Quels sont les inconvénients du Sarking ? En effet, ce procédé d’isolation de toiture est actuellement très prisé, et ne propose pas que des avantages, même si ces derniers sont nombreux.
Pour compléter mon dossier précédent sur la méthode du Sarking, cet article vise à approfondir les différents points de vues dans le détail, et principalement en ce qui concerne les possibles inconvénients du procédé.
Avant propos
Avant toute chose, il est nécessaire de préciser que même si le terme est très souvent employé, la véritable technique du Sarking reste méconnue. En effet, on amalgame très souvent différentes techniques qui demeurent « proches » du Sarking mais n’en sont par réellement.
En outre, je développe cet article car la question m’est souvent posée, il n’y a que très peu d’inconvénients réels au Sarking. Je vais d’ailleurs vous les exposer ici, du point de vue de l’expert.
Enfin, j’ai déjà préalablement rédigé un dossier complet sur le Sarking que je vous propose de consulter ici :
Cet article vient en complément du dossier sur le procédé du Sarking.
Sarking : Inconvénients majeurs
- Prix du Sarking : Coût élevé des isolants dédiés et de la main d’œuvre.
- Surpoids : Prendre en considération le poids admissible en toiture.
- Délivrance du permis de travaux : Problème sur les hauteurs d’égouts et faîtages.
- Retombée de rives épaisses : Difficulté de maîtriser l’harmonisation des retombées de rives.
Tout est résumé. Ce sont présentement les 4 seuls inconvénients du Sarking que j’ai pu lister au cours de mes nombreuses réalisations et chantiers.
Il ne s’agit pas de dénigrer la méthode qui propose clairement beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients, c’est un fait. Examinons tout cela dans le détail.
Le poids ajouté au complexe de toiture
Dans l’ancien (rénovation), vous devez vous poser la question la plus importante de toutes : Le poids ajouté à la structure existante. Le sarking (en théorie) venant s’appuyer sur les chevrons existants, ces derniers doivent pouvoir en supporter la charge (chevrons mais également les pannes existantes).
Ci-dessus : Détail du complexe de sarking. L’inconvénient majeur étant le poids ajouté, en particulier celui du platelage (CTBH ou OSB). Infographie : S.USTUN.
- Ossature intermédiaire : Caissonnement ou chevronnage supplémentaire appliqué à la charpente existante / 350 kg au m3.
- Volige ou panneaux de structures : La volige est l’étape obligatoire pour réaliser un sarking / de 12 à 15 kg au m2.
- Isolant : Poids négligeable mais nécessaire pour une étude structure règlementaire / de 3 à 5 kg au m2.
L’ossature intermédiaire nécessaire, ainsi que le voligeage (platelage OSB, CTBH, etc.) sont les principaux éléments ajoutant du poids. Notamment les panneaux de structures qui sont véritablement très lourds (12 à 15 kg au m2).
Pour les couvertures en bac acier, il faudra également songer au poids conséquent des chanlattes trapézoïdaux, souvent plus lourds que les simples contre liteaux.
Enfin, le poids de l’isolant peu sembler négligeable mais doit tout de même être pris en compte. Attention aux louanges des isolants minces vendus pour une réalisation de toiture en sarking, le procédé est peu fiable et très controversé.
Demande de travaux : On joue sur les mots
La théorie :
« Vous souhaitez effectuer des travaux de réfection de toiture. […] n’avez pas besoin d’autorisation quand les matériaux et leurs teintes sont absolument identiques à ceux que vous remplacez. Vous devez obtenir une autorisation d’urbanisme quand vos travaux changent l’aspect extérieur de votre bâtiment. » Fin de citation.
En d’autres termes, si vous utilisez la même tuile, de la même teinte, vous ne dérogez pas aux règles en vigueur. Ce texte étant le texte officiel issu du site du gouvernement.
Consulter le texte sur le site du gouvernement.
En revanche, le sarking présente l’inconvénient de modifier la hauteur à l’égout, et la hauteur au faîtage. La nécessité de réaliser des surpasses de rives modifie donc « techniquement » et « de facto » l’aspect extérieur de la maison. C’est sur ces deux points qu’il est possible de se voir opposer un refus.
En pratique :
Dans la pratique, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour obtenir la validation de votre demande de travaux. Mais attention, j’ai déjà eu des refus sur ce sujet ! Il faut alors prendre rendez-vous avec la personne chargée du dossier à l’urbanisme, et tout devrez bien se passer. Du moins si vous ne passez pas d’une tuile romane à du bac acier !
Prix du Sarking : Inconvénient mitigé
J’évoque le terme de « mitigé » car le principal inconvénient qui est régulièrement évoqué sur le Sarking demeure son prix. Cepandant, ce critère est faussé par la réalité des besoins et la véritable réponse à cette question est : Pourquoi opter pour le sarking en toiture ?
Soyons précis, si vous vous orientez vers du sarking c’est pour 2 uniques raisons :
- Raison n° 1 : Vous envisagez une rénovation complète de la toiture.
- Raison n° 2 : Vous avez des plafonds en rampants.
Dans tous les autres cas, le sarking n’est pas justifié, ni justifiable.
En d’autres termes, le coût élevé du Sarking doit être comparé non pas avec une simple isolation des combles, mais avec une rénovation lourde et complète de la toiture. Par conséquent, dans ce cas de figure la procédé n’est pas si cher qu’il n’y parait :
- Plus besoin de reprendre les parements sous rampants (plaques de plâtre ou lambris).
- Inutile de reprendre les embellissements (peintures et lasures).
- Préservation de l’espace habitable et de la hauteur sous plafonds.
- Pas de chantier poussiéreux venant bouleverser votre vie quotidienne.
Autrement dit : Le coût ramené à ces éléments parait de suite moins onéreux car le sarking venant « au dessus » de la charpente existante, cela suggère que vous ne réalisez aucune reprise « en dessous » de cette dernière.
La gestion des retombées de rives
Seul véritable problème technique, qu’on peut légitimement classer dans la catégorie « inconvénients » : L’épaisseur du complexe de Sarking rapporté aux rives.
Ci-dessus : Le point singulier qui concerne la surépaisseur qu’engendre le sarking. Cette dernière est particulièrement difficile à gérer sur la lecture visuelle de la couverture au droit des rives. Infographie : S.USTUN.
Comme je l’écris dans mon dossier précédent (à consulter ici), le sarking impose une épaisseur importante du complexe de toiture. Le seul et unique impact réel se « voit » sur les bandeaux de rives. Ces derniers sont nécessairement plus importants, et les tuiles à rabats ne suffisent pas à recouvrir la retombée.
Dans de nombreux cas, il faut employer un profilé en zinc ou en tôle (larmier*) pour assurer le rôle du rabat, en plus de la tuile elle-même. En Savoie et Haute Savoie, les couvreurs vont jusqu’à juxtaposer deux bandeaux de rives l’un sur l’autre, en clin.
En plaine, il est plutôt d’usage d’utiliser des profilés en tôle pliée. C’est très clairement une modification substantielle de l’apparence de la toiture. Par conséquent, c’est un élément qu’il faudra porter à l’attention de l’urbanisme.
* Explications sur le rôle du larmier en toiture.
Inconvénients du Sarking : Polémique sur la ventilation de toiture
C’est un fait. Le sarking tend à diminuer (voir annihiler) la ventilation naturelle de la toiture. Le procédé « encapsule » de fait les éléments de toiture au-dessus du rampant.
En revanche, en toute théorie, cet encapsulage s’opère uniquement au dessus du platelage en OSB ou en CTBH : La volige. Par conséquent, seuls les chevrons de support d’isolant (ossature intermédiaire) sont concernés par le manque de ventilation.
Les pannes et les chevrons qui constituent le complexe inférieur du sarking sont censés rester libre à la ventilation mais nous le savons, bien souvent la sous face sera « fermée » par un revêtement de type BA13.
Le problème n’est donc pas inhérent à la méthode du sarking, mais littéralement à tous les plafonds en rampants, sarking ou non.
La gestion des sorties de toits : Nécessité d’une pose soignée
En toute logique, un ajout d’éléments en toiture complique la mise en œuvre de tous les éléments qui traversent cette même toiture. C’est implacable.
Par conséquent, un des inconvénients du sarking réside dans l’obligation de soigner et de multiplier les actions et accessoires pour absolument toutes les sorties de toit ou ensembles de pénétration.
- Conduits de feu : Pour rappel, attention au respect des écarts au feu.
- Ventilations hautes : Pour les VMC et autres types d’aérations hautes.
- Velux : Nécessite un habillage supplémentaire en sous face visible des plafonds rampants.
Conclusion
Pour conclure, il s’agit de bien recadrer les informations et les besoins en matière de sarking. Le budget ne doit pas être un frein à sa réalisation, inconvénient majeur régulièrement mis en avant mais très largement justifiable.
Mon avis demeure très positif sur le procédé.
Il faudra bien réfléchir sur la gestion très singulière de l’épaisseur du complexe, et du POIDS (surtout en rénovation sur de l’ancien).
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.