Bardage bois brûlé : Une technique ancestrale qui revient au goût du jour. Loin des clichés et des raccourcis, on vous explique tout sur le sujet. Guide complet, avantages, pose et entretien.
Découvrons ensemble ce type de bardage, résolument différent des bardages thermo-traités, peu usité en France mais qui semble vouloir percer et plus particulièrement sur les façades qui se veulent organiques, mais modernes. Nous examinerons quelles sont les options et possibilités de ce revêtement :
- Le procédé, l’histoire, les tendances.
- Quel type de bois utiliser pour obtenir ce résultat ?
- Les méthodes.
- Le prix d’un bardage bois brûlé, brossé, ou simplement lasuré pour en obtenir l’aspect.
Cet article vient en complément de notre dossier sur le bardage bois extérieur.
Qu’est-ce que le bardage bois brûlé ?
Le bardage bois brûlé (souvent appelé « shou sugi ban » ou « yakisugi ») est une technique traditionnelle japonaise consistant à carboniser la surface des lames de bois pour améliorer leur durabilité, leur résistance aux attaques biologiques et leur esthétique sombre et texturée. Aujourd’hui, cette finition est très prisée en architecture contemporaine pour son style graphique, sa patine naturelle et son aspect « design » sans recourir systématiquement à des produits chimiques.
Si la technique est originaire du Japon, rappelons que le procédé est très largement exploité en Amérique du Nord, et très peu en France.
Il conviendra de différencier le bois brûlé du bardage thermotraité (ou thermostabilisé), même si globalement l’effet escompté demeure le même :
- Augmenter la durabilité du bois.
- Le protéger des insectes.
- Le rendre mécaniquement plus stable.
Origine et principe du bardage bois brûlé
Originaire du Japon (yakisugi), la technique consiste à brûler superficiellement la face externe des planches, puis à brosser et parfois huiler la surface. La carbonisation crée une couche de carbone protectrice qui limite la pénétration de l’eau, ralentit la dégradation et repousse certains insectes. Selon le degré de brûlage et le brossage, on obtient des textures très variées allant d’un noir profond lisse à un rendu plus structuré et strié.
La méthode est très répandue en Amérique du Nord (Etats Unis et Canada).
Comment produit-on un bardage bois brûlé ?
La transformation comporte trois étapes principales :
- Le brûlage : La face exposée est carbonisée (au chalumeau, en feu contrôlé ou industriel).
- Le brossage / nettoyage : On enlève la suie et on révèle la texture du grain. Le brossage accentue les fibres et donne du relief.
- La finition : Application d’huile (huile de lin, huile naturel pour bois extérieurs), vernis mat ou parfois aucune finition selon l’effet souhaité.
Chaque paramètre (durée du brûlage, intensité, brossage) influence l’apparence et le comportement du bois. La technique du chalumeau, plus moderne et plus accessible aux particuliers, nécessite environ 15 minutes par planche. La technique n’est donc pas nécessairement idéale en dehors du process industriel.
Quelles essences utiliser pour du bois brûlé ?
Ci dessus : Exemple de façade réalisée avec un bardage « aspect » bois brûlé. Crédit photo : S/USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Les essences couramment employées :
- Épicéa : Très utilisé pour le shou sugi ban, bon rapport durabilité / prix.
- Mélèze, Douglas, pin : souvent choisis pour bardage extérieur.
- Séquoia.
- Kebony.
- Accoya.
Le choix dépend du budget, du format des lames et de l’esthétique voulue.
Sur de l’épicéa on se place couramment entre 70 et 80 euros le m2 en prix public. Les mélèzes seront plus coûteux.
En ce qui concerne le Red Cedar (cèdre rouge), je trouve que le sujet est inapproprié, du moins en France. Le Red Cedar étant un bardage extrêmement coûteux, et parfaitement durable, il semble totalement incohérent de l’utiliser pour obtenir un bois brûlé. C’est un non sens, pourtant largement véhiculé par ailleurs. Je vous invite d’ailleurs à consulter mon dossier sur le Red Cedar.
Avantages du bardage bois brûlé
- Esthétique unique : finition sombre, contemporaine, grande variété de textures (voir mes photos d’exemples).
- Durabilité accrue : couche carbonisée protège la face extérieure contre la pourriture et certains insectes.
- Moins de traitements chimiques : la carbonisation remplace parfois les produits préservateurs.
- Bonne tenue aux intempéries si posé correctement et entretenu.
- Personnalisation : degré de brûlage, brossage et huile permettent des rendus très différents.
⚠️ Remarque sécurité : la carbonisation améliore la résistance superficielle au feu mais ne rend pas le bois ininflammable. Respecter la réglementation locale et les prescriptions de sécurité incendie pour les façades.
Lire mon dossier sur les peintures bois.
Inconvénients et limites
Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 Pro.
- Prix : coût de production et du travail artisanal plus élevé que des lames brutes standard.
- Variabilité esthétique : rendu parfois irrégulier d’un lot à l’autre — intéressant pour l’artisanat, moins pour une reproduction parfaite.
- Entretien : sans finition correcte, le noir peut griser et s’éclaircir sous forte exposition solaire.
- Réglementation : vérifiez les règles locales (zones à risque incendie, copropriétés, etc.).
Pose : bonnes pratiques
Pour un bardage bois brûlé posé en façade :
- Support ventilé : installer sur ossature avec vide ventilé (pare pluie + lame d’air) pour évacuer l’humidité.
- Fixations : utiliser des vis / clous inoxydables ou galvanisés.
- Finitions des coupes : traiter les chants (couper et huiler) pour limiter la pénétration d’eau.
- Dilatation : prévoir jeu entre lames et joints pour le mouvement lié à l’humidité.
- Orientation : éviter l’exposition directe et permanente à l’eau stagnante sur les assemblages.
La mise en œuvre par un façadier expérimenté est recommandée pour optimiser durabilité et esthétique. La pose d’un bardage n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.
Entretien du bois brûlé
Ci-dessus : Exemple de façade de boutique en bois aspect « bardage bois brûlé » très prisé pour donner un aspect organique et moderne aux façades. Crédit photo : S.USTUN / Google Pixel 9 PRO.
Les bardages exposés sur les façades Ouest et Sud nécessitent plus de soin que les façades Est / Nord. C’est une généralité certes, mais c’est factuel.
Le but du bois brûlé étant de rendre le bois pérenne, il est donc assez contre intuitif de suggérer un quelconque entretien. Si ce n’est peut-être un léger nettoyage occasionnel à l’eau douce. Ceci dit, il faut bien vendre de l’huile donc on vous dira certainement l’inverse. Ça se tient, mais chaque cas est singulier, donc pas de panique.
- Fréquence : l’entretien dépend de l’exposition (soleil, pluie, vent salin). En général, une révision et/ou huilage tous les 3/8 ans est conseillé pour maintenir la teinte et protéger le bois.
- Opérations courantes : nettoyage doux (brosse, eau), contrôle des fixations, huilage ou application de saturateur adapté.
- Restauration : si grisailles ou taches, un léger ponçage/brossage suivi d’une huile peut raviver la teinte.
- L’huile de lin semble être le protecteur le plus utilisé pour ce type de bardage. Je vous renvoie à l’article (très intéressant) de Yakamoto sur ce sujet :
Entretien des bardages en bois brûlé.
Coût et budget (à considérer)
Le bardage bois brûlé est souvent plus onéreux qu’un bardage bois brut standard en raison du travail de brûlage, du brossage et de la finition. Le coût final dépendra : essence, largeur/longueur des lames, finition, surface à couvrir et main d’œuvre spécialisée. Demander plusieurs devis reste essentiel.
Si je prends un exemple simple (demande de prix récente pour un chantier école), je suis passé de 58 euros le M2 pour un mélèze en faux claire voie, naturel, à 135 euros le M2 dans sa version brûlé brossé. On est clairement sur du simple au double, ou presque.
Attention, cela s’entend parfaitement, car le travail de finition est tout autre.
- Mélèze de Sibérie : 98 à 135 euros TTC le m² / Légèrement calciné
- Douglas : 90 à 115 euros TTC le m² / Brossé
- Accoya : de 150 à 185 euros TTC le m² / brûlage traditionnel
Prix d’une lasure pour donner « l’aspect » bois brûlé : environ 30 euros TTC le Litre.
Durabilité et attrait écologique
Le procédé est intéressant écologiquement si le bois provient de forêts gérées durablement (PEFC, FSC). La carbonisation peut réduire l’usage de produits chimiques conservateurs. Le choix d’huiles naturelles (sans solvants agressifs) augmente la performance écologique globale.
Nous avons déjà évoqué les différents types de traitement du bois de bardage dans les colonnes du magazine. Autoclave, lasures, peintures, saturation etc.
La carbonisation est donc plutôt « pertinente » de ce point de vue, technique minimaliste mais efficace.
Lire l’article de Dispano sur le sujet.
Comparatif rapide avec d’autres bardages
- Bois brut : moins cher mais demande plus de traitement et d’entretien.
- Composite : faible entretien mais esthétique différente et empreinte carbone variable.
- Métal : grande longévité, look industriel, sans chaleur tactile du bois.
Le bardage brûlé se positionne entre esthétique haut de gamme et performance naturelle.
Je vous invite à consulter notre dossier : Les différents types de bardages.
Autoconstruction : Brûler soi-même son bardage ?
Vous le savez si vous êtes un lecteur régulier du magazine, j’encourage l’autoconstruction sous toutes ses formes. Alors la question de réaliser soi-même son bardage en bois brûlé se pose. Ma réponse va vous décevoir, mais elle est honnête : C’est non.
La technique demeure complexe (pas compliquée) et nécessite du savoir faire. Économisez vos efforts car vous en aurez besoin pour la pose, préservez vous donc de la production. Si on vous dit l’inverse c’est qu’on prend évidemment son propre cas pour une généralité. Poser du bardage est suffisamment difficile en soi, pour ne pas s’échiner à produire soi même son bois. C’est mon conseil professionnel.
Faites appel à un industriel qui maîtrise toute la production.
FAQ (questions fréquentes)
Q: Le bois brûlé est-il ignifuge ?
Non : la carbonisation réduit la combustibilité superficielle mais le bois reste combustible. Respectez la réglementation incendie.
Q: Est-ce adapté aux climats humides ?
Oui, si posé en façade ventilée et avec une finition adaptée ; la couche carbonisée limite l’adhérence de l’humidité mais une bonne ventilation est cruciale.
Q: Peut-on peindre ou lasurer un bardage brûlé ?
Oui, on peut appliquer une lasure ou une peinture après préparation, mais cela modifie complètement l’aspect caractéristique du bois brûlé.
Q: Peut-on le faire soi-même ?
Oui mais le brûlage est technique et comporte des risques (feu, inhomogénéité). Pour une façade, il est préférable de confier le travail à un professionnel.
Conclusion
Le bardage bois brûlé est une solution esthétique qui donne un aspect très organique mais résolument tendance à votre façade. Pour qui cherche un rendu contemporain, une texture profonde et des performances naturelles améliorées, le choix du brûlé est tout désigné. Bien posé et entretenu, il offre un excellent compromis entre lecture architecturale et longévité. Avant de se lancer : vérifiez la réglementation locale, choisissez une essence adaptée et demandez des échantillons/devis pour affiner le rendu souhaité. Attention tout de même, ce n’est pas donné.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.