Pas de jaloux, je me permets de citer toutes les marques et de ressusciter le Trilatte dans cet article. Ces procédés de couverture en caissons chevronnés sont courants, très pertinents, mais cependant paradoxaux.
Les caissons de type Trilatte sont isolés, et le parement intérieur est fixé directement en usine (plaque de plâtre ou lambris).
Alors, même si le procédé garde de très nombreux avantages, il est un point sur lequel personne ne semble s’accorder : Le pare-vapeur.
Analysons ensemble ce point qui fait dilemme.
Cet article vient en complément de mon dossier sur les caissons chevronnés.
Trilatte, Beopan, Unilin : Les caissons chevronnés
Faisons un bref retour sur les caissons chevronnés. En effet, j’utilise le terme « Trilatte » mais c’est une erreur de langage. Le trilatte n’est pas un produit, c’est une marque. Or, tout comme pour le mot « frigidaire » au lieu de « réfrigérateur », le terme est resté ancré dans les esprits.
Il est donc question de « caissons chevronnés » mais le mot « Trilatte » est tellement courant que je garderai ici cette terminologie.
Aujourd’hui il existe plusieurs industriels qui fabriquent des panneaux en caissons chevronnés de type Trilatte : Beopan et Unilin sont les principaux. Mais il en existe d’autres, moins connus.
Principaux fabricants :
- Unilin (Trilatte 3D / Rexolatte)
- Corstyrène (BeoPan / Beo Bio / Teknotoit)
Je rédige régulièrement des articles sur le sujet des couvertures « proches » du Sarking, je ne reviendrai donc pas dessus dans cet article. Et j’insiste particulièrement sur la notion de « proche » car le caisson chevronné n’est pas à proprement parler du Sarking.
Si vous souhaitez aller plus loin sur le sujet je vous invite à lire mes différents articles :
- Le SARKING : Généralités
- Comment isoler sa toiture efficacement ?
L’isolation des caissons chevronnés Trilatte ou BeoPan
Il existe une multitude de modèles de Trilattes différents. A la fois en terme de dimensions mais également de typologie. La grande majorité des caissons disposent d’un isolant PIR (Polyuréthane) : C’est le plus courant.
Le PIR n’est pas seul sur le segment, d’autres isolants sont également utilisés :
- Polystyrène (PSE)
- Laine de roche (Rexolatte)
- Laine de bois
- Laine de chanvre
Cependant, j’ai vu passer depuis peu des types d’isolation du Trilatte en laine de bois ou de chanvre, et c’est tout le sujet de cet article, vous allez comprendre rapidement.
En effet, depuis quelques temps déjà, de nouveaux arrivants viennent enrichir la gamme des caissons chevronnés : Le Beo Bio par exemple, ou le Rexolatte.
La particularité de ces derniers est de contenir un isolant en laine de bois, et non en PIR comme ses petits camarades.
Pour rappel : Trilatte signifie « trois lattes » comparativement au BeoPan qui ne dispose que de 2 lattes.
Les différents parements du Trilatte en sous-face
Vous allez peu à peu comprendre ou je veux en venir. Il est question d’obtenir un caisson dont le parement inférieur est déjà revêtu. Autrement dit, le caisson est « fermé » en sous face.
C’est un atout non négligeable en terme de pose car il n’est nul besoin de louer un lève plaque ou un échafaudage pour poser de lourdes plaques de BA13 ou passer de longues heures à clouer le lambris.
Personnellement, en dehors des cas très complexes du Trilatte en après sinistre, je valide le procédé.
Ci-dessus : Infographie tirée de la fiche technique qui précise bien la présence du pare-vapeur sur le caisson chevronné. Source : Corstyrène.
Le parement en sous face est donc le principal avantage mis en avant par les industriels et j’en conviens très largement ! L’autre avantage important étant la capacité de franchissement des caissons sur 2 appuis, ou 3 appuis plus généralement.
En revanche, il est question d’isolation du trilatte « dans l’âme ». Autrement dit, l’isolation est effectuée en usine, directement entres les « lattes ».
Ces parements inférieurs (plafond) sont de plusieurs types (matériaux) :
- Plaque de plâtre
- Lambris
- Fermacell
- OSB
En d’autres termes, lorsque vous posez le trilatte, vous ne pouvez en aucun cas venir ajouter un pare-vapeur continu en sous face, l’âme du trilatte étant par nature inaccessible.
Et je souligne bien, en « continu ».
Voilà, vous comprenez maintenant où je voulais en venir. En effet, tout le monde s’accorde pour dire qu’un pare-vapeur doit être « continu » sinon il ne sert à rien !
La question du pare-vapeur sur un trilatte (ou équivalant)
Je rédigeais un article récemment sur la question du pare-vapeur. La grande majorité des sources et des documentations affirme que le pare-vapeur est soit fortement recommandé dans le cas d’une isolation en rampant, soit même obligatoire si l’on se réfère au DTU.
Lire mon dossier sur le pare-vapeur.
Or, nous sommes clairement en présence d’une isolation en rampant. Puisque l’isolant vient entre chevrons, le pare-vapeur est « censé » être obligatoire. A défaut de mieux comprendre cette règlementation qui demeure très polémique, nous sommes bel et bien dans ce cas de figure.
L’isolation du trilatte est cependant bien pourvue d’un pare-vapeur, problème résolu par conséquent ? Il n’en est rien !
Si nous observons les règles de mise en œuvre, le pare-vapeur doit être CONTINU et selon certaines sources, il doit même y avoir chevauchement des lés.
Dilemme. Ou paradoxe.
Remise en cause de la nécessité du pare-vapeur
Dans la construction bois, le pare-vapeur est un élément central qui continue à diviser. Je n’évoque pas les constructions en maçonnerie brique ou parpaing qui se passent d’un pare-vapeur sans aucun souci.
La polémique se trouve très exactement ici.
En effet, un des grands freins de la construction « hors site » d’une maison ossature bois est très exactement le dilemme du pare-vapeur. Pour fournir des panneaux finis, contreventés et déjà revêtus de leurs parements, il faut nécessairement couper le pare-vapeur, tôt ou tard.
Ainsi, il devient impossible de « raccorder » de manière fiable les différentes parois sans qu’il y ait une discontinuité du pare-vapeur.
Alors, est-ce du vent finalement ?
Je garde pour moi mon avis, je vous livre juste les éléments de réflexion qui m’alertent lorsque à seulement deux jours d’intervalle, la règlementation autorise (ou interdit) tout et son contraire.
Cela donnera certainement des éléments de réponses pour celles et ceux qui se posent encore la question : Peut-on construire une maison ossature bois sans pare-vapeur ? Ou à défaut, avec un pare-vapeur discontinu.
J’ouvre un billet sur le forum pour que nous partagions sur ce sujet précis.
Conclusion
Le débat sur le pare-vapeur tel que je le présente dans mon précédent article n’est visiblement pas clos. En matière de caisson chevronné, l’isolation du Trilatte est réputé pour être une isolation d’une grande efficacité (PIR ou autres matériaux). En revanche, il semble qu’il y ait un gros « loupé » sur la continuité « théorique » du pare-vapeur.
Alors comment « marier » ces deux contradictions ?
Ce sera une affaire à suivre. J’invite d’ailleurs les industriels qui me lisent à me contacter pour me donner les éléments techniques nécessaires à la résolution de ce paradoxe.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.