Les couleurs sur lasures bois ne doivent pas être confondues avec les teintes sur de la peinture bois. Nous en parlons régulièrement, et j’ai déjà longuement écrit sur le sujet. La lasure n’est pas de la peinture, et c’est justement sa principale caractéristique. Certains préfèrent préserver l’aspect du bois, voir sa veine, garder les nœuds apparents, visualiser du premier coup d’œil son essence (pour les plus boiseux d’entre nous), d’autres préfèrent un « aplat ». Dans le premier cas, nous nous tournerons vers la lasure, noble, qui préserve la nature du matériau, dans le second cas nous nous tournerons vers la peinture bois.
Il n’est pas ici question de jugement de valeur, mais de choix de produits en fonction de son projet. Or, la question des couleurs est justement de mise. On aborde pas la lasure d’une maison bois ou d’un chalet, comme on aborde la peinture de ses volets bois ou de ses clôtures. C’est un vrai sujet, et ça tombe bien, le bois : On connait !
Nous répondrons également à une problématique bien connue : Pourquoi votre lasure bois ne tient pas ? Et nous y apporterons les réponses.
Avant propos : Peinture ou lasure ?
Au risque de vous décevoir, sauf pour celles et ceux qui lisent régulièrement mes articles, j’ai un « petit » faible pour les lasures. Elles préservent la « nature » du bois. On y voit son essence, sa tresse, ses nœuds, bref : Sa vie.
La lasure est un produit de protection et de finition pour le bois, à mi-chemin entre la peinture et le vernis. Elle protège contre les UV, l’humidité, les champignons, tout en laissant apparaître le veinage du bois. Ce n’est pas un traitement de classe au sens ou nous l’entendons lorsque nous abordons les sujets d’ossatures bois ou de charpente, mais plutôt un traitement de « soin » aux agressions et dans notre cas : Esthétique. Même si de facto, la lasure protège évidement des attaques fongiques.
Ci-dessus : Notez que le bois n’est absolument pas dénaturé, que la veine est parfaitement visible et que le matériau préserve son essence. Pourtant, nous sommes sur un bois de sapin blanc, de pays, que j’ai simplement lasuré avec une lasure de teinte « chêne foncé ». Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
J’ai déjà longuement traité le sujet aussi je vous invite à me relire par le biais de mes articles précédents.
Les lasures peuvent être « légères », préservant la veine mais également la structure du bois au touché, ou plus épaisses, plus opaques (masquant le veinage et le relief). Soit, il y a clairement un parti pris pour les lasures, mais qu’en est-il des teintes, des couleurs ? Car il s’agit non pas d’un rendu uniquement esthétique, mais bel et bien d’un « pouvoir » de protection. Et dans ce domaine, la peinture (autrement dit le revêtement opaque fermé) fait office d’indétrônable produit de finition.
Je ne dénigre absolument pas la peinture sur bois. Placez vous un instant dans la peau d’un heureux propriétaire dont le PLU ordonne des aplats de couleurs ou de teintes prononcées pour ses sous passes de toit, ses bandeaux de rives, ses volets, et bref : Tout ce qui est en bois !
Si le PLU vous demande du vert olive (c’est du vécu), nous n’aurez d’autre choix que de vous tourner vers la peinture pour les boiseries extérieures. Dans tous les autres cas, et plus particulièrement pour les maisons en ossature bois dont on ne compte plus les articles sur le magazine, la lasure demeure le produit « phare » qui plait par sa simplicité et son naturel.
Alors qu’en est-il des couleurs de lasures sur bois et pourquoi votre lasure ne tient pas ?
La tenue dans le temps : Ma peinture desquame, ma lasure perle !
Beaucoup de sites et d’industriels ventent les mérites de leurs lasures bois, peu vous donnent les clés d’une bonne tenue dans le temps. Or c’est justement ce point qui nous intéresse, personne n’aime devoir reprendre ses façades et bardages chaque année. Une bonne lasure doit protéger vos supports pendant de longues saisons car c’est tout bonnement son rôle.
Avant tout, sachez que tout revêtement, même pelliculaire, finit par s’affaiblir. Nous parlerons plutôt de « desquamations » pour les peintures, et de perlage pour les lasures (ou pelage).
Sous couvert, une bonne lasure ne dénature pas.
Ci-dessus : Exemple d’un bois debout que j’ai lasuré en chêne foncé (12 ans). La partie soumise aux rebonds et au ruissellements est clairement grisée mais la partie protégée a gardé sa tenue. J’ai volontairement pris un exemple extrême car je n’ai pas réalisé de repasse de lasure sur ce pilier. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Les attaques, intempéries, agressions naturelles sont les rides du bois. C’est ainsi, et c’est on ne peut plus naturel. Lorsqu’une lasure ne tient pas dans le temps, il y a nécessairement une cause. Evidemment, le plus souvent c’est la qualité même du produit ou de la lasure qui est incriminée. Certaines lasures sont peu respirantes, elles « enclavent » l’humidité, au point de faire perler le pelliculage.
Pour aller plus loin avec un article complet et intéressant :
J’ai apprécié l’article du Terrier Blanc qui évoque la problématique de la tenue des revêtements et qui nous explique très clairement pourquoi une lasure ne tient pas. Je vous mettrai le lien ci-dessous (ou ci-avant) car l’article mérite l’intérêt mais également les produits et lasures biosourcées qui sont proposées (Cocorico !). Et oui, ce sont des lasures made in France et biosourcées, alors ça mérite un petit clin d’œil bienveillant.
Pelage de la lasure : Les cas possibles
Contrairement à une peinture, une lasure pénètre le bois plutôt que de former un film épais en surface. Elle ne devrait donc pas peler, a posteriori, sauf si :
Le support est mal préparé :
- Bois sale, gras, non poncé, ou avec des restes d’ancienne finition non compatible.
- Bois trop lisse (ex. bois neuf raboté sans ponçage) : la lasure n’adhère pas bien (attention aux bois sortis d’usine, ils sont souvent pelliculés).
- Roulage mal effectué (pas assez de produit, rouleau sec, manque d’application).
Lasure trop épaisse :
Trop de couches, ou application trop généreuse : elle forme un film de surface, qui finit par craqueler et peler comme une peinture.
Lasure inadaptée au bois ou à l’usage :
- Utilisation d’une lasure intérieure en extérieur
- Bois très exposé sans protection suffisante (UV, pluie battante)
Ternissement ou décoloration (redite de nos précédents articles) :
- Exposition prolongée au soleil : les UV dégradent la teinte, surtout sur les lasures claires ou incolores
- La surface devient grisâtre (phénomène naturel du bois exposé)
Craquelage ou cloquage :
- Si le bois travaille beaucoup (humidité, gel/dégel), ou s’il y a un film trop rigide
- Lasures trop filmogènes sur bois très exposés : mauvaise idée, le risque de pelage est fort.
Erosion naturelle :
Ce qui est normal / Une bonne lasure s’use doucement sans peler, ce qui permet de la réappliquer sans ponçage lourd. D’ailleurs parfois il même recommandé de ne pas poncer du tout.
Comment éviter le pelage d’une lasure et qu’elle tienne dans le temps ?
Les bonnes lasures doivent être respirantes pour être pérennes et éviter l’effet de pelage. Elles doivent permettre au bois de se réguler naturellement et laisser ce « travail » de transfert d’humidité qu’il effectue en permanence. Pour rappel, le bois est un matériau qui « vit » et qui ne doit pas être « fermé » comme d’autres supports de finitions (le placo par exemple). On parlera alors de bloquer le fond.
Il résulte deux fondamentaux : Le pelliculage doit être fin, et perspirant (tout en assurant son rôle protecteur).
Pour éviter la dégradation prématurée :
- Choisir une lasure adaptée (climat, exposition, type de bois) et ne pas lésiner sur la qualité du produit !
- Bien préparer le bois.
- Respecter les temps de séchage et les quantités indiquées.
- Entretenir tous les 3 à 5 ans (ponçage léger, nouvelle couche) selon l’exposition.
NOTA : J’aime à parler « d’égrenage » plutôt que de ponçage dans le cadre d’une remise en lasure. Il s’agit de passer un papier de faible grain sans appuyer plus que nécessaire. Nous ne sommes pas sur de la peinture opaque qui elle, nécessite réellement un ponçage.
Couleurs & lasures bois : Un choix de moins en moins limité !
Plus une lasure est foncée, plus elle protège (du moins des UV). Au grand dam des amoureux du sapin clair.
Et oui, c’est un fait, et rien ne nous fera penser l’inverse. Les teintes sont donc un élément esthétique, en ce qui concerne la lasure, mais surtout une question de protection et plus particulièrement face aux UV. Les couleurs d’une lasure bois sont donc déterminantes pour assurer sa longévité. Mais c’est là que le bât blesse, car en matière de teinte, la lasure n’offre pas le même nuancier que la peinture. Les choix de teintes sont minimalistes, translucides, et nous pouvons sérieusement évoquer le terme de « nuance » plutôt que de coloris. Or, même si les rayons du soleil sont une réelle agression pour le bois, ils ne sont pas les seuls.
Les ennemis du bois, nous les connaissons parfaitement :
- Les UV (les rayons du soleil).
- La moisissure (plusieurs causes possibles).
- Les projections d’eau (lié au précédent critère) notamment sur les parties basses des ouvrages.
- Les insectes.
Ci-dessus : Nuancier type que vous pourrez retrouver chez Le Terrier Blanc (oui, oui, c’est Français !) dans la gamme premium. Il existe également un nuancier plus standard.
Les lasures sont généralement translucides, elles teintent sans masquer. On peut les regrouper en 3 grandes catégories :
Tons bois naturels (ou teintes)
Inspirés des essences classiques :
- Chêne clair, chêne doré (voir mes exemples en photo ci-après).
- Pin, pin sylvestre, pin d’Oregon (ce que vous retrouvez dans tous les magasins de bricolage).
- Noyer clair ou foncé (plus rare, rendu formidable).
- Merisier (plus rare, rendu formidable, à privilégier pour les menuiseries extérieures).
- Teck, acajou, ébène (oui, oui, ça existe !).
- Cèdre rouge : Le fameux « Red Cedar » dont la robe est inégalable.
Ces différentes couleurs (ou teintes) rehaussent l’apparence naturelle du bois et peuvent même parfois induire en erreur les plus aguerris d’entre nous. Une belle lasure bien appliquée peut nous faire prendre du sapin pour du chêne, n’y voyez là aucune malice, c’est que le travail est bien fait ! En revanche, il est parfois nécessaire de bien lire entre les lignes et de vérifier si la lasure est de teinte « X » ou si elle convient plus particulièrement pour une essence de bois « X ». L’amalgame est rapidement emprunté.
Lasures teintées (ou décoratives) courantes ou « tendance »
Plus récentes, souvent utilisées pour moderniser ou donner une lecture architecturale singulière :
- Gris anthracite, gris perle : tendance contemporaine (on parlera de saturation, je vous renvoie à mon article sur le sujet).
- Blanc vieilli, bleu ardoise (paradoxale, du plus bel effet notamment pour le cérusé, en intérieur particulièrement).
- Vert sapin, bleu nordique (oui, no comment).
- Noir mat : aspect design mais garde la texture du bois (idéal en cas d’intégration d’une véranda ou d’un patio bois).
Lasures teintées (ou décoratives) dites « prémium »
- Gris sable.
- Chêne fumé.
- Murier (Wow) !
- Acajou.
- Turquoise !
- Châtaigner.
- Wengé.
- Teck.
- Ipé.
- Bois flotté !
Bref, vous l’aurez compris, les teintes et couleurs de lasures bois sont nombreuses, et s’adapteront à tout type de projet architectural. Nous reviendrons dessus lors de l’élaboration de nos projets « écoles ». En revanche, les cas d’usages sont nombreux et plus encore aujourd’hui avec la montée en charge constante des bardages bois (y compris sur les édifices publiques).
Lasures incolores
Ne modifient pas la couleur du bois mais ne protègent qu’à minima.
À éviter en plein soleil, car elles protègent peu des UV (le bois grise vite). Il était important d’en rédiger un mot car ces lasures incolores existent bel et bien, même si leur raison d’être semble très critiquable. On privilégiera dès lors les bois parfaitement protégés tels que les sous passes de toit en lambris par exemple. Pour le reste, attention ça grise !
Finition et opacité
Les lasures existent avec différents niveaux d’opacité :
- Transparente : très légère coloration
- Semi-transparente : couleur plus marquée
- Opacifiante : presque comme une peinture, mais le veinage reste visible
Nous parlons de teinte ou de « couleur » de lasures bois, et ces dernières sont donc proposées sous de multiples nuanciers que vous trouverez chez vos négoces. Attention, lorsqu’il s’agit du bois, veillez à allier vos choix avec le respect de l’environnement et mon conseil est (évidemment) télescopé : Optez pour des produits biosourcés et naturels.
Pourquoi privilégier la lasure dans certains cas, et la peinture dans d’autres ?
Nous reviendrons sur ce sujet dans un article dédié, bien que nous l’ayons déjà très abordé mais effectivement, il peut être question de choix de revêtement lorsqu’il est question de teinte. On met donc de côté l’aspect protection, pour se figer sur la couleur en somme. En l’occurrence, les couleurs sont parfois imposées par le PLU comme je l’évoquais précédemment, mais également, et nous l’oublions souvent, par la localisation des boiseries.
Ci-dessus : Exemple de desquamations sur une peinture bois opaque. Le « craquellement » est significatif. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
- Passes de toits très hautes, non accessibles.
- Choix architectural.
- Choix personnel (couleur, veine, aspect du bois).
- Obligation du PLU (Plan Local d’Urbanisme). Exemple ci-dessus où le PLU impose une teinte très vive sur les boiseries.
Au risque d’être répétitif, et même si c’est une redite :
- Toujours tester la lasure sur une petite zone : la couleur dépend beaucoup du bois d’origine !
- Bien préparer le support : ponçage, nettoyage, bois sec.
- Appliquer dans le sens du fil ou de la tresse du bois.
- « Gorger » au maximum les coupes d’extrémités après débit (sciage).
Les produits (lasures) sont-ils adaptés ?
Pour définir la qualité d’une lasure il s’agit d’en connaitre ses composants. Or, et nous l’avons vu, la couleur d’une lasure bois est un vrai critère, au même titre que sa composition. Il s’agit donc de « sacrifier » au pérenne ce qu’on souhaiterait obtenir en esthétique. Et là, sachez que la teinte naturelle d’un sapin sorti de scierie est sans aucun doute ma couleur préférée. Mais voilà, nous savons que ce n’est pas possible, du moins à court et long terme.
Les couleurs de lasures bois sont donc le critère numéro 1, et nous l’avons vu.
Pour ce qui est de la composition d’une lasure, je vous aiguillerai évidemment vers les produits les plus naturels possibles. Lasures en phase aqueuse et biosourcées par exemple. Sachez qu’il existe également des lasures à forte opacité comme nous l’avons vu plus haut or ces dernières sont généralement en phase solvant. Le résultat peut être très proche d’une peinture bois alors pourquoi pas !
Orientez vous vers des produits locaux, privilégiez les solutions « made in France » car la lasure est un domaine que nous maîtrisons particulièrement bien sur le territoire. Inutile d’aller cherche ailleurs d’autant que comme pour le bois, il s’agit d’adapter les lasures aux conditions climatiques locales, et aux essences natives.
Lien divers et utiles
- Explications et définition de la lasure sur Wikipédia, que j’ai trouvé plutôt très bien résumé.
- Rapport de l’Agence Qualité Construction sur les dégradations de lasures sur bois. (Menuiseries extérieures).
Mon avis personnel
Et bien mon avis vous le connaissez déjà. C’est un grand OUI pour les lasures et les « couleurs » ou teintes de ces dernières sont certes peu nombreuses, mais le plus souvent suffisantes pour nos bardages, passes de toits, et volets. Alors certes, pour des raisons purement nomenclaturales cet article est classé dans la catégorie « peinture », mais il n’en est rien. Munissez vous d’un nuancier auprès de votre négoce pour connaître les différentes couleurs de lasures bois, et lancez vous. La nature vous remerciera ! Et n’oubliez pas de privilégier les lasures biosourcées.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.