La crise de la construction est effective. Cette baisse d’activité constante et progressive depuis 2020 ne fait que se confirmer et 2023 marque un tournant.
Pénurie de terrains, baisse des revenus, difficultés d’accès aux crédits emprunteurs. La sanction ne se fera pas attendre. C’est acté, c’est avéré :
La construction neuve est en crise.
En première ligne, bien que peu mis en avant, sont touchés les CCMIstes: Comprenez « Constructeurs de Maisons Individuelles« . Ces derniers viennent de traverser deux années laborieuses et cette année 2023 marque la fin d’une croissance fragile du secteur. Les entreprises ferment, les salariés vont ailleurs, les sous-traitants se tournent vers la rénovation. L’année 2024 n’annonce aucune amélioration.
Les entreprises du BTP plus lourdes quant à elles ne sont pas épargnées. Et la douloureuse est d’autant plus importante que l’entreprise est grande. Les chantiers prévus ne démarrent pas, les devis ne sont pas signés, et les projets sont au point mort.
Pire encore, certains chantiers débutés sont à l’arrêt.
« Le secteur du bâtiment, très touché par la crise de la construction neuve, anticipe la suppression de 150.000 emplois d’ici à 2025 (…) due essentiellement à la crise de la construction de logements neufs (…) » selon l’AFP.
2020 – 2023, un parcours du combattant pour les entreprises du BTP:
Souvenez vous. Le COVID est venu planter un premier coup de couteau dans les affaires. Avec des approvisionnements rendus difficiles, des matériaux dont le coût a fait des sauts vertigineux, et des chantiers arrêtés pour cause de confinement. De quoi voir venir une véritable crise de la construction. Certains spécialistes ne s’étaient pas trompés.
A peine la crise du COVID passée, ce fut au tour des conflits en Ukraine de découper encore un peu plus le secteur. Avec des impacts sur l’énergie, les carburants, les consommables et la crainte des financiers.
Aujourd’hui ce sont deux menaces supplémentaires qui pèsent sur le secteur déjà lourdement affaibli.
- Les permis de construire
- l’obtention des prêts
Mais la récession était déjà bien engagée avant tout cela. Un cumul de manque de dynamisme en défaveur des métiers du bâtiment.
L’obtention des permis de construire devient de plus en plus difficile, la réglementation devient plus rigoureuse. A cela viennent s’ajouter les mesures pour la préservation des engagements climatiques rendant les cahiers des charges encore plus contraignants (ce qui au demeurant est une bonne chose).
Les terrains, véritable matière première sans laquelle aucune construction n’est possible, sont arrivés à épuisement. Annonçant une crise dans le logement neuf pour les particuliers: CCMI en ligne de mire.
Cette fin d’année 2023 et son tournant vers 2024 annonce t’elle la léthargie du secteur ? Assurément.
Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), annonce une récession historique, inédite depuis les 17 dernières années.
Force est de constater que l’année 2024 et l’année 2025 seront plus déplorables encore.
Les ZAN (zéro artificialisation nette) ne vont évidemment pas arranger les choses. Ces zones concernent non seulement les voieries mais également les logements à construire.
Dans ces conditions il devient très difficile pour les entreprises du BTP de se projeter et donc d’investir. Ce qui ne manquera pas d’aggraver encore un peu plus la situation économique globale et celle des salariés du secteur.
La crise de la construction amène donc à se remettre en question:
Certes c’est plus facile à écrire qu’à faire mais il est temps pour les entreprises du BTP de se diversifier. La rénovation va rapidement devenir le terrain de jeu des entreprises du bâtiment qui ont longtemps boudé le segment. Et dans ce secteur, il conviendra de rapidement se former aux nouveaux produits et nouvelles techniques. En question, les énergies renouvelables (voir l’essor du photovoltaïque), matériaux biosourcés, l’isolation et l’autonomie énergétique des logements.
Il y a là tout un pan du secteur du bâtiment qui depuis des années n’a pas été exploité convenablement. Erreur de stratégie pour les entrepreneurs qui aujourd’hui peinent à trouver de nouveaux chantiers.
Si nous sommes un tant soit peu lucides il paraît évident que rien ne va s’arranger. La crise de la construction dissimule des problèmes plus important qui vont impacter de plein fouet le bâtiment:
- Augmentation du coût des énergies fossiles (carburant, cuisson des matériaux, béton etc.)
- La pénurie annoncé de sable à maçonner nécessaire à toute construction
- La trop grande fluctuation des prix des matériaux soumis aux conjonctures géopolitiques.
Les entreprises du bâtiment doivent se réorienter des aujourd’hui.
Des niches pour parer à une nouvelle crise de construction à venir:
Nous l’avons vu, pour se réinventer, les entreprises du bâtiment ne peuvent que s’adapter. Les niches sont nombreuses et la demande est croissante. Ecoconstruction, renouvelable, amélioration des performances énergétiques des logements. La demande sera très rapidement bien supérieur à l’offre.
Il est donc temps de se former sur ces nouveaux réflexes constructifs et élargir ses domaines de compétences. Une entreprise qui propose dans ses service une gestion globale et qualitative en matière de rénovation énergétique aura de belles années devant elle. L’exemple aujourd’hui le plus frappant étant le Groupe Verlaine dont l’essor est sans aucune commune mesure avec les autres acteurs du segment.
- L’isolation thermique extérieure
- La rénovation énergétique globale des logements
- La construction HORS SOL (modules, Tiny house, Habitations légères)
- L’innovation et la recherche, produits biosourcés
- Le photovoltaïque
- La construction bois
Les entreprises qui aujourd’hui se spécialisent dans ces secteurs ne seront pas pleinement touchées par la crise de la construction. Il est tant d’y songer.
En résumé:
La crise de la construction et du bâtiment est réelle, factuelle et va s’installer dans la durée. L’année 2024 ne sera pas épargnée. Seule solution pour remplir son carnet de commande: Diversifier son activité et se tourner vers le développement durable. Explorer de nouveaux systèmes constructifs. Internaliser les ressources.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN