Le bouton poussoir est un appareillage omniprésent ou presque, dans toute installation électrique. Ce dernier ressemble comme deux gouttes d’eau à son cousin l’interrupteur (simple allumage), mais son rôle et son comportement sont tout à fait distincts, notamment en domotique.
Que vous soyez métreur, chargé d’affaire, ou simplement autoconstructeur, il est indispensable que nous fassions le point sur les différences entre un bouton poussoir et tous les autres types d’interrupteurs, va-et-vient, et autres appareillages.
En bref et pour faire simple
Quand vous disposez d’un point lumineux (plafonnier ou autre) qui nécessite d’être commandé par deux ou plus de deux points de commandes, le bouton poussoir vient remplacer le traditionnel interrupteur. Ce dernier a pour particularité de toujours revenir dans sa position initiale, même après avoir été actionné.
Un interrupteur, quant à lui, gardera sa position (haute ou basse) une fois actionné. Il s’agira d’un simple allumage ou d’un va-et-vient.
Si vous devez actionner un point lumineux à partir de plus de 2 points de commandes, vous serez donc (très souvent) amenés à installer un bouton poussoir, qui se couple avec un télérupteur. Rare exception, mais nous le développerons dans un article dédié, il sera possible de relier 3 commandes via un permutateur. Dans cet article, nous resterons sur le poussoir car il est simple à poser, il n’est pas limité, et il rend de bons et loyaux services !
Le bouton poussoir : Fonctionnement, usages et rôle en domotique
En électricité il existe de nombreux dispositifs de commutation, mais peu sont aussi simples et polyvalents que le bouton poussoir. De la sonnette (carillon) au contrôle de systèmes domotiques sophistiqués, ce composant assure une fonction de commande temporaire indispensable.
Souvent amalgamé avec l’interrupteur classique, le bouton poussoir repose sur un principe de fonctionnement fondamentalement différent, ouvrant la voie à des schémas de câblage plus complexes et plus fonctionnels, comme l’association avec un télérupteur ou l’intégration dans des réseaux intelligents tels que KNX.
L’interrupteur simple allumage et le va-et-vient
Je place volontairement les deux commandes dans une même catégorie car à vrai dire, les industriels ne proposent aujourd’hui presque que des va-et-vient. Ces derniers font office de simple allumage au besoin, ou de va-et-vient si nécessaire avec un seul et même appareillage.
Pour faire simple :
- Vous entrez dans une chambre qui dispose d’une lumière en plafonnier : c’est un Interrupteur simple allumage.
- Si la même chambre dispose d’un autre interrupteur près du lit : C’est un va-et-vient.
Dans ces deux cas de figure, on utilise généralement un appareillage de type va-et-vient qui sera valable dans les deux situations.
Mais imaginons maintenant que vous soyez dans le cadre d’une cage d’escalier, avec plusieurs commandes au RDC, et une commande à l’étage, pour le même point lumineux : C’est ici qu’intervient le bouton poussoir.
Différence fondamentale avec un interrupteur classique
Pour faire simple : Au delà de deux commandes pour un même point lumineux (plafonnier par exemple), il est d’usage d’opter pour un poussoir.
La distinction entre un bouton poussoir (ou simplement « poussoir ») et un interrupteur classique (simple allumage ou va-et-vient) réside dans le maintien du contact.
| Caractéristique | Bouton poussoir | Interrupteur classique |
|---|---|---|
| Action | Momentanée (fugitive) | Maintenue (stable) |
| Retour | Retourne automatiquement à sa position de repos (par un ressort) dès que l’utilisateur relâche la pression. | Reste dans la dernière position activée (ouvert ou fermé) jusqu’à une nouvelle action manuelle. |
| États Stables | Un seul état stable (par défaut, circuit ouvert ou « Normalement Ouvert » – NO). | Deux états stables (Ouvert ou Fermé). |
| Fonction Primaire | Envoyer une impulsion (un signal bref) pour commander un récepteur distant. | Ouvrir ou fermer directement un circuit (contrôle direct). |
| Usages Typiques | Sonnette, commande de télérupteur/minuterie, domotique. | Allumage/extinction direct d’un point lumineux, contrôle d’appareils. |
En résumé :
L’interrupteur gère l’état du circuit directement et en permanence alors que le bouton poussoir se contente d’envoyer un signal temporaire à un autre appareil (comme un télérupteur ou un module domotique) qui se chargera, lui, de maintenir l’état souhaité (allumé ou éteint).
Dans ce cas, le signal est directement transmis au tableau.
Fonctionnement du bouton poussoir
Le bouton poussoir est un dispositif électromécanique simple mais efficace. Un ressort permet au bouton de revenir à sa place après qu’il soit actionné.
Mécanisme du bouton poussoir
Lorsqu’un utilisateur appuie sur le bouton, une force mécanique surmonte la tension d’un ressort de rappel. Cette action provoque le mouvement d’un contact mobile qui vient toucher un contact fixe, fermant momentanément le circuit électrique. Dès que la pression se relâche, le ressort ramène le contact mobile à sa position initiale, rouvrant le circuit. Le courant ne circule donc que pendant la durée de l’appui.
On le reconnaît facilement à son bruit caractéristique : « Clic clic ».
Types de contacts
Le fonctionnement se détermine par l’état du contact au repos :
- Normalement Ouvert (NO) ou Faisceau (Contact à fermeture) : C’est le type le plus courant. Au repos, le circuit est ouvert. L’appui le ferme. Il s’utilise pour « allumer » ou « activer » quelque chose.
- Normalement Fermé (NF) ou Rupture (Contact à ouverture) : Au repos, le circuit est fermé. L’appui l’ouvre. Il s’utilise souvent pour les fonctions d’arrêt d’urgence ou pour « désactiver » quelque chose.
- Inverseur (NO/NF) : Possède à la fois un contact NO et un contact NF, permettant de basculer l’alimentation entre deux circuits lors de l’appui.
Le bouton poussoir est l’émetteur d’une impulsion électrique. Cette impulsion est la clé de son utilisation dans des systèmes plus sophistiqués que le simple contrôle direct.
Critères de sélection d’un bouton poussoir
Le choix d’un bouton poussoir dépend de l’application spécifique et de l’environnement d’installation.
1. Type de Contact
- NO : Pour la grande majorité des applications de commande (lumière, sonnette, démarrage).
- NF : Principalement pour les arrêts d’urgence ou les fonctions de sécurité.
2. Caractéristiques Électriques
- Tension et intensité nominales : Le poussoir doit s’adapter au courant et à la tension du circuit qu’il contrôle (typiquement 230V en résidentiel). Lorsqu’il commande un télérupteur ou un module KNX, il ne manipule souvent qu’un faible courant de commande, ce qui est moins contraignant.
- Résistance de contact : Critère important pour la fiabilité à long terme et la qualité du signal.
3. Fonctionnalités Additionnelles
- Poussoir Lumineux : Intègre un voyant (LED ou néon) qui peut servir de témoin d’état (allumé quand la lumière commandée est allumée) ou de voyant de localisation (allumé en permanence pour le repérer dans le noir). Le câblage diffère selon l’usage.
- Simple ou double : Un seul ou deux boutons sur la même façade, permettant de commander deux circuits distincts depuis le même emplacement.
- Type de montage : Encastré (le plus courant, pour les appareillages muraux) ou en saillie (pour les installations apparentes ou industrielles).
4. Environnement et Esthétique
- Indice de protection (IP) : Détermine la résistance à l’eau et aux poussières (ex: IP44 pour l’extérieur ou les pièces humides).
- Matériaux et design : Choix des finitions (plastique, métal, verre) pour s’intégrer à l’esthétique du bâtiment.
Association bouton poussoir / télérupteur
L’association d’un bouton poussoir avec un télérupteur est l’application la plus courante et la plus classique dans une installation électrique résidentielle ou tertiaire. Elle permet de contrôler un ou plusieurs points lumineux depuis plus de deux points de commande, ce qui n’est pas possible avec un simple va-et-vient au-delà de deux interrupteurs (hors cas singulier du permutateur).
Rôle du télérupteur
Le télérupteur est un module électromécanique ou électronique monté au tableau électrique. Il agit comme une mémoire d’état. Il prend la même place qu’un module de type mini disjoncteur.
- Réception de l’Impulsion : Le bouton-poussoir envoie une brève impulsion de courant (souvent la phase) à la bobine de commande du télérupteur (borne A1).
- Changement d’état : À chaque impulsion reçue, le télérupteur inverse l’état de son contact principal :
- Si la lumière est éteinte, le contact se ferme, et la lumière s’allume.
- Si la lumière est allumée, le contact s’ouvre, et la lumière s’éteint.
Avantages de l’association poussoir / télérupteur
- Multi commande simplifiée : Un nombre illimité de boutons poussoirs peut se câbler en parallèle pour commander le même télérupteur, ce qui est idéal pour les longs couloirs, les cages d’escalier ou les grandes pièces à entrées multiples.
- Simplicité de câblage des poussoirs : Tous les poussoirs se câblent de manière identique et sont raccordés au même fil de commande, simplifiant l’installation et la maintenance, comparé à un circuit permutateur complexe.
- Centralisation de la puissance : Le courant de puissance (pour l’éclairage) est commuté au tableau électrique par le télérupteur, tandis que les boutons poussoirs n’acheminent que le courant d’impulsion, ce qui est plus sûr et plus discret dans les murs.
Rôle du bouton poussoir dans un système KNX
L’intégration d’un bouton poussoir dans un système de domotique et d’immotique KNX (le standard mondial pour le contrôle de bâtiments) augmente sensiblement sa fonction électromécanique. Dans un système KNX, le poussoir devient l’interface homme-machine (IHM) primaire.
Pour mieux comprendre les avantages des boutons poussoirs, je vous invite à vous référer à la page du fabricant Theben. Les modèles fabriqués par l’industriel poussent les capacité du poussoir à de nombreuses utilisations :
- Communication et mise en service.
- Régulation de température.
- Commande de store, variateur, etc.
- Réglage de luminosité.
- Et bien d’autres usages encore !
Du poussoir au capteur
Le bouton poussoir physique n’est plus directement connecté à la lampe ou au télérupteur. Il se raccorde à une interface de bus KNX (un « coupleur de bus » ou « capteur poussoir KNX »).
- Envoi de télégramme : Lorsque l’utilisateur appuie sur le bouton, l’interface KNX associée détecte l’événement (pression courte, longue, double-clic, etc.) et envoie un télégramme (un message numérique) sur le bus KNX (le câble de communication).
- Intelligence déportée : Ce télégramme contient l’adresse du groupe et la valeur de la commande (ex: « Groupe Lumière Salon : ON »).
- Exécution par l’actionneur : Un actionneur KNX (un module au tableau électrique connecté au bus) reçoit ce télégramme, le décode, et exécute l’action physique correspondante (ex: fermer le contact de puissance pour allumer le luminaire).
Les avantages KNX
- Multifonctionnalité : Un seul bouton-poussoir peut se programmer pour exécuter des fonctions différentes selon le type de pression :
- Pression courte : Allumer/Éteindre.
- Pression longue : Variation de l’intensité lumineuse (dimming) ou gestion des stores/volets roulants.
- Double-clic : Lancer un scénario (« Mode Soirée » qui baisse les lumières et ferme les volets).
- Flexibilité totale : La fonction d’un bouton n’est plus fixée par le câblage physique, mais par la programmation (via le logiciel ETS). On peut changer la fonction (ex: le poussoir du salon contrôle maintenant la lumière du jardin) sans modifier un seul fil de puissance, seulement la configuration logicielle.
- Dématérialisation : Le bouton-poussoir devient un capteur d’entrée, envoyant des données à un système de gestion centralisé. Cela permet de centraliser les commandes sur des panneaux de contrôle sophistiqués tout en conservant l’ergonomie des boutons physiques.
Le bouton poussoir, grâce à sa simplicité d’usage, reste l’élément de commande le plus intuitif et le plus fiable pour interagir avec des systèmes complexes comme KNX, assurant ainsi une transition naturelle entre l’installation électrique traditionnelle et la maison intelligente.
Conclusion
En conclusion, le poussoir, loin d’être un simple interrupteur déguisé, est un composant essentiel qui permet le contrôle par impulsion. Qu’il s’utilise avec un télérupteur pour un câblage traditionnel multi-points ou comme capteur dans un réseau KNX, sa capacité à envoyer un signal temporaire le rend indispensable pour toute installation électrique moderne visant la flexibilité et la centralisation des commandes.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.



