Solin contre mur : Les modèles, les produits, les techniques et mes conseils de pose.
J’ai sélectionné 5 différentes typologies de solins, ainsi que de poses, afin de répondre aux questions les plus courantes. Ce sont des chantiers effectués ces deux dernières années, soit en mesure provisoire après sinistre, soit en mesure définitive. Cela présente le mérite d’être un article on ne peut plus « terrain », pour être au plus proche du sujet.
Si vous maîtrisez la signification du terme « solin », vous pouvez vous reporter directement aux paragraphes qui suivent la définition.
Solin contre mur : S’il n’est pas accolé au mur, ce n’est pas un solin
Le terme « solin » ne définit pas un produit mais une technique d’étanchéité. Réaliser un solin est un acte artisanal, historiquement mis en œuvre par les couvreurs, zingueurs ou maçons. Un solin est toujours, sans aucune exception, accolé à un mur. Si tel n’est pas le cas, alors il ne s’agit pas d’un solin mais d’un autre élément d’étanchéité ou de zinguerie quelconque.
Définition d’un solin :
Un solin est un ouvrage d’étanchéité. Il consiste à assurer une jonction étanche entre une passe de toit (ou de terrasse) et un mur. Il est exécuté de différentes manières, selon les matériaux utilisés, et peut être mis en œuvre par différents artisans :
- Solin en zinc ou tôle pliée (y compris en acier inoxydable) : NF P 34-402
- Solin en feuilles de plomb
- Solin préfabriqué avec équerre et treillis ou équerre en biseau
- Solin réalisé au mortier de forme
- Solin en bardeau bitumé soudé ou non
En règle générale, les solins dépendent de la série 40 des DTU, relative aux couvertures.
Exceptions et confusions :
Il n’est pas rare qu’il y ait confusion entre solin et autres ouvrages d’étanchéité. En l’occurrence, il ne faut pas confondre un solin avec :
- Un abergement de cheminée ou de fenêtre de toit (type vélux)
- Une couvertine sur muret ou acrotère
- Une noue zinguée
- Un couloir de zinc
Pose d’un solin :
La pose d’un solin dans la construction neuve ne nécessite pas de précisions particulières. Ce dernier étant posé avant le corps d’enduit, le mortier de façade à la chaux viendra recouvrir la partie en armature grillagée du solin et fera étanchéité.
En revanche, lorsqu’il s’agit de poser un solin en rénovation, il est impératif de préparer le support. Vous devez suivre ces règles :
- Déposer l’ancien solin. Ce dernier peut être en plomb, en tôle (très courant), en zinc ou simplement au mortier de forme. Dans le cas du mortier, il faudra « buriner » totalement sous l’emprise du solin.
- Effectuer un trait de meuleuse au droit de la partie haute du futur solin. Scier au disque en suivant un coup de cordex, pour délimiter la purge de l’enduit, et éviter un décollement non voulu.
- Préparer soigneusement le support en purgeant ce dernier de tout éléments faisant obstacle à une parfaite planéité, propre et sans défauts: Mettre le mur « à blanc ».
- Poser le nouveau solin en épousant parfaitement le support, avec, à la fois un cordon épais de mastic colle, et l’utilisation de chevilles à frapper ou à visser.
- Effectuer de larges recouvrements (chevauchements) si vous utilisez des solins « prêts à poser » de longueurs communes (en général 2 mètres).
- Renforcer de joint mastic (type sika) au droit de l’équerre de jonction entre le profilé et la partie grillagée ou la gorge prévue à cet effet.
La qualité de la pose, donc de l’étanchéité, d’un solin contre mur dépend du soin apporté à la purge de ce dernier. Dans la rénovation, chaque cas sera particulier. En revanche la méthode est toujours la même pour poser un solin: Soigner le support.
Lire mon article sur le mastic colle en couverture
Voyons maintenant les différents cas de figure pour la pose d’un solin.
Solin contre mur en pierre : Une pose difficile à réaliser
La pose de solin qui présente le plus de difficultés est sans aucun doute le solin sur mur en pierre. Par nature, un mur en pierre est non homogène. Ces supports présentent de nombreuses irrégularités qui rendent l’étanchéité très difficile en mettre en œuvre. Il est nécessaire, pour le couvreur ou le maçon qui veut poser un solin contre un mur en pierre, d’adapter le mur au solin, et non l’inverse. Il s’agit donc de « dresser » la partie du mur qui va recevoir le solin, ou de l’évider. La première solution étant la plus courante.
- Réaliser un relevé en aplat, après nettoyage et curage des joints et de la pierre sous l’emprise du solin.
- Créer un surfaçage parfaitement plane et apte à recevoir le solin, utiliser un mortier de forme sans retrait et hydrofuge.
- Réaliser une cunette parfaite pour ne pas créer une retenue en partie haute de l’aplat et épouser parfaitement la pierre.
- Poser son solin avec un large cordon de mastic en partie plane comme en partie « gorge ».
Solin contre mur bac acier
Ici ,il s’agit de bien cerner quelle est exactement la demande. Lorsqu’il est question de bac acier : Ce dernier est-il en toiture ou en façade ?
Les procédés peuvent différer selon le cas. En règle générale le bac acier ne dispose pas de solin mais de profilés, eux-mêmes en tôle pliée.
Si le solin est réalisé en partie haute du rampant, au droit du faitage, il existe des profilés parfaitement adaptés et « crantés ».
Dans le cas d’un solin qui suit le rampant, il s’agit d’utiliser des profilés en aplat appelés « rives contre mur », et non des solins à bavette plomb comme pour une couverture traditionnelle. Sachez également que vous pouvez faire plier vos tôles sur mesure par des sociétés spécialisées, c’est étonnement intéressant en terme de coût.
Consulter les profilés spécifiques au bac acier
Bande solin contre mur : Le cas des acrotères
La bande « solin » d’étanchéité souple, de type bardeau bitumé, est intéressante pour les réparations ou mesures d’urgence. Il ne faut jamais utiliser la bande solin souple (autocollante ou non) comme mesure définitive ou pérenne, sauf évidemment en cas d’un collage soudé à la flamme (voir mon exemple ci-dessous).
L’exemple ci-dessus est un cas, singulier mais très courant, d’utilisation de bardeau bitumé. Ici, la bande est spécialement conçue (elle est en rouleau de 1 mètre) pour les solins en relevé d’acrotère. L’ensemble est soudé, posé à chaud. Ce type de pose doit impérativement être réalisé par un professionnel qualifié.
Pose de solin contre mur : Les généralités
Quelque soit le cas de figure, la pose d’un solin contre un mur est toujours une pose singulière qui nécessite un grand soin. Dans la majorité des cas il s’agit de préparer le mur. Un solin, qu’il soit en zinc, en plomb ou tout autre matériau, doit être en retrait de l’enduit ou du parement du mur.
Même s’il est parfois nécessaire de faire une « pièce rapportée » en surépaisseur (voir la photos dans le paragraphe Solin contre mur crépis) ce n’est jamais très bon, sauf en mesure provisoire. Je modère mes propos cependant car si l’apport est bien réalisé cela peut tenir très largement plusieurs dizaines d’années.
L’exposition du solin est une notion importante.
Dans l’exemple plus bas, le retour de solin (à droite de la photo) ne récupère presque aucune eau pluviale, il est donc protégé et il supportera sans aucun problème d’être seulement « collé ». En revanche le côté gauche de la photo, le « rampant » est quant à lui extrêmement exposé au ruissellement. Il devra donc être recouvert ou « ancré » en retrait du corps d’enduit.
Le grand problème qui demeure avec les solins en rénovation réside dans le fait qu’il est nécessaire de traiter toute la longueur supérieure au solin et non une partie seulement. J’exclue les cas de figure qui concerne le neuf car il n’y a évidemment aucun sujet. Autrement dit, vous devrez traiter le solin de bas, vers le haut.
Solin contre mur : ciment et mortier
Ces quelques années à Marseille m’ont amené à découvrir les joies du mortier en toiture, à « toutes les sauces ». Soyons plus rationnels et posons les bases d’une bonne étanchéité entre mur et toiture. Les solins au mortier ne sont pas à privilégier.
Un corps d’enduit en mortier de façade à la chaux fonctionne très bien pour réaliser une étanchéité. Lorsqu’il s’agit d’une projection ou application sur une même paroi, et sur des matériaux identiques : Parpaings, briques etc.
Or le rôle principal d’un solin est justement de réaliser une étanchéité entre deux parois qui ne font pas corps. Une verticale, le mur en élévation, et l’autre horizontale: le rampant. De plus, ces deux parois ne sont pas constituées des mêmes matériaux, l’une est en appareillage de maçonnerie, l’autre en tuile ou bac acier.
Limitez au maximum la réalisation de solin au mortier, ce dernier n’est pas adapté même si, je le répète, ça fonctionne.
Le problème de ce type de mise en œuvre tient au mouvement différentiel des ouvrages d’une part, et de la probable nécessité de remplacement des tuiles le cas échéant. Si vos solins sont réalisés au mortier, vous devrez casser toute la longueur de mortier pour le remplacement d’une seule tuile.
Soit un chantier de plusieurs jours, là ou un solin plomb à bavette aurait permis une intervention d’une demi heure.
Solin contre mur crépis
Solin sur ossature bois
Il n’y a pas de technique particulière concernant la pose de solin sur une ossature bois. Il s’agit de respecter les règles de pose courantes.
Réaliser un solin souple sur plaques de polycarbonate
Une des rares situations où j’utilise du solin souple (bande de solin à coller) concerne le raccord entre une avancée en polycarbonate et le mur. Les cas de figure sont essentiellement les raccords avec une couverture de terrasse par exemple, ou bien encore, une véranda.
Les plaques de polycarbonates ne pouvant pas recevoir de mortier et ne pouvant pas supporter la chaleur d’une soudure, seuls les solins en bande à coller sont efficaces dans ce cas.
Il s’agit bien évidemment de soigner la propreté des plaques de polycarbonate pour effectuer un collage sans risque de décollement. La pose du solin au mur quant à elle reste la même. Il faudra « délarder » l’enduit de façade pour avoir une surface admissible au collage du relevé de solin.
Les vérandalistes disposent de profilés spécifiques assortis à leur vérandas. Ces bandeaux faisant office de solin permettent également de glisser des flux électriques par exemple.
Ne pas confondre « solin » et « abergement »
Un solin n’est pas un abergement de cheminée ou de vélux. Un abergement qu’il soit préfabriqué (pour sortie de toit STP par exemple) ou bien zingué, est l’élément central de l’étanchéité d’une sortie de toit. Un abergement de cheminée doit être mis en œuvre dans les règles de l’art, par un zingueur et en aucun cas avec de la bande de solin.
Les modèles de solins « prêt à poser »
- Bande de solin souple Monier 23.70 euros le mètre linéaire
- Solin bavette plomb avec grillage 44.50 euros le mètre linéaire (couleur terre cuite)
- Solin à pli spécial rénovation 43.50 le mètre linéaire (anthracite et gris clair)
- Bande de solin en zinc (sans bavette) 7.00 euros le mètre linéaire
- Faitière contre mur (pour les tôles nervurées type bac acier) montant non connu. Existe dans plusieurs teintes.
Les solins prêts à poser sont très accessibles auprès de tous vos négoces habituels. Attention au choix des teintes pour ne pas dénaturer le volet paysager, car les solins se voient de loin. Hormis le bardeau bitumé, la moyenne de prix d’un solin avec bavette plomb et biseau ou grillage est de 45 euros le mètre linéaire (pour un particulier).
Sachez, comme évoqué plus haut, que vous pouvez faire plier les tôles spécialement pour réaliser un solin. C’est efficace pour les construction moderne, les couvertures en bac acier et les terrasses et vérandas. Pour les constructions traditionnelles, restez sur des solins à bavette.
Pathologies liées au solins en après sinistre:
Comme je l’évoque plus haut dans l’article, la première pathologie liée aux solins en après sinistre, concerne les solins maçonnés au mortier. Ces derniers peuvent présenter des fissurations structurelles avec le temps, et la vétusté du minéral qui le compose. Un mortier n’a pas vocation à « travailler », il est figé. Ce manque de malléabilité dimensionnelle le destine particulièrement aux fissures.
Les tôles très fines, en galvanisé, utilisées comme solin dans les années 70, peuvent fissurer en plusieurs endroits sur une même bande de solin. C’est très courant.
Une deuxième pathologie (qui est discutable car elle ne dépend pas du solin en tant que tel) liée au solins est la grande disparité dans les précipitations. Habituellement, un relevé de solin à l’aplomb de 15 centimètres suffit très largement quelle que soit la région. Il permet d’assurer une étanchéité dans la grande majorité des passages pluvieux.
Or, ces dernières années, les pluies sont telles que l’eau dépasse cette limite de hauteur, rendant le solin inefficace.
C’est donc un sujet de grand intérêt, dont nous aurons l’occasion de débattre dans les prochains articles. Ce dossier se rapportant à l’après sinistre et plus particulièrement, aux dégâts des eaux.
En conclusion
Le sujet « solin contre mur » est un sujet riche. Surtout lorsqu’il concerne la rénovation car dans le neuf, il ne présente aucune particularité. Cet article vise donc à « dégrossir » le sujet d’autant que sous peu, j’apporterai de nouvelles informations en continuité de l’article, sur les solins d’étanchéité de murs en acrotères. C’est un sujet qui sort légèrement du thème de la couverture, je n’ai donc pas voulu le développer dans cet article.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN