A l’instar des Tiny Houses, la maison container fait son bout de chemin. Omniprésente sur les réseaux sociaux, proposant une architecture atypique, que nous dévoile ce nouveau mode constructif sur notre rapport à l’habitat ?
Est-elle écologique, comme certains le prétendent ? Est-elle économique ? Et enfin, est-elle réellement modulable ?
Je vous laisserai juger par vous même après la lecture de ce dossier entièrement consacré à : La maison container.
Avant propos sur les maisons containers
La maison container, ou « conteneur », n’est pas une maison, ça vous l’avez bien compris. C’est un conteneur en acier, transformé en maison.
Dès lors, il convient de situer le procédé dans un cadre écologique et économique, comme pour tout type de construction, mais également dans un cadre légal.
En France, la construction de maisons individuelles est extrêmement réglementée.
Par conséquent, aborder le phénomène de la maison conteneur uniquement sous un aspect technique serait une erreur d’appréciation. Une maison doit vous protéger, avant tout. Le vieil adage « avoir un toit sur la tête », ne signifie pas simplement se protéger de la pluie.
Une maison doit vous apporter la jouissance des lieux, comme habitat, mais également des barrières de sécurité face à divers risques :
- Le confort thermique (pour vous, et pour une revente)
- Le risque incendie
- Le risque sismique
- La solidité de l’ouvrage sur le très long terme
- La tranquillité et la quiétude acoustique
En d’autres termes, toute construction qui dérogerait à ces règles ne peut pas être considérée comme une maison. Un abri de jardin ou une caravane pouvant très largement faire l’affaire par ailleurs.
A lire sur le sujet : Un article intéressant sur le Figaro (photo ci-dessus)
Les points forts d’une maison conteneur
Avant tout, il convient de saluer favorablement le procédé, par la mise en avant de ses points forts :
- Une structure solide (piliers et longerons)
- Un procédé ultra pragmatique (impossible de faire plus simple)
- Une solution de réhabilitation intéressante
- Réel attrait pour celles et ceux qui recherchent une construction atypique.
Les affirmations, disponibles en ligne, sur la maison container
Je souhaite être le plus rationnel, et le plus factuel possible dans cet article, afin de donner un avis honnête à mes lecteurs.
Si vous me lisez régulièrement, vous savez que je maîtrise les constructions de toutes sortes. Plus précisément, j’ai débuté ma carrière dans les maisons modulaires, en ossature bois.
J’ai eu l’occasion de travailler sur 2 modules, en conteneurs maritimes, pour un aménagement de type « maison de jardin » à deux reprises.
Je suis donc ouvert à tout, et je vais simplement décortiquer tous les éléments importants d’une construction, qui bien souvent sont éludés dans les vidéos et les articles des parties prenantes :
- Combien coûte ma maison conteneur : Voir la vidéo
- Avec 6 containers, il a construit la maison de ses rêves : La vidéo
- Je construis ma maison container (plusieurs épisodes) : Episode 1
- Construire sa maison container pour 27400 euros : Voir la vidéo
Dans ces vidéos, toutes très intéressantes, certaines allégations sont mises en avant pour décrire la maison container et parfois en faire la promotion. Avant de vous jeter à corps perdu dans un projet de ce type, il est important de vous poser les bonnes questions.
Intérêt économique : La maison container est-elle moins chère ?
Avant tout, il convient de scinder son raisonnement. Ce qui peut être attractif pour les uns, ne l’est pas forcément pour les autres. Pour ne pas faire de mauvais amalgames, je vais donc dissocier l’intérêt économique d’une maison container en deux catégories de projets :
- Dans le cadre d’une autoconstruction : Oui, c’est économiquement attractif
- Dans le cadre d’un achat clé en main : Non, l’intérêt financier n’est pas pertinent.
Dans un de mes articles, destiné aux autoconstructeurs, j’explique comment créer un studio de jardin complet et isolé, hors main d’œuvre, pour un ratio de 600 euros le m2 (avant dernier paragraphe de l’article en lien ci-dessous).
