Isolation extérieure polystyrène : Le cas pratique !
Pour développer les premiers articles que j’ai rédigé sur l’isolation par l’extérieur, je vous propose d’aller un peu plus dans le détail d’exécution par le biais d’un cas concret sur un chantier, étape par étape.
Dans ce cas, l’isolation extérieure est réalisée par un parement en polystyrène et un enduit de façade taloché.
Dans le détail d’exécution, de préparation et de prix, examinons ensemble tous les points singuliers de ce cas pratique.
Avant propos
Chose promise, chose due.
Afin de développer de manière exhaustive mon dossier sur l’isolation thermique par l’extérieur, j’ai décidé de prendre au cas par cas chacun des procédés disponibles. Aujourd’hui il est question d’un parement isolant en polystyrène.
L’idée étant naturellement d’aiguiller le lecteur dans ses choix, avec des exemples rationnels et réels, « in situ ».
Par conséquent, cet article n’est pas le premier et ne sera pas le dernier dans lequel je traite des isolants rapportés. Je porterai mes réflexions sur les détails d’exécution comme à l’accoutumée.
Lire mon dossier & guide de l’isolation extérieure
L’ITE : Isolation Extérieure polystyrène
L’ITE (ou Isolation Thermique Extérieure) est une grande tendance actuelle. Elle est efficace, et très largement éprouvée. Lorsqu’il s’agit d’une maison individuelle il peut être entendable de comparer avec une ITI (Isolation Thermique Intérieure).
Dans le cas pratique que je vous ai choisi, la question est évidente : Impossible de réaliser une ITI sans engendrer de longs et coûteux travaux, il s’agit d’un Lycée.
En toute logique, l’ITE va permettre de transformer radicalement la performance énergétique du bâtiment, lui redonner un « coup de neuf » mais surtout, dispenser d’un chantier infinançable si cela devait être réalisé par l’intérieur.
Dans notre cas, la façade Nord du Lycée et les deux pignons Est et Ouest seront isolés. Cela représente plusieurs centaines de mètres carrés d’isolant à poser, et de façades à enduire.
Par chance, les grandes dépassées de toit ne nécessitent pas de remanier la toiture (nous le verrons plus bas), et l’accès est très confortable. Un beau chantier en somme !
Ci-dessus : Cas pratique pour une isolation extérieure en polystyrène pendant l’exécution des travaux. Crédit photo: S.USTUN
Je porterai un regard plus particulier sur tous les points singuliers de ce type de chantier. Les détails, qui bien souvent sont points que nous négligeons, soit dans l’approche « économique » soit dans le cadre de la mise en œuvre.
J’aborderai également les notions de coût au m2.
La préparation de chantier & la sécurité
Evidemment sur notre cas pratique, ce n’est pas la hauteur qui manque. L’installation d’un échafaudage est une étape indispensable. Ce dernier reprend toute la surface de pose et n’est pas discontinue.
- Gain de temps
- Efficacité accrue
- Moins de risques
L’échafaudage doit répondre à des normes de dimensionnement mais également à une conformité de pose. En théorie, il devrait se trouver un PV de pose sous cache plastique visible au regard.
L’échafaudage dispose également d’un filet en 3/4 de partie haute pour éviter la chute d’objet ou de matériaux.
Sur notre cas pratique, vous remarquez que le maçon (façadier) protège les sols par un polyane épais. C’est un gage de qualité et de propreté. Encore une fois, même si cela parait idiot, c’est indispensable.
La préparation des murs à isoler
Comme pour absolument tous les ouvrages sans aucune exception, il est nécessaire de préparer les murs qui doivent recevoir l’isolation. C’est une étape indispensable, s’il fallait encore le rappeler.
Par conséquent, il s’agit de nettoyer les supports, purger les manques, enlever les clous, agrafes etc.
- Nettoyage du support au jet haute pression
- Purge de tous les éléments en saillie (pointes, broches, clous serre câbles etc)
- Combler les manques avec un mortier de forme
- Gratter !
L’isolation extérieur n’est pas un cache misère, il faut préalablement purger tous les défauts du mur et le rendre propre à la mise en œuvre de l’isolant.
Isolant Polystyrène ou PSE : Le matériau
J’évoque très régulièrement l’isolant polystyrène dans mes articles. C’est un matériaux qui n’a plus rien à prouver et qui se tient d’un point de vue financier (budget).
J’ai par ailleurs rédigé un dossier complet sur son utilisation en vide sanitaire, aujourd’hui totalement inégalé pour tous les critères et contraintes admissibles et ces nombreux avantages. Je vous invite à le lire car le sujet fait partie du même thème.
Lire mon article sur les isolants PSE en vide sanitaire
J’avais insisté dernièrement sur un isolant naturel en fibre de bois qui est adapté à recevoir un enduit de façade directement. Cependant, je ne relancerai pas le sujet car je l’ai déjà largement traité.
Ce cas de figure, et exemple pratique, se veut rationnel car le polystyrène est aujourd’hui le matériau le plus adapté à ce type de chantier d’isolation extérieur.
Ci-dessus : Résultat final (malgré un sticker collé) sur une isolation extérieure polystyrène parfaitement réalisée. Crédit photo: S.USTUN
Je vous propose d’aller dans le détail de mise en œuvre, d’étapes et de matériaux utilisés. Dans notre exemple, la maçonnerie d’origine est une maçonnerie simple en béton armé, telle qu’on l’utilisait dans les années 80.
La maçonnerie originelle était enduite d’un corps de façade traditionnel.
Les produits mis en œuvre sont :
- Un isolant extérieur polystyrène de 14 centimètres d’épaisseur (140 mm) R = 3.70 m2.K/W
- Des fixations traversantes
- Une trame à maroufler dans l’enduit de gobetis sur toute la surface traitée
- Des accessoires de départ et finitions (équerres, angles, tôles etc.)
- Un enduit grisé simple
Les détails et les points singuliers
Dans ce cas pratique d’une réalisation de l’isolation par l’extérieur il est intéressant de noter tous les « petits détails » qu’il s’agit ensuite de ne pas négliger. Venir apporter un parement à l’extérieur d’un ou de plusieurs murs va créer des contraintes.
Par conséquent, il est inutile de vous préciser que vous devez prévoir ces contraintes largement en amont du chantier.
- Dépassées de toits (vérifier la marge)
- Zinguerie (descentes d’eaux pluviales, gouttières, solins)
- Câbles (PTT, Electricité, Antennes, etc)
- Encadrements de portes et de fenêtres
- Gestion des pieds de murs
Les pieds de murs doivent disposer d’une équerre (ou profilé) en tôle. Ce profil permet de démarrer l’isolation au dessus de la garde à l’eau. Il convient évidemment de réaliser la pose de la lisse basse avec un niveau laser étalonné !
Ce profilé permet également de remplir la fonction de protection au rongeurs.
Ci-dessus : Gros plan sur le profilé bas avant démarrage de la pose de l’isolant. Crédit photo : S.USTUN
De manière générale, tous les angles hauts, bas, de côté ou au pourtour des fenêtres doivent utiliser des profilés adaptés à chaque jonction. Pour les fenêtres par exemple, il s’agit d’utiliser des cornières en acier perforé.
Au même titre que les façades traditionnelles, un joint de dilatation viendra reprendre toutes les jonctions existantes, telles qu’elles l’étaient initialement. Vous pouvez distinguer cette « jonction » sur la deuxième photo ci-dessous.
Les profilés d’angles sortants sont également de mise pour réaliser les « arêtiers ».
La pose in situ
Une fois les profilés de « départ » posés, il est possible de démarrer la pose par simple calage. Les plaques peuvent être collés et calées, tout dépend de la qualité du support initial.
Ces dernières se découpent avec une simple égoïne.
Enfin, les panneaux sont solidement chevillés dans la maçonnerie. Ce sont ces fameux « plots » blanc que vous pouvez distinguer sur chacune des plaques avant l’enduisage.
- 5 chevilles par plaque pleine : 1 à chaque angle et 1 au milieu de la plaque.
- Il est également possible de cheviller en plein joint (pas le cas dans notre exemple).
Avant d’attaquer les sous enduit, les façadiers grattent le polystyrène avec une taloche crantée très fine ou un « ponçage » en d’autre termes. Cela permet de ne pas avoir l’effet de désaffleurement entre chaque panneau et d’obtenir un meilleurs résultat final.
La trame (ou treillis) est surfacée sur la totalité de l’ouvrage, sans exception. Le sous enduit est une colle très performante.
Ci-dessus : Détail de la trame posée sous la colle de surfaçage et sur l’isolant. Elle doit être continue et recouvrir l’ensemble de l’ouvrage. Crédit photo : S.USTUN
La gestion des dépassées de toitures
Un des inconvénients majeur de l’isolation extérieur polystyrène demeure la gestion des dépassées de toitures. En effet, si votre toiture dispose d’une grande dépassée, le problème est réglé.
En revanche, si vous êtes en faible dépassée (comme les sablières en génoise), vous devrez réaliser une adaptation avec une reprise de couverture et de zinguerie. Indispensable !
Ci-dessus : Détails sur la gestion des dépassées de toitures sur ce même chantier. Vous distinguez que la passe de toit est suffisamment large pour recevoir l’isolant extérieur. La « marge » est ici suffisante. Crédit photo : S.USTUN
La gestion des évacuations d’eaux pluviales
Isoler par l’extérieur avec du polystyrène ou quel que soit l’isolant, suppose de venir plaquer une surépaisseur. C’est d’une logique implacable.
Par conséquent, les descentes d’eaux pluviales (en zinc ou en PVC) devront être « déportées » pour permettre la continuité de l’isolant et éviter les ponts thermiques.
Ainsi, il faut également penser à choisir des « brides » conçues pour traverser les isolants et aller cherche le « dur ». D’autant que sur mon exemple ici, les pieds de murs sont équipés de « dauphins » en fonte ! Vous en distinguez un au loin sur la photo ci-dessous.
Ces derniers, très lourds et soumis aux « bousculades », doivent s’ancrer solidement dans la maçonnerie sans risquer de dégrader l’isolant.
La gestion des pieds de murs et hauts de solins
L’isolant n’est pas apte a épouser les sols et à se retrouver au contact des eaux de ruissèlement. Il ne doit donc jamais être en contact direct avec le sol ET/OU les solins.
Vous noterez donc, très visible sur la photo ci-dessous, un « creux » entre la chaussée et le nu de départ du polystyrène. Ce dernier est d’ailleurs posé sur un rail adapté.
Ci-dessus : Détails d’exécution sur le cas pratique d’une isolation en polystyrène. L’isolant n’est jamais en contact direct avec le sol. Crédit photo: S.USTUN
Ce « problème » ou « contrainte » se retrouvera également sur les solins lorsqu’on souhaite isolé un pignon par exemple, avec un raccord de toit. L’isolant devra « démarrer » plus haut que le solin lui-même.
Gardez simplement à l’esprit que le polystyrène ne doit pas être en contact avec l’eau.
Isolation extérieure polystyrène : Le prix au m2
La question du coût (ou prix) au m2 d’une isolation extérieur en polystyrène est évidemment au cœur des discussions. Dans un premier temps et pour faire court : C’est le procédé le moins coûteux dans la palette des matériaux proposés.
- Prix de l’échafaudage : 16.50 euros le m2 (cela dépend des régions)
- Prix de l’isolant seul unitaire : environ 30€ le m2 en panneaux pour du 100 mm (R 2.60 m2.K/W)
- 120 mm : 36€ / m2 / R 3.15 m2.K/W
- 140 mm : 40€ / m2 / R 3.70 m2.K/W (dans notre exemple)
- Prix de la trame : 1.5 € / m2
- Coût du façadier : Entre 18 et 28 euros / m2
- Coût main d’œuvre : Difficile à déterminer car dépend du travail à réaliser / Environ 100 € / m2
Matière |
PSE Polystyrène expansé
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Teinte | Graphité Gris | ||
Type de produit
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Panneau isolant ITE
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Gamme | ISOLANTS | ||
Conditionnement du produit
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PANNEAU | ||
Domaine d’application
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MAISON INDIV | ||
Petit collectif | |||
Tertiaire | |||
Collectif | |||
ERP | |||
INDUSTRIEL | |||
COMMERCES | |||
AGRICOLE | |||
Types d’application
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Manuel | ||
Classe de feu | E | ||
Type de pose | fixation à coller | ||
Pose calée chevillée
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DTU : isolation extérieure polystyrène
C’est le DTU 45.3 qui traite de l’isolation thermique par l’extérieur et notamment celui qui entre dans le cadre de l’utilisation du polystyrène.
Ce texte règlementaire concerne l’isolation des éléments de maçonnerie, de béton coulé ou de béton préfabriqué. Il concerne en « théorie » les bâtiment neufs. Bref, c’est ce texte qui nous intéresse dans le cas présent, même si le Lycée est construit depuis des années.
Ce qu’il faut réellement savoir :
Tous vos négoces vous donneront les notions clés d’une réussite de chantier comme celui que nous évoquons. Ce type de travaux est devenu très courant.
En revanche, soyez vigilants sur les petits détails, qui peuvent se transformer en lourds problèmes :
- Réaction au feu des matériaux !
- Sismicité
- Traitement acoustique (surtout dans mon exemple)
- Résistance aux chocs ! Rappelez vous que cela reste du polystyrène !
- Tenue sur le support et éventuellement moyen d’accroches
Epaisseurs disponibles en isolation extérieure PSE :
- 20 mm : 0.5 m2.K/W (parfaitement inutile) / Prix : 6 € / m2
- 40 mm : 1.05 m2.K/W (parfaitement inutile) / Prix : 12 € / m2
- 60 mm : 1.55 m2.K/W (est-ce encore utile ?) / Prix : 18 € / m2
- 80 mm : 2.10 m2.K/W (à méditer) / Prix : 24 € / m2
- 100 mm : 2.60 m2.K/W / Prix : 30 € / m2
- 120 mm : 3.15 m2.K/W / Prix : 36 € / m2
- 140 mm : 3.70 m2.K/W / Prix : 42 € / m2
Ci-dessus : Gros plan sur la structure du polystyrène utilisé en exemple sur ce chantier. Crédit photo. S.USTUN
Les panneaux d’isolants polystyrènes pour l’extérieur sont soit Blancs, gris clairs ou Graphité comme dans mon exemple ci-dessus. Les marques traditionnelles les proposent chez vos négoces. Knauf, Parex Lanko (ici en exemple) et certainement de nombreux autres.
La couleur définit généralement le matériau selon s’il est extrudé ou expansé.
Vérifiez la présence de la certification ACERMI avant achat. L’ACERMI vérifie que les données constructeurs sont bien en adéquation avec la performance énergétique annoncée.
Liens externes :
- Plan de relance PSE & Isolation extérieur par Weber
- Différents modèles de plaques polystyrène avec les prix au m2
- Solutions d’isolation extérieure en polystyrène par Knauf
Merc pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN