Il n’existe pas réellement de consensus sur le sujet des mesures provisoires en après sinistre. Egalement appelées « mesures conservatoires », ces dernières appellent au questionnement.
Le duel « déconta » ou « bâtiment » demeure par conséquent un vrai sujet.
Dans cet article, qui ne se veut pas affirmatif mais plutôt de l’ordre d’une réflexion, je pose les termes d’une méthodologie imparfaite et mal appréhendée par les entreprises spécialisées en après sinistre.
Mesure provisoire après sinistre : Qui intervient ?
Il est d’usage que la déconta (décontamination) intervienne systématiquement en premier lors d’un sinistre, en vue d’une mesure provisoire ou conservatoire.
Du moins, c’est souvent la déconta qui est la première alertée, généralement à la demande de l’expert.
J’ai longtemps écrit sur le sujet en participant à une forme de doctrine, telle qu’elle est proposée en droit. La doctrine visant à donner de la matière à réflexion mais ne faisant pas office de méthode ou de loi.
Mon avis est cependant tranché, et très loin de faire l’unanimité en matière de mesure conservatoire.
En effet, je reste fermement convaincu que le bâtiment (les équipes du bâtiment) doivent intervenir à minima en même temps que les équipes de décontamination, et non a posteriori.
Même si j’ai essuyé une défaite partielle sur ce postulat en voulant mettre en œuvre ma position lors de mon dernier poste, je reste persuadé que mon raisonnement demeure quant à lui valide.
Je développe mon propos plus bas dans l’article cette « défaite », si tant est que ce soit véritablement le cas.
Déconta en mesure provisoire : Un problème juridique
Demander aux équipes de décontamination d’effectuer un acte technique du bâtiment est une erreur juridique avant tout. Or, les mesures provisoires après sinistres sont nombreuses et quasi systématiques.
Ces cas de figures sont variés :
- Bâchage de toiture provisoire
- Pose d’un OSB sur une menuiserie
- Pose d’étais sous un plancher
- Dépose et évacuation de BA13 en plafonds ou murs
- Etc.
Je ne prends ici que quelques exemples récurrents, ces derniers étant très représentatifs de la réalité du terrain.
Ces quelques actions techniques sont juridiquement encadrées par les règles du bâtiment et socialement protégées par ces dernières.
Autrement dit, si vous ne bénéficiez pas des conventions collectives du bâtiment, vous n’avez rien a faire sur une toiture !
Vous exposez vos équipes et votre entreprise à de graves dangers et de lourdes sanctions, dans le cas d’un sur-accident. Par conséquent, je pose le premier postulat qui fait abstraction du savoir faire technique, et n’évoque que l’aspect juridique de l’acte.
Mesure provisoire : Le bâtiment mieux disposé à intervenir
Dans tous les cas de figure évoqués plus haut, les équipes du bâtiment sont les plus disposées à intervenir lors de la mise en œuvre d’une mesure conservatoire.
Certes, cela sous entend que nous disposions réellement des gens du bâtiment en interne, ce qui est loin d’être la norme.
Les équipes de décontamination ont la fâcheuse tendance à travailler sans se soucier du bâti (au sens structurel), et c’est tout naturel.
Dans les meilleurs cas, il sera simplement question de « gâchis » de matériaux et de produits. Dans les cas plus graves, l’intégrité du personnel et la solidité de l’ouvrage peuvent être impactées.
J’évoque très largement le sujet dans cet article sur l’après sinistre.
Dans les faits, cela se traduit par plusieurs lacunes factuelles et déterminées :
- Utilisation de produits non adaptés (mousse PU ou onduline par exemple)
- Mauvaise appréhension de la mesure provisoire (pose d’une bâche sur un pignon non chaîné)
- Gaspillage de moyens
- Double intervention pour défaire et refaire
- Risque d’accident
- Dégradation des supports non nécessaire
- Etc.
Ma proposition pour rationaliser la mesure provisoire après sinistre
Évidemment, je ne peux pas jeter un tel pavé dans la mare sans être force de proposition. En après sinistre, la mesure provisoire doit être appréhendée comme un corps d’état à part entière.
Autrement dit, il est nécessaire que les entreprises spécialisées en après sinistre disposent d’une équipe spécialisée dans la mesure provisoire, et qu’elle soit issue des métiers du bâtiment :
- Charpente et couverture : Bâchage, pose d’un pare pluie, renfort de poutres.
- Menuiseries : Occultation provisoire, remplacement d’un tablier de volet roulant, remplacement d’un double vitrage.
- Plaquisterie : Dépose des BA13 sans endommager les fourrures et suspentes.
- Électricité : Mise en sécurité et raccordement provisoire le cas échéant.
Je n’évoque volontairement pas le lot plomberie car la plupart des entreprises après sinistre disposent de leurs plombiers en interne, pour assurer les recherches de fuites (RDF).
En revanche, pour une entreprise qui souhaite créer une véritable stratégie d’intervention, rationaliser la mesure provisoire est un énorme atout.
Il s’agit de proposer des solutions intermédiaires semi définitives.
J’ai longuement travaillé sur un procédé novateur en charpente et en menuiserie et je reste persuadé que tôt ou tard, les entreprises spécialisées en sinistre adopteront ma stratégie.
Ma « semi » défaite : Analyse de cas
Vous le savez dorénavant si vous me lisez régulièrement, je n’écris rien que je n’ai préalablement fait ou testé dans ma longue carrière.
Quand j’ai choisi l’après sinistre en acceptant un poste chez Resilians au détriment d’une offre intéressante dans le BTP à Davézieux, j’ai fait le choix de l’idéologie.
L’après sinistre étant pour moi synonyme d’aide aux personnes : Les assurés.
Comme j’aime à le répéter, mon métier a toujours été de « mettre un toit sur la tête des gens ».
Après plusieurs années au sein de Resilians, j’ai pu réaliser ce constat, dont cet article est le sujet, et m’apercevoir que ces « lacunes » sont les mêmes au sein de toutes les entreprises qui œuvrent en après sinistre.
Nous ne sommes pas capables de gérer les mesures provisoires intelligemment !
Après avoir eu une proposition factuelle de développer mon projet de rationalisation de la mesure provisoire par une entreprise concurrente, j’ai pu « tester » mon postulat.
A la demande d’un cabinet d’expertise de Marseille, je propose une mesure semi définitive, en lieu et place d’une mesure provisoire. Il s’agit d’un lot charpente et couverture.
Alors pourquoi « semi » défaite ?
Et bien j’ai pu constaté que mon postulat était viable, et fiable a priori. Dans bien des cas, la mesure provisoire fait doublon, en terme de coût et de gaspillage de matériaux.
Ma proposition s’est dirigée vers une mesure « quasi » définitive, dans laquelle les bois posés en urgence étaient une première étape pour la finalisation de la couverture impactée.
- Pannes utilisées en mesure provisoire demeurant en mesure en définitive
- Pare-pluie permettant la mise hors d’eau également à demeure
- Litelage et contre-litelage etc.
L’expert accepte, car c’est autant de fonds économisés, de produits non gaspillés, et de clients satisfaits.
Je n’avais cependant pas imaginé que je serai seul sur le dossier, sans collaborateurs pour me seconder et sans soutien logistique. C’est une faillite intellectuelle que j’ai dû subir, au lieu de fêter un succès stratégique.
L’entreprise se reconnaîtra.
Maintenant, écartons les défaillances, et gardons à l’esprit le concept.
La mesure définitive que je proposais était parfaitement viable, et très favorablement accueillie par les donneurs d’ordres ! Le bois est fongible ! Il est omniprésent, disponible absolument partout en France.
En d’autre termes, quit à poser des bois, autant poser les éléments définitifs plutôt que des « pansements » provisoires.
Cette hypothèse est donc justifiée dans les faits, et duplicable.
Je rentre dans le détail de cette stratégie hautement bénéfique pour l’entreprise, pour le client, mais surtout pour la planète, via un dossier que je réserve à mes partenaires.
Ma méthode est pérenne et valable non seulement pour la charpente, mais également pour les menuiseries et les occultations. J’ai développé une thématique simple que je vous propose d’étudier avec moi.
Contactez moi pour que nous l’évoquions ensemble : contact@monbatiment.fr
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN.