Nous avons tous connu les fameuses plaques de fibrociment, et plus particulièrement les PST (Plaques de Support de Tuiles) qui aujourd’hui encore sont très présentes sur les toitures. Cependant l’évolution du procédé permet d’aller plus loin, en terme de parement, et offre maintenant une multitude de nouvelles applications toutes très intéressantes :
- Le fibro-ciment pour le parement de façades.
- Les plaques de revêtement de sol.
- Les voiles de contreventement.
Avec la montée en puissance des architectures modernes, minimalistes, et épurées : La solution offre de belle perspectives ! Autrement dit, les panneaux de fibres-ciment se font une nouvelle peau, et soyons honnêtes, c’est très prometteur. Je pense évidemment au bardage !
Revenons donc sur le procédé, la technique du fibrociment, et ses nombreux avantages et fonctionnalités.
Qu’est-ce que le fibrociment ?
Le fibrociment, également appelé fibres-ciment, est un matériau composite utilisé principalement dans le bâtiment, composé d’un mélange de ciment, de sable, d’eau et de fibres de renforcement. Nous avons tous posé ou déposé ce type de plaques en toitures.
Son utilisation la plus courante (et la plus connue) demeure la PST : Ces fameuses plaques de sous tuiles ondulées qui couvrent de nombreuses toitures en France.
À l’origine, ces fibres étaient en amiante, ce qui conférait au matériau une grande résistance au feu, aux agressions chimiques et à l’usure. Toutefois, en raison des risques sanitaires liés à l’amiante, son usage a été interdit en France en 1997. Depuis, les fabricants ont substitué l’amiante par des fibres organiques ou synthétiques (comme la cellulose, le polypropylène ou des fibres minérales). Le fibrociment moderne conserve les qualités qui ont fait son succès : il est léger, incombustible, résistant à l’humidité, imputrescible, insensible aux insectes et aux moisissures.
Il est utilisé aussi bien en couverture (plaques ondulées) qu’en façade (bardages, clins ou panneaux architecturaux), et se distingue par sa durabilité, sa stabilité dimensionnelle et ses faibles besoins d’entretien. Grâce à sa grande polyvalence et à ses qualités esthétiques améliorées, le fibrociment est devenu un matériau incontournable dans la construction neuve comme en rénovation.
La nouvelle donne ? Et bien la tendance est clairement à « l’exit » sur les toitures, et « welcome » sur nos bardages.
Pour les architectures modernes, la plaque de fibres-ciment promet de belles choses : Le parement des façades et les bardages ! C’est très exactement ce qui va nous intéresser d’autant plus que cette solution semble réellement adaptée aux constructions modulaires : Tiny Houses, studios de jardins, et maisons containers.
Les plaques support de tuiles : La PST !
La PST, on la connait bien et on la maîtrise. C’est un de ces produits magiques dont je parle régulièrement car elle permet de couvrir une toiture en quelques heures, elle permet de franchir les distances entre chevrons, et elle accepte les faibles pentes. Pas mal déjà !
Ci-dessus : Exemple typique d’une vieille couverture en fibrociment amianté. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
La question n’est donc pas de théoriser sur la noblesse du produit et de sa mise en œuvre, mais de faire un simple constat : La plaque support de tuiles (PST) est littéralement incontournable sur bien des sujets de constructions. Il n’y a guère que le bac acier qui puisse la concurrencer en terme de coûts et de rapidité de mise en œuvre (et de faible pente).
Or ce qui est valable en couverture, l’est également en façade. C’est ce que je vous propose aujourd’hui de passer en revue.
NOTA : L’utilisation de l’amiante est interdite depuis 1997 mais certaines constructions, maisons ou annexes sont toujours recouvertes par des PST en fibrociment amianté. Voir mon exemple ci-dessus.
Les plaques de fibrociment en façade : entre tradition et modernité
Une matière qui traverse le temps
Les plaques de fibrociment (ou fibres-ciment) font partie intégrante du paysage architectural depuis plusieurs décennies. Initialement utilisées principalement en couverture, notamment pour les toitures agricoles et industrielles, elles s’imposent aujourd’hui comme une solution crédible, esthétique et durable pour les façades.
Crédit photo : S.USTUN / Exemple de façade réalisée avec un parement en fibrociment, le rendu est véritablement moderne.
Le fibrociment est un matériau composite à base de ciment, de sable, d’eau et de fibres. Si dans le passé ces fibres contenaient de l’amiante pour améliorer les propriétés mécaniques et la résistance au feu, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Par ailleurs, s’il est question de durabilité, ces panneaux (ou plaques sous tuiles) sont donnés pour une durée de vie de 50 ans en moyenne. On se classe donc dans le segment des matériaux plutôt très pérennes.
Fibrociment en toiture vs. en façade
Historiquement, le fibrociment était principalement utilisé en toiture, en particulier dans les zones rurales et industrielles, pour sa facilité de mise en œuvre, sa légèreté, et sa résistance dans le temps notamment face aux intempéries. On pense par exemple aux plaques ondulées grises typiques des hangars ou des bâtiments agricoles, mais également sur nos maisons individuelles.
En façade, le fibrociment a connu une évolution plus esthétique. Contrairement à la toiture où l’aspect visuel était secondaire, les plaques de façade ont bénéficié d’une recherche accrue en design, textures, coloris et formats. On passe d’un matériau utilitaire à un véritable composant architectural.
Les fabricants ont su adapter la formule pour offrir un matériau à la fois léger, incombustible, résistant aux intempéries et aux insectes, tout en proposant des finitions qui rivalisent avec la pierre, le bois ou le métal.
L’héritage de l’amiante : une histoire à double tranchant
L’histoire du fibrociment est inextricablement liée à celle de l’amiante. Jusque dans les années 1990, l’amiante était couramment utilisé comme renfort dans les plaques en fibro-ciment en raison de ses qualités isolantes et ignifuges.
Cependant, les risques sanitaires de l’amiante (notamment l’asbestose et les cancers pulmonaires) ont conduit à son interdiction progressive, puis définitive en France en 1997. Depuis, les fabricants ont revu leur composition et remplacé l’amiante par des fibres alternatives comme la cellulose, des fibres de polyvinyle ou des fibres synthétiques de dernière génération.
Il est important de noter que les plaques anciennes en toiture ou en façade, encore présentes sur de nombreux bâtiments, peuvent contenir de l’amiante. Leur manipulation ou remplacement doit se faire selon un protocole strict par des entreprises certifiées.
Le fibrociment en bardage : un atout pour les façades
Aujourd’hui, les plaques de fibrociment pour façades sont synonymes de modernisme et de performance. Elles s’intègrent aussi bien sur des bâtiments publics, des logements collectifs que sur des maisons individuelles. Ces dernières peuvent être résolument modernes (comme les panneaux pleins par exemple) ou simplement imiter les bardages traditionnels en reprenant l’esprit « clin » comme si ces derniers étaient en bois.
Ci-dessus : Un exemple de panneau fibrociment utilisable en parement de façade. Crédit EQUITONE.
Pour information, la construction « hors site » est très friande de ces produits.
Avantages :
- Durabilité : Résiste aux UV, au gel, aux insectes, à l’humidité.
- Esthétique variée : Finitions lisses, texturées, effet bois, béton ou métal.
- Facilité de pose : Formats variés, fixations invisibles ou apparentes.
- Entretien minimal : Pas de peinture à refaire tous les 5 ans.
- Incombustible : Classement A2-s1,d0 en réaction au feu.
- Respect de l’environnement : Matériau recyclable, sans composant toxique.
Pour les bardages, il existe notamment une (deux plus exactement) norme de classement aux chocs. Les NF P 08-301 et NF P 08-302 donnent les lignes de ce classement de résistance qui vis les bardages.
Le fibrociment n’est donc pas exclu de champ d’application règlementaire. Pour les vêtures, nous retiendrons le classement « Q » dont le niveau de résistance le performant est de 4. On aura donc des bardages allant de Q1 à Q4. Selon le type d’usage (résidentiel individuel ou logements collectifs), la norme exige un certain niveau de protection.
Marques et modèles phares de plaques de fibrociment
COPANEL
- Formats divers et nombreuses variantes de plaques en revêtement de façades.
- Imitation bois disponible.
- Produits finis, à poser simplement.
Lien vers les produits COPANEL.
AQUA Panel outdoor : Knauf
- BA 13 au format d’une plaque de plâtre.
- Pour façades ou sous passes de toits extérieures.
- A revêtir après jointoiement et traitement des joints.
- Lien vers la fiche produit.
EQUITONE (Etex / Eternit)
- Modèles : Tectiva, Natura, Linea, Pictura.
- Caractéristiques : Plaques pleines masse, très esthétiques, finitions mates ou satinées. Très appréciées des architectes.
- Classement aux chocs : Q4.
- 15.4 kg au m2 (pour le modèle Natura).
- Lien vers la fiche produit. Plusieurs modèles sont disponibles.
CEDRAL (Etex / Eternit)
- Modèles : Cedral Lap, Cedral Click.
- Avantages : Imitation bois, pose en clin horizontal ou vertical, nombreuses teintes. Idéal pour maisons individuelles.
SVK
- Modèles : Decoboard, Colormat.
- Particularités : Large choix de couleurs, finitions brossées ou polies, excellentes performances mécaniques.
JAMES HARDIE (autrement connu pour la marque Fermacell)
- Modèle phare : HardiePlank.
- Atouts : Aspect bois texturé, très bonne résistance, produit connu en rénovation.
- Propose aussi le Fermacell Powerpanel HD qui est une plaque de fibrociment.
- Lien vers la fiche produit.
NOTA : Pour les anciens qui connaissent la marque Eternit, dont je fais partie et avec qui j’ai posé des centaines de mètres carrés de plaques, est devenue ETEX.
Les plaques bois-ciment : un matériau hybride aux performances équilibrées
Les panneaux bois-ciment, aussi appelés panneaux composites bois-minéral, sont des matériaux de construction innovants qui combinent les propriétés mécaniques du ciment avec la légèreté et la flexibilité du bois. Contrairement au fibro-ciment classique (à base de fibres minérales ou synthétiques), ces plaques intègrent des particules ou copeaux de bois liés par du ciment Portland, formant un matériau à structure homogène, dense et stable.
Composition et fabrication :
Un panneau bois-ciment est généralement constitué de :
- 60 à 70 % de ciment Portland, qui apporte la rigidité, la résistance à l’eau, au feu et aux agressions biologiques.
- 15 à 30 % de particules ou copeaux de bois, soigneusement sélectionnés et traités pour éviter les réactions avec le ciment.
- Eau et additifs minéraux, pour favoriser la prise, la cohésion et la durabilité du mélange.
Le procédé de fabrication implique un pressage à haute pression, suivi d’un séchage contrôlé, ce qui donne au produit final une surface dense, stable et durable, à la fois rigide et dotée d’une certaine souplesse.
Focus sur VIROC
Viroc est une marque portugaise de panneaux bois-ciment, développée par Investwood, reconnue pour la qualité architecturale et technique de ses produits. Les panneaux Viroc sont disponibles en plusieurs épaisseurs (de 8 à 22 mm) et en différents formats standards (généralement 2600 x 1250 mm), mais peuvent aussi être découpés à la demande.
C’est un produit que j’apprécie beaucoup et nous reviendrons sur ce sujet dans un article dédié.
Caractéristiques techniques :
- Résistance mécanique élevée (classement CE EN 13986).
- Bonne tenue à l’humidité (peut être utilisé en extérieur après traitement ou finition appropriée).
- Classement feu : B-s1,d0 (Euroclasse), soit une très bonne réaction au feu pour un produit contenant du bois.
- Isolation acoustique correcte : grâce à la densité (± 1300 kg/m³), le panneau amortit les bruits aériens.
- Stabilité dimensionnelle : faible dilatation/contrainte.
Finitions et esthétique :
Les panneaux Viroc ont une esthétique brute et minérale, souvent recherchée en architecture contemporaine ou industrielle. Leur aspect moucheté, dû à la présence des copeaux de bois visibles, leur confère une texture unique, proche du béton brut mais plus chaleureuse.
Ils existent en plusieurs teintes : naturel, gris, noir, blanc, jaune, ocre, vert… Toutefois, ces couleurs sont légèrement nuancées, avec un rendu mat et légèrement irrégulier, renforçant l’aspect « authentique ».
Usages et applications
Les panneaux bois-ciment comme Viroc sont très polyvalents. On les retrouve dans de nombreuses applications :
- Façades ventilées (avec ou sans traitement de surface).
- Cloisons intérieures décoratives.
- Planchers techniques ou dalles de mezzanine.
- Mobilier intégré ou éléments décoratifs (comptoirs, bancs).
- Habillage mural acoustique (avec perforations ou rainurage).
- Habillages de plafonds dans les ERP ou bâtiments tertiaires.
Avantages des panneaux bois-ciment
- Esthétique contemporaine : effet brut, naturel, industriel très recherché.
- Haute résistance mécanique : supporte les charges et les chocs.
- Incombustible ou faiblement combustible selon la composition.
- Hydrofuge et utilisable en extérieur (avec finition).
- Moins cassant que le fibro-ciment pur : plus facile à usiner.
- Respect de l’environnement : recyclable, à faible teneur en composés volatils.
Limites et précautions d’emploi
- Poids important : plus lourd que du contreplaqué ou MDF, mais plus léger que certains panneaux ciment purs.
- Nécessite un traitement de surface (vernis, huile, lasure) en extérieur pour éviter l’altération esthétique.
- Découpes et perçages à faire avec des outils adaptés (lames carbure), et idéalement avec aspiration (poussière fine).
- Tendance naturelle au « craquelé » de surface** si mal protégé dans des environnements très exposés (UV + humidité).
Alternatives et concurrents de Viroc
- Cemboard (Swisspearl) : plus orienté vers la façade architecturale.
- CBPB (Cement Bonded Particle Board) : plus générique, mais moins esthétique.
- Duripanel (Duripanel AG) : similaire à Viroc, pour usage structurel et décoratif.
- Multipor (Xella) : plus isolant, mais moins dense, à base de béton cellulaire.
Les panneaux bois-ciment, à l’image de Viroc, représentent un excellent compromis entre esthétique brute et performances techniques. Plus robustes qu’un simple bois composite, moins cassants qu’un fibrociment classique, ils séduisent les architectes, les artisans et les designers par leur polyvalence, leur texture unique et leur durabilité. Que ce soit en façade, en intérieur ou en mobilier, ils incarnent une nouvelle génération de matériaux à la croisée du naturel et du minéral.
Affaire à suivre très sérieusement.
En cas de présence de fibrociment amianté : Que faire ?
Bon, alors sur ce sujet, je dois ôter la casquette de rédacteur et revêtir celle de l’expert. Si vos plaques de fibrociment sont amiantées, ne faites rien. Nous décortiquerons la problématique dans un dossier spécial « amiante » car il s’agit là de salubrité et de santé publique.
Ci-dessus : Cabanon de jardin dont la couverture est en fibro amianté. Crédit photo S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Sachez simplement qu’il existe des produits pour « encapsuler » les plaques de fibrociment mais je le répète, attention sur ce point. La compréhension des manipulations de matériaux amiantés est un véritable cas d’école qui nécessite un dossier complet. Soyez patients, nous y viendrons.
Dans les cas de sinistres, si vous ne pouvez faire autrement, seul un expert et un technicien spécialisé peuvent intervenir car ils sont formés pour (SS3 et SS4). En général, ce sont des entreprises spécialisées en désamiantage qui gèrent ce type de dossiers. En cas de doute, demandez un DAAT : Diagnostic Amiante Avant Travaux.
Pour aller plus loin
Je vais rester assez évasif sur le sujet mais sachez qu’il est très courant, aux USA, de créer soi-même ses propres plaques de fibrociment. C’est même un sport national outre Atlantique pour tous les autoconstructeurs. Je ne veux pas, volontairement, développer ce sujet car en France nos normes sont (très heureusement) plus restrictives. Tant mieux.
Liens utiles
Conclusion : un matériau d’avenir en façade et bardages
Longtemps cantonné à un usage utilitaire en toiture, le fibrociment a su se réinventer et se hisser au rang des matériaux de façade les plus qualitatifs. Débarrassé de l’amiante, il offre aujourd’hui un compromis idéal entre esthétique, durabilité, sécurité et respect de l’environnement.
Face à la montée des exigences thermiques et environnementales, les plaques de fibrociment représentent une alternative séduisante aux bardages traditionnels, tout en apportant une signature architecturale forte.
Nous devons suivre ce matériau car soyons clairs, il a un bel avenir devant lui et le procédé est sincèrement très attractif du point de vue de la mise en œuvre. J’invite les industriels à me solliciter sur un chantier de bardage ou de façade en fibres-ciment pour réaliser un topo plus axé « terrain » sur ce sujet.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.