Rénovation, envie de neuf ? La pose de carrelage sur ancien carrelage est la meilleure solution technique. Pour le gain d’effort, de prix, et de poussière. Ce n’est pas moins honorable pour un artisan bien au contraire. La pose de carrelage directement sur l’ancien est une preuve de pragmatisme.
Alors décoller, buriner et évacuer ? Ou simplement coller par dessus ? Je tente de vous répondre ici avec mes expériences personnelles au cours de mes chantiers.
Coller du carrelage sur du carrelage
Coller du carrelage sur un ancien carrelage, ou de la faïence sur de la faïence. Globalement c’est un grand OUI. En effet, si nous remontons quelques années en arrière, la pose de carrelage sur l’ancien carrelage était la version « cheap » de l’artisanat.
Cela manquait de noblesse. Mais les mœurs ont changé et ce, pour différentes raisons. Facilité, rapidité, fiabilité et prix: je vous explique tout ici.
La technique: Pose de carrelage directement sur l’ancien revêtement
La technique est simple. Coller du carrelage ou de la faïence sur un revêtement identique déjà existant est aujourd’hui une technique fiable. Les industriels comme Weber ou Parex distribuent, depuis déjà longtemps, des colles spécifiques qui sont totalement adaptées.
Ces colles sont spécialement étudiées pour, et sont dès lors garanties.
Aucun risque de mauvaise tenue. Certaines colles nécessiteront une couche d’accroche (primaire), d’autres non.
Dans tous les cas les préconisations d’utilisation sont très clairement précisées sur les sacs de colle. Aucun risque d’erreur. Dans le doute n’hésitez pas à poser la question au vendeur.
Les risques d’une dépose de l’ancien carrelage
La dépose de carrelage ou de faïence ancienne est plus risquée que de coller directement sur le revêtement existant: OUI c’est évident et sans appel !
Déposer un carrelage au sol c’est se retrouver, bien souvent, sur une chape maigre. Cette dernière va « venir » avec la dépose, créant de larges « manques » qu’il faudra combler.
Deux cas de figures s’offrent à vous:
- Soit vous aurez d’énormes manques à rattraper dans le maigre (couscous pour les sudistes), chape de ravoirage peu dosée.
- Soit vous retrouverez des reliquats de colle absolument partout, et qu’il faudra buriner. Un calvaire.
Dans tous ces cas, un ragréage de nivellement et de propreté sera OBLIGATOIRE. Ce sera donc une dépense de matière et d’énergie totalement inutile. Si le carrelage existant ne se décolle pas, il est inutile de le déposer.
Pour la faïence, les risques sont encore plus importants :
Déstructuration des cloisons, affaiblissement (notamment pour les cloison en carton alvéolaires), pincement des fourreaux ELEC.
Le primaire (ou sous couche d’accroche): Préparer l’ancien carrelage
Ma technique historique lorsque j’étais entrepreneur, était de rayer le carrelage. Je griffais ou « matais » le brillant. Avec une ponceuse excentrique et un gros grain.
Résultat : poussière, fatigue, perte de temps et d’énergie.
Il existe dorénavant des primaires à rouler. La technique est simple. Il suffit de rouler le produit avec un rouleau de peintre et attendre le séchage. En d’autres termes, l’étape de mater le brillant étant supprimée, le temps de pose est réduit de manière exponentielle. Vous économisez de grands efforts et surtout, vous évitez de transformer votre salon en champ de bataille.
Une salle de bain complète peut être préparée en 1 heure. Contre une demi journée auparavant.
- VPI (bonne qualité, existe aussi en pose de carrelage sur support bois)
- Weber (bonne qualité mais il existe des colles Weber sans sous couche, c’est dommage de dépenser)
- Axton (plus ciblé pour les particuliers, grandes surfaces de bricolage)
Un bidon de sous couche coûte en moyenne 40 euros et vous permet de préparer jusqu’à 60 m² de sols. Roulage au rouleau de peintre avec une perche pour soulager le dos.
La colle carrelage sur ancien carrelage
Les colles spéciales adaptées des grands industriels (dont certaines se dispensent de primaire) changent également la donne. Elles sont fiables et éprouvées.
Dans ce nouveau process plus aucun prétexte pour empoussiérer tout le logement et nos poumons par la même occasion. Ces colles sont remarquablement fiables pour la pose de carrelage sur l’ancien revêtement, y compris la faïence.
Mais cette technique (essentiellement de rénovation) doit être soigneusement pensée en amont.
Et cela nous amène aux points suivants.
Point fort: Une transformation rapide sans démolition.
Lire également mon article sur la pertinence d’un double encollage
Les pièges : Sonder l’ancien carrelage avant de poser
Coller de la faïence sur de la faïence existante, ou coller du carrelage sur l’ancien carrelage, peut cacher des pièges pour les non avertis. Aux professionnels qui me lisent, ces erreurs vous feront sourire, or elles sont beaucoup plus courantes qu’on ne l’imagine.
Le premier piège concerne le carrelage au sol.
Vérifier vos seuils de portes et de baies vitrées (ou portes fenêtres). Car l’épaisseur du carrelage ajoutée à l’épaisseur de la colle (parfois doublée) risque de vous donner des sueurs froides, lorsque vous ne pourrez plus ouvrir vos portes !
Pour les portes de distribution, un coup de détalonnage et le tour est joué. Mais sur les portes d’entrée ou portes fenêtres, il est littéralement impossible de raboter le bas de porte !
Vérifiez donc en amont avec une pose à blanc sur cales d’épaisseur, pour vous assurer que les ouvrants de vos portes fenêtres ne touchent pas le nouveau sol fini.
Avant de coller un carrelage sur du carrelage existant, il faudra également préalablement sonder le sol. Notamment identifier et ôter les carreaux qui sonnent creux. Cette étape est rapide et incontournable.
Prenez un balai en bois, manche tourné vers le sol, et tapez chaque carreau pour sonder la tenue de ces derniers. Si un carreau sonne creux, marquez le simplement d’une croix pour penser à le retirer avant la pose.
Pour la faïence le piège concerne également les portes mais pas leur talon. Bien souvent vos huisseries (dormants) sont affleurants aux murs existants.
Ci-dessus un exemple sur un des chantiers que j’ai visité, la porte n’ouvre plus après la pose de la Faïence, il a fallut raboter !
Plus beaucoup de marge restante. Une première couche de faïence passe. Une seconde par dessus et vous voilà a ne plus pouvoir ouvrir en plein ! En général, nous évoquons la salle de bain.
Dans ce cas il faudra œuvrer différemment malheureusement.
Une des possibilités sera de réduire le passage en adaptant l’ouvrant. Cette opération reste complexe. Une autre solution sera de ne pas re-faïencer le mur donnant sur les paumelles de l’ouvrant en « trichant’ avec un revêtement type Epoxy à peindre.
Veillez également à faïencer sur toute la hauteur. Sinon l’épaisseur du double rang de faïence sera visuellement très discutable. Vous aurez un « gros » joint en périphérie, qu’il sera impossible de cacher. Visuellement très disgracieux, c’est également un point de faiblesse pour les bactéries et les retenues d’eau.
Si la hauteur de la faïence actuelle s’arrête au 10ème rang par exemple, et bien collez un Wedi de 5mm pour reprendre l’épaisseur sur la surface restante. Ne cherchez surtout pas à tricher à la colle.
C’est interdit et couteux. Ainsi votre paroi sera plane et homogène sur toute sa surface.
Soignez enfin les encadrements de fenêtres. Bien souvent il faudra ajouter un couvre joint complémentaire, pour faire disparaitre la surépaisseur. Ce profilé pourra être en PVC ou en Aluminium.
Une excellente solution
Poser du carrelage sur du carrelage ancien est sans aucun doute une excellente solution. Les avantages sont nombreux et les inconvénients inexistants.
- Pas de dépose (moindre coût)
- Pas de poussière, de bruit
- Pas de fragilisation du support existant (notamment pour les cloisons)
- Pas de risque de rupture dans les pleins de construction (serpentins, fourreaux etc.)
- Gain de temps !
- Pose propre et rapide
- Moins de risque de pathologies liées aux efforts de dépose (primordial pour les artisans)
En somme, vous avez tout à gagner à poser directement sur l’existant.
En outre certains fabricants proposent une large gamme de « slim ». Ce sont des carreaux dédiés à la rénovation, de très faible épaisseur.
Pour la colle, certains industriels sont en tête de liste en terme de qualité :
- Weber
- Parex
- Devres
La Weber COLPRO est tout particulièrement destinée à la rénovation et se pose sans primaire: https://www.fr.weber/pose-du-carrelage/les-colles-en-poudre-mortiers-colles/webercol-pro
Comme toujours, soignez vos coupes pour un résultat harmonieux. Je vous donne quelques astuces et techniques ici.
En résumé:
La pose de carrelage sur un ancien carrelage est largement dans votre intérêt, tant pour le confort et la salubrité du chantier, que financièrement. C’est du gagnant à tout point de vue.
Limitez le bruit, la poussière, et les efforts non nécessaires d’une dépose c’est avant tout être pragmatique. De nos jours, cette méthode n’est plus considérée comme « cheap » et de plus en plus de clients seront d’accord pour une pose sur revêtement existant.
En excluant les colles et primaires d’entrée de gamme, vous assurez un chantier bien maitrisé et rapide.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN. Crédits photo: Serge U.