantité.
En revanche, ce que vous n’appliquez jamais, quand vous êtes débutant en métrage, c’est le colisage. Exemple typique, les dalles minérales en plafond (60.60) qui bien souvent sont vendues en colis de 8.64 m2. Autrement dit, vous devrez ajouter à vos métrés les coupes, mais également le colis entier au chiffre supérieur soit : 8 m2 de plus. Le fournisseur ne vous en fera pas cadeau.
Alors pour des dalles minérales, la « note » finale ne sera pas lourde, la perte sera minime. En revanche, si vous ne tenez pas compte du colisage pour des plaques de BA13 acoustiques perforées vous risquez de déchanter. Car ces plaques ne se vendent qu’à la palette, et non à l’unité. Dans ce cas, la « lourde » va vous marquer à jamais !
C’est également le cas pour les plaques de fibralith par exemple. Soyez prudents, il est question de plusieurs centaines d’euros par colis.
Cas d’école : Métrage d’un sol en joint pont de bateau
Un parquet joint pont de bateau vaut une petite fortune au M2. Je choisis donc ce cas de figure vécu pour illustrer mes propos. Lors d’un dégât des eaux, sur une commune du Var, l’entreprise « spécialisée » envoie son métreur. Ce dernier prend longueur et largeur de la pièce, reste deux minutes, puis retourne à son véhicule.
Son devis exprime clairement la dépose et la repose de parquet dans le style joint pont de bateau, sans exprimer la fourniture. Il commande du parquet « effet joint pont de bateau » à 55 euros me M2 sans prendre en compte les chutes de coupes et le colisage.
Il ne fait pas signer la fiche de choix avec le modèle précis du parquet choisi.
Les travaux sont effectués, le locataire est content, cependant le PNO (Propriétaire Non Occupant) relève l’exception : Ce n’est ni le même parquet, ni la prérogative du locataire.
Résultat : Une dépose complète et la perte sèche du parquet neuf, nouvellement posé, l’achat et la pose d’un parquet en véritable joint pont de bateau à réaliser par un parqueteur professionnel. L’assureur et l’expert refusent tous deux la révision du devis.
La salle de bain, dont le coût total du parquet (avec dépose et repose des éléments sanitaires) était devisée à 650 euros TTC, pris en charge par l’assureur, sera revalorisée à 4200 euros TTC après le passage d’un sapiteur.
L’entreprise de rénovation après sinistre devra absorber le coût de la faute professionnelle. Je valide cette décision. Une entreprise spécialisée ne peut pas se cacher derrière son incompétence en matière de métrage, car c’est la première chose qu’on exige d’elle.
Métrage sur plan et relevé de cotes
Se tromper sur l’échelle d’un plan !
Cela peut paraître ridicule mais cette erreur est courante. Notamment lorsque le métreur travaille sur plans. La confusion des échelles ou une prise de cote trop grossière va inéluctablement générer des erreurs de métrage.
Les plans en pdf, lorsqu’ils sont scannés ou pris via les applications modernes comme le fait l’iPad, déforment les échelles. Il n’est alors d’autre solution que de créer un repère fixe quelconque (un encadrement de porte par exemple) puis de reporter l’échelle grâce à un Kutch.
Avec cette méthode, vous limitez considérablement les risques d’une erreur de métrage. Croyez moi, ça marche.
Erreurs de métrage récurrentes : La liste
- Non prise en compte du colisage.
- Erreur d’appréciation sur le type de matériau.
- Mauvaise appréciation de l’acheminement des matériaux.
- Oubli des classes d’utilisation (UPEC, FEU, etc).
- Oubli de faire signer la fiche de choix.
- Non consultation du PNO.
- Mauvaise prise en compte des épaisseurs (parquet par exemple).
- Harmonisation (dans le cadre de l’après sinistre).
- Confusion sur les textures en peinture (mat, velour, satiné).
- Surfaces mal évaluées et quantités sous estimées.
- Manque de photos lors de la reconnaissance.
- Non prise en compte des règlements locaux (PLU, règlements de copropriété, etc.)
- Etc.
Conclusion
Je reviendrai régulièrement sur cet article en abondant avec des cas réels et concrets au fur et à mesure que ces derniers reviendront à mon esprit. Les cas sont trop nombreux et je vais essayer d’être exhaustif à terme en vous proposant une mise à jour régulière.
Ce que vous devez retenir, c’est qu’un métrage (ou un devis) n’est pas une corvée, ni un exercice en dilettante. Métrer, c’est être un professionnel du métrage et donc, proposer une analyse chiffrée que les donneurs d’ordres, experts, ou simplement vos clients vont examiner. Ne passez pas pour un technicien médiocre, offrez le meilleur de vous même par le biais de vos relevés et vos chiffrages.
Merci pour vos lectures et bon métrage !
Serge USTUN.