Cette semaine sera lourdement marquée par un sinistre peu conventionnel et qui fort heureusement n’aura pas provoqué de tragédie.
7 balcons en béton se sont littéralement effondrés à Antibes, dans le département des Alpes-Maritimes (06).
Alors même que je rédigeai un article sur le dosage du béton, élément omniprésent dans le bâtiment, l’information faisait la une des journaux télévisés. Or visiblement, il n’est pas ici question de dosage, mais plutôt de méthode d’ancrage des ouvrages en maçonnerie, et de dimensionnement des structures.
A ce jour, je n’ai pas encore pu évoquer le cas avec les experts qui se sont emparés du dossier, mais je propose une première analyse, basée sur les visuels que j’ai pu découvrir et qui sont disponibles sur internet.
Cet article sera donc mis à jour à mesure que j’obtiendrai les informations sur le sinistre, et sur ses probables causes.
Je vous livre une première lecture très synthétique ici :
Les hypothèses plausibles et envisagées
Le béton, contrairement au bois, est très enclin à subir des efforts mécaniques qui peuvent lui être fatales : Le cisaillement et les efforts tranchants.
Ces phénomènes, bien connus, sont maîtrisés par un calepinage précis d’armature en acier ainsi qu’un savant dosage du béton lui conférant une solidité intrinsèque (dosage, qualité des agrégats, qualité du ciment).
Enfin, l’enrobage (quantité et fluidité du béton autour des aciers) est également crucial pour obtenir une structure pérenne.
Si un seul de ces critères n’est pas correctement respecté, le béton ne vous laissera aucune chance : C’est l’effondrement de structure garanti (à court ou long terme).
La dégradation (l’usure) due aux intempéries peut également influer (ou accélérer) sur le risque de sinistre. Dans ce cas, une mauvaise étanchéité « peut » en être un facteur aggravant, mais je doute qu’il soit le seul élément.
Pour ajouter à la difficulté, les 7 balcons de l’immeuble d’Antibes sont en « porte à faux », élément architectural nécessitant une maîtrise sans faille des ouvrages en béton.
Les hypothèses sont donc :
- Une mauvaise étanchéité impactant les aciers (facteur aggravant sans aucun doute)
- Cette même fragilité impactant le béton sous l’effet d’arrachement et d’éclatement du au gel
- Une erreur de dimensionnement ou de calepinage des aciers faisant armature et chainage
- Un manque de surface d’empochement pour le maintien du porte à faux
- Un possible effort de compression non maîtrisé qui engendre le cisaillement de la dalle
La problématique du porte à faux
En première approche, à défaut d’avoir les plans d’exécution du bâtiment, il semble que les balcons de cet immeuble à Antibes soient des pièces rapportées (non vérifié = à déterminer).
Cette question est « primordiale » car elle va diriger les hypothèses (notamment pour le ferraillage).
Ces derniers sont en « porte à faux », cela signifie qu’il ne sont maintenus par aucune structure (pilier et poutre) permettant de reprendre la descente de charge et répartir les efforts pour éviter les efforts tranchants et le cisaillement.
Ces deux dernières contraintes étant les pires ennemis des structures en béton. Le porte à faux est un ouvrage qui « dépasse » de l’emprise initiale du bâtiment, il doit être contrebalancé par tout moyen.
Les portes à faux sont toujours très délicats à réaliser. L’étude de structure doit être menée par de véritables ingénieurs et appuyée par une note de calcul basée sur le respect de nombreuses normes (les Eurocodes en l’occurrence).
Dans le cas des balcons de l’immeuble d’Antibes, le porte à faux n’est visiblement consolidé par aucune console. Toujours en première approximation, l’épaisseur de la dalle en porte à faux « semble » respecter les règles de dimensionnement de 1/10ème de sa largeur (largeur de la coursive). Cette dernière ne semblant pas démesurée (environ 1,80m).
Pour qu’un porte à faux puisse se maintenir, il lui faut un contrepoids. Ce contrepoids doit, lui aussi, répondre à des règles de dimensionnement. Ce dernier vas empêcher le « basculement », l’effet de rotation naturel pour un objet sur 1 appui avec porte à faux.
Mais il va par la même occasion, créer deux moments d’efforts distincts : L’étirement (haut de la dalle) et la compression (bas de la dalle) au niveau du point d’appui.
Tous ces efforts sont censés être repris par le ferraillage.
La question semble donc évidente :
Si ce sont des balcons préfabriqués (à vérifier), le ferraillage devait « de facto » être calibré et noyé dans le balcon à la livraison, avec uniquement les aciers de reprises en attente.
Si ce sont des balcons « coulés » en place, il y a nécessairement un point singulier à pointer ici : Le ferraillage.
L’empochement des balcons dans la maçonnerie (enchâssement)
Inexistants (toujours en première lecture), les empochements ne semblent pas présents sur les balcons d’Antibes. C’est la première et principale chose qui m’a frappé au visionnage des photos prises par les journalistes. Il semble bien que les balcons n’étaient pas « empochés » dans une réservation de la maçonnerie, mais bel et bien au « nu » extérieur du mur porteur.
Sur cette photo, soit TF1 s’est trompé d’immeuble, soit il semble que la cassure soit « nette » au droit du mur, sans aucun empochement. C’est très contrariant d’analyser ce visuel qui défie tout entendement. (Photo: site internet de TF1)
Si tel est le cas, cela signifie que seules les armatures en acier permettaient de garantir le maintien des balcons. Cela semble peu prudent, et surtout très « sommaire » comme système constructif.
Si les balcons avaient été « coulés » en place, la cassure ne serait pas aussi nette, ce qui me fait penser à des balcons « préfas ».
Personnellement je pense que cette photo semble être une erreur de TF1, qui confond le sinistre d’Antibes avec celui d’un immeuble Angevin, survenu en 2016.
Sur une autre photo, il semble que la cassure soit effectivement « assez » nette mais au zoom on distingue clairement un « coulage » au béton, ce dernier étant par conséquent, mal amalgamé, mal dosé, et mal ferraillé.
La structure de ferraillage
La probabilité que l’armature n’ait pas été correctement dimensionnée et positionnée semble assez forte. Encore une fois, au risque de me répéter, je ne fais ici qu’une première lecture basée uniquement sur les photos présentes sur internet. C’est un exercice intéressant que je ne me permettrai pas s’il y avait eu des victimes.
L’ancrage d’un balcon préfabriqué nécessite un minimum d’empochement, mais surtout la présence d’un complexe de ferraillage correctement calepiné. En d’autres termes, l’acier est ici crucial pour assurer le maintien du porte à faux.
Ce dernier doit être établi selon des règles précises de dimensionnement et de répartition. Les « tors », les épingles, les attentes, les diamètres ne sont pas laissés au hasard. Une simple inversion des principaux chainages en partie supérieur positionnés en partie inférieur du balcon peuvent à eux seuls être à l’origine du sinistre.
Autrement dit, même si les aciers sont effectivement présents, si leur emplacement précis n’est pas respecté, cela annule leur effet mécanique d’ancrage.
Le positionnement des aciers est aussi important que leur nombre, et leur diamètre.
Comme j’ai pu le constater sur cette photo, le premier balcon (celui qui a subit l’effondrement des 6 autres au dessus) propose une typologie d’impact plus naturelle que celles des balcons supérieurs. Des « restes » de béton encore tenus par le ferraillage, affaissé mais toujours en prise avec l’enrobage béton/acier.
Les balcons en pied d’immeuble, étant moins soumis aux eaux de pluies de part leur emplacement, semblent accréditer la thèse d’une dégradation due à une mauvaise étanchéité, ayant corrompu les aciers. Mais cela n’explique pas tout.
La cassure sur les balcons supérieurs est trop « nette » (ou bien les photos ont été prises après le déblaiement par les pompiers).
L’hypothèse de dégradation due aux conditions régionales
Il est question (déclarations des médias et des riverains) d’une mauvaise étanchéité des balcons ayant engendré la dégradation des ouvrages. Certes.
Cette hypothèse me semble personnellement trop incomplète. Les éléments de nature à fragiliser le béton en cas d’intempéries sont essentiellement dus au gel (et au dégel). La consolidation de l’eau en glace et son retrait après liquéfaction.
Le « sel » marin, évoqué par les journalistes, me semble être un facteur marginal, ce cas de figure étant extrêmement rare dans toute l’histoire des bâtiments en France. Si le sel avait un effet « non admissible » factuel, il y aurait eu de nombreux effondrements depuis que le béton est utilisé pour la fabrication des balcons sur les zones littorales.
Or nous sommes à Antibes : Le sel, pourquoi pas, mais le gel ?
Cela semble être effectivement un élément de réflexion, comme tout ce qui peut être de nature à corrompre un ouvrage en béton, mais insuffisant pour ma part.
A suivre :
Nous auront très probablement des éléments factuels, suite au nécessaire passage des bureaux d’études.
Cet article n’est donc absolument pas fermé pour le moment et sera abondé par toutes les informations qui apparaîtront dans les semaines à venir.
J’attends également vos éléments de réponse ou vos hypothèses pour étoffer cette première analyse, avant d’avoir les éléments concrets de l’expertise.
La cause Principale c’est la dalle du balcon du 7ême fortement imbibée d’eau , cela due à des fissures dans la dalle et cela depuis 14 ans
Par chance on a la photo de la sous face très dégradée par l’humidité du balcon du 7éme avant son éffondrement qui a entrainé les 6 autres.
Le défaut d’étancheité du balcon du 7ème a été signalé de très nombreuses fois depuis 2010 par les copropritaires des étages du desssous aux différents syndics qui se sont succèdés , même avec mise en demeure de faire des travaux d’étanchéité du balcon du 7ème étage, le 6ème étage recevant des gouttes d’eau d’eflorescence même par grand soleil
Bonjour,
Les commentaires du 24/04/24 m’interpelle quant à l’analyse faite par des novices, car ce sont les premiers à ne faire aucun entretien de leurs parties privatives (garde-corps tout rouillé alors qu’il était demandé par le syndic en septembre 2022 de les entretenir, carrelages – joints et bien d’autres travaux plus importants leur ont été demandés suite à la visite d’un expert en septembre 2020 et à la demande du Syndic en lettre recommandée en janvier 2021 dès l’instant où ils dégradent l’appartement au-dessous depuis 2010 avec d’énormes infiltrations d’eau lors de pluies diluviennes en façade Sud au point que le plafond au-dessous tombe chaque jour…
Il leur a été adressé une mise en demeure en 2021 et 2022 d’effectuer les travaux demandés par l’expert et à ce jour, rien n’a été fait, soit 4 ans après ???
Ils ne veulent rien entendre prétextant que cela ne provient pas de chez eux, malgré un rapport d’expertise qu’ils réfutent !!!
Le non-entretien est leur spécialité puisqu’ils ont provoqués d’énormes infiltrations d’eau dans une autre pièce en façade Nord qui ont complètement dégradées le plafond de l’appartement au-dessous par manque de joints d’étanchéité, complètement inexistants… A ce rythme, leur balcon va également s’effondrer car les structures métalliques doivent être dans un état de rouille déplorable, comme leur garde-corps !
Accabler autrui et le mensonge est aussi leur spécialité, lorsqu’il a été diffusé au journal télévisé France 3 Régions le 15/04/24, soit le lendemain de l’effondrement, ces mots : « Une autre voisine, confirme qu’existent « des infiltrations d’eau dans le bâtiment depuis plus de 10 ans. Le problème n’est toujours pas réglé » assure-t-elle. « À cause de l’eau qui s’infiltre, la structure s’effrite, s’affaiblit. » C’est un « problème persistant », et un « risque présent » s’inquiète celle qui est par ailleurs une professionnelle de l’immobilier. »
Ils essaient de mettre en cause le Syndic alors qu’ils ne font aucun entretien ou travaux sur les parties privatives demandé par ce dernier au point de mettre en péril le bâtiment et l’appartement au-dessous ???
Il faut bien retenir que le balcon du 7ème étage qui s’est effondré qui a emporté les 6 autres au-dessous, le Syndic avait mis en demeure ces copro d’effectuer de nombreux travaux suite à un rapporte d’expertise, et ce, à plusieurs reprises (balcon totalement délabré avec un manque de joints, carrelages à refaire, trous d’évacuation par les dégueulards obstrués volontairement et autres….), sans parler de l’état de rouille du garde-corps jamais entretenu malgré les demandes du Syndic, comme ces copro qui osent témoigner sur ce site, au journal télévisé pour ne divulguer que des mensonges, ils ont un sacré CULOT !
L’abstention est préférable lorsque l’on met autrui en danger ???
A bon entendeur, salut !