Sécurité sur les chantiers : Erreurs à éviter et obligations légales, quelles sont les bonnes pratiques à mettre en place pour vous même et pour vos collaborateurs ? Ce sujet nous touche toutes et tous, en tant que professionnels du bâtiment. Nous devons impérativement observer les règles de sécurité dont certaines sont extrêmement simples à mettre en place.
Les chiffres officiels les plus récents concernant les accidents du travail dans le secteur du BTP en France, selon les données de l’Assurance Maladie et de la plateforme Prévention BTP pour l’année 2023 :
Chiffres clés du BTP en 2023 : Accidents du travail
- 76 758 accidents du travail ont été enregistrés dans le secteur du BTP en 2023, contre 80 241 en 2022, soit une baisse de 4,3 %.
- 149 décès liés à des accidents du travail ont été recensés dans le BTP en 2023, marquant une diminution de 11,3 % par rapport à 2022.
Le secteur du BTP reste l’un des plus sinistrés, avec 56 accidents du travail pour 1 000 salariés, comparé à une moyenne de 34 pour 1 000 dans l’ensemble des secteurs. Source : Ameli.fr
Principaux facteurs de risques dans le BTP
Les principales causes d’accidents dans le secteur du BTP incluent :
- Chutes de hauteur : travaux en toiture, échafaudages non sécurisés. Pour les individus mais également pour le matériel.
- Manutentions manuelles : port de charges lourdes ou inadaptées. Pathologies liées aux mauvais gestes du quotidien ou à des accidents ponctuels.
- Utilisation d’outils électroportatifs : scies, meuleuses, perceuses sans protection adéquate. Le mauvais outillage peut également nuire aux intervenants.
- Absence ou mauvais usage des équipements de protection individuelle (EPI) : casques, harnais, gants, chaussures de sécurité.
Focus sur les artisans du BTP
En 2022, les artisans du BTP ont enregistré près de 79 000 accidents du travail, dont 44 mortels. Cette situation souligne l’importance de la prévention et du respect des normes de sécurité, notamment sur les petits chantiers qui sont souvent moins encadrés. Source : Le Monde.
Malgré une baisse notable des accidents en 2023, le BTP demeure un secteur à haut risque. La vigilance, la formation continue et le respect strict des mesures de sécurité sont essentiels pour protéger les travailleurs et réduire la sinistralité. Cette affirmation vaut également pour les entrepreneurs individuels et artisans qui œuvrent seuls sur leurs chantiers. Source : Ameli.fr
- Le BTP enregistre une baisse des accidents et décès en 2023 (source : Prévention BTP).
- Accidents du travail et maladies professionnelles dans le BTP (source : Ameli.fr).
- Pas de chute pour le nombre d’accidents chez les artisans du BTP (source : Le Monde).
Sécurité sur les chantiers : les erreurs à éviter et les obligations légales
Sur un chantier, la sécurité n’est pas une option : c’est une responsabilité partagée entre tous les acteurs, du maître d’ouvrage à l’artisan. Accidents, retards, sanctions juridiques : les conséquences d’un défaut de sécurité peuvent être lourdes. Voici un point complet sur les erreurs les plus fréquentes à éviter, et les règles à connaître absolument.
Les erreurs de sécurité les plus fréquentes
Cette liste n’est pas exhaustive évidemment, mais il est intéressant de remarquer qu’elle demeure « logique » et que la plupart des points sont simples à corriger. La qualité des équipements (EPI) arrive évidemment en tête, et on songe plus naturellement aux gants et aux chaussures dites de « sécurité. Certes, c’est peu confortable au quotidien mais cela évite de lourdes conséquences en matière de santé.
Négliger les équipements de protection individuelle (EPI)
Gants, casques, chaussures de sécurité, lunettes : ces équipements sont souvent perçus comme contraignants. Pourtant, leur absence est à l’origine de nombreux accidents évitables. Le port des EPI doit être systématique, même sur les petits chantiers. C’est d’autant plus valable pour les entrepreneurs individuels qui bien souvent négligent ce point. Cependant, les accidents de chantiers ne regardent pas le statut du travailleur, salarié ou patron, tout le monde est concerné.
En outre, les petits gestes anodins comme le port des lunettes par exemple, permet de se préserver sur le long terme, car les pathologies peuvent apparaître bien plus tard dans le temps.
Travailler en hauteur sans protection
Chutes de toits, d’échafaudages ou d’escaliers en construction sont parmi les premières causes d’accidents graves. Il est impératif de sécuriser les zones de travail en hauteur (garde-corps, harnais, filets…). Un vieil adage dit même (et c’est vrai, c’est du vécu) qu’il vaut mieux ne rien faire que de réaliser des mauvaises protections. Une simple plaque de plâtre pour fermer une trémie d’escalier, par exemple, est plus dangereuse que de laisser un « trou » béant.
Par conséquent, soit vous disposez de réelles protections solides et ancrées, soit vous marquez visuellement les faiblesses pour justement « alerter » les intervenants dans l’attente d’une mesure plus pérenne.
- Chute des personnes.
- Chute des outils ou des matériaux pouvant générer des accidents graves.
Manquer de coordination entre les corps de métier
Un charpentier qui intervient alors que la maçonnerie n’est pas stabilisée, etc.
Laisser un chantier sans balisage ni signalisation
Les chantiers doivent être clairement identifiés, délimités et inaccessibles au public. En milieu urbain ou en maison habitée, c’est encore plus important. Un chantier dont l’accès est limité sera moins accidentogène qu’un chantier de rénovation en milieu habité. Il faut être extrêmement vigilant sur ces points. Les abords doivent être clos, les ferrailles en attente doivent être couvertes par un chapeau rouge de protection, etc.
Les maladies professionnelles
Dans un autre contexte, on peut clairement considérer que les maladies professionnelles sont directement issues des mauvaises conditions de travail sur les chantiers. Ce ne sont donc pas à proprement parler des « accidents » mais le coût humain est catastrophique. Les gants, les masques notamment, ou les lunettes peuvent éviter des pathologies lourdes sur le long terme. Même si les produits et les matériaux se sont très largement améliorés (peu de poussière, outils performants, etc.), il n’est jamais bon de passer sa journée à respirer de la poussière de béton ou de ciment.
Les obligations légales à respecter en matière de sécurité sur les chantiers
Le Plan de Prévention ou PPSPS (Plan Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé) : Texte officiel sur légifrance. / article R. 238-25-1 ou de l’article R. 238-25-2 du code du travail.
Obligatoire sur les chantiers de grande envergure ou dès lors que plusieurs entreprises interviennent, ce document identifie les risques et les mesures de prévention à adopter. Parfois, le PPSPS est obligatoire non pas en fonction de la taille du chantier mais de sa nature (utilisation d’explosifs par exemple). La loi prévoit 3 catégories de chantiers qui nécessitent la mise en place d’une coordination SPS.
- Catégorie 1 : 10 entreprises en coactivité (ou 5 pour le génie civil) / 80 000 heures de travail / 4M€
- Catégorie 2 : 500 hommes / jour ou / 4 000 heures / 300 000 €
- Catégorie 3 : Chantiers divers / Autres cas n’entrant pas dans les catégories 1 et 2.
- La déclaration préalable de travaux (DP ou permis de construire) : Elle permet également aux autorités de vérifier que la sécurité du chantier est encadrée, notamment en ce qui concerne les accès et le voisinage.
- Le registre journal de chantier : Il sert à noter les incidents, les contrôles, les consignes données. Il est souvent exigé en cas d’accident ou de litige.
- Plan de prévention et correction envisagées.
- Exemple de Plan de Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé : Merci au site Iris.st.org.
Et pour les particuliers en auto-rénovation ou en autoconstruction ?
Beaucoup pensent que les règles ne s’appliquent pas quand on travaille chez soi. C’est faux. Si vous faites appel à des amis, à des bénévoles ou même à un tâcheron en freelance, vous pouvez être tenu responsable en cas d’accident.
Quelques conseils :
- Assurez-vous que votre assurance habitation couvre les travaux et notamment les éventuels incidents ou accidents.
- Déclarez vos travaux si la surface ou la nature le nécessite.
- Équipez le chantier d’EPI, d’un extincteur, et sécurisez les accès.
- N’oubliez pas la trousse de premiers secours à portée de main.
Les cas seront plus nombreux, mécaniquement, avec la montée en puissance des « grosses » rénovations et des autoconstructions souvent réalisées avec peu d’équipements et peu de formation. S’il est légitime d’exiger des mesures pour les professionnels du bâtiment, il est également légitime d’être strict avec les particuliers.
Le cas particulier de l’après sinistre
En matière de sécurité des collaborateurs et de protection sur les chantiers, paradoxalement, l’après sinistre demeure un très mauvais élève. C’est plus particulièrement le cas lors des mesures d’urgences et de la phase décontamination.
Sur ce point, les entreprises spécialisées en après sinistre sont littéralement « à côté de la plaque ». C’est assez étonnant compte tenu du contexte, où ce sont justement ces entreprises qui devraient être les mieux préparées. Bref, il n’en est rien et je vous le rappelle, le magazine Monbatiment.fr effectue actuellement un travail de préconisation sur ce sujet à destination des donneurs d’ordres.
Mauvaises solutions en mesures d’urgences, manque total de formation des salariés et interventions sur des chantiers fortement dégradés, ces entreprises devraient dès aujourd’hui former leurs cadres afin de limiter les risques qu’elles font courir à leurs collaborateurs.
Les formations de sécurité sur les chantiers
Il existe évidemment des formations spécialisées pour la gestion de la sécurité sur les chantiers. Des grands noms du BTP dispensent ce type de formations et je ne citerais ici que l’APAVE mais sachez que ce ne sont pas les seuls. Il est plutôt judicieux de trouver du temps de formation pour vous même ou vos collaborateurs pour assister à ces formations. Encore une fois, au delà du risque humain terrible qu’implique un accident, il peut également être extrêmement couteux pour votre entreprise.
Ce n’est donc pas un luxe !
Consulter la page formation de France APAVE sur la sécurité des chantiers.
Conclusion : la sécurité, un investissement rentable
Un chantier bien sécurisé est plus efficace, moins coûteux en imprévus, et plus rassurant pour tous. Que vous soyez professionnel ou particulier, prenez le temps de planifier la sécurité dès le début : c’est un gage de réussite. Ensuite, les équipements personnels de protection (EPI) ne doivent pas non plus être négligés. Ce sont vos premiers remparts contre les blessures du quotidien, chocs, brûlures, et coupures. Ne lésinez pas sur les moyens, protéger vos collaborateurs et vous même, c’est protéger votre entreprise toute entière.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.