Quoi de plus inattendu qu’un bardage tuile ?
La tuile, habituellement réservée aux couvertures, vient « flanquer » nos façades, et c’est du plus bel effet. Solution de bardage longtemps oubliée, la tuile revient en force dans les constructions neuves. Tour d’horizon d’un procédé qui est techniquement fiable et visuellement harmonieux.
Bardage tuile : La claque visuelle
La bardage en tuile a toujours existé. C’est un procédé très largement éprouvé, qui a naturellement trouvé sa place sur les hauts rampants des bâtiments anciens. Marquant ainsi un élégant « entre deux », en estompant les limites entre murs et toitures.
Cependant, cette technique était d’une part, réservée aux régions du nord de la France, et d’autre part plutôt adaptée au bâti ancien.
Quel ne fut pas mon étonnement de voir ce magnifique bardage en plein centre de la ville de Valence, où règnent en maîtres incontestés : Les enduits.
Certaines tentatives pour « sortir du lot », en matière d’architecture, sont de simples ratés (Cf les façades « formica » vertes en face du Pathé Cinéma). Ici, le bardage en tuile terre cuite vient secouer le regard. C’est harmonieux, c’est luxueux, c’est une réussite.
La tuile plate pour réaliser un bardage
Evidemment, toutes les tuiles ne sont pas adaptées au bardage. Elle doivent impérativement être plates. Les techniques plus anciennes, et les plus pérennes, sont basées sur ce principe. Une Romane Silvacane ne fera indéniablement pas l’affaire pour barder une façade.
La « Queue de Castor » est toujours très usitée.
Or, la tuile n’est pas la seule à vouloir migrer d’un support à l’autre. Dans le Jura ou dans l’Allier, par exemple, c’est le tavaillon qui s’impose. Cette tuile en bois historique couvre également les élévations, quand elle ne règne pas sur la toiture. Cela reste cependant plus difficile « à caser » lorsqu’on est en recherche d’une lecture contemporaine.
Enfin, l’ardoise (ou la Lauze), pierre naturelle sans égale, confère une intemporalité sans pareille, y compris aux architectures modernes.
Les principaux types de bardages courants sont :
- Le bardage bois (de plus en plus utilisé y compris dans le sud de la France)
- Les matériaux composites rappelant le bois (Werzalit par exemple)
- Les bardages en acier (Bac acier, Façadeo etc.)
Tout comme le tavaillon ou la lauze, un bardage tuile est donc qualifiable d’exceptionnel, au sens de « rarement usité ».
Bardage tuile terre cuite : Les avantages
Plus durable, le bardage tuile est également plus naturel que les bardages en matériaux composites que nous avons vu fleurir, absolument partout, ces dernières années.
- Plus durable que des bardages composites
- Remplacement facile en cas d’impact
- Protège efficacement l’isolant en cas d’ITE (Isolation Thermique Extérieure)
Sur l’exemple ci-dessus, le bardage tuile ne sert que d’élément décoratif. Le résultat est cependant parfaitement harmonieux.
Une protection efficace de l’isolant
Dans le cas d’une isolation thermique extérieure (ITE), le bardage tuile offre de véritables atouts. La tuile protège nos toitures depuis toujours, il ne saurait en être autrement pour les façades. Le grand défaut des isolations thermiques par l’extérieur est leur manque de résistance aux chocs. Une ITE revêtue d’un enduit sonne « creux » lorsque vous tapotez dessus. Imaginez donc les ravages que peuvent causer une forte grêle, un impact de véhicule ou encore un départ de feu.
Le bardage tuile offre donc un véritable rempart contre les potentielles dégradations. C’est la protection la plus efficace après le bardage bois ou acier.
En cas de sinistre
Une façade enduite ne permet aucune reprise partielle. En cas d’impact, grêle ou accident de véhicule à moteur, vous devrez reprendre l’intégralité du pan de façade impacté. Avec ce judicieux procédé, une reprise partielle devient tout à fait réalisable.
Le bardage en tuile permet également de supprimer le risque de fissuration esthétique (non structurelle), lié aux enduits minéraux sur les bâtiments de grande hauteur. Cela évite également la pose de joints de dilatation disgracieux.
En revanche, ce procédé ne permet pas de « cacher » les éventuels joints parasismiques, nul n’est parfait ! En tout état de cause, le sujet n’est pas actuellement débattu. Il serait intéressant de trouver une utilité supplémentaire aux nombreux atouts du bardage en tuile. Pour les joints de rupture, cependant, il est probable que cela fonctionne, car un harpage tuile est relativement « souple ».
Lire mon article sur le sujet des joints structurels
Aucune nécessité d’entretien & un coût de revient moindre
Plus pérenne, plus solide mais également sans entretien.
En effet, là où un bardage bois, plus noble, nécessite un lasurage permanent pour le protéger des UV, la tuile quant à elle ne bouge pas. Sur les bâtiments en élévation, type R+2 ou R+3, l’avantage d’un bardage tuile saute aux yeux.
Un bardage bois nécessiterait un entretien annuel ou biannuel, avec la pose d’un échafaudage, ce qui implique un coût d’entretient régulier et élevé.
En outre, le coût d’achat en fourniture d’un bardage bois, pour peu que le choix se porte sur une essence type Red Cedar, est littéralement multiplié par dix.
Le bardage tuile utilisant les mêmes procédés de fixations qu’un bardage bois (liteaux, clouage), la seule différence de coût réside dans l’achat des matériaux.
Un procédé ingénieux à tous égards
Rapide à mettre en œuvre, parfaitement hydrophobe, et permettant des phases travaux non linéaires, le bardage tuile coche toutes les cases. Pendant et après le chantier, absolument tous les avantages penchent en faveur du procédé, avec, à priori, aucun inconvénient notable :
- Coût des matériaux et de mise en œuvre largement contenus
- Permet une pose déphasée, autorise un arrêt temporaire des travaux
- Aucun entretien
- Protège le support de façon efficace
- Donne une lecture architecturale sans pareille
Un large choix de tuiles pour bardage
Le bardage tuile permet d’aller cherche un véritable style architectural en piochant dans un large choix de modèles.
Voir les modèles de tuiles pour bardage sur le site Wienerberger
Quid des finitions ?
Les accessoires nécessaires à la pose sont peu nombreux. Ils sont globalement les mêmes que pour une couverture traditionnelles en tuile plate. Cependant, comme il est ici question de bardage, tous les accessoires d’usage courant d’un bardeur seront disponibles ou adaptables.
J’évoque évidemment la véritable zinguerie et le pliage de profilés en tôle laquée. C’est par conséquent d’un très bon œil que je vois arriver cette nouvelle tendance liée au bardage tuile. Un façon élégante de remettre sur le devant de la scène des métiers à très forte plus value.
J’imagine aisément le réemploi de couvertines, crochets, éclisses et autres profilés de finition. Seul bémol au tableau, la tentation légitimement trop grande, d’utiliser le mastic colle à profusion. Ces derniers ne sont évidemment pas très respectueux de l’environnement.
Lire mon article sur l’utilisation de « mastic colle » pour tuile
En conclusion
C’est en résumé une véritable claque visuelle que j’ai reçu, en visitant ce chantier presque achevé sur Valence. Vous le savez si vous me lisez régulièrement, j’affectionne tout particulièrement les procédés constructifs « secs » qui ne nécessitent pas de liant minéral.
Au delà de l’attrait technique, c’est l’esthétique recherchée qui ici donne tout son sens à l’art du bâtiment. Le pari est gagné. La seule photo en couverture de l’article devrait vous en convaincre.
J’espère donc, très sincèrement, que le bardage tuile va se démocratiser et venir trancher, parfois, aux lectures trop uniformes des enduits minéraux.
Merci pour vos lectures et bon chantier.
Serge USTUN