La ventilation d’une maison est sans aucun doute la base d’un habitat sain. Outre les bienfaits qu’apportent une bonne ventilation, je vais tenter de partager mon expertise sur des notions plus techniques, parfois sources de désordres dans le bâti.
Entre nécessité de bien s’isoler et de correctement aérer, il faut faire bonne mesure.
Dans cet article, je vous propose d’aborder la ventilation du point de vue de l’homme de l’art.
Ventilation maison : Les règles de base
La ventilation d’une maison est essentielle pour maintenir un environnement intérieur sain et confortable.
Elle permet de renouveler l’air intérieur en évacuant l’humidité, les polluants et les mauvaises odeurs, tout en apportant de l’air frais. Un bon système de ventilation, qu’il soit passif ou actif, est incontournable.
En outre, il contribue à la préservation de la structure du bâtiment en évitant l’accumulation de moisissures et de condensation (voir plus bas dans l’article).
Il faut, par conséquent, distinguer plusieurs points précis pour établir une vision claire de la ventilation :
- Air entrant et sortant : La circulation de l’air dans le logement
- Etanchéité à l’air pour une bonne isolation : Mauvais prétexte et porteur de désordres
- Action individuelle : Ouvrir les fenêtres, c’est logique mais pas suffisant
- Eléments techniques passifs ou actifs : VMC, Menuiseries, etc.
Selon le site de MMA, le taux d’humidité idéal dans une maison doit être compris entre 40 et 60%. Cependant, en tant qu’hommes de l’art, nous savons que nous ne pouvons pas intervenir sur un support dont le TH est supérieur à 20%.
Le taux d’humidité ambiant ne doit donc pas être amalgamé avec le TH du support à traiter.
La ventilation naturelle passive
Il existe, dans tout logement, un grand nombre de ventilations naturelles, parfois insoupçonnées, qui permettent de réguler l’hygrométrie ambiante et assurer un habitat sain.
Ci-dessus : Exemple de desquamations dues à une mauvaise ventilation de la maison / Chantier S.USTUN
Ventilation Naturelle : C’est la méthode la plus passive et la plus simple, utilisant des ouvertures telles que les fenêtres, les grilles d’aération et les cheminées pour permettre la circulation de l’air.
La plupart des sites internet vous conseillent d’ouvrir, d’aérer, et c’est une évidence.
En revanche, il faut savoir que certaines forme d’aération passives existent bel et bien. Pour exemple, une baie vitrée coulissante est par nature peu étanche à l’air. Au contraire, une menuiserie dite « à frappe » est quant à elle une véritable barrière à la ventilation.
La présence d’une cheminée à foyer ouvert est également une « entrée d’air » naturelle.
Défaut : Le contrôle de la circulation de l’air est impossible à mesurer.
Menuiseries anciennes
Les menuiseries anciennes, souvent en bois (car il en existe encore de nombreuses en acier), laissent naturellement circuler l’air. Elles ne sont tout bonnement pas (ou plus) étanches. Cette aération naturelle est imperceptible, mais très efficace.
Ce n’est cependant pas suffisant et il est inutile d’ajouter que cela s’accorde mal avec une bonne isolation thermique.
Mortaises de ventilations sur menuiseries récentes
Les mortaises de ventilations sont vulgairement des « trous » dans vos menuiseries. Elles sont habillées par une grille, généralement en PVC, dont le volume d’entrée d’air est réglable.
Cette mesure permet de créer une entrée d’air, non une sortie. Les mortaises seules ne sont donc pas suffisantes. Elles sont uniquement un apport d’air sain, en complément de la sortie en VMC qui permet le renouvellement de l’air ambiant.
Nous parlons ici de quelques 10 à 20 m3/h.
Il est possible d’équiper les grilles de ventilation d’accessoires pour plus de confort. Ci dessus, les accessoires de la gamme SCHUCO.
Grilles d’aération en contre cloison
Les grilles d’aérations, que vous pouvez voir sur les maisons ou logement des années 70, ne sont pas à proprement parler des ventilations. Ces dispositifs servaient à ventiler le vide de construction (l’intérieur du doublage).
Ces maisons étaient très souvent doublées avec de la brique plâtrière, isolées avec de la laine de verre.
En l’occurrence, ces grilles ne donnent que sur l’isolant, et en aucun cas sur l’extérieur. Elles n’ont donc aucun rôle de ventilation au sens strict.
La VMC : Pour assurer une ventilation mécanique de la maison
Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC) :
Ce système utilise des ventilateurs pour assurer un renouvellement constant de l’air. Pour vulgariser, la VMC c’est un moteur avec des ventilateurs dans une boite qui dispose d’entrées et sorties. Elle est généralement positionnée dans les combles.
Il existe deux principaux types de VMC :
La VMC simple flux, qui extrait l’air vicié des pièces humides (cuisine, salle de bains) et la VMC double flux, qui extrait l’air vicié tout en préchauffant l’air entrant grâce à un échangeur de chaleur.
La VMC double flux est plus efficace en termes d’économie d’énergie, mais elle est aussi plus coûteuse à installer.
Sachez qu’une VMC simple flux de bonne qualité coûte 250 euros environ. Il serait dommage de s’en passer.
Sujet technique :
La VMC est obligatoire pour toutes les constructions neuves. Vous n’y couperez pas.
En outre, cette dernière ne doit en aucun cas être désactivable. J’ai constaté des interrupteurs de VMC sur plusieurs de mes chantiers, c’est proprement interdit.
Il existe des « variateurs » avec les positions 1 et 2 pour la vitesse du ventilateur, mais en aucun cas vous ne devez poser un interrupteur On/OFF. Cette obligation est clairement identifiée dans la norme C15.100.
Sujet chantier :
- Chaque pièce humide doit disposer d’une bouche d’extraction (salle de bain, cuisine fermée, WC)
- En conséquence, il ne faut pas poser de mortaise de ventilation sur les menuiseries situées proche des bouches de VMC
- Les bas de portes doivent être détalonnés, pour assurer la circulation de l’air et éviter la décompression.
Les désordres dus à une mauvaise ventilation
Une mauvaise ventilation de la maison va générer plusieurs problèmes, sanitaires et techniques :
- Mauvaise circulation de l’air donc accumulation d’air vicié : Problèmes de santé sur les personnes sensibles
- Apparition de moisissures sur les parements plâtre ou BA13 : Desquamation de la peinture, tâches, noircissement des supports
- Salpêtre
- Effritement des parements : Modification de la stabilité structurelle de certains parements comme les plaques de plâtre
- Vieillissement prématuré des embellissements
- Déminéralisation des liants (plâtre, mortier, scellement etc.)
- Bactéries
Dans le cadre d’un dégât des eaux, même avéré, certains experts peuvent considérer qu’une absence de ventilation peut conduire à un défaut d’indemnisation.
Lire mon article sur l’apparition de moisissures dans les pièces humides
Le zèle de l’isolation à outrance : Danger
Il existe une (saine) guerre fratricide entre ceux qui prônent une étanchéité totale pour une meilleur isolation, et ceux qui considèrent que l’absence de ventilation est un excès de zèle. C’est là tout le paradoxe.
Pour exemple :
La qualité d’une menuiserie se mesure, tout comme la qualité de la pose de cette dernière. Ainsi, lorsqu’on passe le RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour les artisans poseurs, on nous martèle la règle des 3 barrières d’étanchéité.
Or, dans le même temps, on crée des mortaise de ventilation laissant transiter 20M3/heure d’air. C’est tout bonnement paradoxal !
Ne pas faire : Boucher les mortaises de ventilation !
L’approche en après sinistre : Soyons « Pro »
Comme je l’évoque plus haut dans l’article, une absence de ventilation, naturelle ou contrôlée, peut engendrer un dégât des eaux. C’est un cas de figure très récurrent.
Par conséquent, le premier réflexe de l’expert (ou de l’artisan) est de s’alerter lorsqu’il voit une menuiserie en PVC flambant neuve dans une pièce peu aérée. C’est le signe distinctif d’une excellente pose de l’artisan, qui en voulant bien faire, rend la pièce totalement étanche à l’air.
Le résultat, très rapide (quelques semaines), se traduira par l’apparition de spectres de moisissures sur les embellissements.
Pour les anciens plafonds en badigeon, c’est littéralement un désastre ! Ces derniers vont « boire » l’humidité comme un naufragé du désert qui tombe sur une oasis. Le badigeon va se désagréger et s’effriter.
Vérification des supports :
Il est nécessaire d’effectuer un contrôle du support à l’aide d’un humidimètre (le fameux TH).
Symptômes :
- Desquamations : C’est un très bon signe, le support est sec et peut être enduit.
- Effritements « larvaires » : Très mauvais signe, suspicion de badigeon, impossible à embellir en l’état sans aggraver le support.
Les solutions techniques
- Poser une VMC lorsque c’est possible : présence de combles ou d’un plénum
- Menuiseries oscillo battantes avec entrebâillement
- Extracteurs mécaniques en traversée de murs extérieurs
- Solutions chimiques par application d’une solution anti-humidité (peu convaincante selon moi).
La ventilation d’une maison « hors œuvre » habitable
Il est également nécessaire d’aborder les sujets connexes à la ventilation du logement. Ce sont les vides de constructions. En l’occurrence, et je le développe dans plusieurs de mes articles, il est nécessaire de ventiler les soubassements comme les plénums.
Indispensable :
- Créer une ventilation basse et haute, pour assurer la ventilation des vides sanitaires (si la maison est construite sur un vide sanitaire ou un vide technique)
- Assurer l’aération des combles pour éviter tout désordre sur les éléments de charpente
- Ne pas « boucher » les trous d’homme dans les murs de refends qu’ils soient en sous œuvre ou en plénum. Vous pouvez les fermer avec un volet battant qui laisse circuler l’air
Lire mon article sur la nécessité d’une bonne ventilation des vides sanitaires
Consulter le sujet de la ventilation de toiture
A lire par ailleurs
Je vous livre ici des liens vers des articles que j’ai trouvé intéressants :
- Ventilation et chauffage sur le site La maison Saint Gobain
- Excellent article de MMA sur les conséquences d’une mauvaise ventilation
NOTA : Cet article comporte plusieurs sujets développés dans la formation métreur après sinistre.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN