L’isolation extérieure nécessite une maîtrise parfaite de la préparation des supports et du calage ou de la fixation de l’isolant. Focus sur les malfaçons en ITE :
Avec l’incroyable progression des chantiers de mise en œuvre d’une isolation thermique extérieure (ITE) les malfaçons se multiplient. Il existe plusieurs points singuliers qu’il faut soigner pour écarter les principales erreurs et les éventuelles infiltrations.
Les sous passes de toit, les angles, les pieds de murs et les tableaux de menuiseries sont à surveiller.
Je vous propose qu’on se penche sur ces sujets aujourd’hui.
Cet article vient en complément du dossier sur l’isolation thermique extérieure.
Différents types d’isolants pour une ITE
Tous les types de matériaux ne réagissent pas de la même façon aux agressions lorsqu’il s’agit d’une ITE (Isolation Thermique Extérieure).
- Isolation en polystyrène ou PSE.
- Isolation en fibre de bois.
- Isolation en polyuréthane.
- Isolation en laine minérale.
- Lire mon article sur l’isolation extérieure polystyrène.
- Lire mon article sur l’isolation extérieure en fibre de bois.
Lorsqu’il s’agit d’un matériau de nature végétale ou biologique (laine de bois, fibre de bois, laine de mouton, etc.) il est impératif de se prémunir de toute faiblesse hygrométrique ou fongique.
Je pense notamment au point de rosée et aux attaques xylophages.
Autrement dit, un mauvais contrôle de l’hygrométrie dans ces cas précis peut engendrer une dégradation de l’isolant.
Ce « défaut » de nature n’est pas impactant pour les matériaux inertes comme le polystyrène ou le polyuréthane qui demeurent tous deux les plus utilisés pour une ITE actuellement.
Nous pouvons donc établir un premier constat et une première ligne d’analyse :
- Identifier les défaut dus à la nature du matériau.
- Identifier les malfaçons dues aux erreurs de pose.
Les principales malfaçons d’une isolation thermique extérieure
La principale et première erreur en matière d’ITE (Isolation Thermique Extérieure) est l’absence d’un bon diagnostic préalable des supports existants.
Cela peut sembler simpliste, mais cela demeure la première cause de malfaçon. En effet, un mauvais diagnostic mènera à de mauvaises préconisations.
Il s’agit donc ici de connaissances globales du bâtiment et plus précisément de la capacité à évaluer la nature et la qualité des supports.
Ensuite seulement viennent les défauts de pose, l’économie de matériaux, ou le mauvais choix des accessoires.
Causes :
- Absence ou mauvais diagnostic de l’existant.
- Manque de formation des applicateurs.
- Économie ou mauvais choix des matériaux.
- Méconnaissance des règles de mise en œuvre.
- Absence de protection des revêtements.
Conséquences :
- Décollement de l’isolation, décollement des enduits.
- Apparition de moisissures, dégradation des isolants.
- Ponts thermiques, inefficacité de l’intervention.
- Fissurations des enduits, « bulage » des parements.
Tous ces sujets sont rencontrés très régulièrement sur les chantiers et sont évidemment les principaux risque de malfaçons en ITE.
Isolant extérieur : La gestion des dépassées (épaisseur)
Dans le collimateur des malfaçons les plus courantes : Les dépassées de toitures insuffisantes.
Ou plus exactement, l’absence de dépassée de toiture.
Le cas est courant car il « va de soi ». Les bâtiments existants ne sont pas conçus pour un excédent de matériaux, et c’est très exactement le cas des dépassées de toitures.
=> En ajoutant une épaisseur extérieure, vous réduisez de fait l’emprise de la passe de toit.
Ce problème est plus ou moins prononcé selon les régions (types de toitures) et selon les parois à isoler. En l’occurrence, un mur en pignon sera plus exposé à cette problématique qu’un mur en sablière.
Je préconise la réalisation d’un extension de la couverture chaque fois que cela est possible. Cependant, cela nécessite de maîtriser les métiers de la charpente et de la couverture. En outre, ça augmentera considérablement le coût de l’intervention.
Pour exemple, un pignon dont la passe de toit est « rasante » à la maçonnerie ne pourra en aucun cas protéger l’isolant dans le cadre d’une ITE. Il sera nécessaire de créer un larmier sur mesure pour écarter les voies d’eaux.
Lire mon article sur le larmier.
Protection des pieds de murs pour éviter les malfaçons en ITE
Tout comme il est impératif de protéger l’isolant extérieur en dépassée de toiture, il est également impératif de le protéger en pied de murs. Dans ce cas précis, il ne s’agit pas de se prémunir contre le ruissellement, mais contre la remontée d’eau par capillarité.
- Garde à l’eau : Distance entre le sol fini extérieur et le départ d’isolation.
- Profilé de calage de départ d’isolant.
- Grille anti-rongeur.
Une bonne distance de « garde à l’eau » est donc la première et la plus efficace des protection pour rompre la capillarité. Comme nous l’avons vu, ce sujet est moins « risqué » pour les isolants inertes que pour les isolants à base de matériaux naturels (bois par exemple).
Gestion des encadrements et des tableaux
Les encadrements extérieurs sont également sujets à une protection particulière.
Les retombées de linteaux, les écoinçons et enfin la pièce d’appui sont en cause. J’ai déjà longuement évoqué l’utilisation des larmiers pour assurer la protection des panneaux isolants contre le ruissellement ou les infiltrations au droit des appuis de fenêtres.
Menuiseries : Respecter les réservations
Je remarque ce défaut sur presque toutes mes inspections de chantier en neuf. Ce cas est caractéristique d’une mauvaise collaboration entre les métreurs menuiseries et le gros oeuvre.
Dans la majorité des cas d’une ITE (Isolation Thermique Extérieure) l’épaisseur de l’isolant ainsi que l’épaisseur des enduits ou du bardage viennent « mordre » bien au delà du recouvrement habituel sur les dormants.
C’est inesthétique d’une part, mais dans certains cas cela peut devenir structurellement dérangeant donc : Une malfaçon.
Dans certains cas de figure, il sera tout bonnement impossible de changer les vantaux de la porte d’entrée en cas de besoin. Les paumelles de ces derniers étant « noyés » dans l’épaisseur de l’isolation.
Pliage sur mesure : Protéger l’isolation extérieure
Pour éviter des désordres et des malfaçons qui pourraient impacter l’isolation extérieure et son revêtement je préconise fortement d’avoir recours au pliage industriel.
Les larmiers ne sont pas seuls concernés. Il est possible de faire plier tout un éventail de profilés qui s’adapteront aux appuis de fenêtres et aux écoinçons.
- Profilé de protection des dépassées de toit sur pignon : Larmiers.
- Profilés de protection des encadrements de menuiseries.
- Profilés de « rejet d’eau » en pied de murs.
- Etc.
J’ai récemment évoqué le cas particulier que représente la maison container et sa totale inadaptation à recevoir des menuiseries. C’est très exactement le cas d’école qui devrait conduire à la réflexion sur la création de profilés pliés sur mesure.
Un isolant souvent privilégié pour les maisons containers se trouve justement être le plus hydrophobe : la laine de bois.
Or c’est manifestement l’isolant qui est dans « l’air du temps » et qui conduira à un risque grave en cas d’infiltration d’eau.
Le pliage de profilés sur mesure est également un véritable atout pour le calfeutrement et l’étanchéité des bardages bois extérieurs, et par conséquent de l’isolant qu’ils recouvrent.
Quelle garantie face aux malfaçons d’une ITE ?
La réalisation d’une isolation thermique extérieure est soumise à l’obligation de souscription d’une décennale.
Comme pour tous les autres métiers du bâtiment, la société ou l’artisan qui œuvre dans le domaine de l’ITE doit être assuré en décennale sous peine de lourdes sanctions (Loi SPINETTA).
Par conséquent, les travaux que vous engagez sont garantis pendant une période de 10 ans et les malfaçons seront rapidement visibles.
Les coûts de tels chantiers étant par nature élevés, il y aura nécessairement l’intervention de deux experts (le vôtre et celui de l’artisan) dans le cadre d’une expertise contradictoire.
Principales malfaçons d’une ITE : le résumé
Résumons les principaux défauts qui peuvent mener à des malfaçons.
Défauts liés à la préparation du support
- Support non propre ou non préparé : si le mur est poussiéreux, humide ou friable, l’adhérence de l’isolant sera compromise.
- Décollement non sondés. Mauvais traitement des fissures existantes.
- Mauvaise planéité : des écarts trop importants peuvent nuire à la fixation et à la finition.
Problèmes de fixation des panneaux isolants
- Collage insuffisant : si la colle est mal répartie ou utilisée en plots au lieu d’un encollage périphérique + plots, des ponts thermiques et un décollement peuvent apparaître.
- Fixations mécaniques mal dimensionnées : chevilles inadaptées ou mal ancrées, ce qui peut provoquer un arrachement en cas de vent fort.
- Joints mal réalisés : espaces entre panneaux non comblés, créant des ponts thermiques.
Défauts du traitement des points singuliers
- Tableaux de fenêtres et portes mal isolés : si les retours d’isolant ne sont pas bien réalisés, des ponts thermiques se forment.
- Mauvaise gestion des appuis de fenêtre : infiltration d’eau possible si les appuis ne sont pas adaptés ou mal posés.
- Traitement des points de fixation (garde-corps, stores, etc.) mal exécuté : des fixations non étanches ou des percements non protégés peuvent générer des infiltrations.
Problèmes liés à l’enduit et à la finition
- Sous-enduit mal appliqué : si l’armature (treillis) n’est pas bien noyée, cela peut entraîner des fissurations.
- Absence ou mauvaise pose du treillis d’armature : favorise l’apparition de fissures et le décollement de l’enduit.
- Enduit final de mauvaise qualité ou mal appliqué : peut causer des fissurations, des cloques ou un vieillissement prématuré.
- Manque de matière.
Défauts liés à l’étanchéité et à la gestion de l’eau
- Absence de protections en partie basse (solin, profilé de départ, etc.) : favorise les remontées capillaires et la dégradation de l’isolant.
- Mauvaise gestion des écoulements d’eau : si les gouttières, bavettes ou nez de dalle sont absents ou mal conçus, l’eau peut s’infiltrer derrière l’ITE.
En résumé, une ITE mal réalisée peut causer des ponts thermiques, des fissures, des infiltrations et une dégradation prématurée des supports. Une mise en œuvre rigoureuse et conforme aux DTU est essentielle pour garantir la performance et la durabilité de l’isolation.
Liens utiles
- Article sur les malfaçons en ITE sur le site MAF.
Conclusion sur les malfaçons en ITE
Les ITE (Isolation Thermique Extérieure) sont le domaine actuellement le plus florissant dans le bâtiment. Il est donc évident que beaucoup d’artisans s’engouffrent dans cette brèche.
Cependant, réaliser une ITE est extrêmement plus complexe que de refaire un simple enduit de façade.
L’engouement pour cette nouvelle niche d’activité va très rapidement devenir un vivier de dossiers brûlants pour les experts car il paraît évident que les malfaçons vont se multiplier.
Ce sujet doit être surveillé de près.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.
