Le bac acier en toiture est un type de couverture de plus en plus prisé pour les logements individuels, jusqu’alors relayé aux bâtiments tertiaires. Ces solutions rapides à mettre en œuvre et simples à appréhender sont aujourd’hui courantes.
Je vous propose un tour d’horizon du procédé que je connais particulièrement bien pour en avoir posé plusieurs centaines de mètres carrés tout au long de ma carrière.
Bac acier en toiture, bonne ou mauvaise idée ?
Le bac acier en toiture se voit de plus en plus couramment.
Nos couvertures industrielles, mais aussi personnelles en habitation, se parent de tôle ondulée. Initialement dévolue au tertiaire et bâtiments industriels, cette méthode s’est étendue aux maisons individuelles.
Ci-dessus : Petite couverture d’un appentis réalisé en bac acier par son propriétaire. Crédit photo: S.USTUN.
Facilité et rapidité de pose, RAL modernes et lignes architecturales intéressantes, depuis une dizaine d’années les constructeurs le proposent et le bac acier à enfin trouvé son large public.
Les industriels ayant travaillé sur des lignes toujours plus fines, le style est posé : C’est résolument moderne.
Le bac acier tire son énorme succès de part sa facilité de pose avant tout. C’est un procédé de couverture qui est pragmatique et dont on comprend la mise en œuvre même si vous n’êtes pas spécifiquement couvreur de métier (voir ma photo ci-dessus).
Un phénomène qui perdure:
Ce n’est donc pas un phénomène de mode.
Le bac acier répond à plusieurs attentes et son succès n’est pas usurpé. Sur la lecture architecturale, il offre une ligne moderne, poussé par les bacs en RAL 7016 (anthracite) dont les architectes raffolent.
Épuré et moderne, il est surtout très simple à poser et peut répondre à des besoins très particuliers. Idéal en haute montagne, il permet également de parer à de faibles pentes.
Longtemps mal aimé dans le monde des couvreurs car peu « noble » la tendance est au changement. La bac acier en toiture c’est aujourd’hui incontournable.
Faible pente ou faux toit plat
En cas de faible pente le bac acier est idéal.
Allant jusqu’à supporter des pentes à 5% ce que les tuiles ne peuvent pas faire. Pour les « faux » toits plats il est idéal (un faux toit plat est un toit à très faible pente cachée par des acrotères). Vu de l’extérieur, le bâtiment donnera une impression de toit terrasse, alors qu’il n’en sera rien.
Cette particularité de pouvoir couvrir les toitures à faibles pentes est un véritable atout. Il peut, dès lors, remplacer son éternel concurrent : La plaque support de tuile (PST).
Le bac acier en toiture répond par conséquent à des contraintes techniques en offrant, de surcroît, un atout esthétique.
Ultra efficace
Aucun système de couverture ne garantit plus que le bac acier (en terme de risque d’infiltrations) si ce n’est les dalles bétons avec une étanchéité multi couches (mais le coût est bien moindre).
Les plaques en tôle nervurée sont actuellement le système de couverture idéal contre les voies d’eau.
En haute montagne, il est même obligatoire. Mais son efficacité réside également dans sa facilité de mise en œuvre. Tout du moins le nombre de m2 couvrable en un temps donné. Sur ce plan, il défie toute autre méthode et se place comme incontournable.
C’est avant tout pour cette raison qu’il s’est très largement développé sur le tertiaire.
Ultra simple à poser
La pose du bac acier est très certainement la pose la plus simple de tous les systèmes de couverture.
Les plaques peuvent même être découpées en usine à la longueur exacte de votre rampant. Ces dernières s’emboîtent au droit de la nervure de recouvrement, vous les bridez, et c’est fini.
Le plus complexe étant la mise en œuvre des rives et du faîtage bien que cela reste assez simple en définitive pour un couvreur. En comparaison avec des rives à rabat (pour la tuile) ou les rives maçonnés pour les demi rondes, c’est sans appel.
Lorsqu’on évoque une couverture en bac acier de plusieurs centaines de m², nous parlons d’une petite semaine de mise en œuvre à peine !
Des profilés de gouttière existent également assorties au bac acier. C’est l’deal pour une parfaite harmonisation des éléments de zinguerie.
Le bac acier comme solution économique
Encore une fois le bac acier tient le premier rang.
Il est économique à la pose car le temps de pose est drastiquement réduit. Il est très léger, donc facilement manuportable, et son coût au m2 reste parfaitement maitrisé.
Le prix au m2 du bac acier est imbattable : Entre 10 et 12 euros le m² pour les professionnels.
Son stockage (de part son encombrement) est redoutablement efficace, tout comme son transport sur chantier. Toutes ces qualités, mises bout à bout, renforcent la pertinence du bac acier comme élément de couverture.
Difficile de faire mieux quand on observe les palettes de tuiles dont on sait qu’il va falloir les acheminer lot par lot sur la toiture.
Durable
Et oui.
Contre toute attente le bac acier est durable.
Je reviendrai sur les procédés de fabrication et de l’énergie et matériaux nécessaires à sa fabrication dans un second article. Ici je parle donc de durabilité dans le temps et non de durabilité au sens d’énergie. Le bilan carbone de l’acier étant en règle générale très mauvais.
En revanche, en ce qui concerne la pérennité du bac acier en toiture, il est aisément aussi pérenne que la tuile s’il est correctement entretenu. Sa durée de vie est annoncée pour 50 à 60 ans.
Ci-dessus : Durée de vie du bac acier en toiture selon le site de la CAMIF (voir la source de l’article).
La meilleure garantie de couverture en toiture
Les conditions climatiques devenant chaque année plus chaotiques, le bac acier est plus sûr que tout autre système de couverture.
Il résistera mieux aux épisodes de tempêtes que la tuile. Face à la grêle en revanche, il ne se percera pas mais subira le bosselage dû aux impacts.
Forte pluie ou fort vent, le bac acier apporte quoi qu’il arrive une meilleure garantie aux intempéries. Sous condition d’une pose règlementaire évidemment.
NOTA : Le bac acier en toiture dispose d’un sens de pose, consultez les documentations techniques. En règle générale, ce sens de pose est soumis aux vents dominants.
L’isolation : Véritable dilemme
L’isolation sous bac acier est un véritable dilemme. Je l’évoque très régulièrement dans mes différents articles et analyses de cas.
Je vous laisse lire mon article sur ce sujet ici.
Il vous faudra impérativement opter pour du panneau « sandwich » isolé en PU (mousse polyuréthane) d’épaisseur suffisante. Rien n’empêche réellement le bac sec mais attention à la condensation et au bruit.
Car l’isolation thermique n’est pas seule à devoir être prise en compte.
Le phonique est au moins aussi important. Dans ce dernier cas, 300 mm de laine de roche seront un minimum à dérouler dans vos plénum. Si vous disposez de la hauteur disponible évidemment, car il est littéralement hors de question d’isoler le bac acier en sous face rampante. Je vous renvoie à mon article en lien ci-dessus.
L’isolation est donc le point faible des systèmes de couverture en tôle ondulée. Il fallait bien une exception à la règle.
Dans le cas des bacs « sandwichs » isolés, les points singuliers concernent très souvent le « démoussage » qui peut être mal appréhendé par les couvreurs débutants. Ce dernier doit être correctement réalisé, et correctement protégé.
Ci-dessus : Lors d’une de mes inspections de toitures (voir photo), le démoussage est correctement réalisé en bas de pente mais n’est pas protégé. Crédit photo: S.USTUN
Les bac aciers isolés existent dans de nombreuses épaisseurs :
- 40 millimètres
- 60 millimètres
- 80 millimètres
- 100 millimètres
- Etc.
L’effet albedo & le bac acier en toiture
Comme je l’évoquais plus haut, le bac acier est particulièrement plébiscité pour les grandes surfaces de couvertures en toitures. Plusieurs centaines (ou milliers) de m² à chaque opération. La question de l’effet Albedo va donc pointer le bout de son nez sous peu.
A ne pas négliger dans les futures réglementations (et surtout pour la planète), l’effet albedo sera très certainement un critère de choix à l’avenir.
Certes, ce n’est pas encore d’actualité, mais la réglementation peut rapidement évoluer au vu de l’urgence climatique.
Pour comprendre l’effet albedo en toiture vous pouvez lire mon article sur le sujet.
Le bac acier est dans la ligne de mire, mais cela ne concerne actuellement que le tertiaire et soyons honnêtes, cela reste anecdotique.
Bien que légitime et urgente, cette question devra être posée. Gageons que les industriels trouveront des RAL adaptés à l’amélioration de l’effet albedo.
En revanche, je peux apporter une précision sur ce point qui me semble pertinente. Dans le cadre de l’application de peintures thermiques extérieures, le bac acier se prête particulièrement bien à l’opération, étant par nature « simple à rouler », et simple à « préparer ».
C’est un atout, selon moi.
Fenêtre de toit (Velux) et bac acier ?
Et bien oui. Les costières adaptées pour Velux ou fenêtre de toit sont disponibles. Coûteuses mais ajustées aux profils des tôles nervurées. Ce n’est donc pas un obstacle à ce choix technique pour vos toitures.
En outre, il est plus pertinent de poser un velux sur du bac acier que sur de la PST (Plaque Support de Tuile) car ces dernières s’adaptent très mal à l’opération. J’ai eu l’occasion de rédiger un article sur le sujet (Pose de Velux sur PST) que vous retrouverez en archive.
Bac acier en façade
Enfin, et pour finir cet article, sachez que le bac acier n’est pas uniquement un produit dédié aux couvertures mais il remplit également très bien le rôle de parement de façades.
Ceci sera l’objet d’un futur article.
En résumé et point par point
- Fiabilité : Très bon
- Durabilité : Bon
- Facilité de pose: Très bon
- Coût : Très bon
- Ligne architecturale: Très bon
- Couple bac acier isolant: moyen sauf bac sandwich
- Isolant phonique : très mauvais
Le bac acier en toiture est donc un choix très singulier mais par expérience, c’est ok.
Ce produit apporte tellement d’avantages qu’il est difficile de ne pas le prendre en compte dans un projet de construction ou de rénovation. Attention cependant car il est soumis aux réglementations des PLU.
Le poser sera donc soumis à accord de la commune visée. Pour le reste c’est que du bonheur pour un couvreur.
Merci pour vos lectures et bon chantier !
Serge USTUN