La chape de ravoirage est un sujet des plus intéressant dans le bâtiment, que ce soit en construction neuve ou en rénovation. Son utilité est différente selon les besoins.
La technique, la pose, l’épaisseur et le prix sont liés. Analysons, ensemble, toutes les spécificités d’une chape de ravoirage :
- épaisseur moyenne d’une chape de ravoirage: 6 à 8 centimètres
- épaisseur minimale (sur les flux enrobés): 30 millimètres en tout point sur les fourreaux
- matériaux: Sable, ciment et eau
- dosage: 150 kg/m3
Chape de ravoirage: Définition
Une chape de ravoirage (ou plus simplement un « ravoirage ») est une couche de mortier très maigre, utilisée pour rattraper les hauteurs de réservation dans une construction.
Il s’agit de faciliter la pose du carrelage et/ou enrober les réseaux d’électricité et d’eau (ainsi que les alimentations des radiateurs à eau) avant la pose du revêtement définitif.
- Légèrement surfacée dans le cas d’un scellement immédiat du carrelage
- Talochée dans le cas d’une pose de revêtement de type parquet, stratifié ou massif
La chape de ravoirage se met en œuvre directement sur la dalle brute (radier ou plancher préfabriqué), et se distingue par sa faible teneur en eau et ciment : C’est une chape maigre.
Elle se tire à la règle et se gâche manuellement, pour les petites surfaces. Pour les volumes plus importants, la chape peut être mise en œuvre à l’aide d’une bétonnière ou d’une pompe, pour une maison individuelle par exemple.
Son rôle n’est pas structurel.
Une chape de ravoirage est généralement dosée à 150 kilos de ciment par mètre cube, c’est par conséquent une chape très maigre.
Ci-dessus, un exemple de passage des flux « électricité » avec la réalisation d’un enrobage mis en oeuvre par une chape de ravoirage sablonneuse.
Utilité d’une chape de ravoirage:
La question de la chape de ravoirage peut s’envisager sous différents angles.
Soit d’un point de vue purement utilitaire, comme pour la mise à niveau du carrelage in situ. Soit pour des raisons économiques, au vu de son faible coût en matériaux et de mise en œuvre. Une chape de ravoirage n’est pas une dalle.
Il est assez courant d’identifier le ravoirage et ragréage comme étant des actes techniques d’une même catégorie, c’est faux.
Je vous invite à lire mon article sur les différences entre les deux procédés.
Utilité d’un ravoirage pour la pose du carrelage:
Dans le neuf plus particulièrement, il est d’usage de sceller le carrelage directement sur la chape de ravoirage.
La technique consiste à « régler » la chape sur quelques mètres carrés, puis encoller directement le carreau sur un coulis léger de ciment très liquide. Continuer sur quelques mètres carrés, et renouveler l’opération. La pose est ainsi très rapide, sans temps d’attente, et permet de réaliser 2 opérations en 1:
- Sceller définitivement le carrelage de niveau et parfaitement plan
- Enrober les flux électricité et plomberie dans le ravoirage
C’est ce que nous appelons : La pose scellée.
Sur ce dernier point, il subsiste des différences d’appréciations tant sur les termes, que dans les usages. L’industriel SIKA, que j’apprécie fortement par ailleurs, ne considère pas le ravoirage comme étant un support définitif au carrelage. La définition de l’industriel n’est pas « juste » et crée un amalgame avec les chapes fluides.
Définition du terme selon le site Promotelec.
La chape de ravoirage est donc à la fois un gain de temps formidable, mais également une solution technique d’un point de vue gestion du chantier. Je suis personnellement très attaché à l’usage de la pose scellée, mais je redoute l’enrobage des flux, qui peut être sujet à controverse. Je vous laisse lire mon article, précisément sur ce sujet :
Questions sur le passage des flux dans le ravoirage
NOTA : La pose de carrelage scellé n’est absolument par interdite.
Utile pour le passage des réseaux eau et électricité:
Comme évoqué précédemment, les électriciens et les plombiers vont utiliser l’épaisseur de la chape de ravoirage pour faire passer leurs flux. Cet espace libre, appelé « réservation », devient légitimement utile pour permettre de tirer les flux en ligne droite et sans coudes.
C’est à la fois une économie évidente de matériaux, mais également de temps.
Que ce soit l’électricité ou la plomberie, le passage dans la chape de ravoirage s’exécute avec des fourreaux. Ces derniers permettent d’isoler les PER, le cuivre ou les câbles électriques du mélange sable ciment, et permettent la dilatation des matériaux sans risque.
Les flux sont « agrafés » sur la dalle brute avec des feuillards métalliques, ou simplement en utilisant les chutes de fourrures ou de rails. Le but étant simplement de les maintenir au sol afin de respecter la hauteur minimum d’enrobage exigée par les DTU.
Pour le chauffage au sol:
Le chauffage au sol ne passe généralement pas dans une chape de ravoirage, mais dans une chape liquide de type anhydrite, ou directement dans la dalle de compression.
- Enrobé dans la table de compression, le chauffage au sol ne nécessite qu’un ravoirage complémentaire. Il n’y a par conséquent aucune surépaisseur. Le séchage est si court qu’il est possible de circuler sur le carrelage scellé dès 48 heures.
- Enrobé dans une chape liquide, le complexe nécessite à minima 17 centimètres et ajoute un temps de séchage considérable (environ 1 mois).
En revanche, un chauffage au sol enrobé dans un ravoirage me semble être une erreur d’appréciation, et une hérésie technique. Ces dispositifs, vendus en grande surfaces de bricolage, sont doivent être utilisés avec une grande précaution, sur de petites surfaces : La salle de bain par exemple.
Le risque étant trop grand de percer les serpentins, compte tenu qu’un ravoirage fait rarement plus de 8 centimètres d’épaisseur. Le ravoirage, du fait de sa faible densité, ne servirait pas l’usage d’un chauffage au sol qui nécessite une certaine inertie. En outre, la chape fissurerait de toute part.
Epaisseur d’une chape de ravoirage:
Ce n’est pas l’épaisseur de la chape de ravoirage qui est en question, mais plus particulièrement l’enrobage nécessaire en tout point. C’est la matière minimum présente au dessus des fourreaux électriques et sanitaires.
Cela ne laisse guère de choix, si on considère que le DTU exige 3 centimètres en tout point de la chape.
Les fourreaux divers ayant bien souvent un diamètre de 3 centimètres, cela nous donne 6 centimètres à minima d’épaisseur. Soit 3 centimètres au dessus des « tuyaux ». Or bien souvent les flux se « chevauchent » les uns sur les autres, électricité sur plomberie, ou vice et versa.
Par conséquent, la règle du DTU n’est pas correctement observée dans 90% des cas. Pour la majorité des chantiers que j’ai visité, l’épaisseur de la chape de ravoirage est en moyenne de 7 à 8 centimètres.
La technique est fiable !
Dans la réalité, bien que souvent décrié, le ravoirage n’a jamais posé de réel problème, au regard des dizaines de milliers de constructions neuves réalisées chaque année.
Ravoirage: Le ou les DTU ?
C’est le DTU 26.2 qui concerne les règles de mise en œuvre d’un ravoirage, mais également le DTU 52.10 qui détaille lorsqu’il est nécessaire de poser un ravoirage.
Les deux textes s’entremêlent, l’un étant dédié aux ouvrages d’enrobages, et l’autre aux règles de scellement et d’encollage. Dans le doute, faites appel directement à un industriel qui maitrise la règlementation.
Amalgames récurrents :
- Une chape de ravoirage n’est pas un ragréage, ce sont deux méthodologies de surfaçage distinctes
- Les chapes liquides peuvent être assimilées aux ravoirages, même si techniquement ce ne sont que de lointains cousins
- Le ravoirage n’a pas de rôle réellement structurel
- La pose scellée de carrelage sur la chape de ravoirage n’est absolument pas interdite.
Dosage d’une chape de ravoirage maigre:
Le dosage d’un ravoirage est très économe en ciment.
Une chape de ravoirage nécessite en général un dosage à 150 kilos, au mètre cube. Pour comparaison le dosage d’un mortier pour appareillage des murs porteurs ou encore d’un béton de fouille est de 350 kilos par mètre cube.
Le ravoirage est donc très peu dosé en rapport, mais également très peu dosé en eau.
Je mets simplement un bémol sur les appréciations de terminologie, car les « chapistes » considèrent parfois leur chapes liquides comme des ravoirages. Cet article concerne uniquement des chapes de ravoirage sable et ciment peu dosé et sablonneux. En aucun cas des chapes liquides.
Les chapes liquides sont un sujet à part qu’il conviendra de traiter dans un dossier dédié.
Les ravoirages de type « lit de sable » sont également d’usage. Ce sont des méthodes ancestrales qui fonctionnent parfaitement bien. Un ravoirage est bien souvent un lit de sable de quelques centimètres, et seul le coulis qui est projeté avant la pose du carrelage est réellement solide.
Lors de toutes mes visites techniques, sur des sinistres ayant eu lieu dans des maisons contemporaines, une fois le carrelage déposé le ravoirage était simplement : Du sable.
Pour aller plus loin : Lire mon article sur le dosage des bétons
Faire soi-même sa chape:
Il est évidemment possible de réaliser soi-même sa chape de ravoirage. Il vous suffit d’avoir de quoi mélanger le sable et le ciment, puis une bonne règle pour le nivelage.
- Brouette très fortement conseillée
- Pelle, seaux (plusieurs)
- Ciment
- Sable
- Bétonnière si possible car gâcher du sable très sec est physiquement très éprouvant.
- Taloche si vous ne scellez pas immédiatement dessus
Selon la surface et l’épaisseur, tirer une chape de ravoirage est physiquement très éprouvant.
Parfois il est préférable de faire appel au carreleur dont c’est le métier, et qui dispose d’une pompe. De nos jours, Vous trouverez chez vos négoces, des sacs de ciment sans poussière et des sacs de « sable à maçonner » en 35 kg.
De quoi faciliter très largement le travail quand on souhaite faire soi-même sa chape de ravoirage.
Ci-dessus, votre hôte en train de « régler » un ravoirage maigre de 5 centimètres d’épaisseur.
Prix d’une chape de ravoirage:
Ce paragraphe sera très court, le prix d’une chape de ravoirage d’une épaisseur moyenne de 7 centimètres, est compris entre 18 euros du m2 et 24 euros du m2, selon les surfaces et l’accessibilité.
Prix moyen d’un ravoirage réalisé par un artisan : 18 euros / m2
Si le carreleur est chargé de poser le carrelage, directement en pose scellée sur la chape, le tarif au m2 sera moins onéreux.
C’est en règle générale le carreleur qui effectue le ravoirage. Ce dernier est équipé, notamment d’une pompe, et il connait les fondamentaux de pose.
Un carreleur professionnel peut tirer et sceller 40 m2 dans une journée, sans aucune difficulté. Il est parfaitement naturel que, si vous lui confiez le lot chape, il sera enclin à vous faire un tarif intéressant.
Ce ne sont pas les matériaux qui sont coûteux, mais bel et bien la main d’œuvre.
Erreurs courantes de pose
Comme pour tous les actes techniques du bâtiment, le ravoirage n’échappe pas à la règle. Parfois les erreurs sont malheureusement irrattrapables.
Parmi les plus courantes, la question de l’épaisseur.
En effet, un chapiste a besoin d’une réservation, environ 7 centimètres, comme nous l’avons vu plus haut. Parfois, pour des raisons d’incompréhension ou de maladresse, la chape est trop importante, interdisant de fait la pose du carrelage.
Ce qui nous ramène au paragraphe précédent : Toujours faire réaliser sa chape par le carreleur !
Dans ce cas précis, le carreleur démarre sa pose au droit du seuil de porte. Il lui est, de fait, littéralement impossible de se tromper dans la hauteur. Le cas échéant, et si votre chape est déjà appliquée, la seule solution disponible est le rabotage de la dalle :
- 1. Rabotage machine si la chape est liquide, donc extrêmement dense. Dans ce cas il est très litigieux de « piquer », le risque étant de déstructurer la dalle par une trop forte vibration, due aux impacts.
- 2. Piquage mécanique si c’est un ravoirage maigre. Dans ce cas, le burineur suffit. Le maigre va « partir » en grappe et très rapidement se désolidariser.
Dans tous les cas, cette erreur très courante, que j’ai personnellement dû traiter sur plusieurs chantiers, est une « petite » catastrophe. Le temps et l’énergie que demandent la reprise d’une mauvaise hauteur de chape sont coûteux et très anxiogènes pour le client.
Merci pour vos lectures et bon chantier
Serge USTUN