Qu’est ce que le rampanage ? Ce terme est rarement connu du grand public. A quoi sert-il et comment le mettre en œuvre ?
La définition du rampanage est d’ordre technique. Il tire son nom de « rampant », faisant par conséquence référence à la pente. Rampaner, c’est combler les manques d’un mur à la pente. Il concerne donc les pignons évidemment, mais également tous les ouvrages nécessitant une arase à la pente.
Car c’est bien là la principale différence entre une arase et un rampanage : La pente.
Le rampanage peut-être chainé, non chainé, hourdis au mortier ou coulé en béton.
Définition du rampanage
Le rampanage est un acte de finition, appliqué manuellement, qui consiste à combler les vides et manques laissés par une maçonnerie en « rampant », d’où il tire son nom, par un apport de mortier ou de béton.
Ce sont généralement les pignons qui sont concernés, mais ils ne sont pas les seuls.
Cet acte peut trouver son utilité sur tout type de maçonnerie rampante, et non uniquement sur les pignons d’une construction. Il peut s’agir de rampaner des murs de clôtures par exemple, ou tout autre achèvement d’une élévation dès lors qu’elle est « à la pente« .
C’est en quelques sortes l’homologue de l’arase, qui trouve quant à elle son sens dans sa parfaite horizontalité.
Pour être tout à fait sommaire, il est donc possible d’envisager le rampanage comme une arase en pente.
Ce dernier est plus généralement un acte technique de « propreté », et de blocage des fonds, plutôt qu’un acte de consolidation dont il ne présente aucun des critères nécessaires, sauf évidemment, pour les pignons chainés.
En revanche, et notamment lorsqu’il s’agit de murs appareillés en pierres, ce dernier devient littéralement incontournable pour assoir les hauts de pignons « aléatoires » ou peu homogènes.
Enfin, le rampanage est un acte de maçonnerie, et par conséquent, ce n’est pas au charpentier de le réaliser.
Les modes de coulage du rampanage
Il existe différentes solutions pour rampaner, avec utilisation de différents matériaux.
La méthode la plus commune consiste à réaliser l’équivalent d’une arase simple, avec un mortier sablonneux. C’est un rampanage de propreté, qui n’a aucun autre utilité que de combler les manques.
Lorsqu’il est nécessaire de chainer le pignon, alors la seule utilisation d’un mortier n’est pas suffisante, il faut couler du béton pour enrober les fers à bétons.
Dans ce cas, un béton dosé à 350 kilos est très largement compatible avec l’acte. Ce dernier doit être suffisamment conséquent pour permettre un enrobage « en tout point » des armatures.
Le dosage du béton est aussi important que la bonne mise en œuvre de l’armature de chainage.
Ce dernier se coule très simplement à l’aide de seaux de maçons, entre les planches de coffrages.
Consolider les pignons
Le rampanage ne permet de consolider les pignons que dans le cas où il est chainé.
Autrement dit, si la hauteur de rampanage permet d’intégrer des fers à béton liés aux angles sur les chainages verticaux, et au centre sur le raidisseur principal. Dans ce cas, il devient structurellement efficace et pertinent.
Si vous rampanez au mortier, uniquement pour combler les « escaliers » formés par les parpaings ou la brique, cela ne consolide absolument rien.
Je vous offre ici un exemple sur une photo prise récemment dans le cadre d’une construction en brique. Vous pouvez allègrement remarquer que le rampanage n’est qu’un fond de support pour l’enduit à venir, ou potentiellement la fixation des planches de rives.
Ce dernier, en l’occurrence, ne joue aucun rôle structurel. Nous pourrions d’ailleurs nous alerter sur la dite construction, dont on remarque aisément que la pointe de pignon règne bien au delà des 1.50 mètres règlementaires pour nécessiter, en théorie, un chainage. Crédits photos : S.USTUN
Lire mon article sur le chainage en pignon ici
Les définitions incorrectes d’un rampanage
Rien n’oblige un rampanage de propreté, sauf s’il n’est prévu aucune dépassée de toit en pignon. Dans ce cas, réaliser un coulage de mortier permettra de créer un fond de support, permettant de recevoir le corps d’enduit.
En revanche, une consolidation des pignons oblige par nature à rampaner.
Si en effet, les deux sont liés par nature, il est faux de dire que le rampanage consolide le pignon à lui seul : Il ne sert à rien s’il n’est pas chainé !
Vous le constatez par vous même sur ma précédente photo, ce ne sont pas les quelques centimètres de mortier qui permettent de consolider une structure.
Ci-dessus : Capture d’écran donnant une définition incorrecte du rampanage.
Malheureusement, si je dois reprendre la définition ci-dessus, il n’y a que peu d’affirmations correctes.
- « C’est le fait de couler du béton sur des structures situées en hauteur » : Non. Comme je l’explique, rampaner c’est combler les manques de touts éléments à la pente, la hauteur n’est pas un élément déterminant. On peu rampaner un mur de clôture de 80 centimètres, s’il est en pente.
- « Cela est obligatoire lorsque la hauteur sous pignon est supérieure à 1,50 » : Non. C’est le chainage du pignon qui est obligatoire dans ce cas, le rampanage est alors la conséquence du chainage.
- « En d’autres termes, le rampanage permet à la charpente d’être assemblées aux murs de la maison » : Non, cela n’a absolument rien avoir avec la charpente. Le rampanage ne concerne que la maçonnerie. Il n’y a aucun rapport direct, ou même indirect avec la charpente.
Ces définitions incorrectes induisent le lecteur en erreur. Ce n’est certes pas catastrophique, mais il est nécessaire de restaurer la véritable définition d’un acte technique spécifique à la maçonnerie. C’est donc chose faite.
A quel moment rampaner ?
Il existe, encore une fois, autant de méthodes que maçons ! En réalité, tout dépend de la typologie de la toiture.
Dans le cas d’une charpente de type fermette :
Dans le cas d’une fermette, en règle général le maçon attendra le levage et la pose des fermes industrielles. En effet, ces dernières doivent en théorie débuter et finir sur les pignons.
Par conséquent, elles constituent à elles seules, un excellent fond de coffrage parfaitement à la pente !
Une fois les fermettes posées, et ancrées dans les arases en sablière, il suffit de coffrer les parties extérieures des pignons avec de planches de coffrage en respectant parfaitement l’inclinaison.
C’est le cas le plus simple !
Dans le cas d’une charpente traditionnelle :
Sur un autre chantier (ci-dessous en photo), le maçon a réalisé un rampanage avant la pose de la charpente traditionnelle. Les réservations pour l’empochement des pannes sont parfaitement visibles, et vous pouvez distinguer les ajouts de béton à la pente.
Même s’il est d’usage d’attendre la charpente pour commencer à rampaner (car c’est plus simple), dans ce cas le maçon a anticipé. Espérons que ses pentes sont bien calculées.
Dans le pire des cas, il exécutera simplement un rajout de matière entre deux chevrons.
Ci-dessus : Le maçon a rampané avant la réception et la pose des pannes et des chevrons. Crédits photos : S.USTUN
Cette technique est discutable. Sauf pour cause d’une quelconque contrainte technique (par exemple s’il doit poser du trilatte), il est préférable de positionner ses pannes, puis les chevrons à la pente, et cela donne le coffrage parfait pour rampaner.
J’évoque le trilatte car ce sont des caissons chevronnés et isolés, d’un seul bloc. Dans ce cas, effectivement, il semble difficile de réaliser le rampanage après la pose, le support n’étant par définition plus accessible.
Pour ma part, je vous conseille d’attendre que le chevronnage soit réalisé pour venir combler les manques.
Comment réaliser un rampanage proprement ?
Un rampanage ne peut s’exécuter correctement qu’avec des planches de coffrages.
Ces dernières doivent être suffisamment hautes pour permettre le recouvrement d’un parpaing complet à la pente (donc plus de 20 centimètres), avec suffisamment de marge pour que les serres joints ne flottent pas dans le vide.
Si votre planche de coffrage n’est pas assez « haute », le serre joint ne va pas mordre sur le « dur », il n’y aura pas de prise.
Il vous faudra plusieurs serres joints, selon la longueur totale de votre rampant évidemment.
Dans le cas où les pignons sont nus, comme sur la photo ci-dessus, cette méthode est tout à fait louable, or vous n’avez aucun repère de hauteur et de pente.
Cela sous entend que vos prises de cotes doivent être « parfaites » !
Dans le cadre ou vous posez une fermette, comme je l’évoquai plus haut, c’est encore plus simple, car la fermette vous donne déjà un « côté » du coffrage à réaliser. Par conséquent, vous n’avez plus qu’à suivre le guide, ainsi formé par la charpente.
Dans le cadre d’une charpente constituée de pannes et de chevrons, ma méthode est encore plus simple.
Une fois les pannes posées, scellées dans leurs empochements après réglage, je pose deux chevrons de part et d’autre du pignon. Cela me donne la pente, la hauteur finie, et c’est un coffrage idéal.
Il suffira de coffrer les vides sous chevrons avant coulage par un OSB ou un contre plaqué récupéré dans des chutes.
Il n’y a aucune réelle « poussée » du béton sur ce type d’ouvrage. De simples « crochettes » suffisent pour stopper la faible poussée sur l’OSB et maintenir le coffrage en place.
Conclusion
L’acte de rampaner est un acte simple, qui en dehors des cas structurels complexes ne nécessite pas réellement de compétences. C’est un acte de propreté, permettant de souligner la pente au droit du pignon, et créer un fond pour les enduits.
Il bloque légèrement les appareillages de type parpaings ou briques, mais cela ne résistera pas à un séisme, soyons sérieux.
Certaines constructions se passent littéralement de rampanage notamment lorsqu’elles disposent de larges sorties de toit coffrées, en lambris par exemple, et que les manques sont faibles.
Alors pour vous approcher au plus près des règles de l’art, rampanez !
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.