Au delà de la qualité du travail artisanal, s’il est un point qui peut garantir la réussite d’un chantier demeure la mise au point technique. C’est le Graal de la réussite des dossiers en construction neuve, mais surtout en rénovation.
80 % des réclamations pourraient être écartées si une bonne mise au point technique avait été programmée.
Suivez moi, et vos chantiers ne seront plus jamais les mêmes.
La mise au point technique : Un chantier réussi !
La mise au point technique doit être un « copier-coller » du devis s’il s’agit d’une rénovation, ou de la « notice » s’il s’agit d’une construction neuve. La « notice » étant un descriptif rendu obligatoire, notamment pour les Constructeurs de Maisons Individuelles (CMI).
En d’autre termes, réaliser une mise au point technique s’est reprendre l’ensemble des lots ou des postes d’un chantier, et de les détailler au client.
La mise au point technique n’est pas un document d’exécution (EXE) qui vise les artisans ou les intervenants. C’est une étape importante pour expliquer en des termes simples, les différentes étapes des travaux au client final. Par conséquent, il s’agit de l’approche « pédagogique » du chantier afin de dissiper tout risque de réclamation ultérieur pour cause d’incompréhension.
Il ne s’agit pas de former le client au niveau d’architecte, mais simplement de « vulgariser » les techniques du bâtiment pour que ce dernier en comprenne le sens.
Une bonne mise au point technique, sérieusement réalisée, c’est 80% des problèmes de chantier réglés !
NOTA : La MAP (Mise au Point Technique) n’est pas une réunion de chantier. La mise au point n’a lieu qu’une unique fois, avant le début des travaux. Les réunions de chantier sont des réunions régulières dont l’objet n’est pas celui de la mise au point.
Que doit contenir la mise au point ?
J’aurai très prochainement l’occasion de réaliser une mise au point technique filmée, dans un but purement pédagogique, mais je vous donne dores et déjà les lignes importantes à suivre, le schéma est simple.
La mise au point doit évoquer l’ensemble de tous les lots qui composent le chantier, et définir clairement les contours de ce qui sera le résultat final. Il est également important d’évoquer les « techniques » car ces dernières peuvent diverger au sein d’un même lot. Pour exemple, s’il s’agit du lot « placo », il est important de décrire le procédé : Placostil, Placo collé, Fourrures, Appuis, etc.
La mise au point technique doit se réaliser sur la base de plans (c’est la base), si possible en A3 pour une meilleure lisibilité, et toute inscription (ou modification) devra être reportée sur l’exemplaire du client. Il s’agit d’être transparent.
Regardons dans le détail, les exemples les plus courants :
Maçonnerie :
Pour le lot maçonnerie, il est d’usage de décrire précisément le type de maçonnerie, les matériaux, l’implantation etc. S’il s’agit d’un soubassement en plein ou d’un vide sanitaire, il s’agit de bien expliquer au client la différence entre les deux procédés : Nous croyons toujours que c’est de l’acquis, mais les clients sont bien souvent dans le doute sur les différences entre chaque procédé.
Ainsi, pour une mise on point en maçonnerie on évoquera :
- Le type de soubassement, l’explication du dénivelé, du décaissement etc.
- Le type d’appareillage et ses spécificités, par exemple l’aspect « peu vendeur » de la colle pour le montage des briques, pas toujours très esthétique.
- On validera l’implantation précise du bâtiment, l’emplacement des réseaux etc.
- Explication sur les procédés de constructions, accès au chantier, passage.
- Validation des teintes de façades et de la finition (gratté, taloché, etc.).
Charpente :
- Explications sur le type de charpente : Fermette ou charpente traditionnelle.
- Type et couleur de la tuile.
- Dépassées de toit en sous face, lambris, etc.
- Zinguerie, nature des matériaux, etc.
- Expliquer que ce n’est pas « anormal » de laisser les reliquats de tuiles sur place.
Menuiseries extérieures :
- Type d’ouvrants, nature des matériaux (PVC, ALU, BOIS).
- Type de dormants pour les portes fenêtres (4 côtés ou seuil à battue).
- Type de seuil (dans le cas d’un seuil encastré ou d’un accès PMR).
- Serrure à relevage ou fercomatic (automatique) pour la porte d’entrée.
- Teinte.
- Hauteur des poignées (notamment pour la cuisine).
- Présence d’un verrou sur semi fixe, entrebailleurs, etc.
- Type de commande radio pour les volets roulants (solaire, filaire, radio RTS ou IO).
Electricité :
- Modèle et emplacement du tableau électrique principal.
- Choix des marques d’appareillages (modèle, couleur, etc.).
- Emplacement des radiateurs.
- Emplacement des interrupteurs, va-et-vient, prises, etc.
- Emplacement de la VMC (dans le combles généralement).
- Emplacement des bouches d’extractions.
- Prises au droit des têtes de lits, va-et-vient, etc.
- Prises de courant extérieures, éclairages extérieurs, etc.
- Emplacement du moteur de la PAC (si présence d’une pompe à chaleur).
L’électricité étant un domaine qui nécessite énormément de détails (emplacements), il est utile de réaliser une mise au point spécifique « électricité ». Je vous renverrai sous peu vers un article dédié à PEC (Entreprise d’électricité et de plomberie) qui a généralisé les MAP sur absolument tous ses chantiers.
C’est une excellente pratique.
Plomberie sanitaires :
- Emplacement et orientation des douchettes (que ce soit pour la douche ou la baignoire).
- Hauteur idéale de pose d’un bâti support (en cas de présence d’un WC suspendu).
- Type de douche (italienne, bac à douche, receveur à carreler, etc.).
- Marque et modèle des appareillages (mitigeurs, céramique, etc.).
Carrelage / parquet / Sols :
- Expliquer le rôle d’un ravoirage (s’il y a lieu).
- Types de revêtements, type de carrelage.
- Dimensions, finesse des joints, couleur des joints (également valable pour la faïence de la SDB et de la cuisine).
- Départs de pose, sens de la pose, plinthes, etc. (pose droite, pose en décalé, pose en diagonale, etc.).
- Jonction carrelage et parquet. (pour éviter les incompréhensions).
- Sens de pose pour le parquet (impératif).
Plaquisterie :
- Hauteur finie des plafonds, explications sur le procédé de pose (sous fermette, en rampants, etc.).
- Explication sur les procédés de doublages (isolant, armature, etc.).
- Emplacement des cloisons, sens d’ouverture des portes.
- Dimension des portes de distributions (notamment pour l’accès PMR).
- Type de pognées, présence de serrures à loquet, etc.
- Emplacement de la trappe de visite pour l’accès aux combles.
Embellissements :
Les embellissements peuvent également être sujets à polémique. Il est important de correctement expliquer étape par étape les travaux qui seront réalisés.
- Choix des teintes.
- Choix des finitions (mat, satiné, velour).
- Expliquer que les peintures sont difficilement « lessivables » en standard. Lire mon article sur les peintures lessivables.
- Dans le cas d’une teinte, expliquer que cette dernière sera différente du nuancier (effet de rebond, luminosité, etc.).
- Expliquer qu’on réceptionne toujours le chantier à la lumière naturelle.
Qui se charge de mener le rdv de mise au point technique ?
Il est préférable que la mise au point technique soit effectuée par celui ou celle qui va suivre les travaux. Ce sera donc le chargé d’affaire et/ou le conducteur de travaux.
Dans l’idéal, notamment pour les chantiers dont le montant est important, le directeur technique peut mener l’entretien, accompagné si possible de son conducteur de travaux dont le rôle est de s’assurer que tout le monde ait bien saisi les mêmes éléments.
Faites bien signer les plans, et la notice explicative que vous aurez préalablement imprimée et qui reprend mot pour mot le contenu de ma mise au point.
Est-ce obligatoire ?
En théorie, la mise au point technique n’est pas une obligation. C’est un « réglage » qui permet de mettre le doigt sur tous les points singuliers d’une construction ou d’une rénovation.
Les entreprises sérieuses le font systématiquement, c’est la seule clé vers un chantier bien « tenu ».
Matérialiser la mise au point technique
La mise au point se matérialise via deux éléments :
- Les plans.
- Une notice explicative qui rendre tous les éléments vus plus haut.
Le fait de coucher sur le papier le contenu d’une mise au point technique permet bien souvent de soulever des détails que le client ou vous même n’auriez pas nécessairement identifié de prime abord.
Conclusion
Vous devez comprendre que prendre une ou deux heures pour réaliser une MAP (mise au point technique) peut vous éviter de nombreuses réclamations et vous permettre de mener à bien votre chantier dans les meilleures conditions.
Celles et ceux qui pensent qu’ils peuvent se dispenser de cette réunion technique avec le client se méprennent.
Sans mise au point, vous aurez systématiquement des « clashs » qu’il sera très difficile de rattraper. Incompréhensions, erreur de choix de matériaux, méprise sur une couleur ou sur l’emplacement d’une prise : Autant de points qui peuvent représenter un litige.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN