Le platelage bois est un ouvrage omniprésent à toutes les étapes d’une construction ou d’une rénovation. Il est important de ne pas confondre un platelage bois dont le rôle est structurel, avec un revêtement bois qui tient lieu de parement.
- Qu’est-ce qu’un platelage bois ?
- Quelles sont les erreurs les plus courantes lors de la pose ?
- Quels sont les matériaux pour réaliser un platelage ?
Il s’agit ici de détailler les caractéristiques techniques, les types de bois utilisés, les méthodes de réalisation, ainsi que les avantages et contraintes liés à l’usage du bois pour mettre en œuvre un platelage.
Je vais répondre à toutes ces question dans cet article dédié, afin que vous réussissiez du premier coup vos travaux.
Allons y !
Platelage bois : Définition
Le platelage bois désigne l’ensemble des structures bois assemblées pour former une surface plane et rigide.
C’est un complexe d’ouvrage dont le rôle est de réaliser un « aplat » qu’il soit circulable ou non, afin de permettre la pose d’un revêtement définitif, de recevoir un isolant, ou de préparer un coffrage en fond perdu.
Le platelage n’est donc pas un élément de finition.
Un platelage bois est composé d’une ossature primaire, d’une ossature secondaire et d’un agencement bord à bord de dalles agglomérées, d’OSB, de CTBH (ou CTBX) ou simplement de lames de bois de type « voliges » formant un « plan » horizontal ou incliné.
Le platelage bois se retrouve comme composant principal sur des toitures, des planchers bas ou des planchers intermédiaires, en bien encore pour la préparation de coulage de béton, sous forme de coffrage perdu.
Le platelage bois ne doit pas être confondu avec les revêtement bois de finition, comme les parquets ou les lames de terrasses. Ce dernier joue un rôle structurel et non un rôle de finition.
Les dalles d’agencement les plus utilisées pour la réalisation d’un platelage bois sont :
- L’OSB.
- Le CTBH ou le CTBX.
- Les dalles d’agencement en aggloméré.
- Les « triply » ou « trois plis ».
Domaine d’utilisation des platelages bois
Rarement utilisé dans la construction neuve (sauf en maison ossature bois), le platelage bois a ses propres domaines de prédilection. Dans l’ancien, il se présente souvent comme le procédé idéal pour rénover les planchers.
Quand le coulage d’une dalle béton n’est pas possible, le complexe de platelage bois devient l’unique solution de mise en œuvre. C’est une solution considérée comme « légère » et structurellement fiable.
Sur une toiture, il sert à réaliser le « voligeage », technique historique qui garde toute son utilité encore aujourd’hui. Il peut également servir de support de base pour la réalisation d’un SARKING.
Pour comprendre ce qu’est un SARKING, je vous renvoie à mon article en lien : Le SARKING en toiture.
Avec le développement des constructions en ossature bois (COB) et plus particulièrement des maison ossature bois (MOB), le platelage retrouve sa place dans la construction neuve, celle des constructions en ossature.
Dans ce cas, le platelage bois est omniprésent, du plancher principal aux planchers intermédiaires, et bien souvent en toiture.
Enfin, et je l’évoquais précédemment, il est également possible d’utiliser le platelage bois comme fond de support ou de coulage. Par exemple, lors de la réalisation d’une toiture sèche (chaude) en EPDM ou en bardeau bitumé, il est souvent beaucoup plus simple de travailler sur un platelage bois (OSB ou Agglo).
Ce procédé s’adapte parfaitement aux constructions modulaires (Tiny houses, MOB, studios de jardins, etc.).
Cependant, les toitures chaudes ne sont pas les seules à apprécier un support stable comme l’est le platelage ! Les coulages béton sont également de bons clients dans l’usage de cette méthode, notamment comme « coffrage », perdu ou réutilisable.
Soyons brefs, le platelage bois c’est simple, solide, et efficace !
Comment réaliser un platelage bois ?
Ci-dessus : Je me suis permis de rectifier cette image qui au demeurant est proposée sans litonnage, source de nombreux désagréments sur les chantiers. En marron, j’ai matérialisé la nécessaire présence de liteaux.
La bonne pratique : Les tasseaux intermédiaires
C’est ici que les points singuliers sont importants à observer, du moins pour éviter de devoir reprendre le travail. La réalisation d’un platelage bois est d’une grande simplicité, si on accepte de ne pas sauter les étapes.
La réalisation du platelage diffère bien évidemment selon si le platelage se compose de dalles pleines (dalles d’agencement) ou de lames à clouer en bord à bord (voligeage).
Dans tous les cas, un platelage ne se réalise pas en calepinant au centimètre près la distance entre deux bords de dalles, c’est la principale erreur courante. Nous le verrons plus bas dans le détail.
Un calepinage de platelage bois se calcule en fonction de la descente de charge (espacement des solives ou des lambourdes) et d’un entraxe plus ou moins espacé pour la mise en œuvre des liteaux servant à recevoir les dalles.
Dans le cadre d’un voligeage, cet espacement se définit en fonction de l’épaisseur de la volige, autrement dit sa capacité à recevoir du poids sans cisailler.
Pour résumer, le principe est simple : Ne pas passer au travers du platelage, et ne pas avoir de bord « flottant » dans le vide.
En résumé, pour réussir son platelage
Quelques bonnes pratiques :
- Les lambourdes sont TOUJOURS perpendiculaires aux dalles d’agencement.
- Les liteaux sont TOUJOURS parallèles aux dalles d’agencement.
- On ne dimensionne pas les entraxes de solives en fonction des dalles mais en fonction des abaques de calculs.
- On ne pose pas les dalles d’agencement directement sur les solives (voir la photo de mauvaise pratique ci-dessous) mais sur des tasseaux intermédiaires.
Trois tasseaux par dalle :
Si vous ne devez connaître qu’une seule règle, c’est celle-ci ! En effet dans ce cas de figure, aucun joint n’est jamais dans le vide et ce, sur les 4 bords. Cette solution est la seule bonne pratique en matière de platelage bois.
Quelles sont les erreurs les plus courantes lors de la mise en œuvre du platelage bois ?
Ci-dessus : Mauvaise pratique mise en avant sur le site LEROY Merlin. Cette méthode est le pire cas de figure pour mettre en œuvre un platelage bois.
La pose directe sur le solivage : Mauvaise pratique
L’erreur la plus courante, que je constate encore chaque jour sur mes visites techniques de chantier, est l’absence de litelage (ou litonnage). Cette erreur est la plus impactante en terme de réalisation, car elle est source de nombreux désordres. Pire encore, elle rend le travail plus complexe (voir ma photo ci-dessus, à proscrire impérativement) et pose des questions de fiabilité.
Cette méthode est malheureusement relayée sur tous les sites, l’erreur est donc systématiquement commise sur les chantiers.
Ce défaut de conceptualisation sous entend que vous devez réaliser votre solivage en fonction de la dimension des dalles d’agencement : C’est une hérésie. Surtout si vous réalisez un solivage ancré dans une maçonnerie en pierre par exemple.
NOTA : Réaliser un litonnage est non seulement impératif, mais il rend également la pose du platelage bois beaucoup plus simple !
- Liteaux ou tasseaux : Bois de faible épaisseur, permet de recevoir le platelage.
- Lambourdes : Bois de plus forte section, permet de consolider l’assise du platelage.
Le platelage bois n’étant pas clairement compris du plus grand nombre, il est forcément dévoyé tant dans sa conceptualisation que dans sa réalisation.
Pour exemple, si vous faites un requête à ChatGPT pour vous expliquer ce qu’est un platelage bois, il n’y a littéralement aucun élément de bon dans sa réponse. C’est presque même un danger en soi, pour les autoconstructeurs notamment.
ChatGPT étant un modèle basé sur les connaissances en ligne, c’est dire à quel point la notion est mal appréhendée dans les bases de connaissances.
- Aucun bord ne doit être dans le vide.
- Aucune dalle d’agencement ne doit être posée sur 2 appuis, ni longitudinaux, ni latéraux. Il faut au minimum 3 appuis.
Les incontournables risques et les restrictions
- La pose d’un platelage bois telle que proposée sur la majorité des schémas en ligne ne permet pas de poser réaliser un platelage avec des murs qui ne sont pas parfaitement à l’équerre. En revanche, ma méthode le permet.
- Dans le cas d’un léger décalage de plaques, vous risquez de tomber avec un bord dans le vide après quelques mètres. Avec ma méthode, vous pouvez décaler sans vous soucier de tomber dans le vide.
- La stabilité structurelle d’un platelage directement posé sur les solives laisse perplexe et ne permet aucun passage de fourreaux en vide technique. Ma méthode le permet.
Les différents types de platelages bois
Il existe différents types de platelages bois, dont les usages ne sont pas nécessairement les mêmes.
- La volige : Toujours utilisée de nos jours, souvent remplacée par des dalles d’agencement, concerne la charpente et la couverture.
- Le plancher intermédiaire : Les planchers bois, solivés en massif ou en lamellé, avec lambourdes, liteaux et dalles d’agencement.
- Le plancher bas : Plancher principal, presque exclusivement utilisé en ossature bois (MOB ou COB), avec isolant et dalle en caissonnement (autrement dit avec un OSB dessous, et un OSB dessus).
- Les platelages extérieurs : Plus rares, on retrouve la notion de platelage extérieurs pour réaliser des aplats de « fortune ». Travail de préparation ou agencement intermédiaire d’accès.
- Les chemins de passages : Très souvent utilisés en combles perdus, les chemins de passages sont des platelages (souvent en OSB) qui permettent de circuler en sécurité dans les combles.
- Plateformes de travaux en hauteur : On retrouve la notion de platelage bois pour la réalisation de plateformes de travaux en hauteur, échafaudages, plateforme intermédiaires, etc.
Pour les lambourdes et les tasseaux, il s’agit généralement de bois locaux, dit « de pays » qu’on utilise en couverture et charpente. Privilégiez les bois rabotés et d’épaisseur calibrée.
Les dalles d’agencements
Le voligeage n’est plus véritablement à l’ordre du jour, du moins en terme de matériaux, mais le terme quant à lui est toujours en vigueur. Il est plus souvent question d’utiliser des dalles d’agencement qui offrent des spécificités très intéressantes.
- Dalles d’OSB : Voir un modèle de dalle chez CHAUSSON. Prix : 11 euros le m2.
- Dalles de CTBH : Voir un modèle de dalle chez BOIS MAURIS. Prix : 15 euros le m2.
Les dalles peuvent être hydrofuges, avoir des fonctions de pare-vapeur (voir chez Durelis) ou bien encore jouer un rôle de contreventement. Ces dernières sont véritablement devenues incontournables lorsqu’on évoque la réalisation d’un platelage bois.
Leurs dimensions, leurs épaisseurs et leur facilité de coupe les rendent très attractives. Ce sont bien souvent des matériaux amalgamés issus de la récupération de copeaux, ou de sciure. Par conséquent, c’est plutôt un concept durable et la pratique est parfaitement saine !
En résumé : Pour réaliser un bon platelage bois
- On ne dispose pas les solives en fonction de la dalle d’agencement : On dispose les solives en fonction des abaques, de la flèche, et de la bande chargement (poids du plancher + charges usuelles).
- On ne pose pas les dalles d’agencement (platelage) à même les solives.
- On crée un litonnage intermédiaire (voir mon schéma de pose n°2).
- On ne laisse pas de bords de panneau dans le vide.
Si vous ne respectez pas ces règles, vous risquez d’obtenir un résultat peu pérenne. Le plancher donnera une sensation de « flottement » et vos revêtements de sols ne seront jamais solidement posés. En outre, si vous souhaitez réaliser un ragréage, ce dernier ne « résistera » pas sur un platelage bois mal réalisé.
Questions et réponses
- Q: Vous dites qu’il doit y avoir un litelage sous le platelage bois, mais lors d’une rénovation j’ai noté que le plancher était posé à même les solives.
- R: En effet, les anciens posaient le parquet MASSIF directement sur les solives. C’était ce qu’il est coutume d’appeler : Les planchers à la Française. C’était réalisable car les planchers étaient largement plus épais à cette époque et accessoirement souvent en chêne, d’une part, et que les plafonds à la Française étaient composés de solives en massif extrêmement proches les unes des autres. Rarement plus de 35 centimètres entre chaque solive.
- Q: Sur les fiches techniques des fabricants, le litelage n’est pas mentionné.
- R: En effet, certains fabricants le préconisent mais d’autres non. Je n’évoque pas ici ce qui est règlementaire, mais ce qui est nécessaire pour ne pas faire d’erreur. C’est donc une question d’expérience de chantier, et mes conseils ne servent qu’à gagner du temps et réaliser un platelage plus solide avec peu d’engagement financier supplémentaire. Tous mes confrères partagent ce jugement.
- Q: Quand je tape « platelage » sur Google, les résultats concernent systématiquement les lames de terrasses ?
- R: En effet, c’est un dévoiement du terme. Or le mot « platelage » signifie très exactement créer une surface plane, ce qui par nature est impossible avec des lames de terrasses. C’est une déformation des mots.
Conclusion
Le « platelage bois » est un terme malheureusement mal employé, et mal expliqué aux utilisateurs, bricoleurs passionnés ou autoconstructeurs en herbe.
Seul hic, si vous démarrez un platelage en observant les mauvaises pratiques très en vogue sur internet, vous risquez de devoir reprendre tout le travail effectué, ou devoir adapter, morceaux par morceaux, des points d’appuis supplémentaires et hasardeux.
J’avais donc à cœur d’écrire ce petit dossier car il est utile pour celles et ceux qui souhaitent ne pas se tromper sur leurs chantiers, et réussir leur platelage du premier coup. Les professionnels quant à eux, auront immédiatement compris le sujet du présent article, car ils ont très certainement été confrontés aux mêmes problèmes que vous.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.
Merci pour cet article ! Il est super bien écrit, clair et on sent l’expertise qu’il y a derrière. J’ai une question, quelle section conseillez-vous pour les liteaux ? Et quelle distance entre 2 liteaux ?
Bonjour Quentin,
La section des liteaux doit juste être suffisante pour ne pas cisailler lors du vissage. Dans la plupart des cas je prends du 28.34 mais ça dépend aussi de la réservation dont on dispose. Pour l’entraxe, je divise un panneau d’osb en 3, de sort qu’aucun angle ne soit dans le vide.
Les liteaux sont peu coûteux, mais ça donne une vraie sensation de dalle béton, ça évite la sensation de flottement.