Lire mon article sur le prix d’un habitat léger isolé de type studio de jardin
Aucun suspens dans le cadre d’une maison container, c’est un choix réellement intéressant sur le plan économique pour les autoconstructeurs. En revanche, si vous projetez d’acheter un container clé en main, vous risquez d’être très désagréablement surpris : Le coût ne présente aucun intérêt.
Lire mon article sur le prix d’une construction de type maison container
Prix d’une maison container de 100 m2 (113 plus exactement)
Compte tenu de la typologie des containers, il est impossible de définir des surfaces nettes adaptées à votre projet, c’est à vous de vous adapter aux dimensions des conteneurs.
C’est un premier critère de « malus » pour la maison conteneur. Les maisons individuelles sont souvent dessinées selon les besoins précis et le budget. Ici, il faudra inverser son raisonnement.
- 3 conteneurs High Cube : 84 m2
- 4 conteneurs High Cube : 113 m2
Selon tous les principaux acteurs du bâtiment (Nexity, FFB) et les associations de consommateurs, le prix moyen au m2 pour une maison individuelle neuve est de : 1500 euros TTC.
Ce montant étant considéré comme clé en main.
Autrement dit, ce montant inclus (hors terrain), les fondations, le terrassement sommaire, la construction complète (murs, sols, plafonds, isolant etc.) et les VRD (raccordements aux réseaux).
Prix d’une maison individuelle Clé en main de 113 m2 : 169 500 euros TTC
Cas numéro 1 : Le clé en main
Qu’en est-il pour notre maison container de 100 m2 (113 plus exactement) ?
Pour réaliser une maison container de 113 m2, il est nécessaire de « récupérer » 4 containers « high cube » de 28 mètres carrés (le compte n’est pas rond).
1. Chaque container se trouve aisément sur les sites de vente en ligne, aux alentours de 5000 euros TTC. Hors frais de livraison.
2. Pour supporter ces containers, créer l’assise de la future maison, il faut réaliser des plots (pieux) béton avec des pilotis. J’estime à environ 300 euros TTC le pieux. Pour les 8 containers, il faudra 48 unités.
3. Les containers servant à réaliser une maison ne sont jamais réellement étanches. Ils ne sont pas conçus pour (du fait de leur liaisons en plusieurs modules pour réaliser une maison de 113 m2.
4. Il convient d’équiper la maison avec des menuiseries (PVC et Alu) telle que ce serait le cas pour une maison individuelle. De manière empirique, une maison commune d’environ 100 m2 est équipée de 4 fenêtres, 1 baie vitrée, 1 porte d’entrée, 2 fenestrons (Salle de bain et WC). J’exclue de fait une porte de garage, mais ce n’est pas le poste le plus onéreux.
Le tout comprenant évidemment les matériaux, ainsi que la pose par un artisan qualifié et équipé.
En résumé, pour un comparatif clé en main :
- Containers nécessaires pour une maison de 113 m2 : 20 000 euros
- Pieux pour le support de 4 containers : 14 400 euros
- Etanchéité multicouche sur une surface de 113 m2 : 12 000 euros
- Menuiseries extérieures : 12 000 euros
- Isolation sol et plancher haut : 10 000 euros (45 euros le m2)
- Isolation des murs par l’extérieur : 6000 euros (60 euros le m2)
- Bardage bois extérieur : 12 000 euros
- Doublages intérieurs : 14 000 euros (BA 13 placostyl) compris portes de distributions
- Faux plafonds (sans isolant) : 4000 euros
- Sols : 5500 euros (fourniture et pose d’un stratifié standard)
- Plomberie & chauffage : 12500 euros (Pompe à chaleur)
- Electricité complète : 7500 euros
- Zinguerie, eaux pluviales : 4500 euros (excessivement onéreux sur les structures de ce type)
- VRD : 4500 euros (au plus bas)
- Etude, dépôt de permis, consuel : 2200 euros
Total : 141 100 euros TTC soit 28 400 euros d’économies en comparaison d’une maison traditionnelle.
Cette économie est « relative » car il est question ici d’une maison atypique, dont la revente ne sera peut être pas permise dans le temps.
En outre, les montants que j’énumère ici doivent être revus à la hausse, car la mise en œuvre sur l’acier est toujours plus onéreuse que sur du bâti traditionnel. J’estime une plus value de 15 % environ, ce qui réduirait « l’économie » à seulement 7 235 euros.
Cas numéro 2 : L’autoconstruction
Je vais donc reprendre les éléments que le premier vidéaste met en avant (très bons épisodes d’ailleurs) :
- Menuiseries : 6000 euros / ça semble tout à fait correct
- Charpente : 5600 euros pour la poutraison et l’OSB ( 46 euros du M2) / C’est tout à fait correct
- Ouate de cellulose sur toiture : 2500 euros / Rien à dire pour l’épaisseur de 50 cms
- Bâche EPDM : 4000 euros / 33 euros du m2 (à voir, cela me semble peu)
- Laine de bois : 3500 euros / hypothèse 122 m2 / soit 28 €/m2 de laine de bois (je valide…)
- Grille anti-rongeur : 500 euros ?
- Pare pluie : 300 euros c’est ok
- Bardage : 4100 euros / quel type de bardage ? A environ 35 euros le m2 c’est ok.
- Quelques autres détails
Soit 586 euros le m2. C’est imbattable, si nous considérons l’ensemble en Hors d’eau et Hors d’air. L’utilisation des techno pieux est un énorme atout dans ce cas. De plus, dans ce cas l’isolation est particulièrement efficace.
Cependant, nous parlons ici d’une autoconstruction. Les personnes, passionnées, qui se lancent dans ce projet, ainsi que celles qui ont tourné ces vidéos, réalisent elles-mêmes les travaux.
Imbattable.
La FFCMI (Fédération Française des Constructeurs de Maisons Individuelles) nous donne un ratio à peu près équivalent, avec un m2 moyen de 800 euros. Soit effectivement plus cher, mais avec la main d’œuvre. En revanche, pas d’isolation dans ce cas.
L’attrait économique est donc certain et factuel. En autoconstruction uniquement.
Soyons clairs, si vous souhaitez sous traiter, faire intervenir des entreprises, la maison container vous coûtera à minima le prix d’une maison de maçon, voire plus cher car peu d’artisans accepterons d’engager leur décennale sur ce type de projet.
La maison container de 60 mètres carrés à 27 400 euros
Lien : voir la vidéo
- Extérieurs non peints, non bardés : Interdits partout en France
- Isolation PU : nécessite une bonne réflexion, insuffisante selon moi pour remplir les conditions d’une RT
- Sols : excellente idée, plein de ressources ce garçon ! mais du coup, pas d’isolation de plancher
- Impacts sonores, toiture nue, c’est une très mauvaise idée !
- Plots exagérément dimensionnées
- fenêtres en saillie: interdites en France
- Quadruple porte vitrée : 5000 euros au bas mot, or ce point est éludé dans la vidéo
- « Charpente métallique » au lieu d’une ossature placostyl, je pense que c’est une erreur de terminologie
- Pourquoi de l’ossature bois ? réseau électricité et plomberie ?
Le « tuto » le plus fiable, et le plus détaillé que j’ai trouvé (en lien ci-dessous) est très appréciable. Ce tutoriel est véritablement factuel et le thème est abordé avec une grande sincérité :
Lien : Voir la vidéo
Attrait écologique : La maison container est-elle « responsable » ?
La notion de recyclage est fortement présente dans l’offre et la mise en avant des maisons containers. Cela en fera sursauter plus d’un parmi mes lecteurs.
Je ne suis personnellement pas un expert en écologie et recyclage, bien que cela soit au cœur de mon raisonnement constructif, mais soyons honnêtes :
Un conteneur n’a rien d’écologique ou de vaguement environnemental.
C’est même très clairement l’opposé du concept des maisons modulaires. En outre, il parait évident que si le choix de l’upcycling est privilégié, cela sous entend clairement que ces containers seront en moyen, ou mauvais état. Ce qui n’est pas très engageant quand on évoque la construction d’une maison.
- Fabrication de l’acier
- Entretien de l’acier
- Renfort de la structure faisant doublon en comparaison avec une ossature bois
- Nécessité de doubler comme pour une ossature bois (encore un doublon)
La seule force du conteneur réside dans le fait qu’il soit déjà fabriqué. C’est le seul et unique point qui permette d’affirmer, ou de supposer un quelconque attrait écologique ou responsable, pour ce type de construction.
Le concept est donc plaisant, attractif à tous égards, mais on ne peut clairement pas dire qu’il soit « écologique ».
Aménagement d’une maison conteneur : La panacée ?
Souvent passé sous silence, la question de l’aménagement d’une maison de type conteneur se pose. Et elle n’ai pas des moindres.
Sur ce type de construction, il s’avère assez difficile, voir impossible de réaliser certains aménagements :
- Chape pouvant intégrer un chauffage au sol : Difficile, voir impossible
- Comble technique pour passer un gainable : Difficile, il faut de grandes hauteurs sous plafond (voir la vidéo numéro 3)
- Absence de fonds de clouages : Tout est en tôle
- Plus adaptée aux revêtements de sols stratifié qu’à la pose d’un carrelage
- Volumes nécessairement rectangulaires et délimités par la forme des containers
En outre, il est nécessaire d’aborder le phénomène de « cage de faraday ». Etant entièrement métallique, une maison container doit être une véritable cage à ondes, atténuant considérablement l’efficacité des réseaux GSM.
L’acoustique d’une maison container
Avec une isolation extérieure :
Au détour de plusieurs vidéos de passionnés, qui ont conçus leur maison container en autoconstruction, j’ai pu remarquer qu’il n’y avait aucun doublage intérieur. Or, cette solution, toute économique soit elle, est le pire des cas de figure pour l’acoustique.
Le son déteste les surfaces en acier, ou en tôle plus généralement.
La contrainte est donc de l’ordre du confort, et dans ce cas, le confort acoustique. J’imagine assez aisément qu’il doit être proprement impossible de regarder un film dans de bonnes conditions, ou simplement jouer de la guitare, chez soi.
La lecture architecturale, quant à elle, est très personnelle et propre à chacun. Les parois intérieures d’une maison, en tôle nervurée, peut plaire à certains. C’est une affaire de goût.
Le véritable problème, outre l’aspect acoustique impossible à gérer, réside également dans le fait de ne pas avoir de « vide de construction », pour faire passer les gaines et pour encastrer les prises par exemple.
Dans la vidéo numéro 1, on distingue bien les prises de courant en « saillie » sur la tôle. Soyons clairs, c’est très disgracieux.
Avec une isolation intérieure :
L’isolation par l’intérieur vient solutionner le problème car il sera nécessairement revêtu par un parement, BA13 ou bardage. Ce dernier résout le problème du confort acoustique.
Il en ai de même pour la toiture, qui devra être parfaitement isolée.
En outre, et c’est un élément considérablement à charge contre la maison container, l’isolation intérieure va engendrer une forte pathologie de type « point de rosée » sur une structure en acier.
Un thermicien sera bien en peine de gérer et contrôler les ponts thermiques d’une part, mais également la condensation.
Solidité et pérennité d’un conteneur : La structure
« Les cadres du conteneur maritime sont extrêmement robustes. Ils doivent pouvoir supporter le poids de cinq autres containers posés par-dessus, soit une masse de plus de 150 tonnes, appuyée uniquement sur les quatre coins du container » selon le site info-conteneur.fr
C’est un énorme point fort pour le container.
Sur ce point, aucune structure bois ne peut rivaliser. C’est d’ailleurs particulièrement intéressant. Cependant, il ne faut pas confondre la solidité en terme de descente de charge sur 4 appuis (piliers) avec la notion de solidité structurelle de l’ensemble.
Dans le cas d’une étude de contreventement, la maison container n’est pas aussi « solide » qu’une maison de maçon ou une maison en bois.
L’entretien d’une maison container :
L’acier se corrode, même le CORTEN !
A décharge du principe, nous pouvons également affirmer que les enduits se fissurent ou se ternissent, et que le bardage doit être entretenu très régulièrement.
C’est par conséquent, assez équilibré de ce point de vue.
En revanche, s’il est certain qu’un bardage doit être lasuré très régulièrement, selon son exposition, un bon corps d’enduit quant à lui, peut perdurer pendant 40 ans sans aucun souci.
C’est donc plus précisément la nature des produits d’entretien qui m’interpelle. Car l’acier ne peut être entretenu que par des produits fortement polluants, en phases solvant et/ou époxy.
Dans le cas d’un bardage extérieur rapporté, en bois par exemple, le système redevient pertinent, du moins, autant qu’il puisse l’être au regard du surcoût qui réduit considérablement l’attrait économique.
Le risque sismique :
Très certainement un des points forts de la maison « conteneur ». La résistance des containers présente un avantage indéniable face au risque sismique. Sur ce point, difficile de faire mieux.
Le seul point, sur lequel j’apporterai des éléments de réflexions, réside dans le manque de voile de contreventement (à confirmer).
Le risque incendie :
Contrairement à l’extrême solidité de la structure face aux descentes de charges, un conteneur est le pire cas de figure en cas d’incendie, y compris si l’incendie ne « touche » pas la maison.
En d’autres termes, si vous habitez les Pennes Mirabeau, où plus généralement les Bouches du Rhône ou le Var, oubliez le projet d’une maison container.
En cas d’incendie ou de feu de forêt, la structure va littéralement se déformer, transmettre les calories et s’effondrer.
L’acier est le plus caloporteur des matériaux. Même si l’incendie à lieu à plusieurs dizaines de mètres, votre maison va fondre. Le risque est grand, d’autant que la structure, une fois déformée, ne vous permettra pas d’ouvrir les portes ou les fenêtres, qui seront littéralement compressées sous l’acier.
Ce système constructif est une hérésie en terme de risque incendie.
L’absence de fonds de clouages :
Presque jamais abordé dans les vidéos que je vous ai partagé en lien, l’absence de fonds de clouages est un véritable problème (défaut) pour le technicien que je suis.
Les menuiseries vont nécessiter un grand travail d’adaptation (pré cadres, soudage de plats pour la pose, habillages extérieurs). Parfois relevant bien plus du « bricolage » que du bâtiment. Inutile de dire qu’ici, les DTU volent en éclat.
J’imagine également que le coût des habillages est largement sous estimé dans les différentes vidéos d’exemple. Le pliage, les couvertines, l’étanchéité des ouvertures risque de coûter plus cher que les menuiseries elles-mêmes.
En résumé :
Le risque incendie, à lui seul, devrait invalider les maisons containers. Or, en plus de peu de fiabilité du contreventement mécanique (voile de contreventement) le procédé fait tout de même des émules.
Face aux divers risques, une maison container n’est absolument pas pertinente.
L’insertion paysagère : La maison container difficile à « caser »
Le PLU (Plan Local d’Urbanisme) de presque toutes les communes est définitivement fermé aux maisons containers. Il est important de le savoir avant de démarrer un quelconque projet de ce type. Le créateur de la vidéo en lien sur Youtube est très honnête sur ce point avec ces lecteurs.
Son projet se situe en zone artisanale, beaucoup plus simple en terme de règlementation.
Pour le cas de la maison à 27 000 euros, présentée dans la vidéo numéro 4, il est proprement impossible d’obtenir un accord. En France, le bardage acier ne sera permis sur aucun terrain. Son discours est donc très peu réaliste.
L’article du Dauphiné Libéré est quant à lui un peu trop succinct. En effet, ce dernier évoque une maison container disponible dès 400 euros le m2, ce qui est clairement et tout bonnement impossible (voir mon screenshot ci-dessous).
Je ne vous fait aucune révélation en affirmant que les coûts au m2 indiqués dans l’article sont fantaisistes. Vous pouvez lire le billet de blog ici.
Lire mon article sur le dépôt de permis de construire pour les autoconstructeurs
Les garanties pour une maison container
Les « constructeurs » que j’ai pu solliciter par le biais de mes recherches sur Google ne proposent que des garanties biennales.
C’est une évidence, une maison container n’est pas « factuellement » une maison. Cela tient plus de la ferronnerie que de la construction. En l’occurrence, aucune garantie décennale n’est exigible.
Il est nécessaire, par simple honnêteté intellectuelle, de noter que l’absence de garantie décennale, ainsi que de dommages-ouvrage, devrait considérablement réduire le prix d’une maison container.
Nota : Votre maison sera impossible à revendre !
Ces dernières (décennales et dommages-ouvrage) pèsent sensiblement sur le coût d’une maison individuelle, à la fois pour le vendeur et pour l’acheteur.
En outre, même si la dommages-ouvrage est censée être payée par le client final, c’est un budget énorme, que d’obtenir un garant pour les constructeurs. Plusieurs dizaines de milliers d’euros par an.
Cette économie devrait, en théorie, rendre la maison container financièrement plus accessible qu’une maison individuelle. Ce n’est pourtant pas le cas.
Enfin, et pour aborder l’aspect « après sinistre », il sera très difficile, peut être même litigieux, d’indemniser un assuré sur la base de ce type de maison.
En résumé :
Dans le cas d’une construction de maison container, vous n’avez aucune garantie autre qu’une simple biennale, soit l’équivalent de la garantie fabricant pour un simple frigo.
C’est pour le moins effrayant.
Le prêt bancaire pour une maison container
La vidéo numéro 1 que je partage dans cet article évoque clairement l’obtention du prêt bancaire pour la construction d’une maison container. Le créateur de contenu est assez « honnête » en évoquant que ce prêt est difficile à obtenir.
Cependant, je pense qu’il ne dit pas toute la vérité, et que ce prêt devait être conditionné justement à la réalisation d’une vidéo « évènement ».
Dans la réalité, et c’est l’homme de l’art qui vous l’affirme, au delà de 50 000 euros, aucun banquier ne vous accordera un prêt bancaire pour la construction d’une maison container, dont on ne sait pas si elle sera « vendable » dans dix ans.
L’absence de « garant », que j’évoque plus haut, conditionne également de façon « obligatoire » l’obtention d’un prêt pour la construction d’une maison individuelle. Ce n’est pas un critère discutable, c’est la loi.
Or, si j’en crois les éléments de la vidéo, son banquier a donc contrevenu aux règles de base du financement d’une maison individuelle.
En résumé, si vous avez les fonds en propre, vous pourrez construire votre maison conteneur.
En revanche, si vous devez passer par un prêt bancaire, vous devrez dans 95 % des cas fournir un CCMI (Contrat de Construction de Maison Individuelle) à votre banque.
Les maisons conteneurs ne sont malheureusement pas éligibles aux contrats CCMI, par conséquent vous n’aurez pas l’obtention du prêt tant attendu.
Ma conclusion
Les maisons containers sont un doux rêve, accessible aux autoconstructeurs, c’est un fait. Pour tous les autres publics, je ne conseillerai pas particulièrement ce système constructif sans les alerter sur les nombreux défauts que présente le procédé.
En terme de gestion du risque, le cœur de la raison d’être d’une maison, la solution « conteneur » est une véritable hérésie.
Pour des « petits » modules de type studio de jardin, pourquoi pas ! Le coût investi sur une petite structure peut dans le pire des cas, être balancé par son utilité.
En revanche, dès lors qu’on approche le prix d’une construction plus spacieuse, soit plus de 80 000 euros, l’enjeu est très risqué. Nul ne sait comment vont évoluer les différentes règlementations thermiques à venir, le risque de perdre un investissement est alors grandement engagé.
A la revente, soyons sérieux, personne ne s’engagera dans un tel choix hasardeux.
En résumé, j’aime le concept et d’ailleurs, je m’y essaierai à nouveau le temps venu. Pour les bons bricoleurs, artisans ou simples particuliers qui n’ont pas peur de mettre la main à la pâte, c’est tentant.
Avec une « économie » relative de quelques milliers d’euros sur une solution clé en main, le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Pour tous les autres publics, c’est par conséquent un verdict négatif que je rendrai. Ne vous aventurez pas dans ce procédé qui reste, en définitive, un phénomène de mode.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN. Crédits photo de cover : Luca de Lara