Ravoirage ou ragréage ?
Selon le cas de figure, en rénovation, il est parfois légitime de se demander s’il est préférable de réaliser un ragréage plutôt qu’un ravoirage. Le choix peut être parfaitement clair lorsqu’il s’agit de quelques millimètres de charge à rattraper, plus difficile lorsqu’il s’agit de 3 à 4 centimètres.
En règle générale, l’usage veut d’opter pour une méthode, selon ces critères :
- Faible épaisseur, inférieure à 2 centimètres : Opter pour le ragréage en une ou plusieurs passes
- Forte épaisseur de rattrapage, supérieure ou égale à 4 ou 5 centimètres : Une chape de ravoirage s’impose
Mais que faire entre les deux ? C’est la question à laquelle je vais tenter de répondre dans cet article.
Quel choix technique entre ravoirage ou ragréage ?
En règle générale, il faut opter pour un ragréage quand le manque nécessite un rattrapage de quelques millimètres à 1 ou 2 centimètres, et pour le ravoirage lorsque que vous avez 4 à 8 centimètres de réservation.
Mais dès lors, que faire dans « l’entre deux » ?
Lorsque l’épaisseur est trop importante pour suggérer un ragréage, mais pas assez conséquente pour tirer une chape maigre. Toute la question est là.
Pire encore, lorsque les deux défauts de planéité se présentent sur une même surface.
Un cas de figure (très courant) qui pose systématiquement problème : Lorsque le dénivelé est de 3 centimètres au plus bas, et de seulement quelques millimètres au plus haut.
On rencontre cette problématique en rénovation, soit lorsque le sol est clairement en pente régulière, d’une cloison vers un mur opposé par exemple, soit lorsque que le sol est en cuvette, plus haut sur la périphérie et bien plus creusé au centre.
Face à un sol irrégulier, deux options se présentent : le ravoirage et le ragréage. Chacun a ses spécificités, répondant à des besoins différents. Je vais essayer de vous guider dans votre choix, en mettant le doigts sur les aspects techniques et pratiques de chaque méthode.
Comprendre ces différences est essentiel pour que vous preniez la bonne décision, et vous éviter une dépense d’énergie inutile.
Démarrer au plus haut et finir en passe fine
Une solution, parmi d’autres que nous verrons plus bas, consiste à pratiquer un « mix » de technique entre ravoirage et ragréage.
Dans le cas d’une grande disparité de nivellement, il est tout à fait possible de combler les gros manques avec une chape de ravoirage, même partielle. L’idée étant évidemment de réaliser une économie de moyen, le ragréage étant bien plus dispendieux que le ravoirage.
Dans ce cas, il convient de sonder et de délimiter les zones à « gorger » avec un ravoirage grossier. Il s’agit de combler au maximum les manques, jusqu’à une limite d’épaisseur plus fine, permettant de finir au ragréage.
Les « mix » de matériaux ne sont jamais très bon en revanche. Même si le ravoirage et le ragréage sont tous deux des mortiers, le premier est très grossier et peu dosé, le second très fin et très largement cimenté. Il y a donc une grande mixité de granulométrie en présence, donc de tenue.
Pour des petites surfaces, à l’abri, sur un support homogène (comme une dalle béton), ça fonctionnera sans danger. En revanche, il ne faut surtout pas mixer les techniques sur une surface extérieure (soumise au gel), ou sur une surface dont le support est mécaniquement instable (plancher bois, flèche du support etc.).
Qui peut le plus ne peut pas forcément le moins
Même s’il existe des ragréages (normalement conçus pour niveler quelques millimètres) permettant d’appliquer une forte épaisseur (3 centimètres et plus), le ravoirage quant à lui ne peut pas faire les deux. Une chape de ravoirage ne peut s’appliquer que dans les cas de réservations supérieures à 4 ou 5 centimètres.
Autrement dit, en dessous de cette épaisseur vous ne pourrez pas tirer une chape de ravoirage.
Ravoirage : Quand et pourquoi ?
Je vous invite à consulter mon article sur la technique d’une chape de ravoirage.
Lire mon article explicatif sur la technique du ravoirage
Le ravoirage concerne les moyennes et grandes épaisseurs de chape. Habituellement, il convient de tirer une chape maigre dès que la réservation est supérieure ou égale à 4 centimètres. Le ravoirage permet de faire passer les flux électricité et plomberie en les « enrobant » dans la chape. Il permet un nivellement « grossier » permettant la pose directe de carrelage.
Ce n’est donc pas à proprement parler une technique de lissage ni de rattrapage. C’est un ajout de masse, à faible coût.
Le ravoirage s’attaque aux grandes irrégularités. Cette méthode consiste à ajouter une couche de mortier, permettant de niveler des différences de hauteur allant jusqu’à plusieurs centimètres. Idéal pour les sols très endommagés, il prépare souvent le terrain pour un ragréage plus fin ou la pose directe de nouveaux revêtements. Sa mise en œuvre demande précision et savoir-faire, assurant une base solide et nivelée.
Il est nécessaire d’avoir une « réservation » suffisante pour appliquer un ravoirage : Au moins 4 centimètres.
Un ravoirage n’est ni autonivelant, ni autolissant (à l’exception des chapes liquides)
Ragréage : La finition par excellence
Le ragréage, tout comme le ravoirage, est constitué de ciment et de sable. C’est un mortier à part entière.
Un ragréage est avant tout un mortier !
Le ragréage est plus subtil, plus fin, plus liquide. Cette technique vise à corriger les petites imperfections avec une couche mince de mortier très fluide. Elle est parfaite pour des sols déjà relativement plans mais nécessitant une finition lisse. Adapté avant la pose de revêtements délicats comme le parquet ou le lino, le ragréage offre une surface parfaitement plane. C’est donc parfait jusqu’à 5 millimètres d’épaisseur, au delà, ça se complique.
La plupart des mortiers de ragréage permettent dorénavant de combler plus d’épaisseur en une seule passe. Il y a encore une décennie, la limite était fixée à 5 millimètres maximum, sous peine de fissuration du produit après application.
Il était alors nécessaire de réaliser une première passe d’application, attendre la prise (24 heures en moyenne selon les conditions), puis réaliser une nouvelle passe. Avouons que c’est plutôt laborieux et chronophage.
Aujourd’hui, la grande majorité des ragréages permettent de combler jusqu’à 2 centimètres d’épaisseur.
Les différents types de ragréages :
- Autolissant (ne signifie pas nécessairement autonivelant)
- Autonivelant
- Armé ou fibré (pour sols non homogènes et instables)
- Ingélif (extérieur)
Les ragréages de forte épaisseur
L’épaisseur demeure le principal critère de choix entre la technique de ravoirage ou l’emploi d’un ragréage. Si la surface n’est pas démesurée, un ragréage spécial fortes épaisseurs peut convenir. Il est clairement question de budget car un ragréage coûte beaucoup plus cher qu’une chape de sable avec un faible dosage de ciment.
La règle impose (c’est une moyenne) une consommation de 1 kilo de produit par millimètre au mètre carré : 1 KG / mm / m².
Le ragréage n’est donc pas économiquement viable pour les surfaces trop importantes, sauf s’il s’agit de surfacer.
L’ennemi numéro 1 du ragréage est le gel !
Deux méthodes distinctes peuvent être mise en œuvre lorsqu’il s’agit de rattraper une forte épaisseur :
- Réaliser un ragréage en plusieurs passes successives, en respectant les temps de séchage et de prise
- Mettre en œuvre un ragréage épais, spécialement adapté pour les « gros » manques
Ces ragréages spécifiques existent dorénavant chez tous les industriels et vous les trouverez aisément chez tous les négoces en matériaux. Je vous liste les principaux ragréages courants :
- Ragréage forte épaisseur PAREX LANKO, jusqu’à 40 millimètres : 45 euros TTC le sac de 25 KG
- Weber Niv Dur, permet d’appliquer jusqu’à 30 millimètres en une seule passe : 61 euros TTC le sac de 25 KG
- MAPEI ULTRA PLAN fibré, ragréage forte épaisseur, le moins cher du marché : 35 euros TTC le sac de 25 KG
Le choix d’une chape maigre ou fine
La question peut également se poser quand il est nécessaire d’obtenir une forme de pente. En extérieur évidemment. Le reflexe logique est donc de se tourner vers la chape de ravoirage maigre, sablonneuse, facile à modeler. En effet il est beaucoup plus simple de donner la forme de pente à un ravoirage qu’à un ragréage, qui par nature est beaucoup trop fluide.
Il existe donc des produits adaptés en ragréage de sols, spécifiquement conçus pour les formes de pente.
- WEBER Niv Lex
- PRB Planipente
- SIKA Creed chape 50 (ne pas prendre le SIKA floor qui n’autorise que 2% de pente)
Ici nous sommes réellement à la frontière entre ragréage et chape. Les termes sont d’ailleurs indifféremment utilisés sur les produits par les industriels. Ces solutions sont bonnes, elles sont efficaces. Les produits prêts à gâcher sont toujours plus sécuritaires alors n’hésitez pas.
Comme nous l’avons vu, il est possible de donner une forme de pente à un ragréage. Il s’agit de différencier la notion d’autolissant, de celle d’autonivelant.
NOTA: Il est tout à fait possible d’effectuer un ragréage ou un ravoirage à la pente.
Ces cas sont expressément désignés pour un usage extérieur, ou intérieur non habitable de type garage ou cellier. En extérieur, c’est l’idéal pour permettre la réalisation d’une terrasse en donnant une légère pente.
Attention, j’évoque ces solutions pour de petites surfaces uniquement. De 5 à 20 mètres carrés maximum. Si les surfaces sont trop importantes, le coût ne sera plus contenu, et vous aurez tout intérêt à passer sur un ravoirage traditionnel maigre ou plus liquide.
Le choix d’une chape maigre, fine, ou liquide, de type ravoirage est donc la solution « économique » avant tout. La notion de protection au gel doit également être évoquée et dans ce cas, les ragréages sont plus résistants.
Choix technique difficile, entre coût et efficacité
Question de coût, question d’épaisseur, et question de tenue dans le temps. Le choix n’est pas aisé, et même après avoir dégrossi quelque peu le sujet pour vous, je sais que les questions continuerons à affluer.
Dans la rénovation, on ne fait pas toujours comme on veut, mais comme on peut.
Comme je l’ai évoqué plus haut, essayez au possible de ne pas faire de « mix » de matériaux, même si je le consens, c’est un choix financièrement plus intéressant.
Le choix entre ravoirage et ragréage dépend de l’état initial du sol et de sa configuration. Un diagnostic précis est impératif. Considérez l’épaisseur nécessaire pour corriger les défauts. Le ravoirage est moins coûteux et moins technique, mais indispensable pour de grandes corrections. Il est cependant plus « physique ».
Le ragréage, plus technique, convient pour les ajustements fins. Votre décision influencera le coût, le temps de réalisation et le résultat final.
Conclusion : Opter pour la bonne solution
Ravoirage et ragréage, bien que différents, sont complémentaires. Ils répondent à des besoins spécifiques dans la préparation des sols ou le rattrapage de niveau. L’avis d’un professionnel vous aidera à choisir la méthode la mieux adaptée à votre situation.
Prenez en compte l’état de votre sol, vos objectifs finaux et surtout votre budget. Ce dernier peut rapidement exploser avec l’utilisation de certains produits techniques.
Merci pour vos lecture et bon chantier.
Serge USTUN.