Une rénovation complète et totale à Grane dans la Drôme
Cet article n’en est pas un en réalité, c’est un mémoire ! La scène se déroule dans la Drôme, il y a 14 ans, lorsque mon frère se décide à acheter un bien. C’est tout naturellement qu’il se tourne vers moi en me demandant mon soutien (dont il sait qu’il est acquis le roublard !!) avec pour seuls éléments ceci (voir les photos ci dessous). A cette époque je travaille seul. Toujours seul. J’accepte le défi. Entre mes chantiers pros, je viendrai pendant 1 an chaque week-end et chaque « trou » dans mes chantiers pour mener à bien ce projet de 120m2 de plancher. Voici donc les éléments de base, guère engageant … :
Evidemment, je ne pose pas de question. Je lui réponds donc ceci: Et bien oui mon frère, vas-y je suis là et je ferai en sorte de réaliser les travaux. Oui nous en sommes tous conscients, l’amour fraternel est aveugle. Bref je décide tout de même entre 2 chantiers d’aller jeter un oeil et voici ce que je vois:
Une vue magnifique. Nos collines de la Drôme, et je trouve cela très engageant. Cependant pour avoir cette vue, il faut parcourir quelques centaines de mètres à pied, donc inutile d’imaginer faire venir une toupie, un semi ou ne serait-ce qu’un camion benne. La pente dans la rue de l’hopital à Grane est de 30% et pavée de surcroit. Là, j’opte pour un régime à base de protéines…
L’immeuble est donc vide, inaccessible sauf avec une traverse pavée piétonne, les murs sont en pierre grossièrement appareillée et je vais devoir créer un plancher, ouvrir les murs en pierre pour faire entrer la lumière et consolider tout le bâti qu’il soit en couverture ou en élévation. Je suis confiant, je vais donc sur Archicad et voilà que je donne au frangin une vue à peu près réaliste de ce qu’il aura après mon passage. Avec des plans évidemment.
Ambitieux ? Oui très clairement. Mais voyons voir comment tout va se dérouler. A mon grand dam je n’ai pas toutes les photos, notamment celles ou on déconstruit littéralement les murs en pierre pour obtenir les évidement nécessaires au fenêtres. Et celles où j’achemine et je lève les poutres porteuses qui me serviront de structure à tout le reste. Quelques centaines de kilos.
Je fais donc venir 2 porteuse en lamellé collé dans un tout premier temps pour établir une structure sur laquelle je prendrai appui. Je réalise un solivage sommaire et une ossature bois pour pouvoir travailler en sécurité et à hauteur d’homme. Monter 380 KG sur des roulettes de skateboard, tiré par une corde je confirme, cela fonctionne. Avec 2 très bons amis fidèles. Mais je tairai ici mes méthodes car elles sont tout sauf orthodoxes.
Après avoir érigé une ossature sommaire mais solide, un platelage efficace pour travailler. il est temps d’ouvrir les murs, de déconstruire la pierre et de se projeter. Je viendrai donc empocher 2 lamellés collés en poutres porteuse horizontales de 24 x 56 et 2 lamellés collés au rampant de 12×36 qui fera support de toiture. Je précise que tout ici est réalisé en sous-oeuvre afin de ne jamais alourdir l’édifice, répartir les charges uniquement sur mes 4 poutres maîtresses et créer une enveloppe à l’intérieur du bâti.
Vous noterez à ma gauche au niveau de mon bassin la section des porteuses que j’ai empoché. La muraillière sur laquelle repose mon platelage de fortune quant à elle ne reprend presque aucune charge, elle me permet simplement de travailler en sécurité et de me donner un fond de clouage pour la suite. Rails, placo etc. Les murs seront décroutés, puis « giflés » au mortier pour assurer un nouveau liant, l’ancien étant devenu très sablonneux avec le temps et la déconstruction pour les fenêtres.
Les « Long-pannes » sont en place. Je l’ai ai levé simplement à l’échelle et à l’épaule. Elle ne sont pas « empochées » mais sont reprises en moise sur des piliers assemblés en ossature bois boulonnés qui répartissent la charge sur mes 2 porteuses horizontales, vous le distinguerez sur les images à venir.
Quel chantier ! Evidemment, ici le chantier est très « sale » et brut. Mais n’oublions pas que je n’ai que mes week-ends pour le réaliser et impossibilité de se garer devant. Je laisse donc tel-quel au gré de mes passages. Ne prenez donc pas exemple sur ces photos. D’ailleurs pour ce chantier j’ai acheté un outillage secondaire que je laissai en permanence sur les lieux. Les allers-retours ont été pour moi plus éprouvant que tout le reste. Ici nous voyons le linteau coulé de la fenêtre de la cuisine, et le platelage CTBH pour permettre de travailler.
Evidement il faudra préparer un escalier qui sera débité au fur et à mesure de l’avancement des travaux dans les pièces de bois à disposition. Un garde corps est également prévu, ce dernier sera coulé en béton de forme chainé avec un cintre. J’utilise ici un contre plaqué de fine épaisseur pour lui donne la forme de cintre. J’étançonnerai après et je coulerai en place. Les placos sont déjà posés non sans mal car aucun mur n’est d’aplomb ou rectiligne, j’ai du tricher en permanence pour obtenir de l’aplomb réel. Le plan de travail est posé car j’avais besoin d’eau pour continuer, autant le faire.
Le garde corps prend forme. Il est chainé, coulé, et j’applique une finition au PF3 lissage.
Les plafonds ont été également un réel défi. Compte tenu de la nécessité d’avoir des ouvertures en dénivelé, je devais impérativement avoir des plafonds en demi niveau dont 1 rampant pour garder de la hauteur sous plafond dans le séjour. Rappelez vous que je travaille seul. Ainsi, pour épargner mon physique après avoir acheminé 1T6 de placo en 120 pour les murs, je décide de prendre du BA13 en 60 pour les plafonds. Sur cette photo, vous voyez clairement comment je lève mes plaques avec uniquement une 3ème main télescopique. Ca fonctionne, c’est l’essentiel. Le chantier prend forme.
En R-1 mon ossature PLACOSTYL est déjà terminée, je soigne l’isolation, sans déchirure, sans raccords. Notez la nature de mon plancher haut et les étresillons qui permettent de limiter la flèche. Ainsi que mes porteuses et muraillières qui me servent de fond de clouage. Très appréciable.
L’escalier débité dans les ossatures vient tout naturellement prendre sa place.
Le R-1 est presque terminé. Notez les étriers pour le solivage. Les étresillons pour la reprise de fléchissement, les gaines soigneusement pointées sur l’ossature. Le plafond sera posé sur des fourrure de type F/// et le tour sera joué.
Reprenons de la hauteur, sur notre 1er pallier, le coffrage des piliers est réalisé. La forme se distingue peu à peu et je me rapproche chaque jour de ma projection Archicad que j’avais proposé à mon frère avant de démarrer le chantier.
Nous y voilà, les travaux ont bien avancé. Je me suis retrouvé pendu pendant plus d’une heure lorsque j’ai monté la long-panne sur l’échelle et j’ai du coupé ma sangle avec un cuter. Ce fut le seul moment de « risque ». Ce chantier je l’ai réalisé seul à 90% et me suis fait aider pour les joints placo et les raccords plomberie. Voyons comment nous avons fini le deal par rapport à ma projection initiale:
C’est pas totalement déconnant ! Méfait accompli pour ma part. Mon frère posera les parquets. Au R-1 j’avais anticipé et posé le carrelage/faïence avant tout pour éviter la manutention accidentogène après finition du R1. Baignoire et WC suspendu posé en R-1. Tableau raccordé. J’ai du descendre de 1.50m pour trouver la résistance nécessaire à la terre. Les précadres de fenêtres finis et coffrés, la porte d’entrée posée.
Quand nous avons le coeur à l’ouvrage et la technique, rien n’est infaisable. Ce fut une aventure extraordinaire en ce qui me concerne et je gage que tous les petits gars du bâtiment en lisant cet article auront un pincement au coeur quand ils me diront qu’ils n’ont pas pu finir un chantier car il leur manquait un trépan…. Merci
Serge USTUN