Le double encollage est devenu la norme en matière de pose de carrelage ou de faïence. Légitime ou non, la technique du double encollage est très largement promue par les industriels et adoptée par les carreleurs. Ayant moi-même posé plusieurs milliers de mètres carrés, tous formats confondus, je développe pour vous, ce sujet technique.
Le double encollage est-il forcément nécessaire ou pas ? C’est le sujet de cet article.
Double encollage du carrelage : C’est quoi exactement ?
La réponse est simple.
Pour carreler, il faut étaler la colle sur le support, généralement avec un peigne de carreleur. C’est une spatule crantée dont les « dents » sont de formats multiples.
Si vous étalez la colle uniquement sur le support (sol ou mur), il s’agit d’un simple encollage.
Le double encollage consiste à appliquer la colle sur le support (sol ou mur), puis à l’appliquer une seconde fois au dos du carrelage. Le peigne pour graisser le carreau sera plus fin que celui pour encoller le sol.
Cette technique est recommandée pour assurer une meilleure adhérence, surtout pour coller les carreaux de grand format, lourds ou fins. Mais elle permet surtout, et avant tout, de combler les manques ou les défauts du support d’une part, et le geste du carreleur par ailleurs.
Le double encollage n’est pas essentiellement conçu pour rendre la prise plus efficace, mais pour la rendre plus sûre, et permettre un réglage plus fin. Nous y reviendrons dans les paragraphes suivants.
Le simple encollage ne présente aucun risque, ne soyez pas inquiets !
En d’autres termes, si vous utilisez la technique du simple encollage vos carreaux ne risquent pas de sauter au plafond, rassurez vous.
Cette méthode implique l’application de la colle aussi bien sur le support (sol ou mur) que sur le dos du carreau, comme je l’ai évoqué plus haut, ce qui entraîne une consommation de colle plus importante.
Il est d’usage aujourd’hui de procéder à un double encollage, pour les carreaux dont les dimensions sont importantes comme le 60 x 60 et plus. Malheureusement, cette donnée est totalement subjective.
Double encollage du carrelage : La norme
En France, la pose de carrelage est encadrée par des normes et des documents techniques unifiés (DTU), notamment le DTU 52.2. Ce dernier spécifie les modalités de la pose collée des revêtements céramiques et des pierres naturelles. Ces normes sont complétées par les Cahiers de Prescriptions Techniques (CPT) qui apportent des précisions sur les méthodes de mise en œuvre. Ces documents peuvent être obtenus auprès de l’AFNOR ou du CSTB.
Mais nous le savons tous, personne ne lit les DTU. Il est plus simple de se référer aux préconisations des industriels, dont les principaux sont les fabricants de colle eux-mêmes.
Pour ce faire, il suffit de tourner un sac de colle et de lire ce qui est écrit au dos. Vous trouverez les conditions d’utilisation, la température idéale de mise en œuvre, et les conditions d’un double encollage en fonction de la surface d’un carreau.
Ce sont la surface d’un carreau et la qualité de la colle qui déterminent le double encollage
Certaines colles permettent la mise en œuvre de carrelage en simple encollage, même sur de très grands formats (jusqu’à 1m x 1m) : Weber col confort
En bref, il n’y a aucun consensus sur la nécessité d’un double encollage sauf à définir la nature de la colle, et son efficacité selon les formats de carreaux.
Double encollage ou pas ?
Contrairement aux idées reçues, le double encollage n’a jamais été obligatoire. Il ne s’agit que de recommandations des fabricants. Qu’il soit évoqué ou non dans les DTU, absolument rien de vous oblige à réaliser une double passe de colle.
Si vous vous posez la question de doubler l’encollage, la seule réponse est celle que dictent les conditions de mise en œuvre de la colle que vous utilisez. Vous retrouverez ces informations au dos des sacs.
C’est une préconisation de mise en œuvre.
Par conséquent si certains artisans ou experts ne jurent que par le double encollage, d’autres, dont je fais partie, sont plus modérés. Plusieurs raisons à cela, dont une qui n’est pas des moindres : La surconsommation parfois abusive des matériaux !
Il y a autant de « notions » de limites de formats pour du simple encollage que de modèles de colles sur le marché. Certains annoncent l’obligation de double encollage pour les carreaux au delà de 900 cm2 soit l’équivalent de 30 x 30. D’autres l’imposent à partir de 60 x 60.
La KERAFLEX S1 de la marque MAPEI autorise un simple encollage. Elle autorise les formats 100 x 100 comme la WEBER. Or ce format est déjà suffisamment grand pour ne pas rentrer dans tous les salons.
- WEBER COL CONFORT : Simple encollage jusqu’au format 100 x 100
- KERAFLEX S1 : Simple encollage jusqu’au format 100 x 100
- AXON FLOWBED : Simple encollage jusqu’au format 80 x 80
- CERMIFLOOR N : Simple encollage jusqu’au format 60 x 60
Il en existe évidement bien d’autres encore, je ne les ai pas toutes listées ici.
Simple ou double encollage hors contexte de format
En dehors de la notion de format, la question du simple ou du double encollage se pose à partir du moment où elle s’adapte à votre propre technique de travail. Il n’est pas réellement obligatoire de procéder à un double encollage comme nous l’avons évoqué, parfois un simple encollage suffit.
Or selon le contexte, le fait de réaliser un double encollage peut-être une aide conséquente pour le carreleur. Ce cas de figure est très courant dans la rénovation. Notamment quand le support présente de gros défauts de planéité ou de régularité. J’évoque donc une notion de confort plus qu’une question de règlementation.
Dans ces cas précis, le fait de réaliser un double encollage permet de combler les manques et de réaliser une pose moins fastidieuse, moins éprouvante. Il faut donc considérer le double encollage comme un confort pour le carreleur.
je dois également préciser que, dans un certain nombre de cas, le double encollage ne sera pas permis. Là encore, il est question de rénovation. Lorsque la réservation de pose ne permet pas un double encollage : Seuils de portes, seuils de baies vitrées, etc.
L’épaisseur du carrelage, l’épaisseur de la colle et l’épaisseur d’un double encollage sont parfois trop importantes une fois cumulées. Il faudra se contenter d’un simple encollage.
En outre, lorsque j’ai débuté dans le bâtiment et lors de mes premiers chantiers en carrelage nous ne parlions pas de double encollage. C’était totalement exclu sur le terrain. Il était d’usage de « graisser » le carreau ce qui peut se rapprocher d’une forme de double encollage.
Or jamais aucun carreau ne s’est décollé sur mes chantiers, et ce, même sur les grands formats qui existaient déjà.
Les chantiers de plusieurs centaines de mètres carrés que j’ai réalisé en simple encollage n’ont jamais posé de problème particulier.
Lire mon article sur les détails d’une pose de carrelage sur carrelage existant.
Double encollage de carrelage mural : La faïence
Pour la pose de carrelage mural (faïence), le double encollage n’a pas le même rôle que pour la pose de carrelage au sol.
Lorsqu’on souhaite poser du carrelage mural, il faut anticiper les problèmes de décollement lors de la pose. Le fait de réaliser un double encollage, dans ce cas précis, permet d’assurer une adhérence parfaite du carrelage ou de la faïence pendant la pose. Sans risque de décollement. C’est l’effet ventouse.
Le double encollage fait alors office de « ventouse ».
Poser de la faïence murale implique que les carreaux restent parfaitement en place, pendant toute la période du séchage de la colle. Les croisillons, que vous utilisez pour espacer les carreaux, ne sont là que pour marquer le joint, et éviter que le carreau ne s’affaisse.
Si vous pratiquez un simple encollage, et que ce dernier n’est pas parfaitement adhérent, le risque de voir les carreaux se décoller est grand, surtout pour les grand formats.
Evitez vous un accident : Faites un double encollage c’est plus sûr !
Encore une fois, au risque de me répéter, le double encollage va créer une surépaisseur qu’il faudra gérer, si possible, avant de poser. Cette surépaisseur peut engendrer des problèmes de pose, notamment avec les blocs portes de distributions ou les prises de courant en saillie.
L’idéal est donc de tester à blanc, puis choisir les bonnes épaisseurs de peigne.
Ainsi, et pour contredire mes propos des paragraphes précédents, la pose de carrelage ou faïence au mur nécessite sans aucun doute un double encollage. Hormis pour la pose de petite faïence en 10 x 10 ou 20 x 20.
Choix de la colle et du peigne à colle
Le succès d’une pose, en double ou simple encollage réside dans le choix de la colle. Elle doit s’adapter aux spécificités du projet. Il existe des colles peu déformables ou hautement déformables, adaptées selon le niveau de contrainte du support.
Le choix du peigne à colle est également important. Il dépend du format du carreau, du type de support et du lieu de pose (intérieur ou extérieur). En règle générale il vous faudra deux peignes. Un consacré au support et l’autre pour graisser le carreau.
Personnellement j’utilise toujours les mêmes peignes donc je ne me pose pas la question du choix de ces derniers. En revanche, et si vous ne savez pas lesquels choisir exactement, les instructions sont sur les sacs de colle.
Pour exemple, sur un sac de colle standard que j’utilise lors d’un de mes chantiers, au dos il est inscrit le type de peigne : U6 U9 et E12.
Ci-dessus : Les inscriptions au dos du sac de colle vous donnent le type de peigne. Vous pouvez ouvrir l’image et zoomer, vous verrez les indications. Crédit photo: S.USTUN
Les colles pour carrelage sont véritablement performantes aujourd’hui, et son conçues pour toutes les situations :
- Colle FLEX
- Colle spéciale pour planchers chauffants
- Colle pour encollage sans primaire sur ancien carrelage
- Colle ingélive pour les extérieurs
- etc.
Ci-dessus : Tableau explicatif pour le format des peignes. Ne pas tenir compte de la ligne concernant le double encollage de carrelage entre 30 et 60 centimètres, car cette donnée n’est plus valide aujourd’hui. Comme je l’ai évoqué plus haut, vous pouvez réaliser un simple encollage y compris avec du 60×60.
L’Importance du professionnalisme
La pose de carrelage est une opération délicate (et physique) qui requiert une grande attention. Pour garantir un résultat esthétique et durable, je vous conseille de faire appel à un professionnel qualifié.
Cela vous permettra non seulement d’obtenir un résultat esthétique de qualité, mais aussi de bénéficier de la garantie décennale en cas de malfaçon.
Le carrelage est l’élément qu’on voit le plus dans une maison. C’est celui qui ne doit souffrir d’aucun défaut.
En revanche, lorsque vous discutez avec un expert ou un artisan, ne soyez pas étonné de voir un simple encollage. Ce n’est pas obligatoire de doubler les épaisseurs, et ce n’est pas non plus illégal. L’artisan vous doit la garantie décennale qui est suffisamment longue pour couvrir un éventuel défaut de pose.
Rien ne vous empêche également de lui poser la question, et il vous répondra certainement avec les mêmes propos que j’utilise dans cet article.
Conclusion
La technique du double encollage offre de nombreux avantages pour la pose de carrelage. Cependant elle nécessite une importante surconsommation de colle, ce qui n’est pas nécessairement dans l’air du temps.
Les fabricants et industriels commercialisent des colles à très hautes performances aujourd’hui. Le double encollage ne se présente plus véritablement comme une nécessité, mais comme un confort de pose et de réglage.
Avec la démocratisation des carreaux grands et très grands formats la question reste légitime, et j’espère y avoir répondu.
Mon conseil : Faites appel à un artisan carreleur expérimenté, c’est la clé pour ne pas avoir à vous poser la question de la technique utilisée.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN