En charpente il existe un produit plus que singulier : Le caisson chevronné.
Longtemps appelé Trilatte, le caisson chevronné est à la fois un produit pertinent, intéressant sur bien des points et surtout, facilitateur de chantier.
Ces panneaux de toiture autoportants isolés et revêtus sont souvent évoqués lors des rénovations, plus rarement dans la construction neuve.
Faisons le point sur le procédé, entre avantages et inconvénients, prix et modèles en vente.
Avant propos
Avant toute chose je tenais à préciser mon intérêt pour les caissons chevronnés car j’ai eu personnellement l’occasion de réaliser une dizaine de chantiers basés sur ces produits. Que ce soit en Trilatte ou en BeoPan.
J’en connais donc les moindres détails.
Cependant, même si j’évoque régulièrement les atouts indéniables des caissons de toitures chevronnés, ces produits nécessitent l’intervention de vrais couvreurs ou charpentiers.
Autrement dit, ce n’est pas parce qu’ils sont extrêmement pragmatiques et « tout prêts » que vous devez vous sentir pousser des ailes et vous lancer dans une couverture de ce type sans connaissances préalables.
Ceci étant dit, passons aux nombreux atouts des caissons de toiture.
Caissons chevronnés : Définition
Il est assez simple de donner la définition du caisson chevronné.
Ce sont des panneaux préfabriqués en usine qui permettent de réaliser la charpente intermédiaire sur 2 ou 3 points d’appuis. Les caissons sont isolés, et disposent d’un parement fini (ou presque) en sous face (côté intérieur).
Ce sont des panneaux 3 en 1 :
- Chevrons intégrés : Évite la pose des chevrons courants.
- Isolation intégrée : Évite le fastidieux travail de l’isolation en rampant entre chevrons.
- Parement de finition en sous-face : Évite le travail de levage et de pose des plaques de plâtre ou du lambris intérieur.
Autrement dit, les caissons chevronnés sont exclusivement dédiés aux combles aménagés ou aux grands volumes en rampant (sans combles).
Les caissons de toitures sont réputés pour leurs possibilités de franchissement sur 2 ou 3 appuis : Autrement dit, ils évitent de devoir poser des pannes intermédiaires.
Ces derniers permettent également d’obtenir une excellente isolation en toiture (méthode proche du Sarking) sans perdre de la surface de vie en sous toiture.
- Idéal pour les combles aménagés.
- Parfait pour les mezzanines.
- Parfait pour les grands volumes avec une belle hauteur sous rampants.
Privilégié dans la rénovation plutôt que dans la construction neuve, le caisson chevronné de type Trilatte plaît par son côté pragmatique et sa finition incorporée.
Une isolation en toiture intégrée aux panneaux
Principal atout mis en avant par les fabricants : L’isolation intégrée aux caissons.
C’est principalement ce concept qui a permis aux panneaux « sandwichs » de se développer. Rappelons que le caisson chevronné existe depuis plus de 45 ans.
L’offre est principalement composée d’isolant PIR (polyuréthane) car pour une épaisseur équivalente, c’est le matériau le plus efficace.
Cependant, il existe d’autres types d’isolants utilisés dans les différents modèles sur le marché :
- Laine de roche (toujours disponible).
- Laine de bois (produits peu disponibles, il faut fouiller)
- Laine de chanvre (produit qui semble ne plus exister)
- Isolant PIR ( Polyuréthane – le plus courant)
- Isolant PSE (Polystyrène – également très répandu)
Avec les panneaux de toiture de type « trilatte » il est possible d’atteindre un « R » de 9 sans trop de difficultés (Résistance thermique). Ce qui est tout à fait convenable actuellement même si l’évolution des différentes règlementations thermiques tend à atteindre un R plus élevé à l’avenir.
Il semble que les modèles proposés avec de la laine de bois et de chanvre soient des modèles « épuisés ».
Soyez vigilants car il peut potentiellement exister un litige sur les laines végétales ou animales en caissons non ventilé. Les modèles les plus répandus, et les plus efficaces sur le plan thermique sont les caissons isolés en polyuréthane et polystyrène : C’est une base fiable.
Le panneau de toiture avec finition
La grande particularité des caissons de toiture réside dans la finition de la sous face. Autrement dit, l’aspect de votre plafond fini.
Plusieurs finitions sont possibles, de la simple plaque de plâtre (qu’il faudra jointer) à une finition de type lambris.
- Finition en lambris, différentes teintes disponibles.
- Finition en plaque de plâtre hydrofuge ou M0 qui devra être jointé comme un BA13 standard.
- Finition en OSB, peut convenir aux ateliers, aux intérieurs atypiques.
- Finition en MDF ou en simili CTBH (panneau de particules).
Bref, ce n’est pas le choix qui manque en terme de finitions des parements intérieurs. Le résultat est d’ailleurs souvent très agréable au regard lorsqu’un chantier est fini.
