La RE2020 (Réglementation Environnementale 2020) est une nouvelle norme de construction en France qui vise à améliorer les performances énergétiques et environnementales des bâtiments.
Elle remplace la RT2012 (Réglementation Thermique 2012) et marque un tournant vers des constructions plus respectueuses de l’environnement.
Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, la RE2020 s’applique principalement aux bâtiments résidentiels neufs, mais elle inclut également des objectifs pour les bâtiments tertiaires et les extensions.
Examinons ensemble la RE2020, ses objectifs, ses critères, et ses implications pour le secteur de la construction en France.
Avant propos
La RE2020 ne remplace pas la RT2012, elle l’élargit.
Avant toute chose, il s’agit de définir qui dépend de la RE2020 et qui dépend de la RT2012. Et bien c’est très simple, il s’agit de connaître la date du dépôt de permis de construire. Cette dernière étant valable pour les logement individuels mais également pour le collectif (immeubles d’habitations).
- Avant le 1er Janvier 2022 = RT 2012
- Après le 1er Janvier 2022 = RE2020
Certains bâtiment publics tels que les bâtiments scolaires (par exemple) sont également visés par la RE2020 après Juillet 2022. Nous évoquerons les détails plus bas dans l’article.
Cette nouvelle règlementation soulève bien des sujets. Complexe, difficile à contenir et à appréhender, la RE2020 va t’elle laisser les entreprises du bâtiment sur le carreau ?
Beaucoup pensent que oui.
Je recevrai prochainement Samuel le Bahr, ingénieur thermicien, pour un podcast dédié à ce sujet. Il sera disponible en complément de cet article.
Page du gouvernement sur la RE2020.
Objectifs de la RE2020
Introduite par la loi ELAN, la RE2020 apporte un vent de nouveauté en ce qui concerne l’approche environnementale de la construction et du bâtiment.
Pour faire simple, il ne s’agit plus de simplement contrôler la résistance thermique des matériaux « R », mais de calculer le coût de la construction de sa conception à son utilisation sur les décennies.
La RE2020 se donne pour but de conscrire l’ensemble de la dépense énergétique d’un logement, des simples briques à son orientation, sa luminosité, sa performance énergétique et son coût carbone global.
Cette règlementation environnementale peut se percevoir comme la suite, ou l’extension de la RT2012. D’ailleurs, notez la différence de dénomination entre RT (Règlementation Thermique) et RE pour « Règlementation Environnementale ».
La notion d’environnement est donc dorénavant pleinement assumée.
La RE2020 a trois objectifs principaux :
- Réduire l’impact carbone des bâtiments
- Améliorer la performance énergétique des constructions
- Garantir un confort d’été
Réduire l’impact carbone des bâtiments :
Cette nouvelle réglementation vise à diminuer les émissions de gaz à effet de serre liées à la construction et à l’exploitation des bâtiments. Cela inclut la réduction des émissions de CO2 pendant le cycle de vie du bâtiment, de la construction à la démolition.
Autrement dit, la seule résistance thermique des matériaux n’est plus seule dans les éléments de calculs.
Améliorer la performance énergétique des bâtiments :
La RE2020 cherche à rendre les bâtiments plus économes en énergie. Les constructions doivent être mieux isolées et plus efficaces en termes d’énergie pour réduire la consommation globale d’énergie, notamment en favorisant l’utilisation d’énergies renouvelables.
En bref : Oubliez le fioul pour le chauffage !
Garantir un confort d’été :
En réponse aux épisodes de canicule de plus en plus fréquents, la RE2020 introduit des critères de confort d’été pour éviter la surchauffe des logements pendant les périodes de chaleur intense.
Cela passe par une meilleure conception des bâtiments, l’utilisation de matériaux adéquats, et la limitation des besoins en climatisation.
En revanche, rien n’est fait pour les Îlots de Chaleur Urbains (ICU) qui à eux seuls annihilent toutes les bonnes résolutions de la RE2020.
Par conséquent, nous demandons aux particuliers de contrebalancer des décennies de mauvaise gestion de la chaleur en été négligée par les pouvoirs publics (NdlR).
Les communes devraient en prendre égard pour leur développements, véritable « fours » urbains.
Critères et exigences de la RE2020
La RE2020 introduit plusieurs critères et exigences spécifiques pour atteindre ses objectifs. Cependant, à moins d’être un ingénieur thermicien, il est difficile de bien cerner en quoi consiste exactement la RE2020.
Les notes de calculs sont complexes, illisibles mais cependant intéressantes sur le papier.
Impact Carbone
Analyse du cycle de vie (ACV) :
La RE2020 impose une analyse du cycle de vie des bâtiments pour mesurer leur impact carbone global, de la production des matériaux de construction à la fin de vie du bâtiment. Cela inclut la phase de construction, l’exploitation, et la démolition.
Seuils d’émission de CO2 :
Des seuils d’émission de CO2 sont établis pour les différents types de bâtiments. Ces seuils sont progressivement renforcés pour encourager l’adoption de matériaux de construction à faible empreinte carbone, comme le bois ou les matériaux biosourcés.
J’écrivais récemment un article sur le tournant technologique que renforcent certains industriels, notamment pour l’emploi de matériaux biosourcés.
Exemple pour une maison individuelle ou un bâtiment collectif : Les planchers avec entrevous bois biosourcés.
Ces derniers permettent de réduire, ou même d’annuler l’effet CO² de leur production par une « capture » du gaz au sein même du matériaux. En vedette : Le bois !
Je vous invite à écouter mon podcast avec Francis DELBREUVE de la SEAC.
Lire mon article sur les planchers SEAC et notamment le SEAC BOIS.
Performance énergétique RE2020 : Pour les passionnés de calculs
Bbio (Besoin Bioclimatique) :
Cet indicateur mesure la qualité énergétique intrinsèque du bâtiment sans tenir compte du système de chauffage ou de production d’eau chaude. La RE2020 fixe des seuils de Bbio plus stricts que ceux de la RT2012, poussant à une meilleure conception bioclimatique des bâtiments.
CEP (Consommation d’énergie primaire) :
La consommation d’énergie primaire doit être inférieure à un certain seuil, avec une priorité donnée aux énergies renouvelables. Cela encourage l’intégration de panneaux solaires, de pompes à chaleur, et d’autres technologies écoénergétiques.
D’autres indicateurs sont également pris en compte dans le calcul de performance tels que : NR, LC énergie, LC construction et DH.
Confort d’été et RE2020
TIC (Température Intérieure de Confort) :
La RE2020 introduit l’exigence de respecter un seuil de température intérieure de confort pour les périodes de chaleur.
Les bâtiments doivent être conçus pour minimiser les besoins en climatisation, en utilisant des dispositifs de protection solaire, une bonne isolation, et une ventilation naturelle.
Implications pour les acteurs de la construction
La mise en œuvre de la RE2020 a des implications significatives pour les promoteurs, les architectes, les constructeurs, et les propriétaires.
Coûts de construction :
Les exigences plus strictes de la RE2020 peuvent augmenter les coûts de construction en raison de l’utilisation de matériaux à faible empreinte carbone et de technologies d’économie d’énergie.
Cependant, ces coûts supplémentaires peuvent être compensés par des économies d’énergie à long terme et une meilleure valorisation du bien immobilier.
Ce sujet fait polémique depuis quelques années.
En effet, la crise de la construction et plus particulièrement la crise de la maison individuelle met en avant les difficultés financières induites par le respect de la RE2020.
Lire mon article sur la crise de la construction sur le segment de la maison individuelle.
Formation et innovation :
Les professionnels du bâtiment doivent se former aux nouvelles méthodes de construction et aux technologies de la RE2020. Cela encourage également l’innovation dans les matériaux de construction et les solutions énergétiques.
Dans les faits, la formation est inopérante voir inexistante. Nous avons un long chemin à parcourir pour former nos responsables et donneurs d’ordres à la RE2020.
Dans l’après sinistre, vous ne pouvez pas faire moins, mais vous n’êtes cependant pas indemnisés pour plus. Dès lors je pose la question, comment mettre en œuvre une rénovation après un sinistre, si la règlementation nous oblige un coût non indemnisé ?
Cette question, je vous la propose en réflexion globale, et la soumets à discussion sur notre forum.
Impact sur le marché immobilier :
La RE2020 pourrait influencer le marché immobilier en augmentant la demande pour les logements conformes aux normes environnementales et énergétiques.
Les biens immobiliers respectant la RE2020 pourraient voir leur valeur augmenter en raison de leur meilleure performance énergétique et de leur confort amélioré.
Perspectives pour la règlementation environnementale
Malgré les avantages potentiels de la RE2020, plusieurs critères doivent être évoqués, et ces derniers sont loin de faire l’unanimité.
Adaptation du secteur :
Le secteur de la construction doit s’adapter rapidement à ces nouvelles normes, ce qui peut représenter un challenge pour certaines entreprises, notamment les petites structures.
Qui les forme ? Avec quel financement ? Sous quelle forme ?
Si nous devons nous résilier à une énième itération de label de type RGE, nous ferons fausse route. Il faut une réflexion plus globale, et une pédagogie plus flexible et proche de nos intervenants.
Accompagnement et soutien :
Il est important que les pouvoirs publics accompagnent les professionnels du bâtiment dans cette transition, notamment par des aides financières, des subventions, et des programmes de formation.
Soit, les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous sommes dans l’impasse actuellement.
Évolution des normes et BePOS :
La RE2020 est une étape vers la neutralité carbone dans le bâtiment, mais des évolutions réglementaires supplémentaires seront probablement nécessaires pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixés par la France pour 2050.
C’est actuellement une hérésie que de penser que ce soit réalisable dans les faits.
Le BePOS, également connu sous le nom de « Bâtiment à Énergie Positive » ou « Bâtiment Positif », est un concept de construction qui vise à produire plus d’énergie qu’il n’en consomme.
Ce type de bâtiment va au-delà des normes traditionnelles d’efficacité énergétique en générant de l’énergie renouvelable sur site, grâce à des systèmes tels que les panneaux solaires, les éoliennes, ou les pompes à chaleur, pour compenser ou dépasser la consommation d’énergie primaire nécessaire à son fonctionnement.
Contrairement à nos amis outre Rhin, nous n’avons aucun grand plan de puisage en géothermie par exemple.
BePOS ou « Bâtiments à Energie Positive »
Le concept de BePOS repose sur plusieurs objectifs et principes clés. Sont fonctionnement est simple : Un bâtiment doit produire plus d’énergie qu’il n’en consomme pour son usage.
Il y a deux décennies, nous parlions de « PassivHouse », maintenant il n’est plus question de « passif », mais de production d’énergie !
Dans les faits, cela se traduit tout simplement par la mise en œuvre de systèmes techniques et sanitaires tels que :
- Installation de panneaux photovoltaïques (en France nous sommes loin du compte !)
- Mise en œuvre d’une pompe à chaleur (sujet à discussion)
- Chaudière à cogénération
- Etc.
Je milite depuis des années pour la démocratisation de ce que nous appelons vulgairement les « puits canadiens ». Cependant je remarque qu’aucun « élan » n’est donné au procédé, pourtant totalement durable et responsable.
Pour le photovoltaïque, mises à part les publicités, rien n’avance et encore une fois, c’est un fait. Il suffit de tourner la tête à 360 degrés pour s’apercevoir que le solaire n’est pas exploité en France.
C’est un vrai sujet !
Lire mon dossier sur le photovoltaïque omniprésent en Allemagne et totalement absent en France.
Autonomie énergétique :
L’un des objectifs principaux du BePOS est de minimiser la dépendance du bâtiment aux réseaux d’énergie externes en produisant localement l’énergie nécessaire à son fonctionnement quotidien, voire plus.
Ce précepte est excellent, il doit être encouragé.
Réduction de l’empreinte carbone :
En produisant de l’énergie renouvelable sur place et en réduisant la consommation d’énergie, les bâtiments BePOS contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, alignant leurs pratiques avec les objectifs climatiques nationaux et internationaux.
Amélioration de la performance énergétique :
Les BePOS sont conçus pour être extrêmement performants sur le plan énergétique.
Cela inclut une isolation thermique renforcée, l’utilisation de matériaux de construction durables, des systèmes de ventilation à récupération de chaleur, et des appareils électroménagers à haute efficacité énergétique.
En revanche cela est particulièrement coûteux, et le marché Français n’est pas encore prêt.
L’utilisation de brique Monomur est un exemple concret de ce type de réalisation. Or, ces dernières valent une véritable petite fortune, difficile à imaginer pour des primo accédants.
Lire mon article sur la construction en brique Monomur.
Caractéristiques techniques des BePOS
Pour atteindre les objectifs de production d’énergie positive, un bâtiment BePOS intègre plusieurs caractéristiques techniques spécifiques :
Isolation et Étanchéité :
Une isolation thermique optimale et une excellente étanchéité à l’air pour minimiser les pertes de chaleur et assurer un confort thermique tout au long de l’année.
Nous devons donc développer des procédés d’isolation thermique plus efficaces que ce dont nous disposons actuellement, et invalider définitivement les ersatz non fonctionnels tels que les peintures thermiques.
Systèmes de chauffage et de refroidissement efficaces :
Utilisation de systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) très efficaces, souvent basés sur des énergies renouvelables comme les pompes à chaleur géothermiques ou aérothermiques.
Production d’énergie renouvelable :
Intégration de dispositifs de production d’énergie renouvelable comme des panneaux photovoltaïques, des éoliennes de petite taille, ou des systèmes de cogénération. L’objectif est de couvrir, voire dépasser, la consommation d’énergie du bâtiment.
Je vous invite à relire ma critique sur ce sujet plus haut dans le présent article.
Gestion intelligente de l’énergie :
Mise en place de systèmes de gestion énergétique intelligents pour optimiser l’utilisation de l’énergie produite, réduire les pics de consommation, et stocker l’énergie excédentaire, par exemple dans des batteries.
Cadre réglementaire et BePOS en France
En France, le concept de BePOS s’inscrit dans un cadre réglementaire en constante évolution pour améliorer la performance énergétique des bâtiments. La Réglementation Environnementale 2020 (RE2020), mentionnée précédemment, encourage déjà les nouvelles constructions à tendre vers des standards proches de ceux du BePOS.
En outre, le label Effinergie BEPOS a été introduit pour certifier les bâtiments à énergie positive. Ce label impose des critères stricts de performance énergétique et de production d’énergie renouvelable.
Consulter la documentation technique du label Effinergie BePOS
Bien que le concept de BePOS soit prometteur, il présente également certains freins. Je vous propose de les survoler rapidement.
Les freins à la conception et à la construction
Coût initial élevé :
La construction de bâtiments BePOS peut nécessiter un investissement initial plus important en raison des technologies avancées utilisées (panneaux solaires, systèmes de gestion de l’énergie, isolation renforcée, etc.).
Cependant, ces coûts peuvent être amortis sur le long terme grâce aux économies d’énergie réalisées.
Conception et construction spécialisées :
Les bâtiments BePOS nécessitent une conception minutieuse et une expertise spécialisée pour garantir que toutes les technologies et stratégies de réduction de la consommation d’énergie soient intégrées de manière cohérente et efficace.
Maintenance et suivi :
Les systèmes de production d’énergie renouvelable et de gestion de l’énergie nécessitent un entretien régulier pour assurer leur efficacité optimale.
De plus, un suivi continu est souvent nécessaire pour ajuster les opérations en fonction des besoins énergétiques variables du bâtiment.
Avantages sur le long terme
Malgré les difficultés évidentes de réalisation (prix), les bâtiments BePOS offrent de nombreux avantages à long terme :
Réduction des coûts d’énergie :
En produisant leur propre énergie, les bâtiments BePOS peuvent réduire considérablement les factures d’énergie, voire générer des revenus en vendant l’excédent d’énergie produit au réseau.
Confort amélioré et santé :
Les bâtiments BePOS sont conçus pour offrir un environnement intérieur de haute qualité, avec une température stable, une bonne qualité de l’air et une lumière naturelle abondante.
Contribution à la transition énergétique :
En réduisant la demande d’énergie et en augmentant la production d’énergie renouvelable, les BePOS jouent un rôle prépondérant dans la transition énergétique vers un avenir à faible émission de carbone.
Le BePOS représente une avancée positive dans le domaine de la construction durable et de la performance énergétique.
En visant à produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment, les bâtiments à énergie positive ouvrent la voie vers une architecture plus résiliente et durable, contribuant activement à la réduction de l’empreinte carbone et à l’amélioration du confort et de la qualité de vie des occupants.
RE2020 en dehors de la construction neuve
Attention, comme je l’évoquai dans mon avant propos, la RE2020 ne s’applique pas uniquement pour les logements individuels ou collectifs dans le neuf.
Cette dernière concerne également les rénovations (d’où mon lien avec l’après sinistre), véritable casse tête technique, et les extensions de maisons existantes (de plus de 50 mètres carrés).
En outre, les collèges, Lycées, Hôpitaux et autres bâtiment devront tôt ou tard y passer.
Cette contrainte lourde et drastique ne semble cependant pas concerner des constructions atypiques et marginales, telles les maisons containers qui sont à l’opposé du bon sens, d’un point de vue RE2020.
Ces « failles », ou « oublis », vont assurément mettre les autoconstructeurs et autres acheteurs de maisons atypiques au pied du mur, mais a postériori.
Cela semble mal approprié.
Conclusion
La RE2020 représente une avancée majeure pour le secteur de la construction en France, orientant les pratiques vers une plus grande durabilité environnementale et une meilleure performance énergétique.
Sur le papier, c’est plutôt bon !
Si cette réglementation pose des contraintes, elle offre également des opportunités d’innovation et de croissance pour un secteur en pleine transition vers un avenir plus respectueux de l’environnement.
La crise actuelle du secteur de la construction me contredira très certainement, car nous frôlons la catastrophe actuellement.
Enfin, la réussite de cette transition dépendra de la capacité des acteurs à s’adapter aux nouvelles exigences et de l’accompagnement offert par les pouvoirs publics pour soutenir ce changement vers un habitat durable et économe en énergie.
C’est donc un souci culturel auquel nous faisons face. Nous devons TOUT repenser.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN.