Est-il intéressant de réaliser une construction de maison en brique ? A l’évidence oui. Cette affirmation est valable au regard de plusieurs aspects techniques d’une construction.
Plus économe en matériaux, plus homogène en terme d’appareillage et de joints, la construction en brique est également plus efficace en matière de résistance thermique, et donc, d’isolation.
De plus en plus répandue, y compris dans nos régions du sud de la France, la brique retrouve ses lettres de noblesses et coche toutes les cases qu’attendent les maçons.
Avant propos
Il est nécessaire de situer la brique comme matériau de construction, et d’écarter les amalgames.
Dans cet article, il est question de la brique d’appareillage, creuse, pour la construction de bâtiments. Il n’est donc en aucun cas question de la traditionnelle brique rouge qu’on retrouve plus au nord ou sur les bâtiments industriels plus anciens. La fameuse « briquette ».
Ci-dessus : Brique de construction, alvéolée & brique pleine. Cette dernière n’est absolument pas pertinente pour bâtir, et n’a aucun atout sur le plan thermique.
Cette brique pleine de petite section, dont l’usage est très fréquent en Angleterre (par exemple), n’est pas « taillée » pour le bâti.
La briquette n’est plus à l’ordre du jour, sauf peut être pour la réalisation d’un parement mural, ou d’un petit ouvrage extérieur qui exclut la notion de logement.
Plus écologique ?
La brique (creuse) est très certainement moins polluante en terme de production, que les parpaings traditionnels (agglos creux, appelés également bloc béton). Cette affirmation doit s’entendre dans sa globalité.
- Sortie d’usine : La brique creuse est plus énergivore que l’agglo (parpaing)
- Pour une construction : L’économie de matériaux, de sable, d’eau et scellement rend la brique plus « verte » que l’agglo.
Il s’agit de nous intéresser en premier lieu sur l’énergie grise, autrement dit, l’énergie nécessaire pour produire les matériaux.
La brique n’est évidemment pas en première position, devancée très largement pas des systèmes constructifs plus pertinents et plus soucieux de la préservation de l’environnement, tels que la construction bois. Les blocs bétons, eux-mêmes sont considérés comme plus écologiques en sortie d’usine, sont le principal rival de la brique.
En revanche, elle se place en meilleur position que les constructions en parpaing dès lors qu’il est question d’enveloppe globale d’une construction.
Le critère : Quantité de KWh/M3
Ci-dessus : Construction d’une maison en brique sur une de mes visites de chantier. Si vous zoomez, vous pouvez constater le nombre de rangs jusqu’au linteau.
Construction de maison en brique : Une meilleur performance énergétique
Du simple fait que la brique de construction soit collée et non hourdie, une maison en brique est « de facto » plus étanche à l’air. Or, l’étanchéité à l’air est un facteur important dans les calculs de performances énergétique.
La brique est également plus résistante sur le plan thermique. Elle offre un « R » (résistance thermique) plus important que celui obtenu avec un simple agglo creux.
Résistance thermique de la brique :
- Brique POROTHERM GF R20 : R=1.01 m²K/W
- Agglo (parpaing) creux : R=0.23 m²K/W
La brique est donc globalement 4 fois plus isolante que les parpaings traditionnels. Cette affirmation est correcte et confirme un avantage logique :
Pour la même emprise au sol (épaisseur du complexe en élévation), une maison brique sera de facto mieux isolée qu’une maison en parpaing.
L’appareillage à joints collés, très fins (joints minces) est indéniablement un facteur de réduction de ponts thermiques. Encore une case de cochée pour la brique.
Enfin, et c’est très loin d’être négligeable, la construction d’une maison en brique permet d’économiser sur l’eau, le sable, et le ciment. Nous savons que ces trois éléments sont au cœur de toutes les questions environnementales.
Wienerberger annonce jusqu’à 78% d’économie d’eau pour une même construction, et je le confirme, nous sommes proche de la réalité.
Ci-dessus : Construction d’une maison en brique dans la Drôme. Construction de plain pied, sur soubassement en béton banché. Notez la qualité des appareillages, sans joint défaillant.
Appareillage d’une maison en brique : La construction à la colle
La construction en appareillage collé est toujours plus pertinente que la construction sur lit de mortier, même à joints fins. Un autre atout considérable de la brique: la découpe.
En effet, la brique se découpe à l’aide d’un simple outil : La scie alligator
Cette méthode, pour appareiller la brique, permet d’éviter de combler les gros manques qu’on retrouve assez fréquemment dans les assemblages de parpaings. Ces derniers sont généralement taillés grossièrement au marteau.
Les rangs sont généralement plus homogènes quand ils sont assemblés à la colle, c’est un réel atout. Pas seulement sur le plan esthétique (nul ne souhaite voir de gros trous sur la maçonnerie, même si cette dernière sera enduite), mais avant tout sur le plan de l’homogénéité de la pose.
- Appareillage plus harmonieux
- Moins de coupes et de rajouts au mortier
- Moins de déchets
- Meilleurs étanchéité à l’air
Un dernier avantage et non des moindres:
Il est inutile de laisser tourner la bétonnière toute la journée pour générer du mortier. Elle ne sera utile que pour couler les angles et réaliser les linteaux, seuil etc.
Ci-dessus : Sac de mortier colle pour appareillage de brique de construction. En général on le gâche au mélangeur dans un seau. Il y à très peu de pertes lorsqu’on sait doser correctement la colle en fonction de son avancement, ou de l’heure de la journée.
Moins de déchets :
La construction d’une maison en brique est très clairement moins énergivore et moins chaotique qu’une maison en agglo. Les déchets sont généralement plus limités.
Plus rapide à monter :
Une maison traditionnelle de plain pied c’est généralement 9 rangs de brique de construction. Il est plutôt question de 14 rangs pour de l’agglo. La construction d’une maison en brique est clairement beaucoup plus rapide qu’une maison en parpaings.
Maison en brique : Plus chère ?
- Achat des matériaux : Oui
- Achat des armatures : Oui
- Achat des accessoires : Oui
le coût à considérer :
Si nous considérons la brique seule, en terme d’achat unitaire, cette dernière est effectivement 3 fois plus chère qu’un parpaing (agglo). Or ce calcul n’est pas pertinent. Car il faut considérer le coût financier dans son ensemble, et non uniquement en se basant sur le prix unitaire d’un moellon.
Les dimensions de la brique permettent de bâtir une élévation de même hauteur (exemple de 2,90 sous sablière pour une maison de plain pied) en 9 rangs, contre 14 pour du parpaing.
Lire mon article sur les constructions en brique ou en parpaing
La résistance thermique étant 3 à 4 fois supérieure à celle d’un agglo, l’épaisseur du doublage des contres cloisons sera donc plus faible pour un même résultat.
La construction en appareillage collé, joint fins, est inexorablement moins énergivore qu’un appareillage maçonné sur lit de mortier.
Moins de matériaux, moins de liant, moins de palettes donc de transports, pour un même résultat : La brique est par conséquent plus respectueuse de l’environnement que le parpaing (bloc béton).
- Nombre de parpaings pour une maison de 100 m2 : Environ 1200 unités / Environ 20 palettes
- Nombre de briques pour une maison de 100 m2 : Environ 800 unités / Environ 16 palettes
En première approximation (très grossière), il faut donc compter un budget de 2200 euros d’agglos, contre 3700 euros pour la brique (Tarifs publics Chausson Matériaux, Mai 2024). Le delta est donc de 1500 euros d’écart entre les deux systèmes constructifs.
Coûts diffus et annexes :
Les puristes iront également chercher une économie sur le nombre de palettes, etc.
Je ne rentrerai pas dans ces calculs, car si nous prenons absolument tout, isolant, acier, transport, la brique reste plus coûteuse que le parpaing. Les accessoires sont terriblement chers.
L’idée, dans le présent texte, est de contrebalancer les éléments dans une « globalité » et non en terme de quantitatif. Construire en brique est avant tout un choix environnemental, préférable à l’agglo en terme de matériaux et d’efficacité thermique.
Lire mon article sur le calcul du nombre de parpaings pour une maison de 100 m2
La brique de construction Monomur
Il règne une assez grande confusion autour du terme « monomur« , notamment lorsqu’il s’agit de la brique. Pour du SIPOREX par exemple, on comprend immédiatement l’intérêt. C’est un peu plus ambiguë pour les constructions en brique.
En théorie, il s’agit de réaliser le bâti et l’isolation en une seule opération. En d’autres termes, c’est l’appareillage qui fait office d’isolant.
Dans cette acceptation, la brique de large épaisseur (37 centimètres) avec les alvéoles isolées en polyuréthane semble répondre à la définition. Je doute cependant de la pertinence d’un tel procédé, car dans ce cas, je m’orienterai très clairement vers du béton cellulaire.
Le procédé existe, il est par conséquent nécessaire de l’aborder, bien qu’assez marginal encore.
Je vous invite à lire mon article lors d’une visite technique d’un chantier gigantesque en construction brique monomur outre Rhin. Cela vous donnera plus de détails concernant le système constructif encore peu répandu en France.
Chantier BBC de plusieurs milliers de m² en brique monomur.
Le voile de contreventement plus efficace
Comme pour une maison maçonnée en parpaing, la construction en brique nécessite également une armature de chainage, faisant contreventement et chainage vertical.
En revanche, il est assez fréquent de constater que les bureaux d’études ordonnent un ferraillage plus conséquent pour la brique que pour l’agglo. Je développerai ce sujet lors d’un dossier dédié aux armatures.
Ce qu’il faut retenir, c’est le surcoût que cela peut engendrer pour une construction (en terme de budget).
Comme je l’ai évoqué plus haut, le chainage (essentiellement vertical) étant plus important sur un appareillage en brique creuse, le voile de contreventement est par conséquent plus efficace.
Ci-dessus : Vue arrière de la construction évoquée plus haut, notez encore une fois la qualité de l’assemblage à la colle, et les raidisseurs de chainage verticaux.
La construction d’une maison en brique nécessite plus de ferraillage qu’une maison en parpaings (agglos) ?
Clairement oui !
Le voile de contreventement pour une maison en brique est plus exigeant qu’une maison en parpaing. Il est donc nécessaire de poser plus d’armature dans l’appareillage :
- Angles
- Jambages
- Chainages intermédiaires
Les accessoires pour une construction brique pertinente
- Linteau coffre avec parement brique (comme je l’évoque dans mon article sur les fissurations en façade)
- Planelles en brique (idem, très important pour la cohérence des matériaux)
- Angles en brique : Comme pour les agglos creux (attention ils sont excessivement coûteux)
- Demi brique : Idéale pour atteindre une hauteur souhaitée sans création d’arase au mortier
Lire mon article sur les principales pathologies liées à l’utilisation de la brique en façades
Les fabricants de briques de construction
Les industriels sur le segment sont peu nombreux. Il y a évidemment des leaders sur le marché, mais beaucoup de rachats et de fusions, ces dernières années, font émerger les principaux fabricants :
Terreal est aujourd’hui développé par Wienerberger.
Le système ayant le vent en poupe, il y a fort à parier que la construction de maison brique gagne encore du terrain. Le segment est donc, selon moi, très porteur.
Les caractéristiques de la brique de construction
- Epaisseur du mur nu : 20 cm
- Poids mur maçonné (kg) : 120 kg/m² (pour le calcul de la descente de charge)
- Maçonnerie isolante : type a
- Type de support : Rt 3
- Brique de structure rectifiée à pose collée
- Prix à l’unité :
Lien vers la page caractéristique des produits Wienerberger
Questions et réponses (FAQ) :
Q: Peut-on utiliser la brique pour les soubassements ?
R : Non, si nous parlons des rangs sous la dalle principale, ou bien encore d’un vide sanitaire, ces derniers ne doivent pas être construit en brique mais en agglo (ou en banchage).
La brique ne concerne que les élévations « hors sol ». D’ailleurs, il est également interdit de bâtir les acrotères en brique. Il seront par conséquent construits en agglos ou en bloc à bancher.
Q: Le premier range de brique doit il être collé ?
R: Non. En effet le 1er range doit généralement être posé sur un lit de mortier (ciment/sable) de deux à trois centimètres d’épaisseur. Cela permet d’absorber les différences de planéité de la dalle.
La brique étant rectifiée, elle ne supporte pas les variations, même infimes, de planéité.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN