Le larmier est un accessoire rapporté essentiel qui joue un rôle précis dans la protection des structures de bâtiment contre les infiltrations d’eau.
Souvent discret, il est pourtant indispensable à la durabilité des façades et à la préservation des matériaux exposés aux intempéries.
Dans ce dossier, je vous propose d’explorer en détail la fonction du larmier, les différents types de profilés et les techniques de mise en œuvre. Je prendrai des exemples concrets pour mieux comprendre leur importance.
Historiquement en toiture et souvent en zinc, le larmier s’invite sur les menuiseries et les habillages de façades, laissant peu à peu le zinc pour la tôle laquée ou le pvc.
Avant propos
Le larmier existe depuis que le bâtiment existe.
Cependant, son utilisation est quelque peu tombée dans l’oubli jusqu’à l’apparition de nouveaux systèmes constructifs qui viennent « obliger » sa présence. Je pense évidemment à l’ossature bois et aux isolations extérieures polystyrènes entre autres.
Ci-dessus : Larmier zinc pour utilisation en toiture. Crédit Photo : L’asturienne.
Cette « bavette » comme certains l’appellent, ou plutôt ce profilé, est une pièce discrète mais terriblement efficace lorsqu’on souhaite « diriger » la goutte d’eau et protéger une menuiserie, ou une façade par exemple.
Historiquement, un larmier se retrouve en bas de toiture, généralement formé d’une pièce de zinc.
Je vous en parle aujourd’hui car il est inimaginable de ne pas évoquer la nécessité d’un larmier sur les nombreux systèmes constructifs actuels. J’ai récemment été questionné sur la « finition » d’une menuiserie posée sur une maison container et pour être bref : Sans larmier, impossible d’assurer l’étanchéité de l’ouvrage.
Je reviendrai sur ce cas particulier plus bas dans cet article.
Note de la rédaction :
Enfin, et pour être tout à fait clair, le larmier n’est pas un solin. Le solin épouse, alors que le larmier « coupe ». Pour le puristes je dirai ceci, s’il y a ruissellement de l’eau, le mot « solin » est juste. S’il y a « chute » d’eau, alors c’est un larmier.
Pour être plus précis encore, j’ajouterai que certains solins sont équipés d’un larmier, ce dernier se situant en amont du relevé. Autrement dit, un solin peut tout à fait recevoir un larmier en partie haute. Lire mon article sur les solins en suivant ce lien.
Larmier : Définition et fonction
Le larmier est soit une moulure (pierre), un profil (Zinc / Alu) ou une petite saillie installée sur des éléments de construction. Il peut s’agir de corniches, d’appuis de fenêtres, de rebords de toit ou de balcons.
Son utilisation la plus commune aujourd’hui se retrouve en bas de pente de toiture, assurant le déport de l’eau loin devant la façade. Posé sur le dernier liteau, il assure généralement le bon transfert des eaux de pluies vers la gouttière.
- Utilisation principale et historique : Toiture / couverture.
- Matériau : ZINC.
- Fixation : Par clouage.
Sa fonction principale est de détourner et évacuer les eaux de pluie, afin d’éviter que l’eau ne ruisselle le long des parois ou n’atteigne des parties vulnérables du bâtiment (par exemple, les menuiseries ou les fondations).
Le larmier ne doit pas être confondu avec les « solins » même si parfois ils ont tous deux une fonction similaire (lire mon encadré ci-dessus). En effet, il est possible de trouver des larmiers non seulement sur les toits, mais sur bien d’autres ouvrages différents, à la différence du solin.
Concrètement, le larmier crée une rupture qui empêche l’eau de « s’accrocher » sous l’élément auquel il est attaché. Il force l’eau à se détacher et à tomber au sol.
Cela permet de protéger les murs de l’humidité et des moisissures, en évitant que l’eau ne pénètre dans les matériaux poreux ou les jonctions.
Nous verrons que son utilité revient au goût du jour, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’ossature bois, d’isolation extérieure ou de maisons containers.
En résumé, le larmier est une pièce ou profilé, moulé ou rapporté qui assure la fonction de :
- Protection contre l’humidité.
- Prévention des infiltrations d’eau.
- Réduction des salissures sur les façades.
Pour l’ossature bois : Il est littéralement indispensable pour protéger les menuiseries en s’adaptant ou en épousant les bardages bois extérieurs.
Sur les maisons containers : Il sera extrêmement difficile, voir impossible, d’effectuer une bonne étanchéité au dessus (et au dessous) des menuiseries sans utiliser un larmier. Les ondulations du bac acier obligent à son utilisation.
Larmier en toiture, zinc et ossature bois
Ces éléments singuliers que sont les larmiers se retrouvent principalement en toiture. Les zingueurs maîtrisent parfaitement le sujet, notamment pour la gestion des bas de pentes au droit des gouttières.
D’ailleurs, les zingueurs « profilent » généralement eux-mêmes les larmiers en utilisant une plieuse. Ce sont rarement des pièces préfabriquées lorsqu’on parle de zinc.
Depuis quelques décennies, le larmier retrouve ses lettres de noblesses grâce à l’ossature bois. En effet, il est impossible de se dispenser de ces profilés lorsqu’on réalise une maison en bois. Mais ce n’est pas tout. Deux nouveaux secteurs apportent un renouveau à ce produit :
- Les isolations extérieures (polystyrène ou autres).
- Les maisons containers.
Tous les constructeurs d’ossatures bois sont parfaitement à l’aise avec le principe du larmier.
Difficile d’en dire autant pour nos constructeurs moderne en maçonnerie qui pour la plupart ont oublié ce système. De fait, ce mot leur est parfaitement inconnu est d’ailleurs, je vous défie de demander ce que veut dire « larmier » à un maçon.
Cependant, avec l’arrivée en « masse » des chantiers d’isolation par l’extérieur et la grande « mode » des maisons containers il va falloir s’y habituer. Si vous ne savez pas ce qu’est un larmier, vous comprendrez son utilité dès la première pluie !
Ci-dessus : Exemple type d’un large larmier avec un fort seuil d’égouttement en vue d’une isolation extérieure polystyrène. Crédit photo : S.USTUN
Différents types de larmiers
Le larmier peut être conçu dans plusieurs matériaux et se présenter sous diverses formes selon son emplacement et le type de bâtiment. Voici les principaux types de larmiers :
Larmier sur appui de fenêtre : Ces larmiers sont placés sous les appuis de fenêtre pour évacuer l’eau qui coule sur les fenêtres. Ils sont souvent intégrés directement dans le profil de l’appui, qui est généralement en pierre, en béton ou en métal. La saillie fait en sorte que l’eau soit déviée loin du mur. C’est la fameuse « goutte d’eau » que l’on retrouve sous nos appuis de fenêtres.
En ossature bois, il n’existe pas d’appuis maçonnés. Il est donc question de « bavettes » en alu ou en tôle laquée. Le résultat est très exactement le même : Rediriger la goutte d’eau.
Larmier sur corniche : Situés en haut des murs, sous la toiture ou les éléments décoratifs en saillie, ces larmiers empêchent l’eau de couler sur les façades. Les corniches sont souvent en pierre, en béton, ou même en PVC, et incluent parfois un profil en goutte d’eau intégré pour l’évacuation.
Larmier de toiture : Installé sous les tuiles ou en bordure de toit, ce larmier protège la jonction entre le toit et le mur en empêchant l’eau de s’infiltrer dans la maçonnerie. Il est souvent réalisé en métal (zinc, aluminium, acier galvanisé).
Larmier de balcon ou de terrasse : Sous les balcons ou les dalles de terrasse, les larmiers servent à évacuer l’eau de ruissellement, empêchant ainsi l’infiltration d’humidité dans les murs. Ces larmiers sont souvent intégrés dans les bandeaux de rive ou les profils de finition.
Matériaux utilisés pour réaliser les larmiers
Le choix du matériau pour un larmier dépend principalement de son emplacement, du climat, et des contraintes esthétiques ou techniques. Généralement, il est en ZINC notamment pour son utilisation en toiture.
Cependant, ce n’est pas une règle absolue. Depuis quelques années, le galvanisé et l’alu font la part belle sur le marché des profilés. Plus ontologiquement, un larmier n’est ni plus ni moins qu’en pierre.
Pierre : Historiquement, la pierre était très utilisée pour les larmiers, surtout dans les bâtiments anciens. Les pierres calcaires ou le granit sont fréquemment sculptés pour intégrer un profil de type « goutte d’eau ».
Béton : En maçonnerie, on utilise un quart de rond avant le coulage du béton, surtout pour les larmiers d’appuis de fenêtres ou de corniches. Ce dernier, une fois retiré, forme la « goutte d’eau » faisant larmier. Attention cependant, Il existe des pièces complètes qu’on nomme « larmiers » et dont le rôle est très exactement le même.
Ces pièces s’utilisent pour les relevés d’étanchéités.
Le béton préfabriqué permet de créer des profils avec des larmiers intégrés, garantissant une grande durabilité. Cependant je n’ai jamais rencontré ce cas de figure sur mes chantiers. Il s’agit simplement de l’évoquer car ces pièces existent bel et bien.
Métal (zinc, aluminium, acier galvanisé) : On utilise couramment ces matériaux pour les larmiers de toiture ou les gouttières. Leur résistance à la corrosion et leur facilité d’installation en font des choix privilégiés pour les constructions traditionnelles.
PVC : Le PVC, résistant et facile à poser, s’utilise dans les travaux de couverture (rarement) mais surtout pour les appuis de fenêtre. Son coût relativement bas le rend attrayant, surtout pour les constructions de logements qui nécessitent une étanchéité des tunnels. C’est le cas des ossatures bois par exemple.
Techniques de mise en œuvre d’un larmier (rapide aperçu)
La mise en œuvre des larmiers nécessite une attention particulière pour garantir leur efficacité. Je vous propose quelques techniques courantes :
Pose d’un larmier métallique sous toiture : Un larmier en zinc ou en aluminium se retrouve en bordure des toits ou sous les tuiles. Le métal se fixe à l’aide de clips ou de vis, en veillant à créer une pente suffisante pour diriger l’eau vers l’extérieur.
Il faut apporter un soin particulier à l’étanchéité entre les différents éléments.
Larmier intégré à l’appui de fenêtre : Lors de la pose des appuis de fenêtre en béton ou en pierre, le profil du larmier est directement moulé ou taillé. Cela évite de devoir rajouter un élément supplémentaire et assure une esthétique continue.
Larmier rapporté : Pour les rénovations ou lorsque l’appui de fenêtre ou la corniche ne possède pas de larmier intégré, il est possible d’ajouter un profil rapporté en PVC ou en métal. Ces larmiers se fixent mécaniquement (vis ou clips) ou se collent en fonction du matériau et de la nature du support.
Visiter l’excellent site de BMI France et sa page sur la pose des larmiers.
Exemples concrets d’application de larmiers
Exemple 1 : Rénovation d’une façade ancienne ou isolation thermique par l’extérieur (ITE)
Lors de la rénovation d’un bâtiment ancien en pierre, les appuis de fenêtre d’origine peuvent ne pas disposer de larmier. Le remplacement des appuis par des éléments en pierre ou en béton avec un profil en goutte d’eau permet de protéger les murs contre l’infiltration d’eau. Cela préserve l’esthétique d’origine du bâtiment.
Ci-dessus : Exemple type d’une reprise de façade en ITE avec nécessité de remplacement des appuis de fenêtres par des larmiers en tôle laquée. Crédit photo : S.USTUN
Exemple 2 : Construction neuve ou autoconstruction en ossature bois
Comme nous l’avons vu précédemment, pour les constructions ou autoconstructions de maison en bois, il faut impérativement maîtriser la pose des larmiers.
D’ailleurs, je fais une parenthèse sur l’utilisation de ces derniers également en pieds de murs. Je vous renvoie vers certaines sociétés spécialisées dans les bardages bois extérieurs pour ce type de profilés.
Exemple 3 : Protection d’un balcon en béton
Dans les immeubles collectifs, les balcons en béton sont fréquemment sujets à des infiltrations d’eau. Cela peut causer des dégradations importantes.
L’installation de larmiers métalliques ou en PVC sous la dalle du balcon permet de dévier l’eau de ruissellement, protégeant ainsi à la fois le balcon et les façades inférieures.
Larmier : Règlementation et normes techniques
En France, la mise en œuvre des larmiers se soumet à des normes techniques afin de garantir leur efficacité et leur durabilité.
Par exemple, la norme NF P21-204-1 régit la conception des appuis de fenêtre avec larmier intégré. De plus, le DTU 20.1 (Document Technique Unifié) précise les règles relatives à l’étanchéité des façades et à la pose de larmiers. C’est valable notamment pour les corniches et les appuis de fenêtres.
- DTU 20.1 pour la maçonnerie
- DTU 36.5 pour les menuiseries
- DTU 40.29 pour les toitures
- Respect des règles de l’art en matière d’étanchéité et beaucoup de bon sens !
La spécificité des ossatures bois et des maisons containers
Pour ces deux types de constructions, l’ossature bois et les maisons containers, le larmier est littéralement indispensable. Inutile de cherchez une quelconque solution de remplacement, il n’y en a pas.
Contrairement aux maisons de maçons, en briques ou en parpaings, le corps d’enduit ne fait pas l’étanchéité sur les maisons en bois et les containers. Il s’agit ici d’épouser au mieux les bardages, et plus précisément en tête et en pied du tunnel.
Ci-dessus : Lors d’une de mes réflexions techniques sur le sujet des maisons containers, j’explique comment il est littéralement impossible de faire une étanchéité sans utiliser un larmier. Je vous laisse juger par vous-même au regard de la photo ci-dessus. Crédit photo : S.USTUN
Pour les ossatures bois comme pour les maisons containers, il faudra donc maîtriser la notion de larmier non pas en toiture, mais sur les tunnels de menuiseries. C’est un IMPERATIF.
Vous ne pourrez pas faire autrement, c’est la seule technique fiable et réglementaire.
En bref, nous avons besoin d’un larmier quand :
Selon son emplacement, selon l’ouvrage ou selon la nécessité, le larmier se retrouve partout. Je noterai un cas particulier pour l’ossature bois en pied de mur.
Toiture / Couverture : Larmiers de toiture
- Placés en bordure de toit.
- Dirigent l’eau vers les gouttières.
- Finition en closoir du pare pluie.
- Matériau : ZINC essentiellement.
Menuiseries : Larmiers de fenêtres
- Situés au-dessus des fenêtres.
- Protègent les menuiseries et évitent les coulures.
- Matériaux : ZINC, tôle laquée, PVC, ALUMINIUM.
Maçonnerie : Larmiers d’appui
- Taillés dans les appuis de fenêtres.
- Empêchent l’eau de remonter sous l’appui.
- Matériaux : Béton ou pierre reconstituée.
Pour aller plus loin
- Lien vers la page Wikipédia sur le larmier.
- Profilés de bas de pente (larmiers ou bavettes) de bardages.
- Mon article sur les bardages bois extérieurs qui nécessitent par nature l’utilisation des larmiers.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.