Prix des caissons chevronnés
Le prix des panneaux de type Trilatte dépend de l’épaisseur de l’isolation intégrée, ainsi que du type de finition en sous face.
En moyenne, il faudra compter 135 euros TTC le M2 pour du caisson chevronné avec sous face en plaque de plâtre. A cela vous devez intégrer la location d’un enfin de levage, et songer aux prix des accessoires.
Nota : Les caissons de type Trilatte sont réputés assez chers, et pour cause. Il vous faut impérativement calculer les longueurs avec précision ainsi que les éventuelles dépassées de toit.
Attention aux entraxes, qui peuvent être problématiques pour des raccords de toit par exemple.
Prix du Trilatte ou Beopan au M2 : Sur une base d’un R de 6 W/m2K avec sous face en BA13.
Type de caisson chevronné : | Isolant | Poids | Prix au m2 |
---|---|---|---|
Usystem ROOF OS | PIR R = 6 | 58 Kg | 131 euros TTC / M2 |
Beo SAND | PSE R = 6.05 | 40 Kg | 142 euros TTC / M2 |
Pannotec Confort | PIR R = 6 | 46 kg | 137 euros TTC / M2 |
Rexolatte (semble être épuisé) | N/A | N/A | N/A |
Beo BIO (semble être épuisé) | N/A | N/A | N/A |
Où trouver des panneaux en caissons / Descriptifs fabricant :
- Usystem ROOF OS Comfort : R de 6 avec 135 mm de Polyuréthane / 131 euros TTC le M2 / Union Matériaux / 58 Kg
- BeoSAND : Différents modèles existent, veuillez vous référer à la liste ici
- PANNOTEC Confort : R de 6 avec 130 mm de Polyuréthane / 137 euros TTC le m2 / Chez Chausson Matériaux à 137 euros le m2 / 48 Kg
- Rexolatte : Epuisé
- Beo Bio : Epuisé
Tarif moyen d’une couverture en Trilatte : 320 euros le M2 fourni et posé par un charpentier (sans le tuilage).
Les avantages du caisson chevronné
Vous l’aurez sans doute déjà compris, les avantages du caisson chevronné sont nombreux. Et il n’y a pas (ou presque) de vice caché.
- Simple à mettre en œuvre (il faut tout de même maîtriser la méthode et simple ne signifie pas « facile »)
- 3 en 1 : En une seule pose vous réalisez le chevronnage, l’isolation, et le parement en sous face.
- Disponible absolument chez tous les fournisseurs.
- Adaptable dans une certaine mesure (plutôt à mettre dans la case inconvénients).
- Limite les ponts thermiques et les défauts de pose d’une isolation traditionnelle.
- Grande capacité de franchissement : Dispense des nombreuses pannes intermédiaires.
- Gain de volume en plafonds sous rampants.
- Mécaniquement très stable.
- Évite le complexe fourrures + suspentes.
- Pare-vapeur intégré : Attention, lire mon sujet en lien en bas de page.
Le caisson chevronné est souvent associé à la méthode du Sarking. Ce n’est pas tout à fait exact mais le procédé s’en approche.
Lire mon article sur le Sarking.
Les inconvénients des caissons de toitures
- Nécessite des murs parfaitement à l’équerre.
- Manutention difficile, parfois même impossible.
- Nécessite un engin de levage.
- Difficultés pour passer des gaines et des fourreaux.
- Prix d’achat élevé.
- Sujet délicat pour les sinistres et notamment l’écart au feu.
En après sinistre, les caissons de type Trilatte sont une véritable plaie. Lorsqu’il s’agit d’un simple départ de feu, ces derniers ne permettent pas de reprise partielle. Il faut changer plusieurs trémies, là où d’ordinaire une simple reprise suffit.
Autrement dit, vous multipliez le travail par nécessité de reprendre les caissons complets, du bas de pente au faîtage. De plus, vous devez également reprendre tous les plafonds, joints, peintures etc.
Un calvaire en matière de travaux après sinistre et la bête noire des experts.
La sécurité accrue pour une pose sans risque
Principal sujet d’organisation lorsqu’ on réalise sa couverture sur la base des caissons de type Trilatte : La sécurité et le levage.
Je le répète mais au delà de l’aspect simplicité, un caisson chevronné est généralement lourd et doit être levé mécaniquement.
Cette contrainte entraîne un risque d’accident qu’il ne faut pas négliger, en plus des risques traditionnels du travail en charpente et couverture.
Autrement dit, il n’est pas moins sécuritaire d’utiliser des panneaux de toitures, c’est même très exactement l’inverse. Seul avantage, les panneaux sont circulables une fois posés. Autrement dit, on peut marcher dessus en sécurité.
A lire : Article intéressant du site prévention BTP sur la sécurité lors de la mise en œuvre des panneaux de type Trilatte.
Les accessoires de pose
1/ Clous à tête relevée en « L » : Clous de grandes longueurs dont la tête est retroussée pour permettre le maintien au droit des chevrons bois.
2/ Visserie sur mesure : Il existe toute une gamme de vis longues spécialement conçues pour ancrer les caissons dans les pannes.
3/ Crampons : Les crampons sont des ancrages métalliques percés qui permettent d’utiliser les vis sans pour autant percer les pannes.
4/ Cartouches de mousse polyuréthane : Il est nécessaire de réaliser les joints entre caissons à l’aide de mousse expansive. Cela évite les ponts thermiques au droit de ces « manques ».
5/ Ensembles de chevêtres : Les chevêtres permettent la pose d’un éventuel VELUX (fenêtre de toit).
Caisson chevronné : Neuf ou rénovation ?
Véritable solution adaptée aux rénovations de toitures, le neuf n’exclut pas nécessairement l’usage du caisson chevronné.
Les constructions de maisons individuelles (ou autres bâtiments) dans le neuf optent souvent pour le caisson Trilatte. Expressément lorsqu’ il n’y a pas de plénum et que les plafonds sont en rampants.
Certes, c’est de moins en moins courant.
Cependant, il n’est pas nécessairement question de réaliser l’intégralité de sa couverture et charpente en caissons. J’ai très régulièrement rencontré des cas de mixité de structure sur un même bâtiment.
Autrement dit, une partie du bâtiment est réalisée en fermettes (fermes industrielles), avec combles perdus, et une seconde partie en rampant avec du trilatte.
Cela limite les travaux de charpente.
En rénovation, aucun doute n’est possible sur la pertinence d’une charpente en caissons chevronnés. C’est rapide, simple, efficace.
Seul bémol : Il faut des pignons parfaitement à l’équerre et des sablières aptes à recevoir le trilatte.
En effet, dans la liste « inconvénients » des panneaux de toitures vient la difficulté d’adaptation aux bâtiments dont les arêtes sont biaises ou mal équerrées.
Solution idéale pour l’autoconstruction ?
Cette question revient régulièrement dans les emails que je reçois et je vous en remercie. Le sujet est donc vivant.
Je pense sincèrement que le caisson chevronné (ou trillate) est un réel atout pour l’autoconstruction et les autoconstructeurs.
Cependant, comme je le souligne en introduction, ce n’est pas parce que le Trilatte est ce qu’il y a de plus pragmatique aujourd’hui que la pose se fait sans efforts.
Soyez conscients que les panneaux de toitures de type caisson sont lourds (de 50 à 60 Kg le panneau) ! Il faut donc nécessairement un engin de levage.
En outre, la pose est paradoxalement plus complexe (complexe ne signifie pas compliqué) qu’un chevronnage traditionnel. Personnellement je pose des chevrons plus rapidement que n’importe quel type de panneaux.
Non, le véritable gain réside dans le 3 en 1. Si vous avez un petit chargeur motorisé, vous allez gagner un temps considérable en isolation et en plaquage de la sous face.
Je parle du simple au quintuple en terme de gain de temps à la mise en oeuvre. Peut être même un facteur 10 selon les individus.
Enfin, attention à soigner les ancrages et les ponts thermiques que ces derniers génèrent.
Outre le prix, les panneaux de toitures de type « caisson chevronné et isolé » sont un choix assez judicieux pour l’autoconstruction.
Seul bémol, et cela nécessitera des calculs, je suis actuellement incapable de vous affirmer que les caissons puissent jouer le rôle de contreventement tel que le ferait une poutraison complète.
Autrement dit, ils ne sont pas censés assurer le ceinturage des pignons et des sablières. Il faudra développer ce point singulier, et j’invite les fabricants à me contacter en ce sens.
Enfin, je vous conseille également de jeter un oeil à une variante des caissons trilattes, il s’agit des panneaux SAPISOL.
Le paradoxe du pare-vapeur des caissons de type Trilatte
Je l’évoque dans un de mes récents articles, le paradoxe d’un caisson chevronné tient dans la nécessité de continuité du pare-vapeur.
En effet, il semble que la réglementation en matière de construction ou de rénovation de charpente et couverture, la notion de pare-vapeur fait polémique.
Ce dernier, si l’on se conforme aux DTU, doit être parfaitement continu. Or, cette continuité ne peut en aucun cas être assurée dans le cadre de l’utilisation des caissons chevronnés.
Je vous invite à consulter mon dossier sur ce sujet ici :
Lire mon article sur le sujet du pare-vapeur et du trilatte.
Conclusion
Afin de conclure, le caisson chevronné est une solution efficace et pertinente que je continue à privilégier dans certains cas, notamment en rénovation. Pour des projets d’isolation renforcée avec de jolis rampants cela peut également convenir aux projets de constructions neuves.
Pour les autoconstructeurs, au risque de me répéter, je vous conseillerai simplement de bien évaluer vos capacités à manœuvrer et poser ce type de panneaux, qui restent imposants et exigeants si l’on souhaite une pose soignée.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.